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 |  (#) Sujet: Re: What do we say to the Lord of Death? Not today. - Jane Dim 9 Aoû - 14:06:08 | |
| Je continuais la dégustation de mon chocolat pendant que Jane me pointait la position du stationnement. Je regardais rapidement les rues environnantes, tentant de me faire un plan mental. Je connaissais le nom des rues principales, surtout celle que j’avais déjà emprunté auparavant mais j’allais devoir apprendre à emprunter les ruelles et les chemins moins utilisés. Avec tous les survivants qui se planquaient en ville, je préférais ne pas avoir à circuler sur une artère principale. Ce serait dommage de sortir de l’hôpital et de me faire attaquer par un groupe hostile sur le chemin du retour. Je ne savais même pas si j’étais apte à me battre, je n’aurais peut être pas de deuxième chance cette fois. Si je faisais quelques détours en chemin peut être trouverais-je des véhicules de lesquels je pourrais prendre un peu d’essence pour mon camion. On m’avait déconseillé l’utilisation d’un véhicule à moteur mais j’avais refusé de me départir de mon moyen de transport. C’était la raison principale pour laquelle je ne pouvais quitter la ville. Si je m’enfuyais en campagne, je ne pourrais pas m’enfuir en cas de problème ou de danger imminent. J’avais toujours vu mon camion comme mon dernier refuge et l’endroit où je pouvais me planquer quand quelque chose n’allait pas. L’énorme problème que ça me causait c’était que je devais constamment partir à pied pour retrouver de l’essence alors que j’aurais pu utiliser ce temps précieux pour trouver de la nourriture ou un endroit sécuritaire pour m’abriter.
« Je vais prendre Caroline Street alors. Je ne devrais pas mourir de chaud aujourd’hui. » Dis-je en regardant par la fenêtre, y voyant un certain nombre de nuages gris prêt à empêcher le soleil de me faire rôtir sur le pavé. « Je me sens d’aplomb et si j’ai de la chance je tomberai sur un peu d’essence en chemin. Juste assez pour sortir de la ville quelques jours. » Quelques jours pour me remettre sur pied et revenir lorsque mes réserves seront à sec. Si j’avais de la chance, je pourrais retourner à la maison et peut être y retrouver Riley. C’était notre point de rencontre lorsque l’autre n’était pas de retour depuis plusieurs jours, un peu comme en ce moment. On finissait toujours par s’y rejoindre même si la route à pied était longue. J’avais un peu de nourriture non périssable dans mon camion à y ramener et ajouter à notre réserve. Il y avait également un lit confortable qui m’y attendait lorsque je poserais les pieds dans la maison. Ce n’était peut être pas l’endroit le plus sécuritaire mais j’avais fait mon possible pour la protéger des prédateurs les plus redoutables. Elle se situait à une demi-heure en camion de la ville, presque en campagne. Je n’y avais presque vu aucun survivant depuis l’éclosion du virus, ce qui m’avait poussé à ne pas abandonner l’endroit.
Je regardais une dernière fois le trajet que j’avais mémorisé et repliais ma carte jusqu’à ce qu’elle ne soit plus qu’un simple carré de papier dans mes mains. Je la rangeais de nouveau dans mon sac et mettais ce dernier sur la table pour refermer la fermeture éclaire. Jane s’excusa alors de son comportement qu’elle qualifia de bizarre et je l’observais un moment avant de dire : « Ce que je considère bizarre chez les autres c’est lorsqu’ils tentent de me voler ou de me tuer. Et toi tu m’as sauvé la vie alors non je ne te trouve pas bizarre. » Elle n’avait peut être pas eu un comportement habituel mais qui de nos jours agissait normalement ? Personne. J’avais rencontré des gens bizarres et ils étaient loin de ressembler à Jane. Des tueurs, des pilleurs et des mangeurs de chairs humaines. Des psychopathes tout droit sortit de l’hôpital psychiatrique ou juste un homme qui se prenait pour le clown de l’apocalypse. J’agrippais mon sac que je posais sur mon épaule gauche non sans ressentir un élancement dans ma blessure. « Et je me donne 5 jours avant de revenir en ville. On se reverra avant les 5 prochaines années, je n’ai pas l’intention de disparaitre aussi facilement. » J’avais eu l’intention de dire : On ne me tue pas aussi facilement mais ça aurait peut être sonné un peu trop cru après notre discussion de tout à l’heure. Je savais que je ne pouvais même pas savoir si demain je serais encore en vie, mais j’espérais l’être encore malgré le fait que jour après jour notre situation semblait s’empirer. Je ne voyais pas la lumière au bout du tunnel mais j’avais cet infime espoir qu’un jour une solution s’offrirait à nous et que nous pourrions redémarrer là où nous avions tout arrêté.
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| | (#) Sujet: Re: What do we say to the Lord of Death? Not today. - Jane Dim 9 Aoû - 22:22:52 | |
| Jane haussa les sourcils tout en esquissant un sourire. « A tes risques et périls, Will. Tu ne pourras pas dire que je ne t’ai pas prévenu. » Elle attrapa le demi Mars entre ses doigts et en croqua une bouchée. Will ne semblait pas décidé à vouloir disparaître définitivement de sa vie; peut-être ne l’avait-elle pas autant perturbé qu’elle l’avait redouté, à moins qu’il ne tente de prendre subtilement la fuite en évitant de la heurter de peur qu’elle lui fasse à nouveau une démonstration de sa folie. Il lui avait assuré qu’il ne la trouvait pas bizarre car elle suivait un code d’honneur, ne cédant pas aux sirènes du crime, de la truanderie, de la loi du plus fort. Jane estimait qu’au contraire, c’était la force de sa morale et de ce que les psychanalystes auraient nommé son surmoi qui torturait son esprit, la poussant à agir de manière parfois incompréhensible, paradoxale, étrange. Ce qu’elle craignait par dessus tout était que l’encre ténébreuse et empoisonnée qui coulait dans ses veines et intoxiquait son esprit ne dégorge sur ses fréquentations, les contaminant par la même occasion. La jeune femme fronça légèrement les sourcils. Elle se confortait dans l’idée que, malgré son comportement, sa visite à l’hôpital avait été bénéfique. Ils se quitteraient de manière moins abrupte que lorsqu’elle avait fui comme une voleuse.
Will avait décidé de partir pour la campagne et la jeune femme ne pouvait s’empêcher de l’envier, rien qu’un peu. Le cadre lugubre et bétonné de cette ville fantôme commençait à lui peser sérieusement, elle se sentait fréquemment oppressée par son environnement. Il lui arrivait souvent d’errer dans les parcs afin de s’octroyer sa dose de verdure mais ce n’était pas suffisant pour étancher sa soif de nature et de grands espaces. Quelques mois auparavant, le monde lui appartenait. Elle savait alors qu’elle pouvait se rendre quasiment partout sur cette planète tout en ayant la sécurité de pouvoir rentrer auprès des siens dès qu’elle le souhaitait. Désormais, plier bagage pour se mettre au vert à trente kilomètres de Houston pouvait très facilement se transformer en voyage sans retour susceptible de la séparer de sa famille pour toujours. Jane ne se permettait même pas de quadriller l’ensemble de la capitale texane, elle passait le plus clair de son temps dans un triangle entre l’hôpital, l’hôtel et le centre-ville. Certaines expéditions la poussaient en dehors des frontières de son territoire mais, sauf cas de force majeur, elle ne passait pas deux nuits de suite à l’extérieur de ce périmètre. C’était peut-être stupide mais la relative liberté qu’avait Will la faisait rêver. Elle avait envie de conduire, fenêtre ouverte, cheveux au vent, regardant défiler devant elle ces paysages de son enfance qui lui manquaient tellement.
Jane regardait d’un air pensif son interlocuteur qui, sac sur l’épaule, semblait prêt au départ. Un discret sourire se dessina à nouveau sur son visage, creusant par la même occasion les fossettes qui ornaient ses joues. « Prends soin de toi. » Les aurevoirs n’avaient plus le même goût depuis le début des événements. Les chances pour que leurs chemins ne se croisent plus jamais n'étaient pas négligeables et la mort était loin d’être la seule force capable de séparer deux destins. Il fallait qu’elle se rende à l’évidence, son coeur ne s’était pas autant endurci qu’elle l’aurait cru, qu’elle l’aurait voulu. Elle s’attachait toujours aussi rapidement à ses congénères, si ce n’est davantage, les situations de vie ou de mort nouant d’emblée des liens particulièrement forts. La jeune femme ramena ses cuisses contre sa poitrine, entourant ses jambes de ses bras. Elle aussi devrait prendre la route, trouver la force de sillonner les rues à la recherche d’un endroit sûr où elle pourrait se reposer. Peut-être ferait-elle un détour par le parc. |
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| | (#) Sujet: Re: What do we say to the Lord of Death? Not today. - Jane Lun 10 Aoû - 18:48:04 | |
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Je pris quelques secondes pour ajuster les sangles de mon sac pour éviter d’avoir mal au dos dans une dizaine de minutes et le réajustais sur mon épaule. Il était moyennement lourd mais j’étais plutôt en forme malgré ma blessure et une fois que j’aurais atteint mon camion je n’aurais plus qu’à conduire en espérant ne pas tomber sur un obstacle en chemin qui m’obligerait à faire usage de mes muscles. Le chemin serait peut être long jusqu’à ma destination mais je me savais capable d’y arriver sans problème si je ne tombais pas sur rien de dangereux. Les rôdeurs étaient facilement évitables en ne faisant aucun bruit et en restant discret, mais c’était les humains qu’il fallait fuir comme la peste. Depuis quelques temps les groupes hostiles semblaient se multiplier au centre ville et je devais faire attention lorsque je me baladais seul pour ne pas me faire arrêter par qui que ce soit. Il m’était arrivé de tomber sur des gens mal intentionné et j’avais eu de la chance de m’en sortir en un seul morceau, mais je ne devais pas pousser ma chance. Je n’avais qu’une seule vie et je devais y faire attention si j’avais l’intention de continuer à fouler le sol de mes pieds pendant encore quelques années.
Je lui souriais une dernière fois et lui répondis : « Aurevoir Jane. » Puis je me retournais, ouvrais la porte qui menait au couloir et sortais sans un mot de plus. Ça n’aurait servit à rien de s’éterniser ici alors que notre discussion était terminé. Au moins j’avais pu lui dire au revoir avant de partir. Et surtout, nous étions tout les deux toujours en vie et sans blessure fraiche. Notre première rencontre avait été beaucoup plus intense et j’en avais encore le souvenir bien gravé en mémoire. Il était hors de question que je retourne dans ce stationnement même si ma vie en dépendait, je savais maintenant ce qui m’y attendais si j’osais y remettre les pieds après l’aventure que nous y avions vécu. Je venais de passer suffisamment de temps cloué à un lit pour ne plus vouloir me blesser avant les 4 prochains mois au moins. J’avais pour habitude de me déplacer dans la ville chaque jour et avoir passé plusieurs jours ici ne me donnait envie que de retourner le plus rapidement possible à l’extérieur malgré les dangers qui s’y cachaient. Malgré toutes les atrocités et les mauvais souvenirs qui se baladaient dans ces rues que j’avais fréquentées toute ma vie, je ne pouvais pas m’empêcher d’y retourner sans cesse pour me remettre dans la réalité, dans ce monde apocalyptique qui était le notre désormais.
Je rejoignais la porte que je m’apprêtais à pousser avant que Jane ne m’interpelle presque une heure plus tôt et sortais à l’extérieur de l’hôpital, jetant un coup d’œil attentif à mon environnement. Tout semblait calme et je ne remarquais rien d’étrange. Pas de grognement, ni de craquement, donc pas de rôdeur tout près. Ma vue s’ajusta à la nouvelle luminosité et je reprenais ma marche, cette fois en solitaire. J’avais une longue journée devant moi mais je savais que j’y arriverais sans entrave si je suivais mon plan. J’avais mémorisé le trajet de la carte et je me guidais à l’aide des pancartes indiquant les noms de rues. Certaines avaient été arrachées mais ce n’était pas un problème suffisamment gros pour m’arrêter. Il y eu quelques rôdeurs en chemin mais aucun d’eux ne me remarqua et je m’éloignais d’eux le plus possible sans quitter mon trajet. Aucun groupe ne m’accosta et je réussis à siphonner quelques réservoirs d’essence en chemin pour ensuite le transvider dans celui de mon camion. Une fois le moteur en marche, je posais mon front contre le volant du véhicule et poussais un long soupir de soulagement. Je posais mon sac sur le banc arrière et m’adossais contre mon siège, sachant que maintenant j’étais hors de danger et qu’il ne me restait plus qu’à conduire jusqu’à la maison où j’espérais pouvoir me remettre de mes émotions de ces derniers jours.
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| | (#) Sujet: Re: What do we say to the Lord of Death? Not today. - Jane | |
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