Il entra dans la clinique devant Willow. Non, il n’avait pas changé sur ce point, il voulait toujours la protéger et ça ne changerait pas. En fait, il avait même l’impression que c’était pire. Du moins, sa crainte de la perdre avait augmenté. Il fit rapidement le tour de la réception des yeux. Rien à signaler. Il fit un signe de tête à la jeune femme pour qu’elle entre. Le passage était dégagé, pour le moment. Ils avaient encore du chemin a faire, des portes à ouvrir pour arriver jusqu’au stockage. Les animaux c’étaient bien beau, mais il fallait du matériel à la jeune femme pour pouvoir s’en occuper. Chris avait bien emporté quelques trucs avec lui, mais il n’avait pas pu tout prendre non plus.

Il l’appréciait presque maintenant ce gus, mais il n’irait certainement pas le lui dire ou en faire part à Willow. Elle serait trop contente. Déjà que ses sœurs étaient trop contente que Willow et lui soient « ensembles ». Elles n’arrêtaient pas de le charrier.  Willow avait même dû intervenir car elle trouvait qu’il s’éloignait d’elle dû aux remarques de ses sœurs. Il détestait être le point de mire, détestait être la cible de raillerie. Peut-être avait-il toujours été trop sérieux et avait perdu son sens de l’humour, ou alors peut-être que ses sœurs étaient trop près de la vérité dans leurs propos et qu’il avait simplement la trouille.

Il aimait partager son lit avec la jeune femme, mais pas toutes les nuits. Il aimait l’embrasser, la caresser, « faire l’amour » avec elle, comme elle le disait. Il n’aimait pas les effusions en public cependant. Détestait qu’on lui fasse remarquer qu’il devrait embrasser Willow avant de partir. Le faire par lui-même était une chose, se le voir imposer en était une autre. Pendant les missions, il avait indiqué que c’était hors de question qu’ils se touchent, se câlinent ou autres développement physique. Ils devaient être concentrés. Il n’avait pas à se plaindre de la jeune femme, elle lui laissait de l’espace et respectait ses choix. Mais il n’était pas sur qu’elle soit si heureuse que ça.

Il avança doucement jusqu’à la première porte qu’elle lui indiqua. Il écouta, tout d’abord, rien de suspect. Il ouvrit ensuite la porte lentement. Rien derrière. Il fit en sorte que la porte aille appuyer sur le mur derrière question de s’assurer qu’il n’y avait rien derrière, de façon définitive. C’était un truc de militaire, si quelque chose bloquait à l’ouverture, il fallait se méfier et agir vite. Heureusement pour lui, ce ne fût pas le cas. Il continua à avancer et entendit un grondement avant même de le voir. Cependant, il n’était pas face à lui, il était dans son dos. Il se retourna rapidement pour voir Willow enfoncer son couteau dans le crâne d’un rôdeur. Il l’avait manqué ou alors l’autre venait de sortir d’une autre pièce.

-Merde. Souffla-t-il.

Heureusement qu’elle avait réagit rapidement. Elle avait réussit à lui fracasser le crâne en deux coups. C’était bien.

-Désolé Princesse, je ne l’ai pas venu venir celui-là.

Il se promit d’être plus vigilant. Pourquoi n’avait-il pas emmené Raff ou Kal, Mac à la limite avec eux? Personne pour assurer leurs arrières, ce n’était pas l’idéal. Il y avait beaucoup de terrain à couvrir, beaucoup de porte à ouvrir. C’était faisable à deux, mais son niveau de stress venait d’augmenter d’un cran.

Pour la première fois depuis longtemps, Willow n’avait même pas eu besoin de se battre avec Hunter pour qu’il accepte la sortie. En fait, c’était la deuxième qu’ils faisaient et il tenait sa parole. Il la laissait sortir, mais seulement s’il était là. Quoique pour cette sortie-là, Will n’avait pas le choix d’être de la partie. C’était sa clinique, son matériel, son expertise, alors il n’avait pas eu le choix de tenir sa promesse. Sur un tout autre plan, plus personnel celui-là, Hunter tenait aussi sa promesse. Il lui donnait tout ce qu’il pouvait et faisait vraiment de son mieux. En réalité, depuis la fameuse douche, quelques jours plus tôt, tout allait pour le mieux entre eux. La seule chose qui pouvait être pénible par moment, c’était Mackenzie et Amy qui s’amusaient comme des folles à charrier Hunter. Tout y passait, le fait qu’il devait l’embrasser avant de sortir de la pièce où elle se trouvait, le fait qu’ils étaient enfin ensembles. Elles mettaient beaucoup d’efforts à embêter Hunter, mais ç’avait eu comme résultat qu’il s’était éloigné d’elle… alors Willow avait dû demander à ses sœurs de limiter les taquineries à quatre ou cinq par jour.

Quand elle entra derrière Hunter dans la réception de sa clinique, elle eut un petit coup de blues. Elle adorait cette clinique, venir travailler chaque matin n’avait rien d’une corvée. En réalité, c’était un de ses rêves de gamine que de sauver le plus d’animaux possible. C’était un rêve utopique, mais ça l’avait aidée à atteindre ses objectifs. Devoir y revenir après tout ce temps fut vraiment triste. Surtout quand elle voyait de quoi sa belle clinique avait l’air. Elle se rappelait de la semaine qu’elle avait passée avec ses parents et Chris à tout repeindre, à tout installer pour que tout soit prêt et fonctionnel à l’ouverture. C’étaient de beaux souvenirs pour elle et c’est ce qu’elle s’efforça de garder en mémoire quand elle indiqua à Hunter la porte de sa remise où était stocké la plupart de son matériel.

Hunter ouvrit la porte et en bonne fille bien éduquée, Willow attendit qu’il lui fasse signe d’entrer. Ce qu’elle fit avant d’entendre un grognement jute derrière elle. Rapidement, elle se retourna et pâlit. C’était James son technicien. Il avait dû trouver refuge dans la clinique et y était mort d’une façon ou d’une autre. Triste de devoir agir de la sorte, Will dégaina son couteau et l’abattit dans la tête de James. A deux reprises. C’était le moins qu’elle puisse faire pour lui. Il venait de s’effondrer au sol qu’Hunter s’excusait de ne pas l’avoir vu. Encore une fois, il prenait très à cœur son rôle de protecteur. C’était tout à son honneur, mais par moment, il en venait presque fatiguant à vouloir la protéger de tout et de rien! Tout ça partait d’un bon sentiment et c’était ce que la jeune femme tentait de se souvenir à chaque fois. Ça l’aidait à ne pas devenir folle et à avoir envie de lui dire de lui ficher la paix. Parce que têtu comme il l’était, il la prendrait aux mots.

- Arrête Roméo. Tu n’as pas des yeux tout le tour de la tête quand même. Et je dois être au courant, parce qu’il n’y a rien sur ce corps-là que je n’ai pas encore pu examiner sous toutes les coutures. répondit tristement Willow en tentant de donner le change. Connaissant James, il devait être seul ici. On ne devrait plus avoir de mauvaises surprises. ajouta-t-elle avant d’ouvrir les placards pour examiner ce qu’elle avait sous la main.

Roméo. C’était son nouveau surnom pour Hunter et si elle l’avait appelé comme ça au départ, c’était principalement dans le but de l’agacer un peu, mais elle avait fini par aimer le faire. C’était mignon, c’était le petit nom qu’il était le seul à avoir. Ce qui était drôle aussi, c’était de voir la tête qu’il faisait chaque fois qu’il l’entendait l’appeler ainsi. L’autre truc que Willow trouvait amusant, c’était de l’affubler du nom du personnage romantique par excellence alors qu’Hunter était tout sauf romantique. Ça lui allait tellement bien que finalement, Will avait fini par l’adopter. Comme lui avait adopté le Princesse dont il l’affublait en permanence. Surnom qu’elle avait fini par aimer.

Concentrée sur sa tâche, Willow commença à sortir des trucs du placard et à les ranger dans un des deux grands sacs de sport dont elle s’était équipée en partant de l’hôpital. Tout y passa : ciseaux, aiguilles, pinces, bistouri, écarteurs, un kit supplémentaire de dentisterie… Elle fit carrément le plein avant de s’attaquer à l’armoire contenant les médicaments.

- C’est trois sacs que j’aurais dû amener. marmonna Will quand elle constata que son premier sac commençait à être plein. On va peut-être devoir revenir parce que je ne peux pas tout prendre d’un coup. On va aussi devoir passer par mon bureau, je dois prendre ma mallette.

Roméo, c’est tout ce qu’elle avait trouvé à lui donner comme surnom. Un personnage de Shakespeare, tellement con le mec, il ne se rend même compte que sa meuf n’est pas morte et se suicide obligeant l’autre à faire de même. Triste à mourir. Un mec aussi bête ne pouvait pas exister dans la vie. Et lui, il n’avait rien d’un amoureux transi qui allait se mettre un balle parce qu’il croyait Willow morte. Franchement, mais qu’est-ce que c’était que cette histoire à la gomme. Lui au moins avait trouvé un surnom en lien avec la personnalité de la jeune femme. Une petite princesse, enfant unique, ses parents lui donnaient le plus souvent ce qu’elle voulait et son père avait investit dans cette clinique pour elle. Elle n’était pas gâtée pourrie, il voulait bien l’admettre, mais elle était tout de même beaucoup plus près d’une princesse que de lui un Roméo.

-C’est vraiment de ça que j’ai l’air pour toi? Un suicidé romantique? Merde… moi qui croyais avoir l’air d’un vieux, tu me traites de macchabé suicidé. Charmant Princesse.

Il fronça les sourcils en l’entendant poursuivre. Elle connaissait ce corps sous toutes ses coutures? Qu’est-ce qu’elle entendait par « sous toutes ses coutures »? Il préféra chasser cette question de sa tête. Merde, voilà qu’il était jaloux. Ce mec venait de se prendre deux coups de couteau de chasse dans le crâne et il était jaloux de lui. C’était d’un ridicule, tellement qu’il préféra se taire et se poster près de la porte le temps qu’elle dévalise ses fournitures. Étrangement, personne ne semblait être venu piller dans cette salle. La réception était sens dessus-dessous, mais ici c’était normal… c’était le terme qui lui venait en tête. Beaucoup de poussière, mais pas le désordre de l’entrée.

Willow indiqua qu’elle aurait dû prendre plus de sac. Il eut un sourire en coin derrière le dos de la jeune femme. Elle ne le vit pas. Il savait qu’elle aurait dû en prendre plus. Elle expliqua ensuite qu’ils devraient revenir et qu’elle avait besoin de prendre sa mallette dans son bureau. Il s’approcha d’elle doucement et lui tendit sa besace.

-Tiens, ça te fera toujours ça de plus. Je l’ai vidé avant de partir. J’étais sur que tu en aurais besoin.

Il avait rangé son arme à feu dans un holster qu’il avait enfilé, sa machette ne quittait jamais sa main et il avait laissé l’arc et l’arbalète à l’hôpital.

-T’en fait pas, on reviendra. Ton bureau, il est dans quel coin?

Il avait besoin de savoir où ils iraient. Il regarda ce que la jeune femme avait rangé dans ses sacs. Bistouri, pince de toutes sortes, l’image de ses instruments lui rappelait de mauvais souvenirs.

-Merde, pourquoi vos instruments doivent ressembler au kit du parfait bourreau hein?

Il n’aimait pas son petit nom. C’était à prévoir. Plutôt que de voir l’ironie de la chose, lui voyait le type qui s’était suicidé pour rejoindre sa dulcinée. Morts inutiles, oui. C’était à se demander pourquoi les gens aimaient cette maudite histoire. Elle-même, elle trouvait ça réellement stupide. Mais l’ironie du surnom primait sur le reste de l’invention de Shakespeare.

- Si je t’appelle Roméo, c’est par ironie. Ça ne rien à voir avec le côté tragique de l’histoire. Ça m’amuse de t’appeler Roméo parce que si je connais un type qui n’a rien de romantique, c’est bien toi. répondit Willow avec un petit sourire amusé. Et je t’interdis de prendre ça comme un reproche quelconque.

Will ne put s’empêcher de lever les yeux au ciel quand elle le fit froncer les sourcils. Il croyait qu’elle parlait de James alors que c’était de lui dont il était question quand elle disait qu’elle le connaissait sous toutes ses coutures. Ce qu’il était mignon quand il ressentait les affres de la jalousie. Il n’y avait aucune raison. Si, comme certaines personnes, elle avait toujours vu la jalousie d’un mauvais œil, elle apprenait à relativiser avec Hunter. Elle apprenait à le connaitre davantage de jour en jour et franchement, elle adorait ça.

- Les coutures que je connais, Roméo, c’est les tiennes. Et à titre d’informations, je n’ai jamais couché avec lui. Il est gay. Était. En plus, coucher avec mon employé. C’était contre mes principes.

Le fait qu’il était gay y était pour beaucoup dans le fait qu’Elle n’avait jamais couché avec lui, mais même s’il avait été hétérosexuel, jamais Willow n’aurait fini au lit avec lui. C’était une décision qu’elle avait prise avant même l’ouverture de sa clinique. Si jamais elle avait une liaison avec un employé et que ça se terminait mal, l’ambiance au travail serait catastrophique. Ça se serait compliqué davantage si elle avait dû virer l’homme en question à cause de son travail. A tous les coups, il aurait déclaré partout que c’était parce qu’il l’avait plaquée et non à cause de la façon dont il faisait son travail. Alors pour s’éviter des migraines à n’en plus finir, Willow avait pris la sage résolution de ne jamais s’embarquer dans une relation autre qu’amicale avec ses employés masculins.

La jeune femme chassa James de ses pensées, il valait mieux qu’elle se concentre sur ce qu’elle avait à faire. Elle pleurerait son technicien et ami plus tard, quand ils seraient rentrés à l’hôpital. Will eu un grand sourire quand Hunter lui tendit sa besace. Peu importe ce qu’il dirait, lui aussi commençait à vraiment bien la connaitre. Il s’était douté qu’elle devrait avoir plus de sac pour ranger du matériel, alors il avait pris la peine de vider le sien. Il était un amour, mais ça, elle devrait se retenir de le lui dire parce qu’il finirait par lui faire la gueule. Ce n’était pas sûr, mais avec la chance qui était la sienne, c’était quand même à prévoir.

- Merci Roméo!

Willow retourna à sa tâche et commença à remplir le sac d’Hunter avec des pansements, des gazes stériles, des champs opératoires, des bandages, des solutions salines pour désinfecter les plaies… et après une courte réflexion, elle ajouta davantage de matériel comme les pansements et les gazes et les bandages. Mal pris, ça pouvait toujours servir pour Kaleb. Même chose pour les médicaments. Quelques médicaments pour les humains convenaient aux animaux, alors Willow retourna donc dans l’armoire à médicaments et en repris en quantité conséquente. Une fois que ce fut fait, elle referma l’armoire à clef… même si elle savait bien que si quelqu’un voulait se servir, ça ne serait pas son gros cadenas et la petite serrure qui allait empêcher quoique ce soit.

- On voit que tu n’as jamais jeté un coup d’œil aux instruments de ton dentiste, voire même à ceux de Kaleb. Eux aussi, ils ont les outils du parfait bourreau des films d’horreur.

Elle pouvait comprendre que les gens n’aimaient pas ces outils, ça fichait toujours un peu la frousse. Les gens – même les animaux – avaient toujours peur d’avoir mal et certains outils avaient vraiment l’air d’instruments de torture. Il aurait fallu prendre le temps de désensibiliser les gens quand ils étaient petits, ç’aurait peut-être pour effet d’empêcher cette peur collective des dentistes!

- Mon bureau maintenant! C’est la prochaine porte sur la droite. Après ça, direction salles d’examens et mon bloc opératoire.

Il y avait encore quelques petites choses qu’elle voulait prendre au bloc et dans ses salles d’examens. Mais elle savait qu’elle aurait besoin de faire plusieurs voyages entre l’hôpital et la clinique. La prochaine fois, Willow planifiait de venir avec le SUV et non la moto d’Hunter. Elle pourrait apporter avec elle quelques appareils qui ne tiendraient jamais dans des sacs. Si c’était ce que ça prenait pour garder leurs animaux en santé, elle le ferait autant de fois que nécessaire. Quitte à aller visiter d’autres cliniques en ville. Leurs animaux allaient grandement contribuer à leur subsistance, alors autant les bichonner.

- Tiens, c’était qui ton vétérinaire? Parce que je ne me souviens pas t’avoir jamais vu ici. interrogea la jeune femme, curieuse.

Il n’allait quand même pas avouer qu’il s’était tromper et avait cru qu’elle disait qu’elle connaissait ce mec qu’elle venait de tuer sous toutes ses coutures quand même. Le peu de dignité qu’il avait, il le garderait pour lui. Il se contenta de son habituel haussement d’épaule. Voilà tout. C’était sa meilleure réponse pour ne pas se mettre les pieds dans les plats. Au moins, il avait vu juste en vidant sa besace. Elle était contente de l’avoir, tant mieux. C’était un bon point pour lui non? Attendez… un bon point pour quoi? Mais c’était quoi cette pensée? En était-il rendu à calculer les bons coups qu’il faisait pour elle? En était-il vraiment rendu là? Elle lui avait interdit de prendre mal le fait qu’elle l’appelait Roméo par ironie. Il s’en fichait, il savait depuis toujours qu’il n’avait rien de romantique, il n’allait certainement pas commencer maintenant. Non, toutes ses mièvreries que pouvaient faire les mecs pour les femmes, ce n’était pas son genre. Vider une besace pour sa Princesse, c’était le mieux qu’il pouvait faire. Elle avait l’air de s’en contenter cependant. Cette fois, c’est elle qui n’avait pas compris, mais il fallait dire qu’il s’était sans aucun doute mal exprimé. Lorsqu’il avait parlé d’outils de torture, il parlait pour tous ceux qui œuvrait dans le médical que ce soit sur les humains, les dents ou les animaux. Il secoua la tête avec conviction.

-Non Princesse, vous tous, Kaleb, toi, les dentistes… tous ceux qui ont à « jouer » que ce soit dans le corps humain, dans celui d’un animal ou dans une bouche … vos instruments ont tous l’air de sortir tout droit d’une chambre de torture. Je déteste ses trucs, ça me file la chair de poule.

Combien de fois avait-il dû subir des points de suture, on l’avait souvent plâtré aussi et la scie qu’on prenait pour enlevé le plâtre à la fin lui faisait l’effet … en faite il n’arrivait pas à expliquer quel effet il ressentait, mais ce n’était pas agréable, loin de là. Le simple fait d’y penser lui donnait des frissons de dégoût le long de l’échine. Bien sûr, il savait que les meilleurs tortures se faisaient par des médecins, des gens qui avaient justement l’habitude d’utiliser ce genre d’instrument, alors quoi de plus normal que de les y associer. Elle lui expliqua où se trouvait son bureau et lui expliqua la suite des évènements, le bureau, les salles d’examens et le bloc opératoire.

-Seigneur, on aurait dû prendre un camion remorque et apporter plus de bras à ce rythme là. Et te connaissant, tu nous prépares une autre viré dans les campagnes pour avoir plus d’animaux. Il ne faudrait pas que Christopher s’ennui pas vrai?

Willow avait crainte que son ami ne décide de les quitter s’il n’arrivait pas à s’adapter à cette nouvelle vie au sein du groupe. Il avait passé tellement de temps seul, ce n’était pas évident pour lui, Hunter pouvait le comprendre. Mais comme lui, il finirait par se trouver des trucs pour avoir un peu la paix et réussir a avoir un peu de solitude. Elle lui demanda qui était son vétérinaire. Il haussa les épaules.

-J’ai fait castrer mon chien chez le vieux véto, celui de qui tu as racheté la clinique. Mais sinon, mon chien n’a jamais eu de problème de santé. Je le vermifugeais par moi-même avec les comprimés en vente libre dans les animaleries. Je lui brossais les dents, je prenais sa nourriture d’un particulier qui livrait chez les vétérinaires. Je n’ai jamais amené mon chien chez un vétérinaire sans nécessité. Je déteste les médecins Princesse, je ne voulais pas le forcer à aller là où je ne voulais pas aller. Ce n’est pas contre toi.

Il avait dit la dernière phrase sur un ton désinvolte. Il ne voulait pas qu’elle croit qu’elle faisait mal le travail. Il avait tellement voyagé dans les hôpitaux et il était hors de question qu’il voyage dans les cliniques vétérinaires pour rien. Son chien était en excellente santé, il y veillait. Qui de nos jours lavait les dents de son chien à la main. Ils utilisaient tous les foutus biscuits pour dentitions, ça ne valait rien.

Ils avaient tous des instruments de torture? Le raisonnement se tenait, avait même du sens quand on prenait le temps d’y réfléchir. Les outils pouvaient donner la frousse, Willow l’admettait bien volontiers. Ajoutez à cela les nombreux médecins en tout genre qu’Hunter avait côtoyés dans sa jeunesse, c’était à vous dégoûter de tout cet univers. Même elle, gamine, elle détestait les médecins en tout genre. Leurs instruments surtout. C’était la peur de l’inconnu. Jusqu’à ce qu’un médecin qui devait lui faire une injection contre le tétanos avait compris combien elle avait peur – elle avait quand même 6 ou 7 ans – et avait pris le temps de lui montrer ses outils de travail, de la laisser les manipuler. C’était tout bête, mais après elle n’avait plus jamais eu peur. C’était une chose qu’elle faisait systématiquement quand un enfant se présentait à sa clinique avec ses parents et leur animal qui avait besoin de soins. Elle prenait le temps qu’il fallait pour rassurer le gamin. Et les parents aussi, bien souvent. Certes, ses consultations étaient plus longues, mais ça n’arrivait pas tous les jours non plus. En règle générale, ses clients appréciaient grandement le geste.

- Dis-toi juste que c’était sans doute pire il y a deux cents ans. Il n’y avait pas d’anesthésie comme aujourd’hui. Ils utilisaient des plantes plus ou moins efficaces. Aujourd’hui, on peut engourdir avec une petite injection. Et nos outils aussi ont grandement évolués. Ils ont peut-être toujours l’air d’instruments de torture, mais c’était pire à l’époque. Je suis sûre que les pinces qu’ils utilisaient devaient ressembler à tes pinces dans ton garage.

Hunter avait raison sur un point, elle avait d’autres balades en tête. Certes, elle ne voulait pas que Christopher s’ennuie et décide de partir, mais ils avaient aussi besoin d’avoir d’autres animaux. Trois poules, deux vaches et une chèvre, tant qu’ils ne seraient pas trop nombreux, ça pourrait aller, mais si d’autres pensionnaires s’ajoutaient à leur groupe… les réserves diminueraient aussi rapidement qu’avant.

- Tu vois comment tu commences à bien me connaitre? Tu sais déjà que j’ai d’autres plans en tête! Mais oui, on devra retourner chercher des animaux. Des poules en particulier. Peut-être même des poulets. Arriver à mettre la main sur des cochons ou des lapins, ça serait vraiment super, mais je doute qu’on y parvienne. répondit Willow en se redressant, prête à passer à l’autre partie du plan. Mais c’est aussi vrai que je ne souhaite pas que Chris nous quitte pour retourner chez lui.

Ça la rendrait folle d’inquiétude s’il décidait de partir. S’il décidait de partir, Willow savait qu’elle serait déchirée. Partir avec Chris ou rester avec Hunter? Elle ne le savait pas. Tout ce qu’elle savait, c’était que les deux hommes étaient importants pour elle. Sur des plans différents, mais tout aussi important l’un que l’autre dans sa vie. Will ne voulait devoir choisir alors elle priait tous les jours pour que son vieil ami de toujours décide de rester avec eux, qu’il ne trouve pas trop difficile de vivre constamment entouré d’une multitude de gens. Prendre soin de leur petite ferme l’occuperait et lui garantirait une certaine solitude, mais pour l’instant, ce n’était pas avec les six bêtes qu’ils avaient que Christopher allait pouvoir occuper ses journées. Il fallait donc que Willow lui trouve quelque chose d’autre. Le problème, c’était qu’elle n’arrivait pas à mettre la main sur ce qu’il pourrait faire. Peut-être devraient-ils envisager de planter des arbres fruitiers? C’était une idée à laisser mûrir.

Venant d’un homme qui n’aimait pas les médecins, ça paraissait logique de penser qu’il n’allait pas infliger la même chose à son chien. Bien des gens infligeaient des traitements à leurs animaux en plus du stress que ça représentait pour la bête. Willow faisait le détartrage des dents et payait quelqu’un pour faire le toilettage, mais honnêtement, elle n’était pas vraiment portée là-dessus. Un animal ne devrait avoir rendez-vous avec le vétérinaire que s’il n’était pas en forme. Et pour les vaccins. Là encore, de nombreux animaux n’en recevaient pas et ils ne se portaient pas plus mal pour autant. Ce n’était pas parce qu’Hunter n’avait pas besoin de ses services – il était venu dans cette clinique du temps de son prédécesseur – que son animal n’était pas bien traité.

- Ça veut dire que je dois avoir le dossier dans mes classeurs. Quand mes parents m’ont aidée à acheter la clinique, j’ai aussi hérité de la clientèle du Dr Kellerman.

L’envie de fouiller ses classeurs juste par curiosité pour lire le dossier – pas bien épais si elle se basait sur ce qu’Hunter lui racontait – lui prenait, mais elle savait bien qu’il ne la laisserait jamais faire. Sans compter que ça serait une perte de temps inutile. Ils avaient beaucoup à faire et peu de temps pour y arriver.

- Il y a beaucoup d’animaux qui n’ont jamais vu le vétérinaire et ils ne s’en portent pas plus mal pour autant.

Une nausée le prenait, juste d’entendre sa Princesse parler des instruments d’il y a deux cents ans et qu’aujourd’hui on pouvait engourdir avec une piqûre, il avait l’estomac à l’enfer. Elle n’avait pas compris que ses instruments le mettaient mal à l’aise. Qui aurait pu dire que ça lui ferait autant d’effet.  Pas lui. Ce n’était pas la première fois qu’il voyait de ces instruments. Il voyait ceux de Kaleb régulièrement, alors pourquoi maintenant? Peut-être était-ce sa propre comparaison avec les éléments de torture suivi de cette conversation de sa belle … Il se tût et tenta de se concentrer sur autre chose, la mission, les sorties prochaines qu’ils auraient à faire. La jeune femme fût heureuse de constater qu’il commençait à bien la connaître. Rectification, il la connaissait bien depuis longtemps, il acceptait maintenant qu’elle fasse ce qu’elle avait envie là était toute la différence. Elle parla qu’elle devait avoir le dossier de son chien quelque part, elle avait hérité des clients de l’ancien vétérinaire. Il eut un sourire, il savait exactement ce qu’elle avait envie de faire.

-Whisky Wright. Le vieux classait par nom d’animal et pas par maître.

Il savait qu’elle ouvrirait sans aucun doute son classeur pour vérifier. Il pouvait bien lui accorder ce petit délai supplémentaire pour un plaisir bien singulier. Dans ce monde, les petits moments de plaisirs étaient tous important. Il apprenait à le comprendre et surtout à le reconnaître. Il détestait que ses sœurs le taquinent, mais elles avaient eu raison. Il était plus… heureux oui, heureux était le bon terme, depuis qu’il avait choisi de faire de la place dans sa vie à une jolie princesse brune.

-Whisky allait très bien, jusqu’à ce que je le tue.

Un petit coup de nostalgie lui prit, il aimait beaucoup ce chien. Sa cadette aussi d’ailleurs. Amy était celle qui avait le plus côtoyé Whisky, Mac restant plus loin. Une amie lui avait offert ce chien. Il avait été triste de devoir tuer son cadeau, son ami, son compagnon de route, mais la survie avant tout.

-Amy avait compris, elle n’a pas touché à son assiette ce soir-là. On a tous eu beau lui dire qu’elle devait manger pour reprendre des forces, elle n’a rien voulu savoir.

Il se sentait presque honteux soudainement, mais il n’avait pas eu le choix. C’était ça ou laisser sa famille mourir de faim sur la route. Et le chien, il aurait aussi bien pu être transformé, à ce moment on ne savait pas que les animaux ne se retrouvait pas en mort-vivant. C’était le début de l’histoire, le début de tout ce cauchemar et ils allaient au hasard de la route. Il avait envie de changer de sujet à présent, il la laisserait vérifier et ils passeraient à la prochaine pièce.

-Tu devrais demander à Chris de nous accompagner. Il pourrait nous aider à cibler d’autres fermes dans son coin. Il doit savoir ce que ses voisins avaient comme animaux. Et sortir de l’hôpital lui fera peut-être du bien. Pour un solitaire, être entouré d’autant de gens ça peut devenir lourd.

Il en savait quelque chose.

L’envie de fouiller pour retrouver le dossier d’Hunter devait être flagrante, car celui-ci lui donna le nom de son chien et lui expliqua la méthode de classement de Kellerman. Le vieux vétérinaire classait ses dossiers par le nom de ses patients et non de leurs maîtres. En effet, Willow s’en souvenait. Elle avait dû refaire tout le classement avant l’ouverture, car ce n’était pas ainsi qu’elle voulait fonctionner. Ça lui avait pris des heures de tout refaire et de tout remettre en ordre toute seule, mais au final, c’en avait valu la peine, car elle avait tout fait selon ses souhaits. Will se promettait bien de farfouiller dans les dossiers pour relire, pour le simple plaisir, le contenu du dossier. C’était tout bête, ça ne servirait à rien, mais Willow était d’avis qu’il était important de profiter de chaque petite chose qui pouvait vous rendre de bonne humeur. La vie était déjà suffisamment compliquée comme ça.

- Bonne idée. Chris connait la région bien mieux que moi. Il pourra nous indiquer quelles fermes valent la peine d’être visitées.

Willow s’en voulait de ne pas y avoir pensé la première. C’était logique et d’une simplicité désarmante. Cette sortie occuperait Christopher en plus de leur facilité la tâche dans leur recherche d’animaux. Vraiment, sur ce coup-là, Will n’avait vraiment pas fait fort. La jeune femme avait décidé de ne pas poursuivre sur les outils de torture ou sur la mort prématurée du chien d’Hunter. Hormis de remuer le couteau dans la plaie, ça n’apportait rien de bon. Alors Willow décida de prendre les choses en mains. Elle ouvrit doucement la porte et jeta un coup d’œil en direction de la réception. Elle connaissait sa clinique par cœur et savait donc où se poster pour tout voir sans être vue. La voie était libre. Alors elle fit un signe de tête à Hunter et remonta le couloir sans faire de bruit.

Arrivée devant la porte de son bureau, Will tendit l’oreille pour entendre si quelque chose de louche se passait de l’autre côté de la porte. Rien. C’est le même silence habituel, celui auquel elle était habituée quand elle était seule à la clinique après les heures d’ouverture. Hormis bien sûr le boucan qu’auraient dû faire les animaux dans son chenil s’il y en avait eu. Willow posa donc la main sur la poignée de la porte, l’autre tenant son couteau de chasse en avant. Elle tourna la poignée et ouvrit lentement la porte, prenant bien soin de l’ouvrir complètement pour qu’elle bute sur le mur derrière. Au moins, comme ça, Hunter ne pourrait pas la disputer… parce qu’elle avait pris la tête des opérations parce que lui était trop occupé à discuter.

La jeune femme entra dans la pièce, attendit qu’Hunter en fasse autant et referma la porte avant de la verrouiller. De là, elle pourrait atteindre ses trois salles d’examens ainsi que son bloc opératoire en passant par son laboratoire qui était au centre. Si Willow avait racheté le bâtiment, elle avait fait beaucoup de modifications à l’intérieur, histoire de faire en sorte que ça soit pratique sur le plan professionnel.

- Alors Roméo, quelque chose à dire? Tu as envie de me disputer cette fois-ci?

Elle cherchait peut-être les coups, mais elle était curieuse. Allait-il se fâcher parce qu’elle avait pris les choses en main ou saurait-il reconnaitre qu’elle s’en était bien sortie même si elle n’avait pas l’expérience que lui avait?

-Pour une fois que je pense à ton précieux ami avant toi. C’est une première Princesse. Si j’avais un calendrier, je le noterais.

Il fit un clin d’œil ironique à la jeune femme. Il savait que Chris était comme un frère pour elle qui était une enfant unique. Quelques fois, une personne devenait aussi importante que si elle partageait le même sang. C’était le cas pour ces deux-là. Il ne pouvait pas la blâmer de vouloir garder le fermier avec elle. Il était la seule famille qui lui restait, même si maintenant elle avait une famille « élargis » avec ses sœurs à lui et les Birmingham qui la considéraient tous de la famille. Il devait avouer que ça lui fouettait la pression, mais bon, l’important était qu’elle avait une nouvelle famille pour prendre soin d’elle et l’aimer à sa juste valeur. Mais il ne lui dirait pas ça, c’était beaucoup trop « fleur bleue » pour qu’il dise ça. C’était comme avec la petite Ayana. Il ne pouvait pas dire qu’il l’adorait et la considérait maintenant comme sa nièce, ce serait beaucoup trop.

Il aurait dû le voir venir, maintenant qu’il avait permis qu’elle sorte, elle prenait l’initiative. Elle sortie en premier. Il se renfrogna se retenant à deux mains pour ne pas la devancer. Mac lui avait conseillé de faire confiance à la jeune femme. Il essayait, il essayait vraiment. Mais il détestait qu’elle fasse ça. Elle aurait pu le prévenir. Non, elle ne faisait qu’à sa tête, il lui donnait deux pouces, elle en prenait dix. Elle eut le culot de demander s’il avait envie de la disputer. Il avait envie de l’attacher après lui pour qu’elle ne puisse plus partir en premier. Mais que pouvait-il dire? Elle avait répété exactement les gestes qu’il avait faits en entrant, elle s’était assurée d’ouvrir la porte en grand jusqu’à ce que celle-ci touche le mur. Il lâcha entre ses dents.

-C’était bien.

C’était le mieux qu’il puisse lui dire alors qu’il avait envie de la foutre sur son épaule et la sortir de là illico car elle ne faisait qu’à sa tête. Il fit le tour de la pièce des yeux, il repéra les portes et les dangers potentiels. Il eut un soupir avant de lancer :

-La prochaine fois prévient que tu prends la tête. Ça m’évitera d’avoir envie de te sortir d’ici comme si tu étais une simple poche de patates.

Il s’était approché d’elle en parlant et l’embrassa rapidement avant de reprendre sa surveillance. Quand comprendrait-elle qu’il n’avait pas envie de la perdre? Quand comprendrait-elle que son cœur s’arrêtait chaque fois qu’elle agissait aussi impulsivement? Il espérait que ce serait bientôt. Ce baiser n’était pas habituel de sa part, un baiser dans un moment aussi crucial jamais. Mais il voulait qu’elle comprenne qu’il ne la grondait pas par plaisir, seulement parce qu’il avait peur pour elle.

Il l’avait suivie de près – elle l’avait senti sur ses talons – mais il n’avait pas cherché à prendre les devants ou à la faire sortir de là de force. C’était beaucoup pour Hunter, Willow en était parfaitement consciente. Peut-être que les centaines de fois où tout le monde lui disait de leur laisser un peu d’espace à Amy et elle commençaient à faire lentement leur chemin dans sa tête. La jeune femme ne put s’empêcher de sourire quand il lui demanda de le prévenir la prochaine, histoire de lui éviter d’avoir à penser qu’il devrait la sortir sur son épaule, comme si elle était un sac de pommes de terre. Peut-être préférait-il les pommes de terre tout compte fait. Après tout, ces légumes ne parlaient pas, contrairement à elle. Mais Hunter s’ennuierait forcément s’il n’avait pas quelqu’un avec qui se chamailler… pour se réconcilier après. Quoique à bien y penser, depuis qu’Hunter avait décidé que ça valait le coup de tenter sa chance avec elle, ils ne s’étaient pas encore disputés. Ça aussi, c’était à marquer sur le calendrier. Au même titre que le fait qu’Hunter avait été le premier à penser à inclure Chris dans leur prochain périple aux fermes.

- D’accord, je vais tâcher de t’éviter de te faire des cheveux blancs. On ne voudrait pas que les gens pensent que je couche avec mon père, hein? répondit la jeune femme, innocemment. Mais je te promets de te prévenir la prochaine fois. Je dois cependant dire que je suis fière de toi, mon Roméo. Tu ne m’as même pas grondée et tu ne m’as pas embarquée sur ton épaule pour me sortir d’ici. Tu vois, on fait des progrès!

Bien sûr, Willow disait ça pour se moquer. Hunter avait déjà dit qu’il pourrait être son père et la jeune femme se plaisait à lui montrer à quel point il pouvait avoir tort. Sur une note un peu plus sérieuse cependant, elle admettait que même si elle avait bien suivi à la lettre les recommandations de Mackenzie et qu’elle avait imité chacun des gestes d’Hunter, il avait pu s’inquiéter pour elle. Si elle lui avait dit ce qu’elle avait eu en tête, peut-être s’en serait-il fait moins. A supposé qu’Hunter en soit capable. Elle appréciait néanmoins le fait qu’il lui ait laissé la chance de prendre le contrôle. C’était un grand pas pour son homme qui avait une légère tendance à vouloir protéger tout son petit monde. Willow faisait partie des privilégiées… même si parfois c’était agaçant.

Néanmoins, ils faisaient réellement des progrès. Il n’y avait pas si longtemps de ça, Hunter se serait contenté de l’attraper, de la mettre sur son épaule et il serait parti en courant pour la mettre à l’abri. Aujourd’hui, il l’avait laissée prendre les choses en main. Il n’avait peut-être pas vraiment aimé le sentiment qui l’avait envahi, mais il avait su passer par-dessus. Il faisait réellement des progrès. Ils en faisaient tous les deux. C’est ce moment-là qu’Hunter choisit pour s’approcher d’elle et l’embrasser rapidement. C’était surprenant. Déjà, lui qui prenait l’initiative de l’embrasser, ce n’était pas très fréquent, mais le faire quand il avait interdit ce type d’activités en-dehors de la zone protégée qu’était l’hôpital… Wow!

- Tu vas avoir droit à la fessée cette nuit, Roméo! le taquina Willow avec un grand sourire coquin. A moins que j’aie rêvé cette conversation la nuit dernière, je croyais que les rapprochements physiques en sortie étaient contre le sacro-saint règlement Wright. poursuivit-elle en grimaçant, comme si elle se contenterait très fort. Oui, oui. Je te vois me dire «Princesse, on se touche pas quand on sort de l’hôpital. Il faut rester concentré sinon ça peut être dangereux». Je te promets que ça va me faire plaisir de te punir ce soir. Voire même toute la nuit si tu es très vilain. Surtout que tu n’es pas de garde cette nuit.

C’était plus fort qu’elle, il fallait qu’elle le taquine un peu. C’était lui-même qui avait édicté cette règle – Hunter lui avait fait une jolie liste de choses à faire et à ne pas faire – et voilà que quand elle s’efforçait de la mettre en application, lui était le premier à en faire fi! Elle comprenait cependant ce qu’il taisait dans ce baiser. Il ne la grondait pas pour le plaisir, seulement parce qu’il s’inquiétait pour elle. Si Will n’avait pas craint de le voir se renfrogner, elle lui aurait dit qu’il était mignon comme tout. A la place, elle le taquinait. Willow adorait cette complicité qui était en train de se tisser entre eux. Même si c’était ridicule pour certains, à ses yeux cette complicité indiquait clairement qu’entre eux ce n’était pas qu’une histoire d’attirance sexuelle. Ça allait au-delà de ça. Hunter n’était peut-être pas prêt à l’entendre ou à l’admettre, aussi Will ne lui mettait-elle pas la pression. Du moment qu’elle savait qu’Hunter aimait lui aussi leur complicité et tout ce que ça impliquait, elle n’en demanderait pas davantage. Certes, ça ne voulait pas dire qu’elle n’espèrerait pas qu’un jour il lui dirait qu’il l’aime, mais comme Willow voyait tous les efforts qu’il faisait dans le but de lui plaire, elle ne le poussait pas dans ses retranchements.

Elle adorait ça, c’était immanquable, il fallait qu’elle le provoque. Il ne fallait pas que les autres croient qu’elle sortait avec son père. La vache! Il n’avait pas arrêté de lui dire qu’il se sentait vieux et maintenant elle le taquinait avec ça. C’était déjà un point tellement difficile. Elle enchaîna en disant qu’elle était fière de lui, il ne l’avait pas grondé. Elle le traitait de vieux et le félicitait comme s’il était un enfant. Quelle femme contradictoire. Il faillit soupirer, mais il laissa couler. C’était le mieux qu’il puisse faire. Elle indiqua ensuite qu’elle lui donnerait la fessée pour avoir enfreint sa propre règle. Elle promettait de le punir toute la nuit, après tout, il n’était pas de garde la nuit prochaine. Il haussa les épaules.

-Tu peux bien me punir si tu veux, ça risque même d’être agréable, mais c’était t’embrasser ou te hurler dessus parce que tu es partie en premier sans prévenir.

Elle voyait bien qu’il faisait des efforts non? Il se concentra sur la surveillance regardant les moindres recoins de ce bureau. Il n’avait pas de difficulté à l’imaginer dans cet endroit. Il aurait cru cependant que ce serait plus … frivole, plus coloré. Comme elle quoi. Mais non, c’était sobre. Les couleurs étaient belles, mais sans être trop chatoyante. Il était surpris.

-Moi je parie que tu ne tiendras pas toute la nuit, tu seras épuisée bien avant.

Il lui fit un clin d’œil qui s’annonçait prometteur. Quoi, lui aussi était capable de faire des promesses salaces. Il était bon d’ailleurs pour tenir ce genre de promesse. Il passa machinalement la main sur le bureau de la jeune femme. Le meuble semblait de très bonne qualité. Lui aussi avait un bureau dans son garage, mais rien d’aussi sophistiqué. De toute façon, il n’avait pas besoin d’autant de tiroir, de rangement et compagnie. Il avait un classeur pour les factures clients, un pour les factures des pièces, le bureau servait à faire signer les clients, remplir les commandes, les papiers et faire sa comptabilité. Il passait la plupart du temps hors de cette pièce. En fait, il la détestait cette pièce dans son garage.

-La grande classe ton bureau.

L’endroit était drôlement calme. Trop même. Comment se faisait-il que les rôdeurs ne sont pas plus nombreux ici? Eux qui infestaient presque tous les endroits de cette ville. C’était à ni rien comprendre.

Est-ce qu’elle en faisait trop à le taquiner comme elle le faisait? A vrai dire, Willow l’ignorait. Tout ce qu’elle savait, c’était qu’elle adorait ça et qu’Hunter n’avait pas encore montré de signe de lassitude. Ou bien il était plus résistant quand c’était elle qui le taquinait et non ses sœurs? Malgré tout, Will surveillait bien les réactions d’Hunter, c’était son baromètre personnel, le truc auquel elle se fiait pour savoir quand elle allait trop loin. Et jusqu’à maintenant, il encaissait plutôt bien. Même qu’il marchait dans ses bêtises et disait qu’elle pouvait le punir toute la nuit, que ça serait même agréable. Willow n’en crut pas ses oreilles quand il lui lança, clin d’œil coquin à l’appui, qu’il était prêt à parier qu’elle ne tiendrait pas toute la nuit. Il n’en fallut pas davantage à la jeune femme pour relever le défi. Il y avait pire qu’une nuit de plaisir dans la vie!

- Tu veux parier que je vais tenir moins longtemps que toi? J’embarque. Parlons gages maintenant. Si je gagne, je veux que tu m’apprennes à me servir de ton arbalète et de ton arc.

Quant à ce que lui pourrait exiger s’il gagnait, Willow en avait bien une petite idée. Il voudrait qu’elle reste à l’hôpital bien à l’abri pour la prochaine sortie. Ça lui coûtait d’accepter un tel marché, mais bon… si c’était ce qu’Hunter désirait s’il gagnait, alors Will s’inclinerait… même si elle allait s’assurer de l’épuiser comme il le fallait, juste histoire de gagner sur ce coup-là. Parce que s’il gagnait, Hunter ne perdrait pas une occasion de la taquiner en lui disait que même s’il était vieux, il était encore capable de performer. Ou un truc aussi stupide. Alors non, pas question. C’était Hunter qui finirait sur les rotules, dû-t-elle user de prouesses spectaculaires.

Je tiens quand même à te rappeler que je suis jeune et que j’ai de la ressource, mon Roméo chéri. lui lança-t-elle en lui faisant un grand sourire avant d’aller s’asseoir dans son fauteuil derrière le bureau.

La jeune femme ouvrit les tiroirs à la recherche de sa petite trousse de premiers soins. Elle n’était pas bien grosse, mais elle pourrait bien servir quand ils partaient pour un raid. Ils ne pouvaient pas trimballer la pharmacie au complet, mais ils avaient quand même besoin d’un peu de matériel et sa petite trousse tiendra aisément dans un sac à dos. En farfouillant dans ses tiroirs, elle tomba sur le porte-clefs du garage de son père. Elle n’avait jamais pu se résoudre à vendre la maison de ses parents et dans le garage, il y avait la moto que son père s’était achetée quand le démon du midi l’avait pris. Ainsi que son SUV et la décapotable de sa mère. Pourquoi n’y avait-elle pas pensé? Ils avaient besoin de véhicules et elle savait exactement où en prendre trois de plus. Bon, d’accord, la décapotable, c’était peut-être inutile, mais… Quelle idiote! Au moins, avec la maison qui n’était pas très loin et qui était assez grande, ils pourraient y loger tous ensembles si jamais ils devaient quitter l’hôpital. Enfin, les Birmingham, les Wright, Ayana et elle.

- Bon Dieu que t’es conne, Will. marmonna la jeune femme en secouant la tête avant de fourrer le trousseau de clefs dans la poche de son jean et de continuer ses fouilles.

Voilà, il venait de se mettre les pieds dans les plats avec sa Princesse. Mais tant pis, la nuit promettait d’être plus qu’intéressante. Sa demande de gage était légitime, elle voulait qu’il lui apprenne à se servir de son arc et son arbalète. Ses armes, à lui. Elle avait toujours démontré un intérêt. Il ne les prêtait même pas à Amy qui pourtant avait fait des cours. Il eut un soupire.

-D’accord, mais si je gagne, tu restes à l’hôpital pour les trois prochaines sorties. Aucune négociation possible.

La jeune femme lui rappela qu’elle était jeune et avait de la ressource. Et voilà, elle ramenait l’âge sur le tapis. Mais cette fois, elle lui donnait un avantage. Elle venait de lui ouvrir la possibilité de répliquer à ce sujet.

-Je suis peut-être vieux, mais j’ai l’expérience pour moi. Et tu sais quoi petite donzelle, tu t’endors toujours avant moi. Alors la jeunesse, n’essaie pas de m’impressionner. Ça ne marche pas.

Il la regarda fouiller dans ses tiroirs, elle mit un trousseau de clés dans ses poches et se traita de conne entre ses dents. Il fronça les sourcils, elle n’était pas du genre à s’insulté ainsi. Que se passait-il donc? Et pourquoi se trousseau lui donnait cette réaction?

-Princesse, il n’y a que moi qui aie le droit de t’insulter. Conne n’est pas le terme que j’emploierais cependant. Tu es têtue, imprudente et parfois colérique, mais conne ne fait pas partie de tes défauts.

Il s’approcha de la jeune femme et lui caressa la nuque du bout des doigts. Il apprenait ce qu’elle aimait et ce qui lui donnait de « bons » frissons. D’accord, c’était peut-être un peu risqué de jouer à ce jeu, mais elle avait déjà promis de le punir, alors autant que ce soit pour plusieurs règles brisées non? Ou peut-être se donnait-il cette raison simplement pour se permettre de la toucher ainsi. Il restait alerte quand même, il ne voulait pas la perdre. Il ne risquerait pas la vie de la jeune femme pour une caresse. Jamais.

-Vaudrait mieux accélérer avant que je ne perde toute concentration. C’est ta faute aussi. Je suis en train de devenir la pire guimauve dégoûtante qui puisse être. Princesse, je ne suis pas fière de toi sur ce coup-là.

Autant ça le répugnait de se voir devenir « sentimental » autant il aimait qu’elle soit là. Il devrait prendre ses distances, ralentir le pas. Oui, ralentir. Ça allait trop vite toute ça. En plus, s’il écoutait ses sœurs, il trouverait une bague et la marierait. Il ne comprenait pas, comment pouvaient-elles penser à un mariage dans de telles conditions? Et puis, Amy serait bien plus du type à se marier que lui, alors pourquoi ce n’était pas Raffael qui recevait ce genre de commentaires?

- Trois sorties? Pas de négociation? Tu es gourmand Roméo. Si tu gagnes, tu as intérêt à me faire grimper aux rideaux. répondit la jeune femme en faisant la moue. Mais bon, ok… si c’est ce que tu veux, tu l’auras. Mais ce n’est pas de gaîté de cœur, tu peux me croire. ajouta-t-elle en poussant un soupir à fendre l’âme.

Et aucune négociation par-dessus le marché. Mais Willow était bonne joueuse, elle s’était bien doutée qu’Hunter lui proposerait ce type de gage, alors s’il gagnait, elle allait s’incliner. Et se ronger les sangs tant et aussi longtemps que son homme ne lui serait pas revenu en entier. Ne lui restait plus qu’à espérer arriver à tenir plus longtemps que lui! Ce n’était pas gagné, Hunter était très imaginatif et elle se doutait bien qu’il serait prêt à tout pour gagner ce pari. S’il avait une occasion de la laisser à l’hôpital, il ferait tout pour que son souhait se réalise. Will éclata de rire lorsque Hunter l’appela «Petite donzelle». Où était-il allé pêcher ça? Il tenait vraiment à se faire fouetter, lui! La jeune femme savait qu’il la taquinait et elle aimait bien le voir se laisser aller comme il le faisait. C’était tellement rare qu’elle le laissait faire. Willow ne put cependant pas s’empêcher de rire quand Hunter lui rétorqua qu’il avait beau être plus vieux qu’elle, elle était toujours la première à s’endormir. C’était vrai, Will ne pouvait pas le nier.

- Disons que tu sais ce que tu fais et que tu te donnes toujours à fond?

Il avait dû l’entendre se traiter de conne. Enfin, il n’y avait pas d’autres raisons pour qu’il affirme qu’il était le seul à avoir le droit de l’insulter. A l’en croire, Willow était bourrée de défauts, mais être conne n’en faisait pas partie. Elle eut un petit sourire triste en pensant à ses parents. Ils auraient adoré Hunter, elle en était persuadée. Il était peut-être un peu brut de décoffrage, mais ils l’auraient vraiment apprécié. D’un sens, Will était triste de penser que jamais elle ne pourrait présenter l’homme qu’elle aimait à ses parents… mais de l’autre, elle était contente de savoir qu’ils n’auraient jamais eu à vivre parmi les rôdeurs.

- Petit comique. En fait, je viens de retrouver mon trousseau de clefs, celui avec les clefs de la maison de mes parents. Enfin, ma maison maintenant. En six mois, je n’y avais jamais repensé. Ça nous fera un endroit où se replier si jamais on ne peut pas regagner l’hôpital. C’est assez grand pour nous tous ainsi que les jumelles, James et son frère. Chris évidemment. On devra se tasser un peu, mais ça nous évitera de passer la nuit dehors.

La jeune femme fouillait encore dans ses tiroirs quand elle sentit les doigts d’Hunter sur sa nuque. Elle frissonna et ferma les yeux. Il avait vite découvert qu’elle était chatouilleuse à l’extrême, mais il avait aussi découvert comment la toucher pour la faire frissonner. Il était encore d’enfreindre les règles cependant. Elle avait de se lever et de l’embrasser, mais elle savait qu’il n’apprécierait pas. Parce que sa sécurité semblait prioritaire à ses yeux. Willow espérait juste que le jour où ils seraient entourés de rôdeurs, il ne lui ordonnerait pas de se sauver et de le laisser là. Parce que jamais elle n’obéirait. Elle avait mis des années à le trouver, des mois à le convaincre d’arrêter de la repousser, alors non, elle ne le laisserait jamais seul aux mains de ces horreurs.

Will se leva de son fauteuil quand Hunter dit qu’ils feraient mieux d’accélérer la cadence. Il avait raison. Ils avaient encore les salles d’exmans et son bloc opératoire à fouiller. Elle eut un grand sourire quand Hunter lui dit qu’il n’était pas fier d’elle, qu’à cause d’elle, il était entrain de se transformer en guimauve. Ce qu’il était mignon quand il s’y mettait! Mais non, Willow ne le lui dirait pas, des histoires à le braquer. Par-contre, elle n’était pas coupable s’il s’attendrissait et parvenait enfin à mettre des mots sur ce qu’il ressentait pour elle. Will avait suivi les règles à la lettre, elle ne demandait rien et ne le poussait pas dans le dos, lui laissait du temps. Ce n’était donc pas sa faute!

- Pas fier de moi? Tu es drôle, Roméo, je me tords de rire. Je te signale que je n’ai rien fait pour que tu te transforme en guimauve. Je suis scrupuleusement les consignes. J’y peux rien si je te fais fondre mon amour!

A son tour, elle posa un rapide baiser sur les lèvres d’Hunter et en riant, elle s’approcha du placard dans lequel elle rangeait ses affaires. Elle l’ouvrit lentement et eut un soupir de soulagement. Personne n’était venu y mettre son nez. Sa trousse était toujours là ainsi que ses quelques vêtements de rechange. Elle ne prit pas le temps de réfléchir et les attrapa avant de les fourrer dans son sac. Elle commençait à être à court de vêtements et faire les boutiques, c’était un peu plus compliqué. Pour le moment, ces fringues feraient amplement l’affaire.

Oh il savait que la jeune femme ne resterait pas de gaîté et de cœur, il savait aussi qu’elle respecterait sa part du marché s’il gagnait et même chose pour lui s’il perdait. Il avait envie de gagner cependant. Juste question qu’elle soit en sécurité. Il eut un petit sourire en coin lorsqu’elle le complimenta sur ses compétences. On pouvait dire en effet qu’il se donnait à « fond » dans ce qu’il faisait et même s’il n’avait pas connu tant de femme que ça, il avait quelques tours dans son sac pour le plaisir de cette chère Princesse. Elle lui raconta ensuite qu’elle venait de trouver les clés de la maison de ses parents, sa maison en faite. Elle parla de la place qu’ils auraient, qu’ils pourraient tous s’y installer. Merde, une maison assez grande pour accueillir tous les Birmingham, sa famille à lui, Chris et sa belle et elle. Sa petite princesse ne comprendrait jamais pourquoi il la voyait comme une enfant gâtée au début. Mais ça, c’était une partie de la raison. Il n’aurait même pas pu rêver de se payer ce genre de maison. Il économisait pour en avoir une, depuis des années. C’était difficile, son garage faisait des profits, mais pas assez pour qu’il se paie la grosse baraque. Non, il avait assez pour s’acheter une petite maison. Il avait commencé à chercher quand tout ça c’était déclaré. Il ne saurait jamais ce que ce serait d’être propriétaire. Il aura vécu dans son petit appartement avec son chien. Il n’était pas amer, mais elle ne réalisait pas complètement la chance qu’elle avait eue.

-Ce sera une bonne solution de repli en cas de besoin. Ne te juge pas trop durement. Avec tout ça, on en oublie des bouts.

Les zombies avaient changé tellement de chose. La jeune femme lui indiqua que ce n’était pas sa faute à elle s’il fondait pour elle. N’importe quoi. C’était sa faute à elle, pourquoi elle était si … pourquoi elle faisait … pourquoi elle était elle bon? Il détestait ce sentir ainsi. Il voulait se taper la tête sur les murs quand ses sœurs le taquinaient, mais en vérité elles avaient raison. Il devenait complètement « gaga » quand elle était dans les parages. Il avait beau levé la pédale, ralentir la relation au maximum il avançait vitesse grand « V » pour lui. Tellement rapide, du moins pour lui. Pour elle, il avait l’air d’un escargot, mais pour lui c’était une formule 1. Ils avaient une vision des choses tellement différentes. D’accord, il allait faire une folie, juste une. Il alla verrouiller la porte du bureau et s’occupa ensuite de la porte qui donnait vers les autres salles. La jeune femme avait ouvert une armoire pendant ce temps-là et farfouillait dedans. Il l’attrapa par la taille et l’appuya sur l’armoire face à lui.

-Si c’est ta faute, tu es belle, intelligente, têtu, rebelle et Princesse… c’est ta faute si tu me fais fondre.

Il l’embrassa passionnément, elle était coincée entre lui et l’armoire. Sentir le corps de la jeune femme contre le sien alors qu’ils étaient là en mission, c’était … excitant, il devait l’avouer. Merde, il devenait vraiment une vraie « chiffe molle ». Il descendit le long du cou de la jeune femme avant de remontrer vers son oreille.

-Si tu racontes ça à Amy pour qu’elle en fasse autant avec Raff, je te promets de ne plus te toucher pendant des semaines ma jolie princesse. Pas question que ma petite sœur se laisse corrompre comme moi.

Il avait beau avoir dit ça sur un ton léger. Il était sérieux. Ce n’était pas prudent. D’accord, il avait sécurisé et une porte défoncée par des zombies… ils auraient le temps de s’en rendre compte et de réagir. Mais si un humain leur tombait dessus, il aurait eu le dessus très facilement. Il se détacha très lentement de la jeune femme ne la lâchant pas des yeux.

-Tu pourras me punir aussi pour ça.

Il lui fit un clin d’œil plein de promesses.

Juste à voir la tête qu’Hunter avait faite quand Willow lui avait dit que la maison pouvait tous les accueillir s’ils se tassaient un peu voulait tout dire. Il mesurait encore une fois l’ampleur du fossé qu’il s’imaginait entre eux. La maison de ses parents n’était pas un château, loin de là. C’était juste qu’elle avait été aménagée pour réaliser un des rêves de sa mère. Elle avait voulu ouvrir un bed and breakfast ou ouvrir des chambres pour des étudiants qui devaient quitter leur famille. C’était ce qu’elle avait fait pendant des années, soit du moment où Willow avait quitté la maison jusqu’à sa mort. Au décès de ses parents, Willow avait embauché quelqu’un pour vivre sur place et s’occuper de l’entretien de la maison. Tout ça parce qu’elle avait voulu que le rêve de sa mère ne prenne pas fin avec elle. Will aurait pu s’en occuper elle-même, mais elle ne s’en était pas senti la force. Pas plus qu’elle n’avait le temps avec sa propre entreprise à gérer. N’empêche, même si Hunter lui disait de ne pas se juger aussi durement, elle se trouvait bête de ne pas y avoir pensé.

- Ne va pas croire n’importe quoi, on est loin du château que tu t’imagines. Mes parents ont aménagé le sous-sol pour que je puisse y recevoir mes amis ou qu’on puisse accueillir la famille pour la nuit. Pour le reste, ma mère a aménagé le reste de la maison – grenier compris – afin de loger des étudiants. Alors oui, si on se serre un peu, on pourra tous y loger.

Pendant qu’elle fouillait son placard, Hunter en avait profité pour verrouiller les portes qui menaient à son bureau. Elle ne s’était rendue compte de rien, vu le raffut qu’elle faisait en déplaçant des trucs. Willow avait toujours le nez plongé dans son placard quand elle sentit les bras d’Hunter s’enrouler autour de sa taille pour la faire pivoter vers lui. La jeune femme eu un grand sourire amusé. Il le faisait encore une fois, il enfreignait les règles qu’il avait dictées pour les sorties. Après l’avoir plaquée contre la porte du placard, Hunter l’embrassa passionnément et Will noua ses bras autour du cou de son homme et répondit à son baiser avec tout autant de fougue. Lorsqu’il quitta ses lèvres pour s’aventurer dans son cou, Willow tressaillit. Elle était peut-être extrêmement chatouilleuse, mais elle adorait quand Hunter l’embrassait dans le cou.

Ne pas en parler à Amy pour qu’elle n’en fasse pas autant avec Raffael? Ne pas pousser sa petite sœur à se laisser corrompre? Si ça pouvait lui faire plaisir, d’accord. Il se faisait de sérieuses illusions s’il pensait que le nouveau couple que formait sa sœur et Raff n’avait pas eu l’occasion d’échanger des marques d’affection durant une balade. Mais si ça lui faisait plaisir de le croire, Willow n’irait pas le détromper. Il était bien capable de mettre sa menace à exécution. Cet homme était contradictoire, mais Will avait rapidement compris que quand il avait une idée en tête, il ne l’avait pas dans les pieds. Il était bien capable de ne pas l’approcher pour mettre sa menace à exécution. Alors pas question de lui donner cette chance-là. Quoique… ne venait-il pas d’énumérer toutes sortes de raisons pour lesquelles elle le faisait fondre? Allait-elle se priver de le lui faire remarquer? Nah! L’opportunité était trop belle, il lui fallait la saisir.

- Qui te dit que tu pourras me résister? Tu viens juste de me dire que c’est ma faute si je te fais fondre. Je suis irrésistible… la taquina-t-elle avant de l’embrasser à son tour.

Willow avait beau plaisanter, elle savait que malgré son ton léger, Hunter était plus que sérieux. Quand il s’agissait de ses sœurs, il ne prenait jamais les choses en riant. Mais bon, comme elle l’avait pensé plus tôt, s’il pensait que ses sœurs ne se permettaient pas de petites pauses «câlins» avec leur chéri respectif, c’était qu’il se leurrait… mais Will ne le détromperait pas. Ça ne valait pas le coup de se disputer avec lui pour si peu. Pas quand la journée allait aussi bien et qu’ils s’amusaient. Quand Hunter s’écarta légèrement d’elle, il lui dit qu’elle pourrait le punir aussi pour ce baiser, la gratifiant d’un clin d’œil plein de promesses pour plus tard, Willow éclata franchement de rire.

- Oh, mais j’y compte bien, mon Roméo! Willow l’embrassa à nouveau – autant en profiter! – avant de le repousser doucement, à regret. Aller Bébé! On a encore du boulot!