Vivement qu’ils finissent par sortir de là et pouvoir regagner l’hôpital. Ayana venait de remettre ça en piquant à nouveau la machette de Raffael. Avec sa permission cette fois-ci. Mais malgré ça, Willow redoutait un peu la réaction de Mackenzie, cette dernière n’ayant toujours pas digéré la première fois ou Ayana n’avait pas suivi les consignes. A la défense de la gamine, il fallait dire que personne n’avait vu le rôdeur ramper près de leur sniper. Du moins, Will ne l’avait pas vu et elle doutait qu’Hunter en ait été témoin. Il aurait quitté les rangs aussitôt pour protéger sa sœur. Leur gamine préférée avait été la plus rapide et si ça méritait le respect, Willow ne pouvait pas s’empêcher de pincer les lèvres. Non, elle n’était pas en colère, mais elle ne voulait pas qu’on vienne l’accuser de ne pas veiller sur Ayana. Finalement cette petite était peut-être le plus courageuse du groupe. Elle n’hésitait pas à affronter le danger, tête baissée, sans réfléchir aux conséquences. Voilà cependant qui pourraient lui attirer des ennuis dans le futur si elle continuait à agir ainsi.

Ils finirent par se remettre en marche avant de s’arrêter de nouveau, quelques mètres plus loin, à cause d’un nouveau corridor à parcourir. Selon les estimations personnelles de Will, il devait bien faire presque la longueur du bâtiment. S’il y avait des portes, ça ferait des endroits à examiner avant de partir. S’ils pouvaient mettre la main sur des trucs utiles, c’était le moment où jamais.

… mais pendant ce temps-là, pendant qu’elle réfléchissait, encore une fois, un rôdeur s’était approché de Mackenzie. Encore une fois, elle ne l’avait pas vu et si elle l’avait vu c’était à cause de l’avertissement d’Amy. Il fallait vraiment qu’elle arrête de rêvasser sans quoi elle allait finir par se faire croquer. Et c’était Hunter qui serait mécontent et ferait sa crise!

Il n’avait rien dit depuis le début de la procession. Même pas quand il avait vu Ayana se porter au secours de Mackenzie. En fait, il avait lui aussi vu la bête rampant vers la sœur, mais la petite avait bougé plus vite que lui. Il l’avait laissé faire. À son retour, Raffael lui indiqua qu’elle avait bien fait, Hunter soupira avant d’ébouriffer les cheveux de l’adolescente. Elle avait tué cette bête sans broncher et avait baissé la tête devant l’air que sa mère lui avait fait. Elle avait rendu son arme à Raff et s’était replacée entre Willow et lui. Il ne dit rien, aucun reproche. Il savait que Mackenzie s’en chargerait. À charge de revanche, elle comprendrait enfin ce qu’il ressentait lui quand il la voyait ou voyait Amy devoir tuer l’ennemi. Peut-être arrêterait-elle de le critiquer et dire qu’il surprotégeait trop Amy. Cette dernière mit fin à ses pensées lorsqu’elle annonça un autre zombie. Il eut une furieuse envie de sortir du rang, mais il prit plutôt son arbalète et tira une flèche en plein dans le crâne du rôdeur.

-Cible éliminée , souffla-t-il.

Ils pouvaient se remettre en marche. La route serait longue, mais encore plus si d’autres monstres venaient à les trouver.

L’ascenseur ayant été écarté, nous avions repris le chemin en direction des escaliers. Je gardais maintenant mes yeux constamment en mouvement. La première ligne que nous formions Mackenzie, Will et moi n’avait pas vu arriver ces deux rôdeurs rampants, trop préoccupés que nous étions par ma suggestion. J’aurais bien dû voir le danger qui venait vers nous au lieu de chercher un moyen de sortir au plus vite. Le silence et la lenteur venaient de pair et nous avions besoin des deux pour nous enfuir en vie. Si je voulais véritablement me rendre utile, je devais jouer mon rôle de sentinelle.

Ayana avait encore dû se charger du sale boulot. Je jetai un regard vers Mackenzie lorsque sa fille retourna porter la machette au frère de Jane. Désolé. Je savais l’adolescente capable de se défendre, mais je ne voulais pas me mettre ses parents à dos en l’encourageant dans ses initiatives. Mais bon, tant que nous continuions notre route sans blessé supplémentaire, je considérais que tout allait pour le mieux. Il n’y avait que mon ego de meurtri.

Nous en étions maintenant aux premières marches. Je tendis l’oreille vers le rez-de-chaussée, tentant d’anticiper la compagnie en contrebas. Je n’entendis aucun râle, aucun traînement de pied, aucun poing contre la porte d’entrée. C’était un bon signe, bien qu’il ne nous garantisse aucune sécurité. Les paroles de Will nous mirent en mouvement. Une fois la première volée de marches parcourue, nous étions presque capables d’avoir un contact visuel sur notre sortie. Plus que quelques pas et nous pourrions voir si le couloir en contrebas était obstrué de zombies ou encore pavé de briques jaunes. Merde, que ce soit le pays d’Oz ou le Mordor, toute destination me semble plus favorable que ce magasin d’armes à la noix. Je devrais me contenter des quelques balles restantes dans mon chargeur car je ne comptais aucunement retourner dans la fabrique Lancaster avant quelques années, voir quelques siècles.

Jane suivit Ayana des yeux lorsque celle-ci sortit à nouveau du rang pour s’occuper d’un rôdeur à l’aide de la machette de Raffael. Elle retint son souffle, prête à intervenir en cas de besoin. Pourquoi l’adolescente n’avait-elle pas sa propre arme ? La jeune femme chassa cette réflexion de son esprit, elle ne pouvait pas se permettre d’avoir un avis sur la question. Amy leur indiqua alors la présence d’un autre zombie. Jane eut à peine le temps de repérer l’indésirable qu’elle sentit l’air se fendre sur le passage de la flèche décochée par Hunter.

Ils s’engagèrent dans la cage d’escalier plongée dans la pénombre. Les marches étaient jonchées de détritus qu’il fallait prendre garde à ne pas heurter, le silence étant leur allié le plus précieux. La jeune femme remarqua un bout de tissu sombre semblant recouvrir un objet. Préoccupée par le fait que quelqu’un puisse se prendre les pieds dedans, elle tenta de repousser le tissu vers le mur d’un coup de chaussure. C’est alors qu’elle découvrit avec effroi un bébé rôdeur amputé à partir de la taille dont le visage était maculé de sang et la joue droite en décomposition. Il se mit à émettre un grognement strident, remuant vers elle ses bras potelés. Jane eut un mouvement de recul, manquant de heurter Hunter qui lui emboîtait le pas. La nausée monta en elle. La jeune femme s’accroupit, replaça ce qui s’avérait être une couverture sur le petit rôdeur puis enfonça son couteau dans le minuscule crâne. Elle avait probablement visé en plein dans sa fontanelle car la lame s’y était enfoncée comme dans du beurre.

Jane resta pensive quelques secondes puis se releva et murmura : « J’espère que ses cris n’auront pas alerté les parents. » Elle fit une grimace. Son cerveau avait sans doute produit cette remarque sarcastique dans le but de relâcher la tension interne qui menaçait de la faire craquer mais sa réflexion était loin d’être drôle. Elle se donnait envie de vomir. Jane se remit en route, encore sous le choc. Elle n’avait qu’une seule hâte : quitter cet enfer au plus vite.

Il était occupé à surveiller les arrières du groupe, mais il vit quand même sa petite puce tuer cette monstruosité qui rampait vers Mac. Il eut un soupire, la petite avait encore volé la machette de Raffael. Elle avait aidé, ça c’était clair. Mais elle n’avait pas d’arme sur elle. Raffael l’avait laissé faire, Kal savait qu’il serait intervenu au besoin, ou même Jane, mais la petite ne pouvait pas désarmer Raff à chaque fois. Il prit le couteau de chasse qu’il avait à la taille, il avait déjà la machette que son frère lui avait fait à la main. Il donna l’arme à Hunter.

-Passe-le à Ayana. Ma femme va me tuer, mais vaut mieux ça que de la voir sans défense ou que Raff se retrouve sans défense en cas de besoin.

Il avait chuchoté bien sur, il était presque sur que seul son beau-frère avait entendu. Ils continuaient d’avancer, avaient enfin atteint l’escalier et s’y étaient tous engagés. Il fit sa sœur poussé un déchet du bout du pied. Cette chose émit un bruit strident. Il ne vit pas ce que c’était, mais quand Jane indiqua qu’elle espérait que les cris n’avaient pas alerté les « parents », il comprit qu’il s’agissait d’un enfant. Merde. S’il avait déjà vu une femme dévorer son enfant de quelques mois, il n’avait jamais vu de bébé zombie. Cette idée lui filait la nausée et il était à peu près sur que c’était la même chose pour sa sœur. Il passa à côté du tissu, il n’osa pas attarder son regard. Ils atteignaient enfin le bas de l’escalier. La sortie était toute proche. Si la progression avait été lente au début, elle était plus fluide maintenant. Ils n’avaient pas rencontré d’autres zombies en surprise. Bonne chose. Les « parents » de la chose ne semblaient pas se manifester non plus. Il espérait que la situation serait tout aussi facile lorsque la sortie serait ouverte.

Il fallait qu’elle se reprenne et c’était urgent. Par deux fois, elle n’avait pas vu des rôdeurs s’approcher d’elle. Mackenzie ne devait son salut qu’à Ayana et Hunter. Ayana qui était désarmée et qui avait encore trouvé le moyen de se procurer une machette. Celle de Raffael. Il était le seul à être suffisamment près d’elle et il n’y avait que les deux frères Birmingham qui aient une machette. A moins que Jane en ait une elle aussi? Mac ne le savait plus et pour l’instant, ça n’avait guère d’importance. La jeune femme commençait à sentir une migraine se pointer le bout du nez tellement elle commençait à fatiguer. Il fallait vraiment qu’ils sortent de cet enfer poussiéreux, car elle ne serait d’aucune utilité au reste de la troupe si elle se retrouvait KO à cause d’une fichue migraine.

En descendent lentement l’escalier, en veillant bien à ne pas faire craquer une marche, Mackenzie avait bien vu une couverture souillée, mais elle ne s’y était pas arrêtée. Elle devait se concentrer sur ce qu’elle faisait et ne pas se prendre les pieds dans les détritus qui jonchaient à peu près toutes les surfaces sur lesquelles ils pouvaient mettre les pieds. Elle n’avait donc pas été tentée de regarder sous la couverture, ce qui fut une sage décision. Sa belle-sœur par-contre fit une découverte qui lui glaça le sang quand elle tourna la tête en entendant Jane parler de parents. Merde. Un bébé. La nausée la pris et elle ferma les yeux quelques secondes, histoire de faire passer la malaise.

La jeune femme déglutit péniblement, secoua la tête pour chasser cette horrible image de sa tête et continua à avancer. De là où elle était, elle pouvait voir la porte. Encore quelques mètres et la liberté leur serait accordée. Son Saint Graal personnel. S’efforçant de ne pas garder l’œil rivé sur la porte, mais bien de balayer du regard les lieux, Mackenzie continua à avancer. Encore quelques pas. Arrivée enfin à la porte, la jeune femme s’arrêta et jeta un coup d’œil rapide par la fenêtre crasseuse, histoire de s’assurer que la voie était libre. Alléluia. Il n’y avait pas de rôdeurs. Alors elle posa la main sur la poignée et la fit lentement tourner, fermant les yeux et priant pour que la porte ne grince pas sur ses gonds quand elle l’ouvrirait. La chance fut de son côté et Mackenzie sortit à l’extérieur. Elle s’écarta de la porte pour laisser sortir les autres avant d’inspirer profondément.

Je reçu le commentaire de Raffael comme un baume. Je savais que Mackenzie serait en colère et sans doute que Kaleb aussi serait en colère. Mais il sembla que pour lui, je me trompais peut-être. Hunter tapa doucement sur mon épaule après avoir abattu un zombie qu’Amy avait indiqué. Il me tendit un couteau, je le reconnu immédiatement, c’était celui de Kaleb. Il ne quittait jamais sa ceinture. Pourquoi il me donnait une arme? Je le regardai, mais il était déjà occupé à surveiller nos arrières. Je me concentrai sur le chemin devant moi gardant le couteau en main. Lorsque la chose que Jane avait déplacée se mit à crier, j’eus envie de me couvrir les oreilles. Je ne le fis pas, tout comme j’évitai de regarder en passant près de la chose. J’avais compris ce que c’était, mais mon cerveau se coupait de cette information et ne pas regarder aidait à ne pas imaginer.

Lorsque nous fûmes enfin devant la sortie, je pris soin de cacher le couteau que Kal m’avait fait passer. Je ne voulais pas qu’il ait des ennuis avec Mackenzie. Ce n’était pas bien de lui mentir, pas bien du tout, mais Kal l’avait fait pour ma protection. Je respirai un bon coup, l’odeur à l’intérieur de l’édifice était étouffante et j’étais heureuse de retrouver l’extérieur. Je jetai un coup à ma droite, à ma gauche, devant et derrière aussi. Tout semblait calme. Trop calme même.

Si traverser l’étage avait été un véritable parcours du combattant, si Ayana lui avait encore piqué sa machette pour zigouiller un rôdeur qui s’approchait trop de sa mère, le rez-de-chaussée avait été plus facile. Ouais, si on oubliait la macabre découverte qu’avait faite sa sœur. Encore heureux qu’il n’ait rien vu et n’ait pas tourné la tête quand sa sœur avait parlé parce qu’il aurait sans doute rendu son maigre déjeuner. Les monstres étaient déjà assez dégoutants en soi, s’il fallait en plus que ça soit un enfant… Ça le tuait à chaque fois qu’il en voyait un. C’était déjà horrible quand c’était un adulte, mais un gamin…

Une fois qu’ils furent tous à l’extérieur et après s’être assuré qu’aucun danger ne les guettait, Raffael aida Amy à descendre lentement de son dos. Elle était petite, comme tout le monde elle avait perdu du poids parce qu’elle ne mangeait pas à sa faim, mais la balade à travers l’établissement poussiéreux et la descente de l’escalier n’avaient pas fait de bien à ses lombaires. Il tenta bien de s’étirer un peu, mais ça ne changeait pas grand-chose. C’est à ce moment-là qu’il vit Ayana cacher le couteau de Kaleb. Raff le reconnaissait, c’était une arme de sa fabrication.

- Nana? Qu’est-ce que tu fais avec le couteau de ton père?

Ce n’est qu’en voyant la tête de son frère que Raffael compris qu’il venait encore de gaffer. Son frère avait donné son couteau à leur gamine préférée pour qu’elle ne soit pas désarmée. Et tout ça sans que la maman soit au courant. Oh que le papa allait avoir des ennuis quand la maman mettrait la main sur lui! Raff s’en voulait cependant un peu d’avoir encore gaffé. Lui et sa grande gueule.

Quand apprendrait-il donc à se la fermer? Ce n’était pas demain la veille!


- Oups! dit-il tout bas en regardant Kaleb. Désolé. souffla-t-il avec un sourire piteux.

Ils étaient tous enfin sortie de là. Elle souffla d’aise. Raffael l’aida à descendre de son dos. Pauvre chérie, il lui fallait une pause. Amy resta debout, elle ne voulait pas s’asseoir. Elle préférait rester prête à embarquer. Elle regarda Kaleb.

-Tu crois que tu pourrais faire le reste du chemin? Raffael est épuisé.

Elle soupira, elle détestait être le poids mort du groupe, détestait cette foutue cheville qui s’était tordue. Kaleb lui avait dit qu’elle ne devait pas marcher dessus pour ne pas empirer les choses, si ce n’avait pas été de lui, elle marcherait. Elle préférait souffrir que d’être celle qui empêchait les autres d’avancer. Elle aurait pleuré tellement elle était déçue de s’être blessée. Mais ce n’était pas le moment de paraître encore plus faible. Raffael vendit son frère, indiquant qu’Ayana avait une arme en main. Spécifiant que c’était celle de Kaleb en plus. Amy savait que son beau-frère n’avait pas fait ça pour mettre sa femme en colère, mais bien pour protéger sa fille. Elle soupira.

-On avait déjà dit qu’elle devait pouvoir se défendre. Alors il ne faut pas en faire un drame.

Elle se passa la main au front, c’était sorti sur un ton plus bête qu’elle ne l’avait voulu. La douleur et la fatigue faisait ressortir son mauvais caractère. Hunter passa près d’elle, une vague odeur lui chatouilla les narines.

-Ouf, je crois que ton copain canin s’est lâché dans le sac de Kal.

Ils avaient fini par atteindre la sortie, mais ça n’avait pas été sans problèmes. Des rôdeurs et un bébé à moitié dévoré. Willow en avait eu la nausée et pourtant, elle pouvait en voir des trucs horribles. Après tout, n’était-elle pas vétérinaire? Elle s’était donc toujours crue capable de ne pas avoir la nausée face aux choses dégoûtantes, mais elle n’avait pas été préparée pour un tel spectacle. Alors aussitôt qu’elle fut à l’extérieur, la jeune femme inspira profondément à plusieurs reprises pour tenter de chasser la nausée qui menaçait d’emporter la partie. La nausée fini par la quitter au moment où Raffael demande à Ayana ce qu’elle faisait avec l’arme de son père.

Willow leva les yeux au ciel en sachant pertinemment qu’Hunter avait participé au passage du couteau du père à la jeune fille. Il était entre Kaleb et Ayana… fallait pas être bien malin pour comprendre. De plus, n’avait-il pas été convenu qu’Ayana devrait avoir au moins un couteau? C’était quand même un item sur leur liste de courses à faire. Amy marquait un point, mais elle aurait peut-être pu le lire un peu moins sèchement. A sa défense, elle ne devait pas apprécier qu’on doive la porter parce qu’elle était blessée. La jeune femme ne remarqua l’odeur que lorsqu’Amy le mentionna. En effet, le chien avait fait ses besoins dans le sac. Sac qu’Hunter portait sur son dos. Là, c’était le cas de le dire, ils étaient dans la merde. Il allait falloir nettoyer ce sac et trouver un peu d’eau afin de leur faciliter la tâche n’allait pas être aisé. Hors de question d’utiliser leurs maigres réserves, l’eau potable étant devenue une richesse sans nom.

- Quelqu’un sait où on peut trouver de l’eau dans le coin? Il faut nettoyer le sac. J’ignore si les monstres sont attirés par l’odeur ou non, mais vaut mieux ne pas prendre de chances.

Désolée, c'est super mauvais, mais je ne savais plus quoi inventer!

Il n’avait pas vraiment été surpris que Kal lui demande de donner son couteau au bout d’choux. En fait, il avait été surpris que ce ne soit pas déjà fait. Mais bon, Mac était une maman louve et son louveteau était sa possession. Elle allait montrer des dents à son chéri assuré. Une fois passé les horreurs des escaliers et enfin à l’air libre, il vit Amy descendre du dos de Raff, dire que ce n’était pas la fin du monde que la petite ait une arme et indiqué que le chien avait vidé son contenu dans le sac. Il soupira à fendre l’âme lorsque Willow demanda où on pouvait trouver de l’eau.

-On n’a pas le temps pour ça. Que Raff prenne une pose je peux comprendre, mais de là à nettoyer le chien et le sac. On devrait déjà être en route pour l’hôpital.

Ils avançaient à pas de tortue, ça lui mettait les nerfs en boule tout ça. Leur progression était trop lente, les mauvaises surprises trop nombreuse.

-Si on peut arriver jusqu’au stationnement rapidement, je pourrai faire démarrer l’une des voitures. Avec un peu d’essence on pourra tous se rendre à l’hôpital bien protéger dans un habitacle et plus personne n’aura à porter Amy.

Ce que je redoutais le plus s’était produit. Je ne parle pas ici d’un hall d’entrée infesté de rôdeurs, mais bien du sac souillé par les déjections de mon chien. J’étais livide, mais bien moins que lorsque Jane avait eu à affronter cette créature geignarde dans l’escalier. L’altercation avait jeté un terrible malaise tout autour, personne n’aimant se rappeler que les zombies s’en prenaient également aux enfants.

Will avait repris possession du chien et s’excusait de son comportement. Buster ne semblait même pas se sentir coupable et battait de la queue comme un grand nigaud. « Will a raison, nous vous sommes très reconnaissants de votre aide. Sans vous, j’aurais fini comme esclave sexuel pour cette énorme rôdeuse. » On avait fait mieux comme remerciements, mais j’étais épuisé et mon côté humoriste-raté avait tendance à ressortir dans ces situations. Je serrai la main de tout le monde et je terminai avec Kaleb. « Désolé pour le cadeau du chien… Je crois que ça partira au lavage, mais c’est tout de même très frustrant. »

Will semblait vouloir s’en aller de son côté maintenant que les routes étaient libres de morts-vivants. Je comptais partir avec lui avant de me trouver un nouvel abri. Je croyais que Will appréciait bien ma compagnie, mais au final ce type était plutôt friand de solitude. « Si vous comptez vous enfuir en voiture, il vaudrait mieux que Will et moi partions en premier. Nous sommes venus à pied pour éviter d’attirer les monstres. À voir le résultat j’aurais mieux fait d’arriver en tracteur à gazon. » La ferme Lincoln!

Je me tournai vers Jane pour connaître ses intentions futures, bien que j’avais une petite idée là-dessus. « Tu préfères sûrement rentrer avec tes frères que de faire la route avec nous, je me trompe? » Si elle désirait nous accompagner, elle serait plus que bienvenue. Toutefois, je sentais qu’elle commençait à penser que je portais la poisse. Ce ne sera pas sans preuves.

Jane s’empressa de franchir la porte afin de rejoindre l’air libre. Elle s’éloigna quelque peu, encore bouleversée par l’image du nourrisson qui s’était ancrée dans son esprit et dont elle ne parvenait pas à se débarrasser. La jeune femme tiqua lorsque Hunter proposa une petite virée au stationnement. Il n’y a pas si longtemps, Will et elle s’y étaient retrouvés piégés par des rôdeurs et avaient bien failli y rester. La situation avait peut-être évoluée depuis mais elle se devait de les prévenir. Jane se retourna et se rapprocha du groupe. « Faites attention si vous vous rendez au parking. La dernière fois que j’y ai mis les pieds, c’était infesté de zombies. On a vraiment frôlé le drame. » Elle jeta alors un bref regard à Will.

La jeune femme ne porta pas le moindre intérêt à l’incident avec le chien. Elle était avant tout préoccupée par le temps qu’elle avait perdu. Le soleil n’allait pas tarder à se coucher et elle n’avait toujours rien à manger, ses réserves d’eau potable était ridiculement basses et elle n’avait aucun toit pour la nuit. Jane n’avait pas envie d’embarrasser sa famille avec ces problèmes, quant à Will et Lincoln, les suivre ne ferait probablement que la ralentir. Il était temps grand qu'elle se retrouve seule. Jane sortit brutalement de ses pensées lorsque Lincoln l’interrogea sur ses intentions. « Il est déjà tard et j’ai encore quelques courses à faire. » La jeune femme se mit à ajuster nerveusement les sangles de son sac à dos. Elle détestait les aurevoirs, surtout lorsqu’elle était en compagnie d’autant de connaissances. Un rictus s’afficha sur son visage. « Je crois que c’est ici que nos chemins se séparent. Merci à tous pour le coup de main. »

-Oh attend Jane.

Ils avaient réussit à sortir et maintenant les deux hommes allaient partir de leur côté et il semblait que sa petite sœur aussi. Il aurait préféré qu’elle vienne avec eux à l’hôpital, mais il savait que c’était inutile de la forcer. Il se rendit vers sa belle-sœur qui avait le sac de Raffael sur le dos. Il avait sacrifié ses effets pour le chien, il ne pouvait quand même pas la laisser partir sans rien. Il prit une barre de chocolat, un petit pain que son frère avait piqué à la cuisinière et une bouteille d’eau. Il alla vers Jane et passa dans son dos pour mettre les fournitures dans son sac.

-Je ne veux même pas t’entendre protester. Et si tu as besoin d’un toit pour cette nuit, tu sais que tu peux venir quand tu veux.

Il embrassa sa sœur sur la tempe et regarda les deux hommes.

-Vous êtes aussi les bienvenus messieurs. Ce fût un plaisir. Ah et ne vous en faites pas pour le sac. Je connaissais les risques avant de le faire monter dedans. Un petit nettoyage et il sera comme neuf.

Il se tourna vers Jane.

-Garde la trousse de premiers soins, j’en ai une autre à l’hôpital. Elle pourrait t’être utile, même si je ne le souhaite pas bien entendu.

Si Mackenzie préféra se taire quand Jane décida de partir, c’était parce que ses propres frères ne protestaient pas. Parce que sinon, elle aurait bien tenté de convaincre sa belle-sœur de passer la nuit à l’hôpital avec eux. Même ses amis auraient été les bienvenus. La jeune femme ne pouvait pas s’empêcher de penser qu’avec le soleil qui allait bientôt se coucher, ce n’était peut-être pas très prudent de sa balader en ville. Elle aurait été plus rassurée de les savoir tous les trois dans une voiture avec eux. Parce que l’idée d’Hunter avait aussi ça de bon. Mais d’accord, si son mari et Raffael ne voyaient pas d’inconvénients à ce que leur sœur parte de son côté, Mac se tairait et se contenterait de réitérer l’invitation qu’ils lui faisaient constamment.

- Tu es toujours la bienvenue, tu sais. dit Mackenzie à l’intention de Jane pendant que Kaleb mettait des trucs dans le sac à dos de sa sœur. Comme le dit Kal, vous êtes aussi les bienvenus. Ce n’est peut-être pas très prudent de se balader en ville quand la nuit est sur le point de tomber.

C’était le seul commentaire que Mac se permettrait. Ils étaient des adultes, à eux de prendre leurs décisions.

Je faillis rouler des yeux quand Raffael dévoila aux autres que j’avais le couteau de « mon père ». Je ne le fis pas et gardai un visage neutre. La nouvelle fût accueillit étrangement par Amy, elle indiqua sèchement que ce n’était pas un drame et ensuite, les autres semblèrent faire comme si de rien n’était. Même Mackenzie n’en fit pas état. Il était vrai que le départ des deux hommes et de Jane occupaient de façon plus sérieuse les autres. Kal donna des trucs à Jane et autant lui que Mac invitèrent Jane et les hommes à continuer avec eux.

-Faites bonne route, attention à vous.

C’était la seule chose que je pouvais dire. Je ne les connaissais pas après tout. Nous nous étions tous entraidés, je connaissais leur prénom, mais sans plus. Même Jane, je ne la connaissais pas tant. Je l’avais vu une ou deux fois sans plus. Je m’approchai du chien que l’un des hommes avait sortit de son sac. Je fronçai le nez.

-Ouf, lui aussi va avoir besoin d’un bon bain.

J’allai ensuite vers Amy, elle était frustrée du à sa blessure et devait avoir mal. Elle n’avait pas un aussi sale caractère qu’en ce moment d’habitude, c’était donc la seule explication logique. Je m’appuyai sur le mur près d’elle pour lui tenir compagnie.

Raffael se renfrogna quand Amy demanda à Kaleb de la porter. Et puis quoi encore? Ce n’était pas parce que ses lombaires protestaient un peu qu’il ne pouvait pas continuer à la porter! Il se garda néanmoins de réagir. Amy était déjà plutôt remontée, ce qui tranchait franchement avec sa bonne humeur coutumière, alors Raff préféra se taire. S’il arrivait à se prendre la tête avec ses sœurs, il n’irait pas se compliquer la vie de pareille sorte avec Amy. Et voilà maintenant que Jane voulait partir tout de suite de son côté. Pourquoi fallait-il que les femmes qu’il aimait le plus parviennent à le rendre fou? Kaleb remplissait le sac de Jane avec ses provisions, mais il n’en avait rien à faire. Il aurait préféré que sa petite sœur les accompagne à l’hôpital, histoire de ne pas la savoir entrain de se balader en ville en pleine nuit. Mais encore une fois, il préféra se la fermer et laisser sa sœur prendre sa décision. Kaleb et Mackenzie l’avaient invitée à venir à l’hôpital, c’était à elle de faire son choix. Par-contre, Raff eu une idée et il fit aussitôt une proposition à Jane. Kaleb ne pourrait pas être contre.

- Au fait. Kal et moi, on pensait aller rendre visite à Ally. Tu sais, à propos de la dernière fois qu’on l’a vue? Ça te dirait de nous accompagner?

Non, il n’espérait pas que la présence de Jane allait calmer le jeu, mais si ça pouvait fonctionner, il serait bête de s’en priver. Non? Une chose était sûre, que Jane les accompagne ou non pour aller rendre une visite à Alicia, ils avaient prévu d’aller voir l’autre moitié du duo terrible. Ils avaient été en-dessous de tout avec Ally, c’était donc à eux de tenter de réparer les pots cassés. En espérant qu’ils ne se prendraient pas un des fameux pots par la tête. Parce que si Alicia détestait les disputes, elle n’était pas en reste quand venait le temps d’assener quelques vérités à quelqu’un.

Finalement Jane qui annonçait son départ éclipsa sa demande à son beau-frère. Raffael semblait offusqué qu’elle ait fait cette demande d’ailleurs. Il n’avait rien dit, il n’en avait pas eu besoin. Elle l’avait vu seulement à sa posture. Si Raffael n’était pas un éloquent côté verbal, son corps parlait pour lui. Simplement en l’observant, on pouvait décrypter la plupart de ses émotions. Ayana vint s’installer à ses côtés, Amy lui sourit en soupirant. Elle devait avoir une sale tête et vraiment avoir été bête pour que la petite vienne lui tenir compagnie ainsi. Elle ferma les yeux un instant et inspira pour tenter de ce calmer. Elle était la seule responsable de cette situation. Après avoir écouté tous les autres, elle finit par ouvrir la bouche, son ton se faisant plus calme et surtout plus accueillant.

-Vous êtes sur que vous ne voulez pas passer la nuit à l’hôpital? Vous pourrez tous repartir au matin. Andrea aura préparé le repas et vous pourrez utiliser de nos lits libres. La nuit va tomber, cette escarmouche vous a sans aucun doute épuisé et retardé dans ce que vous aviez à faire non?

Kal et Mac avaient déjà fait l’offre, mais elle réitéra. Elle s’inquiétait de voir Jane partir seule. Les deux hommes pouvaient aussi bénéficier de leur toit, après tout, ils s’étaient battus à leur côté, avait été là tout au long de la descente, ça méritait bien un repas chaud et une nuit sans crainte d’être attaqué.