Il soupira, maintenant qu’ils les avaient devant lui, il n’avait plus envie de parler. Mais il n’avait pas le choix. Les autres poseraient des questions que ce soit à un moment ou a un autre. Il enfonça ses mains dans ses poches ne sachant pas trop quoi en faire.

-Ne me trucide pas avant d’avoir entendu ce que j’ai à dire.

Il avait regardé Mackenzie dans les yeux en disant cela. Il secoua la tête et commença. Il ne savait pas trop comment, mais il parla.

-J’ai tué Shawn.

Il vit les yeux de Mac, ainsi que ceux d’Amy, elles étaient surprises, c’était évident. Il continua.

-Il a agressé Andrea en cuisine physiquement et l’aurait violé si nous n’étions pas arrivés à temps, il a menacé de s’en prendre à Willow et je vous passe les détails de ce qu’il a dit.

Il soupira à nouveau et regarda Willow. Christopher avait dit qu’il devait mentionner que c’était lui qui avait demandé à ce qu’il le tue. Hunter ne pouvait se résoudre à le dire ainsi.

-Christopher et moi étions d’accord, nous n’avions pas le choix de mettre un terme à sa vie. Je l’ai fait et Chris lui a broyé le crâne ensuite.

Il passa sous silence qu’Andrea était une fille de joie avant. Il essaierait de faire en sorte de ne pas l’ébruité, mais il se doutait que sa sœur voudrait tous les détails. Il n’était pas près à tout dire pour le moment, il plaçait l’histoire. De toute façon, Willow soutiendrait ses propos, elle était là, elle connaissait la vérité et saurait mieux parler que lui.

Une réunion dans la salle de réunion qu’ils avaient improvisée, voilà qui ne disait rien de bon à Mackenzie quand son frère était venu – en tenant la main de Willow dans la sienne – les prier de les rejoindre là. Aussitôt, Mac avait senti la soupe chaude. Et voilà qu’Hunter confirmait ses craintes en lançant d’entrée de jeu de ne pas le trucider. Il en avait de bonnes celui-là! Comme si elle mordait avant de poser les questions! Bon, d’accord… ça lui arrivait. Pas souvent, mais ça lui arrivait. Mais à voir la tête que faisaient les autres autour de la table, ça devait se produire plus souvent que Mac ne le pensait. Elle fit la moue, mais laissa tout de-même son frère poursuivre, curieuse de connaitre le fin mot de l’histoire à cette réunion impromptue et à laquelle Hunter n’avait pas voulu qu’Ayana participe.

Quand son frère dit qu’il avait tué Shawn, les yeux de Mac s’écarquillèrent sous la surprise. Elle allait ouvrir la bouche pour lui demander ce qui s’était passé quand elle se souvient qu’Hunter ne voulait pas qu’elle le trucide tout de suite. Alors elle attendrait. Cependant, après les explications de son frangin, Mackenzie avait plutôt envie d’aller ressusciter ce sale type pour le tuer à son tour. Elle comprenait qu’Hunter se soit sentit obligé d’agir. On venait de menacer Willow et ça, jamais il ne le laisserait passer, il était comme ça. Il l’avait peut-être aussi fait pour Andy, mais c’était d’abord et avant tout à Willow qu’il avait pensé.

- Et Andrea… comment va-t-elle?

Mac ne se faisait pas d’illusions, elle se doutait bien que la jeune femme ne devait pas être en grande forme. Mackenzie avait toujours eu l’impression qu’Andy se sentait de trop dans leur groupe alors qu’ils l’avaient accueillie comme elle le méritait. Elle était devenue un membre important – à sa façon et par le biais de Willow et Christopher – de leur grande et imposante famille.

Il écouta et se gratta la barbe après ce que son beau-frère avait raconté. Deux agressions en si peu de temps. Pourquoi Shawn avait-il agressé Andrea? Seigneur, les gens devenaient vraiment fou ici. D’abord Ayana et maintenant Andrea. Mackenzie demanda comment allait Andy. Il savait que physiquement, elle ne devait pas aller trop mal sinon il aurait été demandé ailleurs que dans la salle de réunion. Mais mentalement, elle ne devait certainement pas bien aller. Il posa sa main sur le bras de Mac.

-J’irai voir ce que je peux faire dès qu’on aura terminé ici. Il va falloir que je regarde ce que j’ai en stock pour l’aider à dormir, elle en aura sans aucun doute besoin.

Il secoua la tête.

-Déjà qu’elle semblait toujours sur ses gardes, prête à fuir au moindre pépin. Pauvre fille.

Il se tourna vers Willow. Elle avait fait l’objet de menace elle aussi après tout. Jamais il n’aurait cru Hunter capable de tuer un homme, mais lui-même n’aurait pas hésité à le faire pour que Mackenzie soit en sécurité.

-Et toi Willow? Comment tu te sens?

Il se doutait qu’elle ne devait aller très bien elle non plus. Elle venait d’assister à une agression en plus de ce voir menacer dans le processus.

Sans mentir, Willow aurait préféré ne pas assister à cette réunion, ne pas avoir à entendre Hunter tout raconter une nouvelle fois. Ne pas avoir à le revivre mentalement non plus. Mais la petite trouillarde qu’elle était ne voulait pas rester loin d’Hunter. Ça ne faisait qu’une heure à tout casser que ça s’était produit et elle n’était pas prête à rester seule encore. Même si elle savait qu’elle ne risquait plus rien, que l’ordure n’était plus là et ne pourrait plus jamais lui faire de mal. C’était plus fort qu’elle, Will voulait rester auprès d’Hunter, là où elle s’était toujours sentie en sécurité. Elle ne revient au moment présent que lorsque Kaleb pris la parole à son tour. Il disait vrai concernant l’attitude d’Andy. Cette dernière avait toujours eu l’air sur ses gardes ou prête à fuir depuis son arrivée quelques semaines plus tôt. Maintenant que Willow connaissait toute l’histoire – du moins le principal – ça prenait tout son sens. Elle réalisait aussi maintenant que Christopher n’avait pas été surpris d’entendre Shawn parler d’Andrea comme d’une pute. Son ami avait donc été dans la confidence.

Quand Kaleb lui demanda comment elle allait, Will se contenta de hausser les épaules. Elle ne savait pas. Certes, elle était encore un peu ébranlée, mais ce n’était pas à elle qu’on s’en était pris. Il ne l’avait que menacée, elle n’avait même pas eu à supporter qu’il la touche. Alors non, ça n’allait pas vraiment, mais elle était loin d’être à plaindre. Andy avait vécu bien pire.

- Je… je suis un peu secouée, mais ça ira. répondit-elle tout bas en jouant avec la fine chaîne en or qui ne quittait plus son poignet depuis le décès de sa mère.

Elle ne voulait surtout pas qu’on s’attarde sur elle et ses états d’âme. Ayana et Andrea avaient vécu bien pire, elle ne voulait pas qu’on la plaigne. On avait d’autres chats à fouetter.

Elle était assise, heureusement. Elle aurait sans aucun tombé si elle avait entendu Hunter dire qu’il avait tué un homme de ses mains. Elle comprenait, il ne l’avait pas fait par plaisir, mais elle était tout de même surprise. Elle écouta sa sœur, son beau-frère et Willow toujours bouche-bée de ce qu’elle venait d’entendre. Une nouvelle agression, celle-ci avait mené au meurtre d’un homme. Seigneur, mais où s’en allait-il ainsi? Elle prit discrètement la main de Raffael dans la sienne. Elle était contente qu’il soit à ses côtés et elle était contente que Hunter ait fait ça pour Willow.

-Mais quand tout ça va s’arrêter? D’abord Ayana, maintenant Andrea. Les hommes sont-ils tous si en manquent qu’ils se croient en droit d’agresser les femmes?

Elle soupira, elle était contente que l’adolescente ait été laissée hors de la discussion. La pauvre, elle serait sans aucun doute secouée si elle savait que son amie Andrea avait été attaquée ainsi. Elle appréciait beaucoup la jeune femme, Amy aussi d’ailleurs. Elle était triste que tout ça lui soit arrivé. Elle soupira et regarda son frère.

-J’ai quand même l’impression que tu ne nous dis pas tout Hunter, comme d’habitude d’ailleurs. Je me doute que ça a dû être difficile pour toi de faire ça, mais il manque quelque chose à ton histoire et juste à ton attitude je sais qu’il y a quelque chose que tu ne nous dis pas.

C’était immanquable. Son frère était nerveux et elle savait que ce n’était pas seulement parce qu’il avait tué cet homme. Quelque chose le travaillait. Elle ne pensait pas à un mensonge, mais quelque chose, un détail, un événement, un détail qu’il taisait pour une raison ou une autre.

Raffael essayait de rester calme, de ne pas serrer les poings, mais c’était difficile. Un homme qui s’attaquait à une créature plus faible que lui ne méritait pas de vivre. C’était peut-être radical comme façon de voir les choses, mais c’était comme ça que Raff fonctionnait. Il n’aurait jamais tué quelqu’un de sang-froid comme l’avait fait Hunter et ne s’en pensait pas capable. A la guerre, c’était une chose, mais le retour à la vie civile c’en était une toute autre. D’un autre côté, il ne savait pas ce qu’il aurait fait si ce salaud s’en était pris à Amy ou à ses sœurs. Voire même aux autres femmes qui faisaient désormais partie de la famille. C’étaient toutes des femmes qu’il aimait bien et jamais il n’accepterait qu’un homme lève la main sur elles. Alors oui, peut-être que s’il avait été à la place d’Hunter, il en aurait fait tout autant.

Quand Amy glissa discrètement sa main dans la sienne, Raffael la serra en écoutant ce qu’elle disait. Selon elle, il y avait quelque chose qu’Hunter ne racontait pas. Il la croyait sur parole, après tout, elle devait bien le connaitre son frère. Mais c’était vrai qu’il manquait des éléments dans son histoire, des bouts importants pour les aider à tout assimiler. Ce n’était cependant pas son job de faire parler Hunter. De toute manière, les chamailleries des Wright, il essayait toujours de ne pas s’en mêler. Être pris entre trois Wright ce n’était pas une position enviable. Pour personne. Même s’il avait beau aimer à la folie un des membres du trio infernal.

On m’avait demandé de retourner à ma chambre, que la discussion qui allait suivre n’était pas fait pour moi. Hunter était retourné, c’était évident. Mon clown préféré n’avait pas l’air dans son assiette et même pas meilleur blague ne l’avait pas fait sourire. Non, quelque chose clochait et je le savais. Je fis comme si je partais et me cachai derrière les caisses qui avaient été entassé au fond de la pièce. J’écoutais attentivement tout ce qui se disait. Andrea avait été agressée par Shawn et Hunter avait dû tuer l’homme. Je me mordis la lèvre. J’écoutais les réactions des autres, les commentaires et compagnie. Puis Amy qui indiquait à Hunter qu’il ne semblait pas tout dire. Je savais pourquoi, je savais ce que Hunter ne voulait pas dire. Je respectais son silence. Je pouvais comprendre. Andy avait dû le lui pourquoi Shawn l’avais agressé. Je savais depuis quelques temps déjà le chantage qu’il faisait à la jeune femme, je n’avais rien dit, elle ne voulait pas qu’on la juge et la regarde différemment, c’est pour ça qu’elle subissait en silence. J’étais une enfant, on avait pitié de moi quand je parlais que j’avais dû laisser des adultes abuser de mon corps en échange de nourriture, mais elle était une adulte et le regard des autres pouvaient être différent peu importe les raisons pour lesquelles elle avait choisi de faire ce métier. J’étais cachée, mais la poussière sur les cartons me fit éternuer. Zut, maintenant, ils savaient tous que j’étais là. Je sortie lentement de ma cachette et fit face aux adultes. Je regardai Hunter dans les yeux.

-Dis-leur. Il n’est pas le seul à la faire chanter. Il faut que ça arrête.

Je regardai les autres tour à tour.

-Ne la jugez pas, vous ne connaissez pas son histoire.

J’espérais qu’ils suivraient mon conseil et garderaient l’esprit ouvert. Je m’avançais la tête basse et vint m’asseoir entre Mackenzie et Kaleb.

-Désolée.

Je m’excusais de ne pas avoir obéis à la demande, mais j’étais contente d’être resté pour écouter. Je pouvais défendre Andy, je connaissais son secret bien malgré elle et je savais aussi qu’elle ne l’avait pas fait par choix, même si je ne connaissais pas son histoire de vie.

HJ : désolée… je sais j’ai beaucoup dépassée.

Il maudissait Amy de voir trop clair en lui lorsqu’il entendit un éternuement venant de derrière les boîtes. Il se leva et vit son petit bout d’.choux sortir de derrière. Il secoua la tête, elle était trop petite pour avoir entendu ça. Il se détestait de ne pas avoir fait le tour de la pièce, il avait sous-estimé l’adolescente. Il se rassit en entendant ses propos. Il aurait eu la mâchoire au plancher s’il ne s’était pas passé la main au menton alors que la fillette lui demandait de tout dire ajoutant que Shawn n’était pas le seul à faire chanter Andy. Elle n’avait pas eu à nommer les gens pour qu’il comprenne. Il regarda Willow, elle semblait aussi assommée que lui. Il passa son bras autour de ses épaules avant de lui caresser le dos. La petite avait raison, il était temps que ça cesse. Il hocha la tête.

-Avant l’arrivée des zombies, Andrea travaillait comme prostituée. Elle en a honte, c’est très clair et les hommes qu’elle a eus comme client la font chanter avec son secret sachant qu’elle ne souhaite pas qu’il soit dévoilé à tous.

Il regarda Ayana avant de faire le tour des gens dans la pièce des yeux.

-Je suis du même avis qu’Ayana. Nous ne connaissons pas son histoire, nous ne sommes pas placés pour la juger. Elle vit déjà très mal avec son passé et n’a qu’une envie et c’est partir. Chris est clair, il la suivra si elle part.

Il regarda Willow et serra sa main, il savait qu’elle ne voulait pas perdre celui qu’elle considérait comme son frère. Il eut une pensée qui lui passa par la tête. Il regarda tour à tour Raffael et Kaleb, un petit sourire en coin.

-Allez les mecs, vous n’allez pas me dire que vos estomacs ne sont pas plus heureux depuis que c’est elle qui a prit la direction de la cuisine. Elle arrive à faire des miracles avec un rien pour la bouffe.

Elle travaillait de façon acharné pour eux, les aidait grandement et elle méritait tout leur respect et leur protection.

Cette enfant était trop intelligente pour son propre bien. Alors qu’ils auraient préféré lui épargner un tel sujet, la petite démone n’avait rien trouvé de mieux à faire que de se cacher pour écouter aux portes. Bien fait pour eux, personne n’avait pensé une seule seconde à vérifier qu’elle était bien hors de la pièce. Ce n’est que lorsqu’elle leur demanda – ordonna serait plus juste – de ne pas juger Andrea que Mackenzie fronça les sourcils. Avaient-ils jamais porté un jugement sur Ayana pour ce qu’elle avait dû faire afin de survivre? Mac espérait que non et espérait qu’il en irait de-même avec Andy. Peu importe ce qui l’avait poussée à faire le trottoir, ça ne changeait strictement rien à la personne qu’elle était.

Quand son frère dit que Christopher était prêt à partir avec Andrea si elle décidait qu’elle ne pouvait pas rester à l’hôpital, Mackenzie eut mal pour Willow. Pour avoir été séparée d’Hunter quand elle était gamine, elle ne savait que trop bien ce qu’on pouvait ressentir en perdant un être cher. Alors elle ferait tout ce qu’elle pourrait pour que Will n’ait jamais à subir la même chose. Il fallait donc à tout prix essayer de faire en sorte qu’Andy souhaite rester parmi eux. Et ça, ça voulait dire qu’il fallait qu’ils enrayent le règne de la terreur qui était entrain de s’installer à l’hôpital. Elle ne savait juste pas comment…

- Tu as ma parole, on ne la jugera pas. Pas davantage qu’on ne t’a jugée, toi quand on a su ce que tu as dû faire pour survivre. commença lentement Mackenzie avant de faire un signe à Ayana pour qu’elle vienne s’asseoir à ses côtés. Pour qu’elle reste, il ne suffit pas seulement de lui montrer que son passé nous importe peu. Il faut d’abord et avant tout qu’elle se sente en sécurité. Et ça, ça veut dire instaurer un système. S’il faut jouer à la police, je veux bien être le sheriff de l’hôpital.

On avait commencé par s’en prendre à Ayana et maintenant, c’était Andrea qui avait été visée. Et, pour couronner le tout, on avait menacé Willow. Il fallait que ça cesse. Et vite.

Il regarda son frère quand Amy indiqua que Hunter ne disait pas tout. Raff semblait vraiment fâché, il pouvait le comprendre lui aussi était en colère. Ce fût rien cependant à côté de ce qu’il ressentit après qu’Ayana soit sortit de sa cachette et demandé à Hunt de tout raconter car de toute façon Shawn n’était supposément pas le seul à faire chanter Andy. Il comprit rapidement la situation lorsque son beau-frère exposa la situation. Il se leva alors que la fillette écoutait Mac dire qu’il ne jugerait pas la jeune femme, tout comme ils ne l’avaient pas jugé lui. Hunter avait dit que leur estomac se portait mieux depuis l’arrivée de la jeune femme. Si son beau-frère croyait que l’argument pouvait aider grand bien lui fasse.

-Je n’ai pas besoin d’être convaincu Hunt. Non, ce qui me met hors de moi, c’est que ça se passe sous notre nez chaque jour et qu’on ne voit rien. On a décidé d’accueillir les gens ici pour qu’ils soient en sécurité pas pour qu’ils s’agressent les uns les autres. Ce genre de comportement va devoir cesser, ou alors nous allons devoir tout arrêter. Nous allons nous occuper de notre survie et laisser les autres se démerder. Voilà ce qui arrivera s’ils ne cessent pas ça tout de suite.

Il allait s’occuper des membres de sa nouvelle famille, plus ses sœurs et laisser les autres dans leur merde. Voilà ce qu’il ferait. Il était l’un des seuls médecins dans ce bled, s’ils voulaient qu’il cesse de les soigner, ils n’avaient qu’à continuer d’agir en sauvage, il se ferait un plaisir de les laisser mourir. Il secoua la tête.

-On ira voir Andy, Ayana, tu viendras avec moi si tu veux. Ne t’en fait pas. On va lui faire comprendre qu’ici, on ne la juge pas et qu’on s’occupera de ceux qui abusent d’elle dans notre dos. Hors de question que nous laissions faire ça.

Pourquoi Amy avait-elle tenu à ce qu’Hunter raconte tout? Était-ce vraiment nécessaire de connaitre tous les détails? Ne devaient-ils pas retenir qu’Andrea avait été agressée et que ses bourreaux devaient être mis hors d’état de nuire? Du moins, c’était là-dessus que Willow préférait se concentrer. Qu’importent les raisons qui poussaient ces hommes à négocier leur silence contre une partie de jambes en l’air! Ce qui était le plus urgent à l’heure actuelle, c’était de faire en sorte que ça cesse. Parce qu’il ne fallait pas se leurrer, si Ayana et Andy avaient été les victimes, d’autres finiraient inévitablement par se rajouter à une liste déjà trop longue.

La réaction de Kaleb était drastique, mais elle ne pouvait pas le blâmer. Il avait raison de dire que les médecins étaient peu nombreux dans le coin. Elle-même était vétérinaire et si elle pouvait aider par ses connaissances, elle ne pouvait pas faire de miracles non plus. A un certain stade, c’était de la déduction et Will avait à cœur de ne jamais empiéter sur le terrain de Kal. Il était le plus compétant alors c’était lui le patron dès lors qu’il s’agissait d’êtres humains. Néanmoins, elle ne pouvait pas nier que si les autres ne se calmaient pas, un jour viendrait où ils baisseraient les bras et décideraient qu’ils ne viendraient en aide qu’à la famille.

Ce n’est qu’à ce moment-là qu’elle se rendit compte qu’Hunter avait pris sa main. Était-ce là le signe qui montrait qu’elle était plus perturbée qu’elle ne le pensait? C’était ridicule. Il fallait qu’elle se ressaisisse et prenne part à la discussion. Elle avait plus ou moins tout entendu, elle s’était seulement efforcée de ne pas prendre conscience de tout ce qui se passait autour d’elle. Willow n’avait cependant pas été sans remarquer l’arrivée d’Ayana. Pauvre gamine, elle n’aurait pas dû entendre cette conversation animée.

- Je suis d’accord avec Mackenzie. Il faut instaurer des règles et des conséquences si les gens les enfreignent. Le monde part peut-être à la dérive, mais reste qu’en société, il y a des lois et des conséquences quand on l’enfreint. Il faut faire la même chose dans l’hôpital. Instaurer un groupe qui va se charger de maintenir l’ordre. N’importe quoi, mais on ne peut pas rester les bras croisés à attendre que le pire se produise.

Elle regarda Ayana sortir de sa cachette comme les autres. Hunter s’était levé en entendant son éternuement. Ayana lui donna raison en demandant à Hunter de tout dire. Elle ne s’attendait pas à cette révélation. Elle avait travaillé avec des enfants, mais aussi avec des parents. Des mères surtout qui avaient des casiers pour prostitutions. Elle savait que la plupart ne le faisait pas par plaisir mais pour nourrir leurs enfants. Elle baissa les yeux, elle serrait toujours la main de Raffael lorsque Kaleb sembla exploser. Il avait raison, elle le comprenait de trouver répugnant ce qui se passait, elle pensait exactement la même chose. Elle écouta ce que Willow disait aussi. Elle opina.

-Oui, que la mort de Shawn serve d’exemple. Je ne dis pas qu’il faut indiqué qu’il méritait de mourir, mais dire que si une folie de son genre prend quelqu’un que nous n’hésiterons pas à lui faire subir le même sort.

Elle regarda les autres.

-Je me répugne à cette pensée, mais si je dois tuer un humain pour protéger n’importe lequel d’entre vous, Chris et Andy inclus, je ferai exactement comme Hunter, que ce soit bien clair. Je ne le ferai jamais par plaisir et l’aurai sans doute sur la conscience jusqu’à la fin de mes jours, mais je ferais exactement pareil.

Son ton était empreint d’une certaine détermination, son regard aussi. Elle passait souvent pour la faible, mais elle avait un instinct de survie que les autres ne soupçonnait pas. Elle avait grandit auprès de Mac, elle s’était organisée toute seule quand Mac n’était pas là. Elle avait appris à chasser, à dépecer ses animaux par elle-même. Son frère avait beau dire, elle n’était pas une petite nature sans courage et elle n’aurait pas hésité à tuer cet homme pour protéger Will et Andy.

Raffael poussa un long soupir de lassitude et pris la main de sa belle quand cette dernière confia que ça la répugnerait de devoir tuer quelqu’un, mais que si c’était pour protéger l’un des leurs, elle n’hésiterait pas une seconde. Elle avait tellement l’air de croire qu’ils la croyaient faible alors qu’au contraire, elle était aussi forte que Mackenzie. Différemment, mais toute aussi forte. Il comprenait ce qu’Amy voulait dire. Lui non plus ça ne l’enchanterait pas de mettre un terme à une vie, mais comme le disait Amy, si c’était pour protéger leur famille – très élargie à ce stade – il le ferait sans aucune hésitation. Quant à la proposition de Willow, il était d’accord, instaurer certaines lois qui régiraient la vie en communauté était une bonne idée, mais ça serait compliqué.

- Ça mérite qu’on y réfléchisse, mais disons qu’on met un tel système en place, qui est chargé de maintenir l’ordre? Comment on détermine quelles règles sont mises en application et quand? On fait quoi pour ceux qui enfreignent le règlement? On transforme une chambre en cellule et on les y jette durant un certain temps pour les faire réfléchir? On les fout à la porte?

Plus Raffael énumérait les questions, plus il avait mal au crâne. Parce que même si l’idée avait un certain intérêt, la mettre en place serait un enfer sans nom. Encore fallait-il qu’une majorité des membres de leur petite communauté soit d’accord pour mettre tout ça en place. Sans compter qu’il faudrait forcément mettre en poste quelqu’un qui sache se faire respecter et obéir. Il faudrait également que cette personne ne participe pas aux raids puisqu’il fallait maintenir l’ordre dans les murs de l’hôpital parce que c’était là que tout se tramait.

J’étais tout près de Mackenzie, elle me promettait qu’il ne jugerait pas Andy, tout comme ils avaient fait pour moi. Kaleb s’emporta, le pauvre il faisait tout ce qu’il pouvait pour aider les autres et voyait ses efforts bafoués par des gens stupides. Je comprenais sa colère. Il voulait survivre.

-J’irai avec toi.

J’écoutais les autres parlers, Willow voulait instaurer un système, Amy voulait faire un exemple de Shawn et Raffael se demandait qui pourrait jouer les « Sheriff ». Je les écoutais attentivement. Moi aussi j’avais des choses à dire. Ils se disaient prêt à me compter parmi leur famille, il était temps pour eux de m’écouter. Je ne doutais pas que ce serait le cas en fait, mais je devais être déterminé.

-Non, nommer Shawn en exemple de ce qui pourrait arriver n’est pas une bonne idée. Il ne faut pas mentir, dire que Shawn était devenu un être fou et dangereux et que nous n’avons pas eu le choix, mais pas le servir comme un exemple. Vous n’êtes pas ce genre de personne.

Je regardai les autres avant de continuer.

-Raff, je sais qui pourrait se charger de faire la loi quand vous n’êtes pas là. Il s’appelle Lenny, je ne connais pas son nom de famille. Il était dans la marine, il fait tout son possible quand vous n’êtes pas là. Il est respecté lui aussi, les gens ont peur de lui en fait. Avec un ou deux de ses amis, il pourrait faire respecter les lois que vous voulez instaurer. Il m’a protégé plus d’une fois quand vous n’étiez pas là.

Je les regardai tour à tour à nouveau. Est-ce que mon idée était bonne? J’étais sur que oui. Restais à voir s’ils penseraient la même chose que moi.

Si petite et si brillante cette petite. Il préférait oublier où elle avait appris à être si intelligente. Il se leva et se mit à arpenter la pièce. Son beau-frère était sur les dents, ce qui n’était pas bon signe. Kal était généralement calme. En fait, lui-même était assez à cran et le fait qu’il fasse les cent pas devait le démontrer. Il décida alors d’arrêter. Petit bout d’chou parla de Lenny. Il dû faire appel à sa mémoire mais l’image d’un homme assez grand et imposant se rappela à sa mémoire. Oui, il savait qui il était. En effet, cet homme représentait à lui seul le respect. Il n’avait même pas besoin d’ouvrir la bouche. Hunter réfléchissait se frottant la barbe. Il finit par s’avancer pour se placer derrière Willow, il posa doucement ses mains sur les épaules de la jeune femme. Elle avait dû être dans ses pensées car elle eut un léger sursaut. Il lui caressa la joue du pouce pour lui signifier que ce n’était que lui.

-En fait, la seule règle devrait être que peu importe la situation, aucune agression ne sera tolérée. Si un problème survient ils doivent nous en faire part s’ils ne peuvent le régler eux-mêmes et nous prendrons la décision adéquate. En espérant éviter que des situations comme celle vécue avec Shawn aujourd’hui ne se reproduisent.

Il regarda sa cadette dans les yeux.

-Crois-moi Amy, tu ne veux pas avoir à faire ce que j’ai fait aujourd’hui. Jamais. Je sais que tu serais capable pour défendre la vie d’un être cher, mais tu ne veux pas avoir à le faire, crois-moi sur parole.

Cette image le hanterait jusqu’à la fin de ses jours. Il ne voulait pas que sa petite sœur ait ce genre d’image dans la tête. Mackenzie avait déjà tué dans le cadre de son rôle pour l’armée et elle devait comprendre parfaitement ce qu’il tentait de faire comprendre à Amy. Elle avait donné la mort, comme lui aujourd’hui. Elle savait.

Mackenzie commençait à sentir poindre une migraine. A vitesse grand V. Ça l’emmerdait de devoir mettre des règles en place, de jouer à la police avec des adultes quand ils avaient bien plus important à faire au programme. Comme survivre par exemple. Bien sûr, n’eut été de ces damnés morts-vivants, Mackenzie aurait intégré les rangs de la police, mais disons que maintenant, ça ne faisait plus trop parti de ses projets. Et voilà qu’Amy se mettait dans la tête qu’elle pourrait tuer quelqu’un qui s’en prendrait à sa famille. Oh, là-dessus Mackenzie n’avait aucun doute, Amy serait tout à fait capable de le faire, mais comme le mentionnait Hunter, elle ne voulait pas faire ça. Mackenzie ferait tout ce qui serait en son pouvoir pour éviter que sa sœur en arrive là. Le regard qu’elle porterait sur elle-même serait différent à jamais et Mac s’était jurée de protéger sa sœur. Elle le ferait donc jusqu’au bout. Elle ne se joignit pas à la conversation et laissa Hunter dire ce qu’il avait à dire à Amy, mais elle posa malgré tout un regard compréhensif sur son frère. Il venait de comprendre ce qu’elle avait vécu durant ses années dans l’armée. Ça n’avait pas toujours été une partie de plaisir. Tuer quelqu’un laissait toujours une trace indélébile.

Lenny. Mackenzie ne lui avait pas parlé très souvent, mais c’était un homme qu’elle appréciait. Il imposait le respect et avait une sainte horreur des gens qui ne respectaient pas les règles. Il serait l’homme de la situation. Il faudrait cependant lui expliquer que comme partout, il y aurait une hiérarchie à respecter. C’était eux qui avaient formé ce groupe, alors il devrait en référer à eux si jamais il y avait des sanctions à imposer.

Il dû respirer un bon coup pour se calmer. Entre les secrets/révélations de Jane, les crises de Raffael et Alicia, les agressions sur Ayana et maintenant Andy, ses nerfs étaient mis à vif ses derniers temps. Il en avait marre de tout ça. Il s’approcha de Mac et Ayana, il posa la main sur l’épaule de sa femme et caressa les cheveux de l’adolescente. Il n’y avait pas à dire, elle était brillante cette enfant. Il regarda son beau-frère qui faisait les cent pas et qui mettait Amy en garde contre l’effet néfaste du meurtre dans la vie d’une personne. Là encore, il pouvait donner raison à l’homme. Ce n’était pas une partie de plaisir. En tant que médecin, il n’avait pas eu à faire face à cette situation aussi souvent que Mac ou Raffael, mais il lui était arrivé de tuer lui aussi pour se protéger ou pour défendre ses frères d’arme.

-Lenny, oui. Tu as raison Nana, c’est un bon choix.

Il soupira.

-Tu as raison aussi Hunter, la seule chose que nous sommes en droit de demander, c’est que les gens ne s’agressent pas les uns les autres. Nous avons formé ce groupe pour sauver les gens, pas pour les mettre en danger et il est temps que nous le leur rappelions. Nos portes sont ouvertes à tous ceux et celles qui veulent survivre.

C’était triste d’avoir à le rappeler et à créer une « police » qui devrait s’occuper de veiller à ce que cette unique règle soit suivie. Les gens avaient-ils donc tant besoin d’être régenté? Il semblait que oui.

Raffael venait d’émettre un tas de questions sur le fonctionnement dudit système qui serait peut-être mis en place et il avait raison. Ça ne se construirait pas en un simple claquement de doigts. Willow était tellement absorbée par ses pensées qu’elle n’avait pas eu conscience de ce qui se passait autour d’elle. Elle n’avait pas vu Hunter se lever et faire les cent pas, elle n’avait pas entendu Amy dire qu’il fallait que Shawn serve d’exemple ou qu’elle pourrait tuer quelqu’un si c’était pour protéger les gens qu’elle aimait, pas plus que Willow n’avait entendu Ayana dire que c’était une mauvaise idée. Aussi sursauta-t-elle lorsqu’elle sentit des mains se poser sur ses épaules.

Hunter.

Il avait dû se rendre compte qu’il lui avait peur, car il lui caressa doucement la joue du pouce, comme s’il voulait lui faire comprendre que ce n’était que lui. Will se détendit et se força à suivre la conversation. C’était pour cette raison-là qu’ils étaient tous réunis après tout. La jeune femme dû faire preuve d’un peu de son esprit de déduction pour reprendre le fil. Hunter disait à Amy qu’elle ne voulait pas avoir à faire ce que lui avait dû faire. Cette pensée la fit tressaillir. Plus elle cherchait à oublier ce qui s’était passé, plus ça lui revenait comme une gifle en plein visage. Enfin, il fut question d’un Lenny qui pourrait assurer la sécurité de tout le monde pendant leurs sorties. Lenny? C’était qui ça? Le nom lui disait quelque chose, mais elle n’arrivait pas à mettre un visage sur ce prénom.

Heureusement que p’tit cœur était là pour la ramener à la raison. Elle disait vraie, prendre Shawn en exemple n’était pas la meilleure façon d’apaiser les esprits. Hunter lui indiquait qu’elle ne voulait pas avoir à faire ce qu’il avait fait. Bien sur que non, elle ne le voulait pas. Mais elle n’hésiterait pas à le faire au besoin. Cependant, son frère était trop troublé pour qu’elle ajoute ce commentaire. Elle se contenta de hocher la tête lui donnant raison silencieusement. Mackenzie aussi était silencieuse et que dire de Willow. La pauvre, elle avait sursauté quand Hunter lui avait posé les mains sur les épaules. Elle devait être sous le choc la pauvre.

Elle écouta la suite de la conversation en silence. Raffael énonça des questions auxquelles il fallait réponses avant de pouvoir instaurer quoi que ce soit. Elle l’avait écouté parlé, l’avait regardé. Elle savait qu’il n’aimait pas la situation et que celle-ci devait faire naître chez lui un certain malaise. Elle serra sa main dans la sienne. Raffael pouvait être une montagne d’assurance, mais il n’en avait pas moins besoin d’être rassuré. Elle écouta ensuite les autres répondre, mais une question restait sans réponse, comme si les autres évitaient la question. Qu’allaient-ils faire si quelqu’un enfreignait les règles ou la règle tout dépendant ce qu’ils demanderaient.

-Reste aussi à savoir quelles seront les conséquences. On ne peut quand même pas revenir au moyen âge et offrir la torture en conséquence.

Elle se tourna vers son frère.

-Tu as tué cet homme par peur de représailles, pour protéger Willow et Andrea, qui nous dit que nous n’aurons pas de représailles si nous devons mettre une personne dehors? Je sais que j’ajoute au casse-tête un grand problème, mais il faut y voir avant que ça nous tombes dessus.

Elle regarda les autres tour à tour, comment avaient-ils pu en arriver là? Ils vivaient en harmonie avant. Sinon, est-ce que cette « harmonie » n’avait été qu’une illusion? Une mascarade jouée devant eux alors que derrière le rideau la situation était toute autre? Maintenant, c’était elle qui avait mal à la tête.