Willow n’avait pas regardé si Hunter la suivait, c’était peut-être là son erreur. Normalement, quand quelqu’un disait qu’il fallait ficher le camp, le reste du groupe obtempérait et ils se déplaçaient rapidement. Mais généralement, Will s’assurait qu’Hunter était sur ses talons. Cette fois-ci, elle ne l’avait pas fait et elle s’en voulait terriblement. Parce que cette fois-ci, c’était lui qui n’avait pas l’air très en forme. Lorsqu’il fut enfin arrivé sur le toit, il était quand même parvenu à les rejoindre sans beaucoup d’aide de la part des autres, Will se précipita vers lui avant de le forcer à s’asseoir sur le toit.

Elle fit rapidement l’inventaire de l’état de santé général. Déformation professionnelle oblige. Il avait l’air d’être un peu étourdit et un peu raide. La couture de la manche de sa chemise était défaite. Un rôdeur l’avait agrippé? Un frisson lui parcourut l’échine pendant qu’elle se déplaçait pour mieux voir son épaule. Elle poussa un petit soupir de soulagement. Ce n’était qu’une égratignure. Avec le temps, ils avaient fini par réaliser que les égratignures ne voulaient pas nécessairement dire transformation. Il faudrait désinfecter soigneusement et s’assurer que ça ne s’infecte pas par la suite, mais son homme s’en tirerait. Willow obligea Hunter à retirer son sac à dos avant d'entreprendre de lui retirer lentement sa chemise. Qu’il grogne s’il en avait envie, elle n’en avait rien à fouttre. Pour le moment, elle voulait désinfecter ses égratignures. Après, elle laisserait le champ libre à Kaleb pour agir. Elle n’était que vétérinaire, lui était médecin, donc bien plus qualifié qu’elle. Alors elle sorti sa trousse de premiers soins et l'ouvrit pour en sortir le matériel dont elle avait besoin. Tant pis pour les gants qu'elle n'avait plus depuis belle lurette!

Pendant tout ce temps-là, elle avait entendu du remue-ménage à sa droite. Il semblait qu’un tas de nouveaux zombies débarquaient. Comme s’ils n’en avaient pas eu assez.

- Tu peux me dire comment t’as fait ton compte, Roméo? interrogea Willow en déchirant une petite enveloppe contenant le tampon pour désinfecter. Je te préviens tout de suite que si tu ne me laisses pas faire, ça va barder pour toi. La fessée, cette fois-ci, c’est toi qui va y avoir droit. ajouta-t-elle avec un regard qu’elle espérait dissuasif avant de commencer à nettoyer la blessure.

Heureusement, ce n’était pas grand-chose au final. Dieu merci!

Merde, ce zombie qui l’avait agrippé était balaise. Heureusement que Will avait été là. Il regarda l’homme qui arriva sur le toit et fit un signe de tête, le remerciant de la tête pour son intervention. Il n’eut pas le loisir de dire un seul mot, sa sœur le suppliant d’avoir pensé aux munitions et sa princesse s’improvisant docteur, lui retirant son sac à dos et sa chemise devant tout le monde. Il en aurait levé les yeux au ciel. Il prit son sac à dos et lança se dernier vers Mackenzie.

-Pendant que ta sœur faisait le clown, moi je prenais ce dont tu as besoin. Économise, en si peu de temps, c’est tout ce que j’ai réussit à prendre. Il y a un couteau aussi, peut-être pas ce qu’on voulait pour Ayana, mais encore là, le temps m’a manqué.

Il regarda Willow ensuite, la laissa désinfecter la plaie. Elle lui demandait elle aussi comment il s’était fait ça. Il pointa Will du doigt.

-Tu peux remercier ce mec princesse, sans lui, un colosse m’aurait broyé et déchiqueté la gorge. Il lui a envoyé une balle dans le caisson juste à temps.

Il était un peu étourdit, mais pas de nausée, bon signe quand même. Il avait mal, avait une ou deux égratignures, mais c’était quand même bien peu vu ce qui aurait pu se produire. Il voulait sortir le chien de là, il aurait dû être plus prudent. Il n’avait pas envie d’entendre les remontrances que la jeune femme pourrait lui faire, il décida donc de retarder l’échéance en l’embrassant. Elle adorait qu’il lui démontre de l’affection en public, il pouvait bien lui offrir ça non? Et gagner un peu de temps avant qu’elle ne lui fasse des reproches, car il ne se faisait pas d’illusion, reproche il y aurait même s’il était sage et la laissait s’occuper de lui.

Je ne m’étais pas dirigé vers la porte restée ouverte en pensant effectuer une mission suicide. Je voulais tout simplement me montrer utile pour ce groupe qui venait de nous sauver la vie, surtout que l’investigateur de ce bourbier n’était nul autre que mon chien. Je me sentis légèrement coupable lorsque je vis que Jane et son frère m’avaient attendu. Je n’avais pas voulu les ralentir en leur faisant craindre de me voir me faire dévorer vivant. L’homme (Karl? Était-ce ainsi qu’ils l’avaient appelé?) pointa un immeuble à Jane et je leur emboîtai le pas dans cette voie.

Ce groupe semblait autant apprécier la sécurité des hauteurs que moi. J’en étais à me demander si je pourrais grimper à l’échelle avec une seule main, Buster sous mon autre bras, quand on s’occupa d’attirer mon chien dans un sac à l’aide d’encore plus de nourriture. Continuez ainsi et il sera bientôt trop lourd pour le porter jusqu’en haut de l’échelle. Je m’assurai que le canin soit docile : « Buster, tu as entendu ce qu’on vient de dire? », puis je me retournai vers l’homme au sac. « Vous n’aurez aucun problème avec lui. » Espérons-le. Je m’élevai à la suite de Will, sachant que Buster me serait retourné bien vite une fois en sureté. Sur le toit, je pu enfin apercevoir notre salvatrice et son fusil de précision. Une adolescente l’accompagnait. Il s’agissait de la survivante la plus jeune que j’ai vu depuis cette épidémie, à croire qu’elle devait avoir des capacités de survie exceptionnelles pour son âge.

Tout autour, on semblait s’inquiéter pour les blessés et les munitions, mais moi je m’en faisais pour mon clébard en bas… Pour Jane et son frère aussi, bien sûr. Lorsqu’un nouveau coup de feu retentit, je su que la situation venait de s’envenimer sur le plancher des vaches. Je me jetai en direction du rebord pour voir de mes propres yeux, espérant que les deux derniers survivants en contrebas avaient pris assez de hauteur pour éviter les mains baladeuses des rôdeurs.

Kaleb et Jane arrivèrent au pas de course en bas de l'immeuble depuis lequel Mac opérait. La jeune femme rangea promptement la trousse de premiers secours que son frère lui avait confiée dans son sac à dos puis jeta un oeil vers le haut et prit une grande inspiration. Sans souffrir d'acrophobie, Jane était bien plus à l'aise lorsque ses deux pieds touchaient la terre ferme. La jeune femme se lança néanmoins sans hésiter à l'assaut de l'échelle, à la suite de son frère. Du fait du poids non négligeable que Kaleb portait sur son dos, sa mobilité et son équilibre étaient significativement restreints. Elle serait plus apte à s'occuper des rôdeurs qui se pressaient à leurs trousses.

Leur ascension fut relativement aisée. Jane n'eut à achever que deux zombies plus hardis et débrouillards que les autres qui commençaient à représenter une menace sérieuse. Alors qu'elle n'était qu'à un mètre du sommet, elle eut la mauvaise idée de jeter un oeil en contrebas, où une marée de zombies s'était attroupée, élançant leurs membres vers eux dans un concert de grognements. Une sensation vertigineuse l'envahit et lui fit perdre l'équilibre. Elle manqua un barreau et chuta quelques secondes dans le vide, sentant ses genoux râper contre le métal des marches. Elle parvint à se rattraper mais son corps était désormais parallèle au profil de l'échelle. Jane s'agrippait de toutes ses forces au montant gauche, les jambes dans le vide. Son arme n'était plus dans sa main, elle avait dû la lâcher pendant qu'elle tombait. Elle tentait de pivoter afin de se remettre dans le bon axe, en vain. Quelques mètres plus bas, plusieurs rôdeurs affamés gravissaient les échelons, lentement mais sûrement. Jane jeta un regard vers le haut. « KAL !! »

Il venait de déposer le chien sur le toit lorsqu’il entendit sa sœur l’appeler. Il regarda en bas et analysa la situation en deux secondes. Il était déjà sans l’échelle quand il cria à sa femme.

-Mac, couvre Jane!

Il descendit à toute vitesse, sa sœur était dans une posture plus que précaire et il devait faire vite. Il descendit, il avait l’impression de mettre une éternité à atteindre sa sœur. Il vit un zombie qui tentait d’agripper Jane à la jambe tombé vers l’arrière. Mac était en position pour protéger Jane. Il dû passer sur le côté de l’échelle, attrapa Jane pas la taille d’un bras et lui fit remettre les pieds sur les barreaux. Il la serra contre lui, son cœur battait à toute vitesse dans sa poitrine. Il déposa un baiser sur la tempe de la jeune femme.

-Ne me fait plus jamais ça Jane Birmingham. Plus jamais.

Il lui sourit pour lui démontrer qu’il était simplement content qu’elle aille bien et qu’elle lui avait foutu une peur bleue.

-Monte, je te suis.

Il restait derrière, comme il aurait dû faire la première fois. Il aurait dû assurer les arrières de sa sœur. Il la regarda monter avant de reprendre une position d’ascension normale sur l’échelle et de suivre sa cadette jusqu’au haut du toit.

Mackenzie éclata de rire quand un homme demanda à son chien s’il avait bien compris ce qu’on venait de lui dire. Bah oui! Comme si le chien avait saisi qu’il ne fallait pas bouffer les oreilles de Kal! La jeune femme repris son sérieux quand elle vit un autre monstre ambulant arriver un peu trop près de la troupe qui était encore au sol. Alors elle visa et atteignit sa cible au milieu du front.

- Et 10 points de plus pour Mac! s’exclama-t-elle joyeusement avant de recommencer à balayer le secteur des yeux, histoire de s’assurer qu’aucune cible mouvante ne lui échapperait.

Elle n’avait pas compté le nombre de monstres qu’elle avait abattus comme des lapins, mais elle commençait à se dire que c’était comme l’hydre. Elle en descendait un et un tas d’autres se pointaient le bout du nez. Ce n’était pas qu’elle ne s’amusait pas – au contraire – mais elle avait hâte qu’ils finissent par arrêter de débarquer en troupeau. Heureusement, Hunter avait pensé à ses précieuses munitions! Mac l’aurait embrassé si elle n’avait pas eu plus urgent à gérer: un tas de monstres qui puent à mettre hors d’état de nuire. La sniper venait de descendre un rôdeur qui s’approchait d’un peu trop près de Jane quand elle entendit la jeune femme hurler le nom de son mari. Dieu merci, Kal avait de bons réflexes et il s’était précipité au secours de Jane. En prenant, évidemment, soin de lui dire de couvrir Jane. Bah oui, elle n’y avait pas pensé toute seule! Un peu plus et elle serait vexée! Heureusement, Kal réussit à la rétablir sur l’échelle et à la faire monter avant lui. C’était moins une.

Et pour la centième fois au moins, Mackenzie mis une balle dans la tête d’un monstre bouffeur de chair fraîche. Après toutes ces émotions fortes, Mac avait été plus occupée à couvrir Jane qu’à dégommer les rôdeurs qui se rapprochaient… alors résultat des courses, Kaleb faillit se faire croquer le mollet.

- Ça, c’est pour avoir voulu croquer ce qui est à moi. lança Mackenzie à la rôdeuse pendant qu’il s’affaissait au sol. Je sais bien qu'il est mignon tout plein, mais je ne partage pas! ajouta la jeune femme avec un grand sourire satisfait.

HJ: Lincoln, j'adore ton gif dans ta signature!

Tout se déroulait tellement vite, j’étais étourdit par tout ce qui se passait autour de moi. Les gens affluaient, Hunter était blessé, Amy aussi, deux inconnus et un chien nous avait rejoint et le temps de crier « ouf » Kaleb avait dû voler au secours de Jane. Hunter avait dit à Willow que l’homme qui était monté à sa suite sur le toit lui avait sauvé la vie. L’autre avait dit n’avoir fait que son boulot. Tout le monde était occupé, je m’approchai de l’homme et le serrai dans mes bras.

-Merci d’avoir sauvé ce clown, il m’aurait manqué.

Je m’éloignai ensuite vers le sac que Kaleb avait posé sur le sol avant de redescendre, un homme en faisait sortir le chien. Je m’approchai du bord de l’échelle pour voir Jane monter. Je lui tendis la main, je ne l’avais pas vraiment croisé, mais impossible de croire qu’elle était quelqu’un d’autre. Alicia et elle étaient de copie conforme. J’avais vu Ally quelques fois, trop peu souvent en fait, mais quand même. Je savais les reconnaître. Lorsqu’elle fût sur le toit, je regardai en bas pour voir Kal qui grimpait rapidement. Je soupire de soulagement franchit mes lèvres. Il était sain et sauf lui aussi. Je regardai en bas, les zombies s’agglutinaient au bas de l’échelle. Si certains semblaient vouloir montés la masse qui les poussaient les empêchaient de le faire. Je croisai le regard d’un de ses monstres et la mâchoire me tomba. Heureusement qu’elle était solidement accrochée. Dans la masse, un de ses monstres étaient un adolescent. Ricky qu’il s’appelait. Il trainait souvent avec Sammy et moi. Ricky était là, en bas. Les traits presque méconnaissables. Un hoquet de surprise franchit mes lèvres.

-Ricky, soufflais-je.

Ce n’était pas la première fois que je voyais une connaissance dans cet état, mais avec Sammy, Ricky avait été l’un des seuls que je pouvais considérer comme étant un ami. Et si Ricky était dans cet état, je me disais que Sammy ne pouvait pas être autrement. Le chagrin me prit au ventre. Je ne pouvais détacher mon regard de mon ami.

Est-ce qu’il rêvait que ça finesse par finir? La réponse à cette question était définitivement un grand et retentissant «oui»! Il commençait à en avoir par-dessus la tête que ces fouttus zombies débarquent de tout bord, tout côté. Comme s’ils s’étaient passé le mot pour venir les emmerder ici. Est-ce que c’était Jane qui avait fait une allusion à Twitter? Enfin, peu importe qui avait dit ça, l’image était très parlante et plutôt réaliste. Parlant de Jane, il avait oublié sa peur des hauteurs. Pourquoi n’y avait-il pas pensé? Pourquoi ne s’était-il pas arrangé pour la faire grimper sur le toit devant lui? Ah oui, parce qu’il avait Amy sur son dos et qu’il avait voulu la mettre à l’abri. C’était difficile de choisir entre sa sœur et sa petite amie. A vrai dire, il était incapable de choisir laquelle devait passer en premier. Il les aimait autant l’une que l’autre, pour des raisons différentes, mais elles comptaient toutes les deux pour lui. Heureusement, quand Jane avait perdu pied, Kaleb avait pu se précipiter pour la faire remonter pendant que Mackenzie s’amusait.

Parce que s’il y en avait une qui avait du plaisir, c’était bien sa belle-sœur. Elle comptait les points maintenant. C’était nouveau ça? S’il ricana quand Mac déclara qu’elle ne partageait pas son mari, son hilarité cessa aussitôt qu’il entendit Ayana souffler le prénom de quelqu’un. Elle n’avait pas parlé très fort, mais il l’avait entendue. D’un autre côté, ce n’était pas comme si elle était très loin. L’immeuble sur lequel ils avaient trouvé refuge n’était pas très grand. Lentement, Raffael se rapprocha de la puce et regarda en bas, dans la même direction. Merde. C’était un ado. Un gamin. Raff soupira, se passa une main sur le visage et réfléchit. Ils ne pouvaient pas laisser ce gamin se balader comme ça, pas en sachant qu’Ayana serait peut-être amenée à le croiser de nouveau. Mettre un terme à cette vie devant la petite lui déplaisait souverainement.

- C’est ta décision ma puce. Qu’est-ce que tu souhaites faire pour lui?

Elle s’installa près de Mackenzie sans pour autant la gêner. Elle regardait la situation évoluer. Kal était arrivé sur le toit, Jane était saine et sauve. Les zombies étaient en recrudescence.  Elle soupira, elle regarda Ayana qui était penchée sur le bord du toit à regarder quelque chose, ou plutôt quelqu’un. Elle ne put voir ce que la jeune fille murmura, mais elle entendit clairement Raffael dire que c’était son choix. Elle mit sa main sur sa bouche comprenant l’horreur de la situation.

-Mac, petit cœur va avoir besoin de sa maman. De toute façon, plus tu tires, plus tu les attires. Je crois qu’on devrait se tenir tranquille et descendre ceux qui arriveraient par miracle à monter en haut. Si plus rien ne les attire, ils finiront par s’en aller.

Du moins, elle espérait. Il faudrait aussi que le chien se tienne tranquille. Elle enleva le sac de son dos. Elle avait quelques trucs, me s’était plus pour nourrir les humains qu’un chien. Ils devraient attendre avant de pouvoir descendre. Monter avait été tout de même facile vu la situation, mais descendre était une autre chose… ce serait plus difficile de tous les faires descendre. Ils s’étaient eux-mêmes pris au piège. Elle le réalisait maintenant.

- Merci.

Voilà tout ce qu’elle pouvait dire. Aucun mot ne saurait décrire la gratitude qu’elle avait envers l’homme qui était venu en aide à Hunter. C’était bien peu, elle en avait conscience, mais voilà. Rien ne saurait décrire sa reconnaissance, alors elle préférait passer par le simple «merci» et que l’homme comprendrait tout ce que ça signifiait vraiment, tout ce qui se cachait derrière ce simple mot. Grâce à lui, elle avait encore son homme à ses côtés et ça, jamais elle ne pourrait l’oublier.

- Roméo… moi aussi je t’aime, mais n’essaie pas de noyer le poisson. Tu sais très bien que ça ne marchera pas. le gronda-t-elle avant de l’embrasser à nouveau et de se remettre au boulot.

Il faudrait que Kaleb jette un coup d’œil aux griffures, Will y tenait particulièrement, mais pour le moment ça ne l’inquiétait pas trop. Ça semblait n’être que superficiel, mais elle garderait tout ça à l’œil. Hunter pouvait bien essayer de l’embrasser pour la détourner de son but, il n’y parviendrait pas suffisamment pour lui faire oublier qu’elle tenait à ce que Kaleb y jette un œil. Tant pis pour Hunter et sa haine envers les médecins, il devrait accepter de se faire ausculter. Quitte à ce qu’elle le menace de changer de chambre s’il n’obéissait pas gentiment. Avec de la chance, il ne rechignerait pas trop vu que le médecin en question était Kaleb.

- Kal? Une fois que tu auras regardé la cheville d’Amy, tu pourras venir jeter un coup d’œil à Hunter? Je crois que ça va aller, mais je préfère avoir ton avis.

-Princesse, tu sais très bien que Kal va m’ausculter que je sois d’accord ou non. Tu n’avais même pas besoin de lui demander. Il sait que sinon sa femme et toi allez le trucider. Il n’est pas fou à ce point.

Il était ronchon oui, il venait d’entendre Raffael dire à Ayana que c’était à elle de prendre la décision et juste à voir l’air de l’adolescente, c’était quelqu’un d’important en bas. Il était en colère, en colère qu’elle soit là, qu’il n’ait pas pu la protéger de ça. En même temps, ils étaient tous là pour elle. Il secoua la tête avant de regarder vers la fillette.

-Bout d’choux, te connaissant ce n’est surement pas ta première décision difficile, ni ta première perte dans la vie quand on sait que la rue à été ta maison depuis que tu es si jeune.

Il haussa les épaules avant de continuer, ça lui fit un mal de chien, mais il ne réagit.

- Je ne peux pas prendre la décision pour toi, mais demande-toi ce qui est mieux pour lui? Être mort, ou bien avoir un semblant de vie sans en avoir conscience?

Il regarda l’adolescente, la pauvre. Elle n’avait pas eu assez de n’avoir personne pour l’aimer, elle devait décider tu sors d’une des personne qui lui avait été cher. Ça se voyait à ses yeux.

-Personnellement bout d’choux, je préfère que tu me mettes une balle dans la tête si jamais je deviens l’un d’entre eux.

La sécurité des toits me permis de souffler un peu, la première fois depuis le début de cette aventure. Je m’offris quelques minutes de repos assis au sol, fixant Buster de mon regard le plus autoritaire. Le chien ne semblait aucunement impressionné, comme si toute cette histoire avec les rôdeurs ne lui avait pas semblé si dramatique quelques minutes plus tôt. Ce n’est pas en le nourrissant après qu’il ait semé le chaos aux alentours qu’il se retrouvera dressé à obéir pour la prochaine sortie. Je me relevai et commençai mon exploration des lieux. Tandis que les blessés se voyaient rafistolés et qu’une autre bande s’attroupait pour observer l’action en contrebas, je voulais trouver un moyen de fuir cet endroit. L’attente n’avait jamais été mon fort et j’avais l’impression que certaines plaies nécessiteraient des soins médicaux plu avancés que ceux qu’on pouvait leur offrir coincés ici. Il y avait bien une trappe sur le toit au bout opposé de celui où nous étions, mais mes efforts pour l’ouvrir ne portèrent pas fruits. Fermée de l’intérieur. L’autre option à notre portée, soit le saut vers les édifices voisins, semblait un bon moyen de se rompre le cou vu la distance qui nous séparait de l’immeuble le plus près.

Je me retournai en direction du reste du groupe, ayant été trop absorbé par mes réflexions pour suivre le train de leurs discussions. « Vous savez, on peut peut-être trouver un moyen de sortir d’ici pour être tous rentrés chez-soi à temps pour le souper. Si quelqu’un possède une corde assez solide pour qu’on puisse descendre l’un d’entre nous jusqu’à une fenêtre du dernier étage, celui-ci pourrait se faufiler à l’intérieur et nous offrir accès à l’entrée principale en nous ouvrant la trappe là-bas. » Je pointai en direction de notre seule issue avant de poursuivre : « Vous… Karl et Raffaël? Vous semblez assez forts pour contrôler la descente. Will et moi ne sommes pas très lourds, il serait facile de nous porter. Une femme pourrait tout aussi bien s’en charger. » Je me tournai vers celle aux cheveux sombres, Willow? « Vous ne semblez pas été blessée, vous pourriez vous aussi être facilement descendue vers la fenêtre. Ou encore toi Jane, si tu n’as pas été trop secouée dans l’échelle. Et vous également, Madame la tireuse. » Je n’avais pas inclus l’adolescente dans mon plan, elle qui semblait grandement perturbée par quelque chose en contrebas. De plus, nous ne savions pas ce qui pourrait nous attendre une fois à l’intérieur… Je préférais ne pas envoyer quelqu’un d’aussi jeune dans la fosse aux lions.

Mon plan me semblait viable, mais il restait un élément hors de mon contrôle, n’ayant pas apporté une corde dans mes bagages.

HS : Merci Mackenzie, dès que je l'ai vu je me suis dit que ce gif avait été créé pour Lincoln.

Jane atteint enfin le sommet, encore tremblante. Elle attrapa la main d’Ayana et se hissa sur le toit, la gratifiant d’un rictus de remerciement. Son dynamisme s’était effacé et son sourire combattif avait disparu de son visage. Elle s’en voulait terriblement. Elle n’avait pas été à la hauteur et elle avait mis Kaleb en danger, pour la seconde fois en quelques minutes. Comment pouvait-elle espérer que ses frères lui fassent confiance si elle n’avait de cesse de leur montrer qu’elle n’était pas capable de faire trois pas sans avoir besoin d’être secourue ? Elle se retourna vers son aîné, honteuse. « Je suis désolée Kal. Putain de chaussures glissantes. Je suis désolée. »

La jeune femme s’isola quelques mètres plus loin afin de reprendre son souffle, le tronc antéfléchi et les mains en appui sur ses genoux, le regard fixé sur la masse compacte de zombies s’entassant en contrebas. Elle comprit de loin qu’Ayana avait aperçu un rôdeur qu’elle connaissait. Elle soupira, espérant de toutes ses forces qu’on ne la laisserait pas se charger elle-même de son exécution.

Jane se retourna à l’évocation de son prénom. Elle n’avait écouté le reste de la proposition de Lincoln que d’une oreille distraite mais elle en avait saisi l’essentiel. Descendre dans le vide le long d’une corde, éventuellement casser une vitre, trouver et ouvrir une trappe. Il ne s’agissait ni de ses activités préférées ni de ses points forts mais elle avait besoin de se racheter et Lincoln venait de lui en servir l’occasion idéale sur un plateau. Elle s’en sentait capable. La jeune femme s’avança d’une allure assurée vers le groupe, l’air décidé et un discret sourire au coin des lèvres.  « Je peux le faire. »

Un fois tout le monde en sécurité sur le toit, il laissa Jane reprendre son souffle. Il savait que ce n’était pas les chaussures qui lui avaient fait perdre pieds, il aurait dû la laisser monter devant lui. Mais il avait oublié sa crainte. Il alla d’abord vers Amy, il savait que Willow s’occupait déjà de Hunter, il l’examinerait ensuite. Il se pencha devant sa belle-sœur et ne lui retira pas son soulier. Il savait que s’il le faisait maintenant, elle ne pourrait pas le remettre. La compression n’aiderait pas cependant.

-Une très mauvaise foulure. Il va falloir que je vérifie s’il n’y a pas fracture, avec l’enflure c’est difficile à dire. Pour le moment, le mieux serait de t’enlever ta chaussure et faire un bandage de maintient, mais je n’ai pas assez de matériel sur moi. Il va aussi falloir que tu passes le reste du voyage sans toucher le sol. Désolé.

Il regarda ensuite vers Ayana, Raffael venait de dire quelque chose, Amy indiqua à sa sœur que sa fille aurait besoin d’elle, Hunter qui grondait presque Willow et l’homme à qui le chien appartenait énonçait une idée qui avait du sens. C’était beaucoup en même temps. Kal commença par régler quelque chose. Il prit son pistolet et s’avança près du bord alors que Jane disait qu’elle pouvait le faire. Il regarda sa sœur avant de continuer. Raffael lui indiqua l’adolescent en contrebas. Kal regarda Ayana et la serra contre lui, lui bloquant la vue et bouchant une partie de ses oreilles. Il se positionna ensuite et tira. Il regarda les autres à la ronde, qu’un seul lui jette la pierre. Il avait vu sa sœur détruite par le choix qu’elle avait dû faire. Il avait fait celui là pour sa fille d’adoption. Il posa un baiser sur les cheveux de l’adolescente la gardant contre lui.

-C’est mieux ainsi, autant pour lui que pour toi. Je t’ai privé de ton choix, mais ainsi tu n’auras pas à t’en vouloir d’avoir choisi. Ce n’est peut-être pas ce que tu voulais et je te laisserai m’en vouloir si tu le désires une fois à l’hôpital, mais pour le moment, j’ai fait ce que je crois être le mieux pour toi.

Il se tourna ensuite vers Jane. Il avait compris ce qu’elle avait voulu lui expliquer la dernière fois, mais s’il refusait que quelqu’un d’autre se charge de sa femme à sa place. Il regarda Lincoln.

-C’est Kal, ou Kaleb. Et oui, Raffael et moi sommes assez fort pour pouvoir le faire. Je peux même y arriver seul.

Raffael aurait sans doute à porter Amy pour le reste du voyage, il allait donc sacrifier sa force pour épargner la sienne. Il savait qu’il pouvait le faire.

-Hunter garde généralement une corde dans son sac. La mienne est dans la benne.

Il se tourna vers sa sœur.

- Sinon, Jane je veux bien que tu descendes mais pas seule.


Il se tourna vers les autres.

-Willow, Will ou vous monsieur dont je ne connais pas le nom devrez l’accompagner.

Il déposa un dernier baiser sur la tête d’Ayana avant de la confier à Mackenzie et de se diriger vers le sac d’Hunter qui était près de l’endroit où Amy se trouvait.

HJ: désolée pour la longueur...

Pourquoi fallait-il que les choses ne soient jamais simples? Pourquoi avait-il fallut que la première sortie d’Ayana tourne au cauchemar? En plus d’être contrainte à monter sur un toit pour se mettre à l’abri d’une horde de rôdeurs, il fallait maintenant qu’elle affronte ce que Mackenzie considérait être le plus difficile. Décider de mettre ou non un terme à la vie d’une personne transformée. Une personne qu’elle connaissait. Mac aurait tout donné pour éviter que sa fille – parce qu’à ses yeux, voilà ce qu’était Ayana – ait à vivre pareil calvaire. Mais avant qu’elle ait pu faire le moindre geste, Kaleb avait pris les choses en main. Mac espérait seulement qu’Ayana n’en voudrait pas pour mourir à Kal d’avoir pris la décision à sa place.

Puis vint le moment où il fallut penser à trouver une façon de descendre de là. Sauter sur l’immeuble d’à côté était exclus, il était trop loin. Et de toute manière avec Amy et sa cheville bien amochée, ce n’était tout simplement pas possible. Un des compagnons de Jane émit cependant une bonne idée. Il y avait une trappe. Descendre en rappel le long du mur, entrer par la fenêtre et ouvrir la trappe. C’était brillant. Lorsque Jane se porta volontaire, Mac se retint de justesse de grimacer. Leur Jane avait eu du mal avec l’échelle à cause du vertige. Une corde, ça serait bien pire. Quand Kaleb dit que Willow pourrait accompagner sa sœur, Mackenzie leva les yeux au ciel. Comme si Hunter allait accepter que sa princesse quitte son champ de vision! Ça pouvait arriver, mais Mac avait du mal à y croire.

- Si c’est moi qui le fait, je peux y aller toute seule. proposa finalement la jeune femme. Mais si quelqu’un a une hache ou quelque chose du genre, je pourrais en avoir besoin. On ne sait pas comment cette maudite trappe a été bloquée.

Mac non plus n’aimait pas tellement les hauteurs, mais entre une corde et un saut en parachute, la jeune femme savait très bien ce qu’elle préférait. Ladite corde et les quelques mètres qui la sépareraient du plancher des vaches. Ça serait pratiquement un jeu d’enfants!

Les choses s’étaient passées tellement vite. Si Raffael voulut me donner le choix de la mort ou du semblant de vie de Ricky, Kaleb avait pris la décision pour moi. Je tressaillis en entendant le coup de feu. Je ne pus voir, Kal me tenait contre lui et me bloquait la vue. Il indiqua que je pourrais lui en vouloir une fois rentrée. En fait, je ne lui en voulais pas du tout. Il avait fait ce que je voulais mais n’osait dire. Nous devions sortir de là. Les adultes débattaient, pendant ce temps je m’approchai du bord et regardai où se trouvait la fenêtre. J’étais petite et j’avais fait bien pire pour piquer des trucs. J’essuyais les larmes sur mon visage et respirai un bon coup. Je volai discrètement sa machette à Raffael, celle qu’il gardait toujours à sa ceinture et la coinçait rapidement dans la mienne.

-Mon tour de faire quelque chose pour vous.

Je ne laissais pas le temps aux autres de réagir. Je disparue dans l’échelle. Je n’avais jamais eu peur des hauteurs et les bordures étaient ma tasse de thé. J’étais assez bonne équilibriste. Arrivée à la hauteur de la fenêtre, je pris la bordure de l’immeuble comme appui. Je me stabilisai comme Samuel et Ricky me l’avaient appris. Je repoussai l’envie de regarder en bas, c’était inutile. Ricky était déjà mort avant que Kal ne lui mette cette balle dans la tête et il devait déjà avoir disparu dans la masse des monstres. Je priais en silence pour que Sam n’ait pas subit le même sort. J’avançais lentement vers la fenêtre. Elle avait été brisée, je n’eus donc pas à la fracasser pour entrer. Je disparue à l’intérieur du bâtiment espérant ne pas rencontrer trop d’ennemis.  En même temps, ce ne serait pas mon premier monstre.

Raffael détestait les surprises. Davantage encore les mauvaises. Sans oublier qu’il se trouvait franchement bête de ne pas avoir compris avant ce qu’Ayana planifiait. S’il avait toujours su qu’elle n’aimerait pas rester là les bras ballants à attendre qu’ils fassent ce qu’ils avaient à faire, il n’aurait jamais deviné qu’elle prendrait d’elle-même la décision de descendre cette maudite échelle pour entrer dans la bâtisse sur laquelle ils avaient trouvé refuge. En lui piquant sa machette au passage, évidemment! Alors sans prendre le temps de réfléchir, il se lança sur les talons de la gamine et descendit l’échelle le plus rapidement qu’il put le faire avec ses grands pieds. Mais la petite fut plus rapide que lui. De toute évidence, ce n’était pas sa première tentative pour entrer quelque part! Rapidement, Raff dû se rendre à l’évidence, la fenêtre était trop étroite pour qu’il puisse s’y glisser à son tour.

- Ayana! Reviens ici! gronda Raffael à travers la fenêtre cassée, espérant que la gamine l’entendrait et rebrousserait chemin.

Mais rien à faire. Ou bien elle l’entendait et faisait la sourde oreille et refusait d’obéir ou bien elle était trop loin pour l’entendre. Jurant tout bas, Raff grimpa les quelques barreaux et se retrouva sur le toit en compagnie des autres.

- Rien à faire, la fenêtre est trop étroite pour moi.

Quand bien même ils enverraient Mackenzie à la poursuite de sa fille, Ayana avait pris de l’avance et Mac n’arriverait peut-être pas à la rejoindre avant que la gamine ait ouvert la trappe.

Non, non, non! Mais pourquoi avait-elle fait ça? Elle voulait aider elle aussi, mais elle était totalement inconsciente d’être partie comme ça toute seule. Amy vit Raffael suivre la fillette et revenir en annonçant que la fenêtre était trop étroite. Elle regarda les autres.

-Elle faisait dû « parcours » avec ses deux amis, elle m’en a parlé. C’est comme ça qu’elle a pu entrer alors que vous deviez descendre en rappel? C’est ça?

Seigneur, elle avait vu la corniche sur le bord du mur pendant que Raffael les hissaient sur le toit. Elle était minuscule. La petite avait pu y arriver, en fait, Raff disait qu’elle était à l’intérieur, mais la jeune femme n’arrivait toujours pas à croire qu’elle soit partie seule ainsi. Et comment Raffael avait pu la laisser prendre sa machette. Elle était tout petite, la machette semblait si grosse aux yeux d’Amy pour les petites mains d’Ayana. Elle regarda Mackenzie, si elle-même était terrorisée à l’idée que l’adolescente soit entrée dans cet immeuble seule, elle n’imaginait pas la trouille que sa sœur devait ressentir à ce moment-ci.

-Elle va y arriver Mac, elle a survécu aux morts, c’est un vivant qui a faillit lui prendre la vie. Il faut s’en souvenir.

Elle tentait de rassurer sa sœur autant qu’elle-même.