Mistake - Pv Willow

Il remit son t-shirt, il gardait cet air impassible qui lui allait si bien. Il venait de se mettre dans la pire des merdes. La jolie brunette le regardait, il en était sûr. Il devait dire quelque chose, mais il ne savait pas quoi. Il prit le temps d’ajuster tous ses vêtements avant de se tourner vers la jeune femme. Il ne pouvait pas dire ce qui s’était passé, il ne le pouvait pas. Il ne savait même pas si c’était lui ou elle qui avait fait le premier pas. Il ne savait qui avait posé les lèvres sur l’autre en premier. Comment se pouvait être possible? Comment pouvait-on être aussi stupide pour se laisser prendre dans une telle situation. Il ne pensait pas que Willow était stupide bien entendu, non c’était lui l’idiot des deux. Il voulait convaincre la jeune femme de ne pas venir avec dans les sorties de ravitaillement et voilà qu’il se retrouvait au sol de leur chambre à batifoler avec elle. Il avait perdu l’esprit ou quoi? Il prit son ton le plus neutre possible.

-Ne te fait pas d’idée Princesse, ça ne change rien. Tu ne viens pas à la prochaine sortie, je ne laisserai pas plus Amy venir, c’est trop risqué.

Lorsque Raffael était partit de son côté, il avait bien vu que sa sœur avait envie de le suivre et sa réaction après la situation lui avait prouvé qu’elle était trop émotive pour les suivres et qu’elle pourrait faire une connerie juste pour ne pas laisser l’homme partir seul. La différence étant que Raffael avait une formation militaire lui, pas Amy, ni Willow d’ailleurs. Elle pouvait en tirer des conclusions si elle le voulait, il se fichait bien de ce qu’elle pouvait imaginer, mais il était hors de question qu’il lui laisse croire que ce qui venait de se passer avait une quelconque importance.

Will ne savait pas trop qui avait fait le premier pas, mais ils avaient fini sur le sol, plutôt dévêtus et échevelés. Mais à voir la tête que faisait Hunter, Willow avait compris qu’elle n’était pas au bout de ses peines. Même s’il l’énervait plus souvent qu’autrement, elle n’avait pas pu empêcher ses sentiments d’évoluer. Pour l’agacer, il l’agaçait, mais elle était folle de ce type. Ou folle tout court, c’était à voir! Alors si elle avait bêtement cru que ça y était, qu’Hunter allait enfin arrêter de la repousser comme il le faisait systématiquement, elle pouvait bien oublier ça! Juste à voir la tête qu’il faisait, Will savait que Hunter allait continuer à l’ignorer, ignorer les sentiments qu’elle pouvait lui inspirer, mais ça… c’était sans compter sur l’entêtement d’une jolie brunette qui, quand elle avait une idée en tête, ne l’avait pas dans les pieds.

Elle hésitait cependant sur la conduite à avoir. Devait-elle foncer dans le tas et lui faire comprendre qu’il perdait son temps à essayer de la décourager? Ce qu’il venait de faire en parlant de la prochaine sortie et en se rhabillant comme si de rien n’était. D’accord, mais qu’est-ce que ça signifiait pour eux? Ce que Will détestait les situations où elle ne savait pas comment réagir! La loi du silence, ce n’était pas tellement son style et puis Hunter serait sûrement content qu’elle lui fiche la paix. Le travailler au corps, c’était plus simple, mais devait-elle lui laisser quelques jours avant de revenir à la charge? Nahhh!

Pour le moment, il était libre de croire ce qu’il voulait. Willow n’allait pas le laisser lui dicter sa conduite. Et si ça lui plaisait de croire qu’Amy allait se plier à sa volonté, libre à lui le croire. Il allait tomber de haut, mais ça, c’était son problème à lui.

- Si ça peut te faire plaisir de le croire…

Elle se redressa, attrapa ses vêtements, se leva et commença à se rhabiller sans trop se presser. L’envie de se balader dans leur chambre sans rien sur le dos était tentante, mais en plein jour, c’était plus risqué que quelqu’un entre sans frapper. Elle garderait cette idée en tête pour plus tard. Pour le moment, elle allait tenter de jouer à l’indifférente, histoire de voir la réaction d’Hunter.

Si ça pouvait lui faire plaisir de le croire? Mais de quoi elle parlait, il ne faisait pas que le croire et ça ne lui faisait pas plaisir. Il l’a regarda de biais pendant qu’elle s’habillait, elle semble tout son temps. Bon, il n’allait quand même pas s’en plaindre, la vue était plus qu’agréable, mais que cherchait-elle à faire au juste? Elle ne lui avait pas servit de commentaire acerbe, juste cette phrase toute simple qui disait qu’il n’aurait pas le dernier mot. Il secoua la tête et cessa de la regarder se vêtir pour la regarder comme il l’aurait fait avec n’importe qui d’autre. Non, il n’allait pas lui laisser le plaisir de voir qu’il était secoué par ce qui venait de se produire. Plutôt mourir que de la laisser se faire des idées. Quoi, il était humain, avait flanché sur la chair faible et alors? On n’allait pas en faire toute une montagne non? Peut-être tentait-il de s’en convaincre lui-même, mais il s’en fichait et n’exposerait certainement pas ses pensées à la jeune femme.

-Tu crois vraiment que ça m’amuse tout ça Princesse? Tu ne sais rien … c’est ça le problème.

Non, elle ne savait rien. Elle ne savait pas à quel point il avait envie de la protéger comme il avait envie de protéger Amy et Mackenzie qui étaient si chère à ses yeux. Il ne voulait pas la voir mourir, il ne voulait pas qu’elle soit blessée. Elle l’avait sauvé et alors? Elle avait eu un coup de chance et lui avait été stupide cette journée-là. Si lui pouvait commettre une telle erreur, elle pouvait en faire autant. Raffael aurait pu mourir lorsqu’il était parti seul pour sauver sa sœur, Willow aurait agit de la même façon, il en était presque sûr. Il ne pouvait laisser cela arriver.

-Princesse, ça te va vraiment bien. Tu crois que tu peux toujours avoir tout ce que tu veux, mais la vie n’est pas ainsi.

Il était injuste sur ce point et il le savait, mais il voulait qu’elle reste en sécurité ici voilà tout.

- Tu commences vraiment à sonner comme un vieux disque rayé. commenta Willow tout en enfilant son jean et en le faisant remonter sur ses hanches.

Si elle se fiait à ce que Hunter racontait sans arrêt à son sujet, elle était une petite princesse, ne savait pas se défendre, devait toujours être protégée, était gâtée pourrie… et elle ne comprenait jamais rien à rien. Si c’était là l’opinion qu’il avait d’elle, Willow ne savait pas comment elle pourrait le faire changer d’avis. Ce n’était pas faute d’essayer, mais l’animal était têtu! «Une vraie bourrique! songea-t-elle en attrapant sa chemise et en l’enfilant.

Ça la démangeait de lui dire ses quatre vérités, à savoir que lui pensait pouvoir contrôler la vie de tout le monde, mais elle se mordit la langue. Elle ne voulait pas apporter d’eau à son moulin. Et puis, si elle ne comprenait rien à rien, pourquoi ne le lui expliquait-il pas? Willow n’était pas bouchée, elle n’était pas une imbécile! S’il avait des arguments valables, elle était prête à l’écouter, mais non. Il se contentait toujours de décréter qu’elle restait à l’hôpital, il ne voulait jamais entendre son point de vue ou laisser place à la discussion.

Will n’était pas d’humeur à lui remettre sur le nez qu’elle avait déjà sauvé ses fesses une fois. Pas plus qu’elle n’avait envie de lui rappeler que les quelques fois où elle les avait accompagnés durant les raids, jamais il n’avait eu besoin d’intervenir pour lui sauver la peau. Elle avait terrassé son lot de zombies sans jamais hurler de terreur. Elle était efficace, il le savait tout aussi bien qu’elle, mais ça ne servait à rien. Cette discussion était stérile et ne menait strictement nulle part.

-Un disque rayé hein?

Il s’approcha de la jeune femme, tellement près qu’il aurait pu poser ses lèvres sur sa peau. Mais il ne le fit pas, non, il visait plutôt l’oreille de la femme. Il approcha doucement pour lui chuchoter.

-Peut-être que je ne sonnerais pas comme un vieux disque rayé si tu n’étais pas aussi têtue Princesse.

Il haussa les épaules impassible, le haussement d’épaule était son argument préféré et celui que la jeune femme détestait le plus. C’était amusant de savoir qu’il pouvait la rendre complètement hystérique avec ce simple geste. Il devait avoir qu’il adorait ça. Il s’éloigna à nouveau question de lui laisser la place pour qu’elle puisse se vêtir. Aussi, c’était un peu parce que la voir à moitié nue lui donnait plus envie de la déshabiller que de la voir remettre ses vêtements, mais là encore, il n’y pas le lui dire. Il s’allongea sur son lit, les mains sous la tête. Il en avait marre de toutes ses discussions avec elle. Pourquoi ne pouvait-elle pas comprendre que c’était pour sa protection qu’il voulait qu’elle reste?

Il regarda le plafond, ignorant la présence de la jeune femme dans la pièce. Il ne comprenait toujours pas pourquoi on les avait assignés ensemble. D’accord, ils avaient mit les chambres mixtes pour une question de sécurité, mais pourquoi l’avoir installé avec lui? Il n’avait pas besoin d’une petite princesse dans ses pattes. Il ferma les yeux, il était fatigué, fatigué de se battre contre les zombies, fatigué d’avoir à faire entendre raison à Willow et même à Amy, fatigué que tout le monde croit qu’il n’était qu’un sans cœur qui voulait tout contrôler. Mais il avait forgé cette image pour mieux se protéger et il ne l’a laisserait pas tombé. C’était son meilleur masque à vie.

Quand Hunter lui souffla à l’oreille qu’il ne sonnerait peut-être pas comme un disque rayé si elle n’était pas aussi têtue, Willow dû faire un immense effort pour ne pas tressaillir. Elle était chatouilleuse et qu’on lui souffle à l’oreille était peut-être la pire torture qu’on pouvait lui faire endurer. Ça et le satané haussement d’épaules de Hunter. A croire qu’il savait pertinemment à quel point ça l’agaçait et qu’il continuait à le faire pour cette raison-là. Lorsqu’il lui tourna le dos pour aller s’allonger sur son lit, Will secoua la tête en levant les yeux au ciel. Elle évita de justesse le soupir de découragement qui menaça de franchir ses lèvres.

Tout en boutonnant chemise, la jeune femme entra dans la salle de bain de leur chambre, histoire d’arranger ses cheveux qu’elle devinait tous ébouriffés. Ce qui la fit éclater de rire, ce fut le beau gros suçon que Hunter lui avait fait dans le cou. Elle en avait pour quelques jours avant que ça disparaisse… et la position dudit suçon n’était franchement pas discrète. Il n’y avait rien que Willow pourrait faire pour le dissimuler. Pas comme les marques d’ongles qu’elle avait imprimées dans le dos de Hunter.

Après s’être recoiffée, Willow poussa un petit soupir afin de se donner du courage. Elle ressortit, alla s’assoir en tailleur sur son lit et fixa Hunter en silence un petit moment… alors que lui semblait très occupé à regarder le plafond.

- Si on me demande où j’ai récolté ça, je ne vais pas mentir. Même si c’est tes sœurs. se décida-t-elle à dire enfin au bout de quelques minutes de silence.

N’importe quoi, pourvu qu’il réagisse enfin. C’était lassant de le voir aussi indifférent à la fin! Mais non, Willow ne mentait pas. Si on lui posait la question, elle ne mentirait pas. Elle n’était pas une menteuse, avait horreur qu’on lui mente, alors elle s’efforçait toujours de dire la vérité. Et ce, même si ça pouvait parfois s’avérer être délicat. Si Mackenzie ou Amy lui posaient des questions, Will serait franches avec elle… dû-t-elle dire aux deux sœurs d’Hunter qu’ils s’étaient jetés l’un sur l’autre comme des bêtes affamées!

La jeune femme venait de terminer de s’habiller et se rendit dans la salle de bain. Alors qu’elle était hors de vue, il se redressa un peu et toucha son dos. Il jura entre ses dents, elle ne l’avait pas manqué. Elle lui avait griffé le dos au complet bon sens. Il faudrait qu’il lui coupe les griffes. Il eut un petit sourire à cette pensée, il se voyait très bien lui faire les ongles. Seigneur, dans le feu de l’action, il n’avait rien sentit, maintenant ça lui brûlait comme du feu. Il aurait un souvenir persistant pendant quelques jours semblerait-il. La jeune femme revient dans la chambre, il continua à fixer le plafond, un air indifférent plaqué sur le visage. Il avait une envie irrésistible de se taper dans le front. Il avait merdé sur ce coup-là. La jeune femme lui annonça alors qu’elle ne mentirait pas sur la façon dont elle avait récolté « ça ». Il baissa les yeux vers elle et regarda. Il avait un vague souvenir de s’être attardé sur le cou de la jeune femme. En posant les yeux sur celui-ci, il vit qu’il avait fait un très beau « suçon » sur la peau de Willow. Merde, elle pouvait bien dire qu’elle ne mentirait pas. Elle se ferait un plaisir de le dire oui. Il haussa les épaules.

-Je ne t’ai pas demandé de mentir. De mon côté je pourrai dire que la tigresse à laisser la trace de ses griffes en échange.

Il la regarda dans les yeux.

-Ça fait un mal de chien d’ailleurs si ça peut te faire plaisir.

Il reprit sa contemplation du plafond. Il avait parlé sur un ton neutre, mais que pouvait-il ajouté d’autre? D’accord, ses sœurs sauraient rapidement ce qui c’était passé, il aurait son lot de commentaires, de sourire en coin et de « je te l’avais dit », mais rien de tout ça n’arriverait à le convaincre qu’une relation quelconque était une bonne idée. Surtout pas avec une princesse de dix ans sa cadette. Elle aurait pu être sa sœur seigneur! Elle était jeune, ils étaient dans une situation particulière, elle ne s’intéresserait même pas à lui s’ils ne devaient pas vivre ainsi entasser. Il était mécanicien, il savait se salir les mains. Willow l’avait eu facile, s’était un gouffre selon lui, il avait appris des choses qu’elle n’apprendrait jamais dans sa vie malgré ce qu’ils vivaient à ce moment. Elle disait qu’il lui en voulait d’avoir eu la vie facile, pas du tout. Jamais de la vie, mais ils seraient toujours à des lieux l’un de l’autre. C’était son point de vue, ou peut-être qu’il tentait seulement de se convaincre.

Il ne lui avait pas demandé de mentir? C’était vrai. Cependant, Willow aurait cru qu’il aurait préféré que ses sœurs n’apprennent jamais ce qui s’était passé entre eux. Hunter était plutôt du genre discret après tout. Est-ce que c’était une mince consolation que de se dire que ses griffures lui faisaient mal? Bof.

- Des griffes, c’est vite dit. maugréa la jeune femme en contemplant sa manucure. Ou absence de manucure. Mais je tiens à être là quand tu vas raconter ça à tes sœurs. Je ne veux surtout pas manquer le spectacle. ajouta-t-elle en s’étirant comme un chat.

A son tour, elle se coucha sur son lit, mais sur le côté afin de faire face à Hunter. Le voir aussi nonchalant était presque vexant. Willow avait bien compris juste à voir sa tête qu’il ne souhaitait pas que ça se reproduise. Il le lui avait même clairement dit. A croire qu’elle était en-dessous de tout et que – contrairement à elle – Hunter n’avait pas apprécié leur… interlude. Ce n’était pourtant pas l’impression qu’il lui avait donnée sur le coup.

- Et si tu me disais ce que tu as réellement contre moi, pour une fois? En oubliant que tu me vois comme une enfant gâtée et une nuisance pas possible. demanda-t-elle juste avant de le regretter aussitôt. Laisse tomber. Je crois que je préfère ne pas le savoir.

S’il daignait lui répondre, Willow ne se faisait pas d’idées sur le sujet, elle se doutait bien qu’elle n’aimerait pas ce qu’il dirait. Parfois, c’était à se demander si elle n’aurait pas dû tenter sa chance toute seule. Ou si elle ne devrait pas demander à quelqu’un d’autre d’échanger avec elle pour la chambre. Être seule, elle l’avait été durant un bout de temps avant de tomber sur Hunter, ses sœurs et les Birmingham. Ça ne lui avait pas fiat. Elle ne pouvait pas se reposer vraiment, elle devait toujours être à l’affût… et elle faisait une proie facile pour les hommes qui pensaient pouvoir profiter d’elle. Finalement, elle était bien mieux dans ce groupe. Mais restait le problème «Hunter»…

Sur une impulsion subite, Will se redressa et se leva. Elle n’avait pas beaucoup de choses, à l’exception de sa brosse à cheveux, sa brosse à dents, son dentifrice et son gel pour la douche, tout tenait dans son sac à dos. Et sans plus réfléchir, elle attrapa son bouquin et le fourra dans le sac avant d’aller dans la salle de bain et de commencer à ramasser ses effets personnels. C’était une décision subite, mais tant qu’à devoir supporter un type qui ne pouvait pas la voir en peinture, autant se trouver une chambre où elle serait toute seule. Et si les autres insistaient pour qu’elle partage la chambre de quelqu’un, bah… elle s’arrangerait autrement. Après tout, ne disait-on pas qu’il valait mieux être seul que mal accompagné?

Elle ne voulait pas manquer le spectacle qu’elle disait. Et bien tant mieux si elle trouvait la situation comique. Lui, il ne trouvait rien de drôle dans tout ça. Il aurait droit à toutes les railleries possibles de la part de Mackenzie et Amy, il devrait supporter ça en plus de supporter tous les humeurs de la charmante petite princesse avec qui il cohabitait. Il l’a regarda s’étirer et se coucher face à lui, dès qu’elle leva les yeux vers lui, il fit comme si de rien n’était et reprit sa position regardant à nouveau le plafond. Il n’avait jamais été aussi intéressant. Elle lui demanda ce qu’il avait contre elle, mais rien bon sens. Pourquoi elle prenait tout personnel. Oui, elle était une petite princesse gâtée, non il ne croyait pas qu’elle était une nuisance, mais pourquoi devait-il s’emmerder à tout expliquer?

Puis ensuite, avant même qu’il n’ait pu ouvrir la bouche, elle lui demanda de ne pas répondre. C’est pour ça qu’il regrettait qu’ils aient eu ce moment d’intimité, il savait que la situation se compliquerait. Elle lui donna raison en se levant et récupérant ses affaires. Il ne perdait pas un seul de ses gestes de vue. Il eut un soupire et se redressa pour s’asseoir dans son lit, les pieds au sol. Il attendit qu’elle ressorte de la salle de bain pour répondre à la question qu’elle lui avait posé. Il se doutait que ça ne changerait rien à ce qu’elle avait en tête, mais au moins elle pourrait partir la tête tranquille.

-Je n’ai rien contre toi Princesse.

Il haussa les épaules.

- Ce que vous ne comprenez pas Amy et toi, c’est que si j’ai envie de vous laisser derrière c’est pour vous protéger. Tu crois que je n’en ai rien à foutre de toi, si c’était le cas je n’en aurais rien à faire que tu viennes et que tu te fasses dégommer.

Il se recoucha dans son lit lassé de toute cette histoire. La pauvre, elle semblait croire que tout ça n’avait aucune importance pour lui. Elle le connaissait très mal. Tout en continuant à regarder le plafond, il ajouta un commentaire.

-Et c’était très agréable comme moment, mais ça ne se reproduira pas. Tu as un physique plus qu’invitant, je n’ai rien contre toi, mais il est hors de question qu’il se passe quoi que ce soit entre toi et moi. Et ça n’a rien à voir au fait que je trouve que tu sois une petite princesse.

Il croisa les bras derrière la nuque comme s’il s’installait pour regarder les étoiles. Il lui arrivait de grimper sur le toit la nuit, mais il ne pouvait pas faire ainsi. Il devait rester sur ses gardes. Les nuits étoilées tranquilles lui manquaient terriblement. La solitude aussi, souvent ces derniers temps en fait. Il avait passé la majeure partie de sa vie seul, il trouvait difficile d’être avec des gens 24 heures sur 24.

Juste à voir la tête qu’il avait faite quand elle avait dit qu’elle voulait être présente au spectacle, Willow savait qu’il se disait qu’elle irait s’amuser à raconter à tout le monde qu’ils venaient de coucher ensembles. Mais pour qui est-ce qu’il la prenait? Comme si c’était son genre encore d’aller crier sur tous les toits qu’elle venait de s’envoyer en l’air avec quelqu’un! Will était peut-être moins discrète que lui, mais quand même! Mais elle décida de laisser tomber. Comme discussion qui ne servait à rien…

Lorsqu’elle ressortit de la salle de bain, la jeune femme fut surprise de le voir assis, les pieds posés au sol. Il n’avait rien contre elle? C’était bon à savoir parce que franchement, Willow commençait sérieusement à en douter. D’un autre côté, elle devait s’efforcer de se souvenir que Hunter n’était pas un homme des plus démonstratifs. Même avec ses sœurs, il n’était pas du genre très porté sur les câlins. Ce n’était pas qu’il n’aimait pas ses sœurs, c’était simplement dans sa nature et ça, c’était un truc que Willow avait parfois tendance à oublier.

- Je veux bien croire que c’est juste pour nous savoir en sécurité, mais vois-tu, pour nous c’est différent. Rester ici à s’inquiéter et à se ronger les sangs parce qu’on ignore ce qui se passe, c’est loin d’être une sinécure.

Willow reposa son sac à dos sur le lit et regarda autour d’elle. C’était difficile de croire qu’elle vivait dans un hôpital depuis quelques temps déjà alors que pas si longtemps avant l’avènement des zombies, elle détestait ces endroits pour mourir. Will s’avança vers la fenêtre qui était à côté de son lit et regarda à l’extérieur, comme si la vue était particulièrement intéressante. Avant de quitter la pièce, elle avait quand même autre chose à dire à cette tête de mule.

- J’ai peut-être tort, mais j’ai plutôt eu l’impression que tu prenais ton pied tantôt. commença lentement la jeune femme en regardant les zombies/rôdeurs essayer de franchir la clôture que Kaleb, Hunter et Raffael avaient rafistolée avant de la solidifier, histoire d’avoir un terrain sécuritaire autour de l’hôpital. Des fois que tu ne l’aurais pas remarqué, je suis une femme et non plus une gamine. Il n’y a rien de mal à se faire du bien quand c’est entre adultes consentants.

Elle avait ajouté ça sans quitter son poste d’observation. Plus ça allait, plus les zombies commençaient à en rameuter d’autres. Avant longtemps, il faudrait aller faire le ménage et ça passerait forcément par Mac qui se mettrait au boulot sur le toit de l’hôpital. Impossible d’espérer dégommer plusieurs rôdeurs sans danger. Ils étaient trop nombreux. Les talents de Mackenzie seraient les bienvenus.

- On pourrait envisager de remettre ça. C’est pas comme si je te forçais à m’épouser parce que je risque de tomber enceinte! D’ailleurs, autant te rassurer à ce sujet-là, il n’y a aucun risque.

Elle lui servit le même argument qu’Amy lui avait donné, l’attente de les voir revenir était plus angoissante que de se retrouver avec eux sur le terrain. Amy savait se défendre, il l’avait vu combattre et il devait avouer qu’il avait été impressionné. Elle n’était pas la plus forte du groupe, mais elle savait tirer et elle savait aussi se servir de sa machette. Mais il ne pouvait s’empêcher d’avoir peur. Il ne voulait pas ressentir cette peur pour Willow en plus, il allait devenir fou. Il ne manqua pas un geste de la jeune femme, la regardant poser son sac sur son lit avant de se rendre à la fenêtre. Il ne savait pas ce qu’elle avait en tête, il aurait aimé pourtant. S’il avait su qu’elle pensait qu’il la croyait capable d’aller rameuter les troupes sur ce qu’ils avaient fait, il la contredirait. Non, il appréhendait la réaction de ses sœurs, il ne croyait pas qu’elle s’amuserait à dire à tout un chaque qu’ils avaient passé à l’acte. Tout en continuant de regarder dehors, elle lui indiqua qu’il avait semblé avoir son lot de plaisir un peu plus tôt. Elle lui fit remarquer qu’elle était une femme, plus une gamine. Ah merde ces femmes, Mack lui prenait la tête, Amy aussi et maintenant Willow. Seigneur qu’avait-il fait de si mal dans sa vie pour mériter ça? Pourquoi les femmes étaient si compliqué? Elle ajouta une couche en disant qu’il n’y avait aucun risque qu’elle ne tombe enceinte. Quoi? Comment pouvait-elle en être sûre? Il se rassit dans son lit, la conversation prenait une tournure qu’il n’aimait pas trop, il devait l’avouer.

-D’accord, je ne devrais pas te traiter comme une gamine et tu m’as bien prouvé que tu étais une femme tout à l’heure. Oui, j’ai pris mon pied comme tu dis.

Remettre ça, c’était la pire idée au monde. Il avait envie de dire oui, il avait vraiment envie de le faire, mais est-ce que c’était bien sage? Il ne le pensait pas. Et puis, à moins qu’elle n’ait une condition physique qui ne le lui permette pas, comment pourrait-elle faire en sorte de ne pas tomber enceinte? Il n’allait quand même lui poser la question non? Si? Merde, il se prenait la tête et il n’en avait aucune envie.

-Qu’est-ce que tu attends de moi Willow? Tu ne veux pas que je te demande de m’épouser, mais je sais très bien que pour toi ce ne sera jamais que du sexe pour du sexe. Alors dis-moi?

C’était légitime de demander ça non? Après tout, elle venait de lui proposer une relation dont elle ne se satisferait pas, il le savait. Ses sœurs poussaient pour qu’il débute une relation avec la jeune femme s’imaginant qu’il était amoureux d’elle. Il n’avait jamais été amoureux de sa vie, n’avait jamais « appartenu » à personne d’autre qu’à lui-même. Et avant qu’Amy accepte de le laisser entrer dans sa vie, il n’avait pas eu grand monde autour de lui. Il avait passé la majeur partie de sa vie seul, sans personne pour lui dire quoi faire ou quoi dire. Personne n’avait voulu jouer ce rôle auprès de lui. Seulement, qu’il ne pouvait pas s’occuper de ses sœurs, pour le reste, on l’avait laissé à lui-même.

Elle avait bien prouvé qu’elle était une femme un peu plus tôt? Si la situation n’avait pas été aussi pathétique, Willow en aurait ri… mais à vrai dire, il n’y avait rien de drôle là-dedans. Le type qu’elle avait dans la peau se fichait bien d’elle. Il ne devrait pas la traiter en gamine? Willow ne se faisait plus d’illusions à ce sujet, à la première occasion qu’aurait Hunter, il recommencerait. C’était quoi la phrase déjà? Ah oui! «Chassez le naturel et il revient au galop». Hormis ça, il admettait avoir pris son pied. Mais pourtant, il ne faisait pas de mystères, ça n’avait pas l’air de l’intéresser de recommencer. C’était quoi? Qu’est-ce qui clochait chez elle?

Le plus risible dans tout ça, c’était qu’il lui demandait ce qu’elle voulait, lui servant les mêmes propos qu’elle avait tenus au sujet du mariage. En ajoutant sa petite touche personnelle parce qu’il était d’avis que pour Willow, ça ne serait jamais uniquement du sexe pour du sexe. Sur ce point, il avait raison, elle ne pouvait pas le nier, pour elle ça serait toujours plus, mais… Willow savait qu’elle pourrait s’en contenter. Ou bien se leurrait-elle complètement?

- Ou bien tu le fais exprès pour ne rien comprendre ou bien tu es bouché. marmonna Willow en appuyant son front contre la fenêtre, plus pour elle-même qu’à l’intention d’Hunter. Je ne te demande strictement rien, je ne t’ai jamais rien demandé. La seule chose que j’attends de toi, c’est que tu sois honnête. Si ce n’est pas envers moi, que ça soit au moins envers toi-même. ajouta la jeune femme, un peu plus fort.

Au final, c’était peut-être ça le pire. Il se mentait à lui-même. C’était ça ou bien ses suppositions étaient juste : il était bouché et ne comprenait rien à rien… et dans ce cas-là, il n’y aurait rien qu’elle pourrait faire pour lui. Hunter avait peut-être été très seul dans sa vie, mais il ne pouvait continuer à s’y complaire trop longtemps. Un jour ou l’autre, il devrait faire abstraction de tout ça et laisser entrer quelqu’un dans sa vie – autre que sa famille – parce qu’il se préparait un avenir encore plus solitaire. Et qui sait, ce jour-là, peut-être que Willow sera passée à autre chose. A lui de se réveiller avant qu’il ne soit trop tard. Elle n’allait quand même pas lui tordre un bras pour qu’il se décide à leur donner une chance non plus!

Bon, maintenant il était « bouché ». Elle voulait qu’il soit honnête envers lui-même, mais qu’est-ce qu’elles avaient toutes à lui dire ça? En quoi était-il malhonnête envers lui-même? Il ne comprenait pas, ou alors elle avait raison et il ne voulait pas comprendre. Il haussa les épaules et regarda la jeune femme.

-Tu veux que je sois honnête d’accord, je veux bien l’être mais alors pose ta question et je te répondrai honnêtement. Les devinettes et moi ça fait deux. Je suis désolé, mais les sous-entendus ne disent pas sur quel sujet tu veux que je sois honnête que ce soit envers toi ou envers moi.

Il ne pouvait pas être plus clair que ça non? Ses sœurs n’arrêtaient pas de lui rabattre les oreilles et lui dire qu’il devrait arrêter de faire semblant avec Willow. Mais semblant de quoi? Il ne faisait semblant de rien avec elle, il ne voulait pas qu’elle se mette inutilement en danger était-ce donc un crime? Il l’a voulait en sécurité qui avait-il de si mal là-dedans? C’était malhonnête ça? D’accord, peut-être avait-il la tête dans le sable, peut-être ne voulait-il pas voir les raisons qui le poussaient à la voir en sécurité. Est-ce que c’était ça qu’elle voulait? Elle voulait qu’il soit honnête sur les raisons qui faisaient qu’il tenait mordicus à ce qu’elle reste ici? Ce fût son tour de se lever et d’aller à la fenêtre, la jeune femme avait regardé dehors et son regard avait semblé inquiet. Il comprit pourquoi en suivant des yeux ce qu’elle avait observé. Les clôtures ne retiendraient pas éternellement les rôdeurs. Ces merdes les fleuraient à des kilomètres. Il se demandait parfois si c’était une bonne idée d’avoir entassé autant de gens au même endroit. Mais en même temps, où pouvaient-ils tous aller? En groupe ils avaient une chance de survie, les zombies attaquaient souvent en groupe. Il se rendit qu’il avait prit une position de réflexion, les mains sur les hanches étudiant la situation au dehors pour éviter la situation du dedans. Il se retourna vers la jeune femme.

-Tu veux m’entendre dire que je tiens à toi? C’est ça qui te ferait plaisir?

Oh, il sentait qu’il venait de toucher un point. La jeune femme n’avait rien dit, même pas acquiescé, mais il avait senti quelque chose passer. Il touchait un point. Il s’approcha d’elle lentement ne la quittant pas du regard. Arrivé près d’elle, il se mit à son niveau, ils étaient à même hauteur d’yeux. Il parla très bas, si elle aimait à hausser le ton de temps à autre, lui préférait parler très bas.

-Je tiens à toi d’accord. Comment, je ne peux pas te dire. Je ne suis même pas sûr de le savoir moi-même. Ce que je sais en revanche, c’est que l’endroit et le moment ne sont pas très bien choisit pour se laisser abrutir par l’amour ou peu importe ce que c’est. On vit en plein cauchemar et quand on aime on devient aveugle à tout le reste. Je détesterais te voir mourir parce que tu faisais plus attention à moi qu’à toi. On est ensemble, mais on est seul en même temps. On doit veiller sur soi-même en même temps que sur les autres. On n’a pas le loisir d’avoir la tête ailleurs.

Seigneur, il venait d’employer plus de mots dans cette histoire qu’il ne l’avait fait durant toute la semaine. Est-ce qu’elle comprendrait ce qu’il voulait dire? Il ne savait pas, est-ce qu’il avait bien fait de lui dire tout ça? Encore là, il ne le croyait pas. Il regrettait déjà d’avoir parlé. Ces femmes, elles lui faisaient faire ce qu’elle voulait. Mack et Amy avaient se pouvoir sur lui elles aussi. Il ne voulait pas qu’une autre l’ait, surtout pas Willow, il deviendrait une vraie marionnette si ça continuait comme ça. Il voulait garder le contrôle de ses ficelles, mais il sentait qu’elles lui glissaient des doigts une à une… et plusieurs semblaient se retrouver dans les mains de la jolie brunette qui lui faisait face.

Il était prêt à être honnête? Willow n’osait pas imaginer à quel point prononcer cette phrase lui avait coûté. La condition cependant, c’était qu’elle pose directement sa question parce que selon lui, les devinettes ce n’était pas son truc. Oh, là-dessus, Will le croyait sur parole! La jeune femme aurait cru que le sujet sur lequel elle souhaitait que Hunter se montre honnête était plus qu’évident, mais à l’en croire, ce n’était pas le cas. Lorsqu’il daigna la rejoindre, Willow ne fit pas un mouvement et attendit. Attendit qu’il prenne la parole. Mais avant de le faire, il se planta devant elle et la fixa droit dans les yeux. Quand il pris enfin la parole, ce fut à voix basse, comme s’il voulait qu’elle soit la seule à l’entendre.

Wahou! Qui aurait cru qu’il puisse aligner autant de mots en si peu de temps? Lui qui était si taciturne en temps normal venait carrément de lui faire un discours. Bon, il tenait à elle-même s’il ne savait pas à quel point ou «comment» comme il se plaisait à le dire. C’était quand même déjà ça de pris. Cependant, Will n’était pas d’accord avec son point de vue concernant le fait d’aimer, d’être amoureux de quelqu’un. A l’entendre, ça vous poussait à baisser la garde et devenir stupide. Non, ce n’était pas ainsi qu’Hunter l’avait exprimé, mais c’était en gros ce qu’elle en retenait. Elle pouvait comprendre, mais n’était pas d’accord.

- Je comprends ton point de vue… mais je ne le partage pas. commença-t-elle doucement en le regardant droit dans les yeux. Prenons Mackenzie en exemple. Avoir Kaleb, Amy et toi à ses côtés, c’est ce qui donne à ta sœur la force d’avancer. Oh, elle trouverait la force d’avancer quand même si vous n’étiez pas là, mais vous êtes sa motivation première, sa raison de continuer de lutter. Ce merdier n’ira pas en s’améliorant, je ne crois pas que ça puisse redevenir comme avant et je suis d’avis qu’il faut profiter des petites parcelles de bonheur quand on le peut. Sinon, on ne fait que survivre. Et ça, ce n’est pas une vie, Hunter.

Ça, c’était sa façon à elle de voir les choses et elle pouvait presque entendre Hunter se dire qu’elle était complètement débile. Au moins, il avait admis qu’il tenait à elle. C’était quand même un pas immense dans la bonne direction. Et parce qu’elle l’avait quelque peu malmené, Willow décida de le laisser tranquille un moment avec tout ça. Peut-être que cette conversation lui donnerait à réfléchir et peut-être verrait-il les choses d’un autre angle. Le contraire était aussi possible, peut-être que cette réflexion allait le convaincre qu’il avait raison… mais rendu là, que pourrait-elle y faire? Néanmoins, il y avait une chose que Will ne pouvait s’empêcher de lui dire.

- Et puis? Est-ce que ç’a été si pénible que ça d’admettre que tu tiens un tout petit peu à moi? demanda-t-elle doucement, sans sourire pour qu’il ne croit pas qu’elle se moquait de lui. Moi, je n’ai pas peur de le dire que je tiens à toi. Beaucoup.

Elle aurait pu carrément dire qu’elle l’aimait, mais Willow pensait qu’Hunter n’était pas encore prêt à l’entendre. Il venait de faire un grand pas en admettant qu’il tenait à elle, elle n’irait quand même pas le torturer pour qu’il avoue ce qu’il ressentait vraiment. Chaque jour sa bataille.

Était-il surpris qu’elle ne partage pas son point de vue? Non. Ils n’étaient jamais d’accord sur rien ces deux-là. Il écouta quand même sagement ses arguments et trouvaient même pour une fois qu’elle n’avait pas tord. Allait-il lui faire plaisir et lui donner raison? Non. Pourquoi? Parce que s’il lui donnait raison, il ouvrait la porte à cette relation qu’elle voulait entre eux. Il n’était pas prêt à ça. Avait-il jamais eu une vraie relation avec quiconque d’ailleurs? Oh, il avait bien une ex ou deux, mais elle vous dirait sans aucun doute qu’il était loin d’être un bon partenaire. Trop indépendant, trop solitaire, trop de défaut, trop de trop quoi. Ah non, il y avait un « pas assez ». Ces dames lui reprochaient toujours de ne pas assez parler. Merde, mais elles parlaient toutes pour cinq. Leur babillage ne lui donnait pas envie de discuter, non, il avait plutôt envie de se terrer dans un coin et de se taire question de ne pas ajouter au flot de parole. Bon d’accord, il devait avouer que Willow ne parlait généralement pas pour seulement faire la conversation. Lorsqu’elle parlait c’était qu’elle avait quelque chose de réfléchit à dire. Bon d’accord, peut-être qu’elle abusait de quelques paroles creuses avec lui, mais en même temps, quand une femme est en colère elle dit toutes les âneries possible.

Il ne pu s’empêcher de soupirer lorsqu’elle lui demanda si ça lui avait été si difficile de dire qu’il tenait à elle. Elle n’avait pas idée à quel point ça lui avait coûté de dire ça. Elle répliqua en disant qu’elle tenait à lui, beaucoup même. Il l’a croyait, il n’avait aucun doute, mais il ne pouvait s’empêcher de se demander pourquoi. Qu’avait-il de si intéressant? Il se contenta d’hocher la tête pour démontrer qu’il avait compris où elle voulait en venir, il comprenait ce qu’elle disait, comprenait qu’elle ne soit pas d’accord avec lui. Mais était-il prêt à accepter ce qu’elle voulait? Il n’en était pas sur. Mackenzie et Kaleb se connaissaient depuis longtemps, Amy et Mack étaient sa famille… c’était normal qu’ils s’aiment et puissent leur force l’un de l’autre. Mais elle, elle ne le connaissait pas, comment pouvait-elle l’aimer? Elle ne connaissait que cette partie de lui, celle qu’il était devenu depuis l’arrivée des zombies. Que pourrait-elle aimer de lui si elle l’avait connu avant? Elle avait raison, la situation n’irait pas en s’améliorant et jamais ils ne reviendraient à son ancienne vie. Jamais. Alors devait-il se contenter de survivre pour ses sœurs ou pouvait-il ajouter cette jeune femme dans le lot? Peut-être l’avait-il déjà ajouté inconsciemment non? Il chuchota plus pour lui-même que pour elle, la regardant toujours dans les yeux.

-Je pourrais mourir pour ses yeux-là.

Il se releva et retourna à la fenêtre, que pouvait-il ajouter de plus? Qu’il avait peur de ce qu’il ressentait? À quoi bon, elle avait déjà décidé de ce qu’elle voulait. Mais pas lui, il savait qu’il était prêt à donner sa vie pour la sienne, mais était-il prêt à se donner entièrement à elle? Il avait l’impression que non. Pourtant ce pourrait être si facile s’il la laissait faire? Elle n’aurait qu’à tirer la ficelle, elle le faisait presque déjà. Mais ce moment de faiblesse venait de passer. Il se redressa et secoua la tête. Il ne pouvait tout simplement pas. Il ne pouvait pas lui offrir ce qu’elle voulait, elle était une princesse et il était un simple roturier.

-Je ne suis pas le prince charmant princesse, je ne le serai jamais. Je serai plutôt le fou du roi, un fou qui n’est là que pour divertir les autres. C’est mieux si je m’en tiens à ça. Ce rôle me colle mieux à la peau.

De là où elle était, Willow aurait pu jurer qu’elle voyait les rouages tourner à plein régime dans la tête d’Hunter. Ce qu’il était mignon quand il s’y mettait! Il faisait vraiment un effort, elle le voyait bien. Alors elle resta là et attendit qu’il parle… Ce qui valut grandement la peine. Enfin, c’était davantage comme s’il s’était adressé à lui-même plutôt qu’à elle, mais c’était tout comme. «Je pourrais mourir pour ces yeux-là.» voilà ce qu’il avait dit et ça lui donna le frisson. Parce qu’elle comprenait ce que ça signifiait vraiment. Il n’y avait plus qu’un pas à faire. Pas qu’Hunter ne semblait pas encore prêt à faire. Elle lui laisserait le temps… enfin, ils n’avaient peut-être pas beaucoup de temps devant eux, mais Willow serait reconnaissante du temps qui lui serait accordé avec Hunter.

Ce n’est qu’au moment où Hunter dit qu’il n’était pas le prince charmant et ne le serait jamais que le bouffon du roi. Will aurait pu en rire, mais elle ne le fit pas. Elle avait longtemps rêvé du fameux prince charmant et quand elle l’avait rencontré, elle avait rapidement déchanté. L’homme était prévisible et ennuyant. En plus d’être un menteur doublé d’un vrai macho. Selon lui, la place des femmes était à la maison où elles devaient faire la cuisine, le ménage et élever les enfants. Selon Willow, il devait en plus être du genre à tromper la femme qui partageait sa vie, mais elle n’avait pas attendu d’en être rendue là, elle lui avait rapidement montré la porte. Alors… non, le prince charmant ne l’intéressait pas du tout. Elle avait une nette préférence pour le bouffon du roi.

- Pour info, j’ai déjà fréquenté le prince charmant et il est ennuyant comme la pluie. Je préfère les bouffons du roi. Ils sont peut-être imprévisibles, parfois ils peuvent nous rendre dingues, mais c’est entre-autre chose ce qui fait tout leur charme. souffla la jeune femme avec un petit sourire amusé.

Willow se hissa sur la pointe des pieds, lui posa un baiser sur la joue et quitta aussitôt leur chambre, en prenant bien soin de laisser son sac à dos sur son lit, signe qu’elle reviendrait ce soir-là. Elle allait lui laisser le temps de réfléchir et de digérer tout ce qu’ils s’étaient dit. Peut-être faisait-elle une grossière erreur, mais au fond d’elle-même, Will pensait que c’était la chose à faire. Et s’il ne revenait pas vers elle? Bah! Elle n’aurait plus qu’à faire comme d’habitude: aller le chercher!