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 LIBRE - I want the fire back

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Elena Birmingham
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Elena Birmingham


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Message(#) Sujet: LIBRE - I want the fire back LIBRE - I want the fire back EmptyMar 7 Juil - 11:39:20

Jane regardait les flammes danser dans la nuit noire, au dessus de son réchaud de fortune. La chaleur qui en émanait lui brûlait presque les joues. Faire un feu dans une caserne de pompiers était tout de même un comble. La jeune femme sourit à cette pensée. Depuis qu’elle évoluait seule, elle avait appris à se contenter de son unique compagnie. Elle entretenait de longues conversations avec sa propre personne, elle se faisait rire, elle se faisait pleurer, elle se mettait en colère, elle se surprenait souvent. Elle avait régulièrement l’impression d’assister à l’interaction entre plusieurs parties de sa personnalité qu’elle apprenait chaque jour davantage à connaître et à distinguer.

La jeune femme s’était rendue en ces lieux pour se constituer une trousse de secours digne de ce nom. Après deux heures de fouille minutieuse, elle était parvenue à dénicher ce qu’elle cherchait. Elle avait même dégotté quelques petits extras dont une bouteille de vin rouge cachée sous un lit dans une des chambres de garde. Jane avait décrété il y a quelques mois qu'elle ne boirait jamais seule pour des raisons de sécurité mais, ces derniers temps, elle avait pris la résolution d’être moins rigide. Elle avait besoin de s’accorder quelques petits moments plaisants si elle voulait continuer à avoir la force de se lever le matin et de mettre un pied devant l’autre. Ce soir-là, particulièrement. Cela faisait trop longtemps qu’elle n’avait pas eu sa dose d’action et une profonde lassitude commençait à la plonger dans une spirale mélancolique. Elle avait beau faire tout son possible pour s'occuper, simuler un semblant de vie sociale avec sa propre personne, se lancer quotidiennement dans des expéditions, ce n'était pas suffisant. Elle avait besoin d'égayer sa réalité. Quelques gouttes de pinard, ce n’était rien.

Jane appréhendait la profondeur de la nuit. Dans le silence de la pénombre, elle se sentait psychologiquement plus faible, plus vulnérable. Ses doutes, ses angoisses, ses scrupules remontaient à la surface et depuis qu'elle avait confessé son secret concernant la mort de son ancien amour, la noirceur de son âme s'invitait de manière de plus en plus consciente dans ses songes. Elle s’imaginait régulièrement en train de tenir d’interminables discours à Kal, à Ally, à Raff. A Warren, parfois. De temps à autre, elle leur écrivait des lettres avant de les jeter au feu, comme si l’encre qu’elle versait pouvait réellement la soulager du poids qu’elle portait constamment sur son coeur. Ce soir-là ne faisait pas exception à la règle. Alors qu’elle était en train de digérer son paquet de nouilles asiatiques arrosé au Merlot, assise en tailleur sur le sol de ce parking couvert, elle sentait que ses démons commençaient à remonter à la surface. Elle reprit une gorgée de rouge.

Quelques minutes plus tard, comme si l’univers avait entendu son besoin de distraction, une rôdeuse isolée surgit de nulle part, évoluant lentement en sa direction. Elle l’avait probablement libérée pendant qu’elle retournait la caserne. Jane se redressa et dévisagea la créature. Sa visiteuse était plutôt bien conservée pour une morte. Ses longs cheveux blancs et lisses encadraient son visage ridé au teint jaunâtre. La jeune femme l’interpella en la désignant du menton. « Toi non plus tu ne supportes pas que je reste toute seule ? » Elle leva la bouteille de vin vers la rôdeuse dont les grognements se faisaient plus intenses et les mouvements plus rapides. « Tu veux du pinard ? Non, tu veux pas de pinard. Tout ce qui t’intéresse c’est la peau sucrée de mes fesses, hein ? » La peau sucrée de mes fesses. Jane gloussa devant le ridicule de sa dernière réplique. Elle n’était probablement plus parfaitement sobre.

La jeune femme soupira. Elle posa sa bouteille à côté du réchaud, se releva puis fit quelques pas en direction de celle qui était probablement une gentille mamie amatrice de thé et pâtissière dans l’âme dans son ancienne vie. Elle lui adressa un regard presque compatissant avant de lui enfoncer son couteau dans le crâne. Jane la regarda tomber au sol en fronçant les sourcils. Les quelques décilitres de vin qu’elle venait d’ingérer n’avaient pas suffi à gommer sa lassitude. Elle se sentait dépérir et, dans ces conditions, sa solitude la rendait cinglée voire pathétique. La jeune femme se sentait happée dans un cercle vicieux qui risquait fort de la mener à la folie. Elle avait besoin d’action, de stimulation, de briser sa routine. Elle voulait sentir le feu lui mordre la peau plutôt que ne rien éprouver du tout. Jane se rassit puis fit passer son index à travers les flammes, de plus en plus lentement, cherchant sa limite. Peut-être que la douleur, l'adrénaline et la rage étaient les dernières choses qui la raccrochaient vraiment à la réalité, à l'humanité, à la vie.


Dernière édition par Jane Birmingham le Mar 14 Juil - 11:52:06, édité 1 fois
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Lincoln C. Foster
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Message(#) Sujet: Re: LIBRE - I want the fire back LIBRE - I want the fire back EmptyMer 8 Juil - 19:50:36

Ma virée dans les voitures abandonnées ne m’avait peut-être pas permis de me confectionner un repas respectant le guide alimentaire américain, mais j’étais tout de même tombé sur de l’or. Par hasard, alors que je retournais les tapis d’une Dodge Caravan, je trouvai un iPod, ses écouteurs enroulés autour telle une vaine protection. Je pressai le bouton de mise en marche, espérant que le tapis avait empêché la pluie de s’infiltrer dans les circuits et qu’il y ait toujours un peu de jus dans la batterie. Je levai le poing au ciel lorsque la pomme illumina l’écran. La pile m’indiquait une autonomie de vingt pourcents. Un maigre cinq m’aurait fait sauter de joie.

La nuit était fraiche mais bonne. Couché sur le dos, un écouteur dans chaque oreille, je regardai les étoiles et tentai d’identifier la Grande Ourse. Pour moi, il était possible de tracer la fameuse casserole peu importe les points lumineux utilisés. J’avais élu refuge sur un toit et utilisé des bouteilles de bière vides comme système d’alarme de fortune. Alignées devant la porte comme de minuscules sentinelles, leur bruit m’avertirait de toute intrusion. J’appréciais les endroits en hauteur. Plus difficile pour les rôdeurs de nous rejoindre. Il était également plus difficile de fuir, mais j’espérais ne pas avoir à courir ce soir.

I've been through the desert on a horse with no name
It felt good to be out of the rain
In the desert you can remember your name
'Cause there ain't no one for to give you no pain
La la la la la la ...


L’ancien propriétaire de l’appareil avait du goût, il fallait l’admettre (j’avais tout de même frissonné de dégoût en voyant My Heart Will Go On dans les choix). Un instant, je me senti comme s’il n’y avait plus rien d’autres aux alentours. Plus de zombies, plus de groupes de survivants,  plus d’animaux sauvages. Plus que moi et la musique en trame de fond. Et puis la pile mourut pour de bon. Je me levai, fermai les yeux pour un remerciement silencieux et laissai tomber le iPod vers le sol. Mon regard retourna vers le ciel. Si certaines étoiles que je voyais dans le ciel étaient déjà éteintes, était-il possible que toutes les fenêtres noires des immeubles indiquaient des pièces déjà vides? Et s’il ne restait plus rien à découvrir dans feu Houston? Mes réserves personnelles toucheraient bientôt le zéro…

Mon regard fut attiré par une lueur vacillante en face. Une flamme semblait brûler quelque part à l’intérieur de la vieille caserne de pompiers. Sans électricité, les nuits à Houston était noires comme les abysses et chaque lueur vous trahissait. Aucun rôdeur ne savait utiliser un briquet, je ne risquais donc pas de déranger un feu de camp de zombies. Je pourrais tout de même tomber sur des gens hostiles. J’avais eu mon lot d’individus inhospitaliers, mais la solitude de ces derniers jours commençait à me peser… Je me dis qu’un coup d’œil me permettrait de juger à qui j’aurais affaire.

Suivre la flamme fut plus difficile que prévu, mais je réussi à trouver sa source. Silencieusement, je m’étirai au-delà de ma cachette. Une femme était assise au sol près d’un réchaud et dégustait une bouteille de vin. Qui sait, peut-être était-ce le dernier grand cru que l’humanité avait produit.  Une vieille femme gisait sur le sol à proximité, une bouillie formait une flaque autour de sa tête. Je n’étais décidément pas en train d’interrompre une soirée pyjama ordinaire. La femme avait prouvé être capable de se défendre contre les rôdeurs et rien n’indiquait qu’elle ne ferait pas la même chose à tout survivant qui dérangeait son souper. Toutefois, perdue comme elle était dans ses pensées, son visage m’inspirait plutôt confiance. Les survivants se faisaient une denrée rare. Autant saisir la chance d’en rencontrer quand elle se présente, me disais-je en sortant de l’ombre, les bras éloignés du corps en signe de pacifisme.

« Ne vous inquiétez pas, je ne suis pas venu pour vous voler votre bouteille de rouge. Je crois que la dernière personne à avoir tenté le coup n’a eu que ce qu’elle méritait », dis-je en faisant un signe de tête vers la rôdeuse étalée par terre. « Quoi que si vous l’offrez, je ne dirais pas non à une coupe. » Bon, la glace est brisée. Au moins, je ne lui ai pas offert de la coke, c’est déjà ça…
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Message(#) Sujet: Re: LIBRE - I want the fire back LIBRE - I want the fire back EmptyJeu 9 Juil - 23:41:13

Jane retira son doigt de la flamme et le porta jusqu’à sa bouche en grimaçant. A trop vouloir jouer avec le feu, elle avait fini par se brûler. Cet incident était ironiquement métaphorique de la tournure qu’allait prendre sa soirée. Alors qu’elle regardait son index se couvrir d’un léger érythème, elle perçut des bruits de pas se rapprocher progressivement. Elle releva aussitôt le menton et vit une silhouette surgir de l’obscurité. Il s’agissait d’un homme d’une petite trentaine d’années. Son langage non verbal plaidait en faveur d’un certain pacifisme mais Jane n’était pas dupe. Elle connaissait par coeur le coup du cheval de Troie. Elle était du genre à laisser le bénéfice du doute à tout le monde mais elle n’était pas stupide pour autant. Pour le moment et tant qu’elle n’aurait pas cerné ce personnage, il resterait classé dans la catégorie des ennemis potentiels.

La jeune femme se releva promptement. Elle sentit immédiatement que, du fait de son taux d’alcoolémie qui sans grimper au plafond avait tout de même quelque peu décollé du zéro, elle n’était pas au maximum de ses capacités. Elle s’en voulait énormément. C’était la première fois qu’elle lâchait du lest et s’octroyait un petit verre seule et le destin n’avait pas tardé à lui faire payer cette imprudence. S’il fallait qu’elle se mette à courir, viser ou même réfléchir trop intensément, elle serait indubitablement pénalisée. Jane conservait toutefois ses bons vieux réflexes. Elle dégaina son arme qui ne quittait jamais la poche arrière de son pantalon et la braqua sur l’homme avant de l’interpeller d’une voix ferme et claire. « Restez où vous êtes et jetez vos armes par terre. » Jane releva le menton vers l’individu. « Qu’est-ce que vous me voulez à part goûter à mon Merlot ? »

Jane n’avait d’autre choix que d’adopter un comportement ferme et autoritaire, bien que fort peu hospitalier. Son physique n’avait rien de très impressionnant et il fallait qu’elle compense en faisant bien comprendre aux personnes qui croisaient son chemin qu’elle n’était pas une proie facile et qu’elle ne se laisserait pas faire. Une fois ce petit détail réglé, ils pourraient éventuellement commencer à discuter. La jeune femme savait bien que tout le monde n’avait pas d’arrières pensées nuisibles, certaines personnes ne cherchaient que la simple compagnie de leurs congénères. La vie sociale était un besoin naturel de l’homme, au même titre que tous les autres. Elle le savait mieux que quiconque. Toutefois, ces rencontres gratuites et désintéressées étaient de plus en plus rares ces derniers temps. Il était donc essentiel de rester sur ses gardes.

La jeune femme était parfois triste de voir une telle froideur émaner de ses actes et de ses paroles, elle qui était autrefois si avenante et solaire. Elle était devenue tellement dure, tellement rigide, tellement méfiante. Peut-être que son comportement allait faire fuir le seul élément susceptible d’égayer sa soirée. Ne s’était-elle pas intérieurement dit quelques minutes plus tôt qu’elle aurait fait n’importe quoi pour briser sa routine ? L’univers lui avait apporté ce qu’elle désirait sur un plateau d’argent et, en guise de remerciement, elle le braquait avec son 9 millimètres. Voilà ce qui était advenu du monde et des hommes. Tous assistaient impuissants à la lutte entre instincts sociaux et sauvagerie reptilienne. L’humanité se trouvait face à un choix. Replonger dans l’animalité basique, primaire ou se lancer dans la reconstruction d’une société complexe. La deuxième option nécessiterait de faire quelques concessions en matière de sécurité personnelle, d’accepter le risque de dépendre des autres, de faire confiance aux autres. Or, ce soir là, Jane n’était pas prête à baisser sa garde aussi facilement.


Dernière édition par Jane Birmingham le Mar 14 Juil - 11:52:16, édité 1 fois
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Message(#) Sujet: Re: LIBRE - I want the fire back LIBRE - I want the fire back EmptySam 11 Juil - 17:51:17

Trois rencontres. Trois armes pointées sur moi. La dernière fois que j’avais vu mon reflet dans la glace, je n’avais pas vu de cible peinte sur mon torse ou de tatouage Dangereux prédateur étalé sur mon front. On continuait pourtant de me considérer comme un danger potentiel ou une mire facile. Je réalisai enfin l’étendue du clivage entre les autres survivants et moi. Je cherchais à tout prix à entrer en contact avec eux, je désirais au plus profond de moi rompre la solitude que les zombies nous avaient imposée. Cette recherche de l’autre n’avait pas uniquement un but utilitaire. J’avais passé les trente premières années de ma vie dans un état d’isolement, absorbé par le travail, par mes soucis financiers, par mes objectifs inatteignables. Cette vie misérable avait changé aux premiers temps de l’épidémie, tandis que je goûtais pour la première fois à la liberté de ne rien faire et de ne penser à rien. Maintenant que je devais affronter le monde extérieur, je me rendais compte que j’étais toujours aussi seul qu’auparavant. Cette pensée m’effrayait, me faisait sentir comme enfermé dans un labyrinthe sans issue.

Quant aux autres survivants, ces derniers avaient subi les débuts à la dure. Ils avaient connu la panique, les déchirures, la famine… Mais pire que tout, l’épidémie avait fait ressortir le pire de l’humanité en plusieurs. Je réalisai enfin ce qu’on m’avait dit, la première fois que j’étais tombé face à face avec un être humain. Je préfère garder mes balles pour les plus coriaces. Parfois, le véritable monstre n’était pas le cadavre ambulant assoiffé de sang…

Je ne regrettais pas ma décision de continuer seul. J’étais moi aussi prudent et je préférais en apprendre plus sur Houston et ses habitants avant de m’intégrer à un groupe. Toutefois, cela ne voulait pas dire que j’appréciais de me retrouver coupé des autres alors que je m’étais juré que ma nouvelle vie serait plus excitante que la première. Tuer des zombies était bien excitant, mais une conversation autour d’un bon feu me paraissait une option plus attrayante ce soir.

Je préférai obtempérer aux demandes de la femme. Elle me semblait méfiante et prête à répliquer à tout intrus, humain ou zombie, qui tenterait de s’en prendre à elle. Fuir ne ferait qu’amplifier ses soupçons à mon égard et me faudrait certainement une volée de balles. J’avais espoir que ses exigences ne soient que de simples précautions face à un inconnu sorti de l’ombre comme un lapin d’un chapeau. Lentement, je pris les deux pistolets que je portais en permanence et les déposai au sol. Je les poussai du pied à ma droite, peu désireux de les envoyer en direction de la femme. Rien ne me disait que je n’étais pas tombé sur une survivante prête à tuer tout autre semblable pour quelques munitions de plus. Pour donner meilleure impression, je sorti même ma fidèle lame posée contre ma cheville et l’envoyai valser en direction de mes armes à feu.  Ai-je au moins la permission de garder mon caleçon?, pensai-je sans oser le dire. Mieux valait mâter ma tendance au sarcasme maintenant que je me retrouvais désarmé face à un 9mm chargé (ou du moins semblant l’être).

« J’ai vu votre feu de dehors et j’ai pensé qu’aucun zombie n’aurait été capable d’en allumer un. Je n’ai pas rencontré beaucoup de survivant depuis que je déambule à Houston et je me suis dit que je ferais mieux de ne pas rater cette occasion. » Mon explication pourrait lui sembler douteuse, bien que ce soit la pure vérité. J’aurais pu lui dire que je possédais pour l’instant bien assez de munitions et de provisions pour survivre sans m’en prendre aux possessions des autres, mais désarmé comme je l’étais, je ne désirais pas faire de moi une proie potentielle. Je continuais de penser que la femme devant moi était méfiante et non mauvaise, mais je n’aurais pas parié ma vie sur ma capacité à lire les gens.

Je jetai un coup d’œil à son feu et remarquai à proximité les restes d’un repas improvisé. « Je vois que le souper est terminé, mais j’ai tout de même apporté le dessert. » Avec moult précautions pour ne pas l’effrayer, je retournai le pan de ma veste et sorti de ma poche intérieure deux barres de chocolat trouvées au sous-sol d’une station-service. Je les tendis en direction de la femme, ne voulant pas avancer vers elle sans avoir sa permission expresse. « Me permettez-vous de m’asseoir maintenant? », dis-je en pointant mon menton en direction du feu. Toute cette tension était en train de vider mes réserves d’énergie. En attendant sa réponse, je réalisai que je ne savais même pas si les friandises chocolatées étaient toujours comestibles… Cette rencontre a si mal commencé, il ne faudrait pas jeter encore plus d’huile sur le feu.
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Message(#) Sujet: Re: LIBRE - I want the fire back LIBRE - I want the fire back EmptyDim 12 Juil - 11:21:20

Jane dévisageait son visiteur à la lueur des flammes dansantes, tentant de déceler le moindre indice susceptible de l’aider à cerner ses véritables intentions. L’homme avait obtempéré sans poser de questions, ce qui ne lui rendait toutefois pas la tâche moins ardue. Au contraire. Un vil individu tentant de la piéger n’en aurait-il pas fait autant, gardant une arme dissimulée dans son caleçon ou ayant un complice tapi non loin ? Jane n’allait tout de même pas en venir à la fouille au corps. Certains n’hésiteraient pas à employer ces méthodes invasives, la jeune femme avait d’ailleurs déjà subi de tels traitements dans le passé. Néanmoins, elle était particulièrement réticente à les appliquer elle-même. Que valaient désormais des principes comme le respect de la dignité de chacun ? Certains les considéraient comme de désuets vestiges d’une ancienne civilisation sophistiquée et idéaliste à outrance, voire comme des freins à l’émancipation de leur véritable nature. D’autres s’y accrochaient comme s’il s’agissait des derniers bastions de leur humanité, au sens noble du terme. Jane était plutôt de ces derniers. Elle n’éprouvait en outre aucun plaisir à être en position dominante. Certains ressentaient une véritable jouissance à l’idée de diriger leurs congénères du bout d’un canon. La jeune femme était avant tout fort embarrassée dans la position qui était actuellement la sienne.

L’homme ouvrit finalement la bouche, se présentant comme un simple être social en quête de contact humain. Dans l’absolu, il n’y avait rien de plus naturel. En revanche, du fait de la profonde méfiance ambiante, ce comportement était d’une rareté extrême, du moins suffisante pour sembler suspect. Jane avait toutefois envie de le croire. Peut-être était-ce l’alcool qui parlait, peut-être était-ce cette voix intérieure enfouie très profondément qui voulait encore donner sa chance à ses semblables. La jeune femme était auparavant d’un optimisme redoutable et dotée d’une foi inébranlable en l’espèce humaine. Ces traits de caractère qui avaient été partiellement gommés par les récents événements lui manquaient, parfois.

Jane ne put réprimer un léger rire lorsque l’individu lui tendit quelques barres chocolatées. Ce nouveau monde suscitait quotidiennement un nombre incroyable de situations tout à fait incongrues, cela permettait au moins de combattre l’ennui. Elle haussa les sourcils. « Ma mère m’a toujours dit de ne pas parler aux inconnus qui m’offrent des sucreries… mais ce n’est pas comme si elle était dans le coin en ce moment. » Le fait que Jane accepte du chocolat offert par un inconnu serait probablement le cadet des soucis de sa mère si elle pouvait la voir. La jeune femme ne croyait pas à la vie après la mort et encore moins que ses parents étaient en train de la regarder, confortablement assis sur un sofa de nuages. A vrai dire, sa non-croyance était dans un sens plutôt réconfortante pour elle. A moins que les cocktails paradisiaques aient été sacrément corsés, ses parents auraient sans aucun doute été profondément blessés de la voir dans cet état. Jane culpabilisait déjà assez de faire souffrir ses proches vivants. 

La jeune femme prit une grande inspiration et baissa progressivement son arme qu’elle tenait désormais de sa seule main droite. Elle était particulièrement tendue et restait aux aguets, se demandant si elle ne venait pas de faire une monstrueuse bêtise susceptible de lui coûter ses vivres voire sa vie. Le fait qu’il lui demande s’il pouvait s’assoir était quelque peu rassurant, cette position n’étant pas réellement adaptée à l’action, à moins que ses desseins soient plus vicieux encore.

Jane finit par attraper une des friandises de sa main gauche, puis désigna le sol du menton, l’invitant ainsi à s’assoir. « Je vous préviens, je suis loin d’être d’excellente compagnie. Peut-être que mon ami ici présent saura davantage vous distraire … » Jane lui tendit la bouteille de Merlot. Peut-être n’était-ce pas une si mauvaise idée de lui offrir du vin. Enivré, son visiteur serait probablement ralenti et en conséquence moins dangereux, à moins que l’alcool ne le rende agressif. C’était quitte ou double, comme la plupart des choix qu’elle avait à faire ces derniers temps. Elle s’assit en tailleur et posa son 9 millimètres au niveau du croisement de ses deux mollets. Jane avait la sensation d’être au beau milieu d’une partie de poker. Elle venait d’accepter de suivre, peut-être aurait-elle dû relancer voire se coucher. Il leur restait heureusement plusieurs manches à jouer, peut-être réussirait-elle à déterminer à temps s’il bluffait ou non.


Dernière édition par Jane Birmingham le Mar 14 Juil - 11:52:22, édité 1 fois
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Message(#) Sujet: Re: LIBRE - I want the fire back LIBRE - I want the fire back EmptyDim 12 Juil - 19:49:52

Je n’ai pas su ce qui lui fit abaisser le pistolet. Le fait de jeter mes armes, l’explication de ma présence ou le chocolat? Du moment que je pouvais m’en sortir sans un nouvel orifice entre les deux yeux, je ne me souciais pas trop de savoir. Je devais trouver un meilleur moyen pour approcher mes semblables, sans quoi j’aurais à en subir les conséquences. Mais pour l’instant, j’étais seulement satisfait que ces dites conséquences ne soient pas trop terribles, bien que je n’étais pas certain d’avoir pris la bonne décision en dérangeant le feu de camp solitaire de la survivante.

Les paroles de la femme me firent réfléchir. Mais ce n’est pas comme si ma mère était dans le coin en ce moment. Je ne pouvais déterminer avec certitude s’il s’agissait d’un trait d’humour sensé détendre l’atmosphère chargée suspicion ou d’une façon d’annoncer que sa mère était décédée. Dans le doute je préférai ne rien répliquer, conscient que mes interrogations pourraient me valoir les mêmes questionnements en retour. Comment annoncer à une étrangère (et possible orpheline) qu’on n’a pas tenté d’entrer en contact avec ses parents depuis l’épidémie? Je n’étais pas sûr d’en connaître la raison moi-même...

La femme tendit la main et attrapa l’une des barres chocolatées avant de m’inviter d’un geste à m’asseoir. Je restai à une distance respectueuse d’elle tout en m’assurant de pouvoir profiter de la chaleur des flammes. Cette rencontre au contexte inhabituel venait de prendre une tournure étrangement désuète. Deux inconnus discutant autour d’un feu, une nuit pleine d’étoile… Il ne manquait qu’une guitare sèche et un chanteur amateur s’époumonant sur Wonderwall pour se croire revenus avant l’épidémie. Seul le cadavre de la rôdeuse me rappelait qu’il ne fallait pas s’y méprendre ni abaisser sa garde. La jeune femme en face de moi semblait n’avoir aucun mal à se le remémorer puisqu’il résidait en elle une tension apparente. Son 9mm ne me fixait peut-être plus d’un œil insistant, mais sa présence sur ses jambes suffisait à montrer qu’elle restait vigilante. Je me demandai si j’allais réussir à sortir d’ici indemne, avant de repousser cette idée au loin. La femme finirait bien par s’apercevoir que je n’étais pas une atteinte à sa sécurité, non?

J’ouvris ma propre barre et fut ravi de constater qu’elle semblait toujours apte à la consommation humaine. Le Merlot changea de main tandis que ma compagne me dit que la bouteille serait un meilleur convive qu’elle. Je pris une gorgée, me demandant une énième fois si j’avais pris la bonne décision en m’imposant à la survivante. Était-elle en deuil? Venait-elle de passer une sale journée avec des rôdeurs, un groupe hostile ou les deux en même temps? Je secouai la tête, réalisant que je ne pouvais pas revenir en arrière de toute façon. Autant rendre cette situation plus confortable du mieux que je pouvais. Je repris une gorgée, savourant la délicieuse sensation de l’alcool dans ma gorge, avant de tendre la bouteille à l’inconnue. Je connaissais ma tendance à boire vite et j’aurais peut-être besoin de toute ma tête pour sortir d’ici en un morceau. Ma dernière cuite remontait à il y a bien longtemps, alors que j’étais toujours dans ce manoir…

« Si vous ne voulez pas discuter, je comprends très bien. On peut rester en silence à profiter des flammes. Sinon je peux entretenir seul la conversation, vous seriez surprise de voir que j’ai peut-être fait la meilleure première impression de toute ma vie ce soir. » Je voulais que mon ton soit léger, mais mon rire nerveux à la fin me trahit. Pouvait-on s’embourber encore plus profondément dans le malaise? Je ne désirais pas nécessairement le savoir. Je procédai à une seconde tentative pour entamer la conversation de façon normale. « On pourrait commencer par se présenter. Je m’appelle Lincoln. Et vous? » Puis, pris d’une soudaine inspiration, je continuai : « Non, laissez-moi deviner. Hum… Cassie? Ouais, je crois que j’hésite entre Cassie ou Sarah. » Sans télévision, on s’amuse comme on peut. J’aurais pu faire pire, imaginez l’ambiance si j’avais proposé le jeu de la bouteille…
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Message(#) Sujet: Re: LIBRE - I want the fire back LIBRE - I want the fire back EmptyMar 14 Juil - 3:07:59

Jane observa l’inconnu s’enfiler une bonne gorgée de Merlot. Il semblait au moins avoir le mérite d’apprécier les bons produits, elle aurait pu tomber sur un amateur de ces vins blancs abominables coupés à l’eau et aux sirops fruités sur lesquels il suffit de poser le moindre regard pour faire une hyperglycémie. Elle en profita pour faire monter son propre taux de glucose dans le sang en s'accordant un petit morceau de chocolat. Elle tenta de masquer le plaisir gustatif qu'elle prit lorsque la sucrerie vint exciter ses papilles, elle ne voulait pas que l'homme se sente excessivement flatté par sa réaction. Le but était tout de même de garder le contrôle de la situation, jusqu'à ce qu'elle ait les idées parfaitement claires du moins. Alors que la jeune femme posait la bouteille qu’elle venait de récupérer entre elle et son convive, ce dernier tenta une amorce de conversation. Il paraissait fort précautionneux, pesant chaque mot et chaque tournure, veillant à ne pas la braquer. Ce n’était pas la première fois que l’on se comportait ainsi à son égard mais elle ne pouvait s’empêcher de s’en étonner. Avait-elle l’air si dangereuse et labile ?

La jeune femme tiqua lorsque son visiteur lui avoua qu’il avait peut-être fait la meilleure première impression de toute sa vie ce soir. Elle parvint à tenir sa langue alors qu’elle s’apprêtait à lui demander s’il avait jusque là vécu enfermé dans une cave. Après tout, c’était peut-être le cas. Loin d’elle l’envie de réveiller en lui des blessures infantiles. Elle préféra s’attarder sur la première partie de son intervention. Il arrivait à Jane d’apprécier les longs silences davantage que les discussions animées. Récemment encore, aux côtés de Warren, elle pouvait passer des heures de sérénité et de bien-être absolus sans qu’ils n’aient à échanger un seul mot. Toutefois, dès qu’une once de gêne ou d’inconfort s’immisçait dans une interaction l’impliquant, elle ressentait le besoin de combler ce vide par la parole. Jane posa la barre chocolatée à côté d’elle puis passa sa main dans ses cheveux. « Ce serait encore plus étrange si on passait la soirée à se regarder dans le blanc des yeux, vous ne croyez pas ? »

Jane esquissa un rictus puis prit une nouvelle gorgée de vin, décidant de laisser l’inconnu se dépêtrer seul de l’apparent malaise qu’il avait suscité en l’abordant. De toutes les manières, elle était trop lasse pour initier d’elle-même la conversation et le vin n’aidait pas. Son interlocuteur poursuivit en se présentant. A peine la jeune femme avait-elle ouvert la bouche pour faire de même et sortir une formule de politesse d’usage qu’il l’interrompit et tenta de deviner son prénom. Il semblait réellement tout mettre en oeuvre rentrer en contact avec elle, cela en était presque inquiétant. Jane haussa les sourcils. « Cassie ? Sérieusement? Non…. ni l’un ni l’autre. Peut-être que d’ici la fin de la soirée vous aurez plus de chance ! »

Jane fit rapidement disparaître le discret sourire qui s’était invité sur ses lèvres. La scène lui semblait trop irréelle pour ne pas éveiller ses soupçons. Ce vin était-il si corsé que ça ? Etait-elle en train d’halluciner ? Ces derniers temps, la jeune femme était quelque peu obsédée par la peur de ne plus savoir faire la différence entre la réalité et l’imaginaire. Certains épisodes de son existence revêtaient une teinte onirique tandis que ses cauchemars étaient parfois d’une vivacité extrême. Il y a quelques semaines, elle était quasiment parvenue à se persuader que Warren n’avait jamais existé, qu’il n’était que le fruit de son imagination morbide, l’incarnation charnelle de ses tourments malsains. Peut-être ne rêvait-elle pas. Il n’empêche que la confiance, la sociabilité et le ludisme quelque peu poussés de son visiteur l’interpellaient et son intuition la poussait à jeter une bouteille à la mer afin d’essayer d’en apprendre davantage. « Sauf votre respect, vous n’avez pas l’impression de jouer avec le feu en débarquant comme ça ? Je pourrais être une tueuse en série ou bien avoir la peste, qui sait. »
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Lincoln C. Foster
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Message(#) Sujet: Re: LIBRE - I want the fire back LIBRE - I want the fire back EmptyMar 14 Juil - 21:52:44

« Cassie ? Sérieusement?» J’aurais dû choisir Amanda… Quoi qu’elle pourrait bien avoir le visage d’une Jennifer… Visiblement, le petit jeu que j’avais choisi ne plaisait pas à Madame. Je regrettais presque qu’elle n’ait pas opté plus tôt pour l’option du silence. Je n’aurais pas ressenti le besoin de combler chaque espace entre mes respirations par un semblant de conversation qui au final ne risquait que d’irriter la seule personne dans la pièce possédant une arme. Toutefois, ayant choisi de déranger la soirée de la jeune femme et accepté de remettre mes armes, je me voyais mal faire preuve de mutisme et attendre qu’elle amorce la discussion. Surtout qu’elle m’avait très bien fait savoir qu’elle ne serait pas la plus loquace des compagnes. Cette situation faisait en sorte que je me sentais comme un funambule, comme un homme pied nu devant traverser une étendue de débris de verre. Un seul faux pas, un mot de travers et qui sait ce qui m’arriverait. Devais-je commencer à paniquer? Que se passerait-il une fois que la femme aurait décidé qu’elle en avait marre de m’entendre déblatérer? Malgré la douche chaleur des flammes au-devant de moi, c’était dans mon dos que la sueur ruisselait.

Je ressentais une certaine colère envers moi-même. J’avais eu une chance inouïe de survivre, moi qui n’était pas particulièrement athlétique ni débrouillard dans mon ancienne vie. Je commençais toutefois à mettre ma réserve de chance à rude épreuve et ce de façon parfaitement volontaire. La folie, c’est de commettre la même erreur à répétition en espérant que les choses changent. Mais la femme devant moi m’avait paru… triste? Pensive? Elle n’avait du moins pas semblée être une menace à ma sécurité, moi qui cherchais uniquement un peu de compagnie. J’aurais peut-être dû rester sur ce toit…

« Sauf votre respect, vous n’avez pas l’impression de jouer avec le feu en débarquant comme ça ? Je pourrais être une tueuse en série ou bien avoir la peste, qui sait. » Je relevai la tête vers elle, sortant de mes pensées comme on crève l’eau pour prendre une bouffée d’air. Pour la première fois de la soirée, la femme devant moi avait initié le dialogue. Il ne s’agissait plus d’ordres aboyés ou d’interrogatoire en position d’autorité. Il restait tout de même dans sa formulation une certaine froideur, comme pour conserver son avantage sur moi. Sauf votre respect… Il s’agissait bien d’une insulte, non? Je pouvais me montrer assez acerbe, mais je ne réagissais pas toujours bien au même traitement.

« Pour la peste, je crois qu’il y a une autre infection en ville qui me fait encore plus peur, du genre de celle qui vous transforme en mort-vivant cannibale. Mon vaccin contre le tétanos est à jour, mais pas celui contre le zombirisme. Et je crois que si vous étiez une tueuse en série, vous auriez déjà fait usage du pistolet que vous avez sur vous contre l’homme désarmé que je suis. À moins que vous soyez une de ces fanatiques des machettes… » À peine ai-je dit ces paroles que je regrettai d’avoir employé un ton amer. Certaines habitudes ne veulent tout simplement pas disparaître, quand même bien vous seriez en train de parier votre vie sur votre capacité à paraître civil et affable.

« Je vais être franc je n’ai pas imaginé une seconde que vous pourriez préférer être seule. Encore une fois je n’ai pensé qu’à moi », dis-je avec un sourire, histoire de ramener la conversation dans un registre plus avenant. « Pour tout vous avouer, je m’attendais même à un accueil plus amical. Je ne sais pas, il me semble qu’à force de côtoyer ces saletés au dehors (je pointai du menton le cadavre de la rôdeuse), on en vient à regretter la compagnie de gens qui peuvent aligner trois mots pour en faire une phrase, même s’ils ne s’arrêtent plus par la suite, non? » La nervosité me faisait parler plus que prévu. Il était temps de relancer la balle à mon auditrice. « Alors? Vous êtes une Amanda ou plutôt une Jennifer? » Qu’est-ce que je disais déjà sur les erreurs qu’on répète?
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Message(#) Sujet: Re: LIBRE - I want the fire back LIBRE - I want the fire back EmptyMer 15 Juil - 8:49:39

Jane écouta le monologue sarcastique de son interlocuteur en détournant le regard, les sourcils froncés. Sa réaction l’aidait à se rendre compte de la froideur avec laquelle elle s’était comportée. Elle n’avait pas conscience de l’intensité de l’énergie négative qui pouvait émaner d’elle ces derniers temps. Etait-elle en train de se transformer en vieille harpie aigrie ? Ce n’était pas exclu. Peut-être que dans une vingtaine d’années elle vivrait en ermite dans une cabane en bois et ferait peur aux enfants avec ses cheveux emmêlés, ses vêtements troués et maculés de sang séché, son teint terreux, son regard sombre et son poil au menton. Si tant est que l’humanité survive vingt ans de plus, bien évidemment. Quant à son propre sort, la jeune femme ne se faisait que peu de souci. Elle avait le sentiment totalement irrationnel qu’elle et la mort étaient comme deux amants maudits. Prisonniers d’un éternel jeu de séduction et soumis aux fatales lois du destin, jamais l’univers ne leur permettrait d’être enfin réunis. Jane sourit intérieurement. Elle était tellement tordue que les chemins sinueux que prenaient sa pensée la surprenaient encore.

La jeune femme posa à nouveau son regard sur Lincoln, tentant de détendre ses traits et de se montrer plus urbaine. Elle ne lui en voulait pas d’être sur la défensive, il n’était pas dans une position évidente. Jane en aurait bien placé une pour l'aider à se détendre et le convaincre qu'elle était loin de représenter une menace aussi redoutable qu'il semblait le croire malgré le flingue posé sur ses jambes que sa main venait caresser comme un chaton endormi mais il ne lui en laissa pas l'occasion. Le stress le rendait vraisemblablement logorrhéique. Il continuait à parler, usant toutefois désormais d’un ton plus doux. Jane commença à se mordiller la lèvre inférieure lorsqu’il lui dit qu’il n’avait pas imaginé une seule seconde qu’elle puisse préférer être seule. Il n’avait pas totalement tort, ni totalement raison. Le comble de la solitude profonde est qu’elle rend peu à peu intolérant au contact social. Jane ne comptait plus les fois où elle se serait damnée pour une once de chaleur humaine mais à l’instant présent, elle semblait en effet comme irritée par une interaction relationnelle des plus basiques, tel un otage qu’on libérerait après plusieurs mois enfermé dans l’obscurité la plus complète et dont les yeux ne parviendraient plus à tolérer la lumière du jour.

Jane tiqua lorsque son visiteur commenta de l’accueil qu’elle lui avait réservé. Elle haussa les sourcils. « Vous vous attendiez à quoi ? Vous avez eu droit au cocktail de bienvenue, ça aurait pu être pire. » Mille autres répliques toutes plus sarcastiques les unes que les autres se bousculaient dans la tête de la jeune femme mais elle se contrôla, ravalant sa salive. Si elle voulait espérer vivre un jour dans la lumière, il lui fallait se forcer à ouvrir ses paupières. Son interlocuteur avait fait un effort en se montrant plus avenant, elle se devait de faire de même. Elle prit une grande inspiration puis tendit sa main vers Lincoln. « Jane. Je m’appelle Jane. Je vous avais bien dit que je n’étais pas de bonne compagnie. » La jeune femme esquissa un sourire cordial. L’humanité avait probablement besoin de types comme lui qui parviennent à mettre leur méfiance de côté pour continuer à aller vers les autres. Il n’empêche qu’elle était toujours fort intriguée par son comportement. Le regard de l'homme ne semblait pas alourdi par le deuil de l’ancien monde, pourtant partagé par l’énorme majorité des individus peuplant encore cette planète. Quelque chose le rendait différent, particulier, mais elle ne parvenait pas à mettre le doigt dessus. L’éveil de sa curiosité avait au moins le mérite de détourner son esprit de ses idées noires, c’était toujours cela de gagné.
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Message(#) Sujet: Re: LIBRE - I want the fire back LIBRE - I want the fire back EmptyMer 15 Juil - 23:07:28

La situation venait de prendre une tournure encourageante pour ma survie. Jamais une main tendue ne m’avait parue plus salvatrice, ni un sourire aussi engageant. Le souffle venait plus facilement à mes poumons, la sensation d’étau enserrant mon estomac relâcha sa pression quelque peu… Hyperboles mises à part, je sentis tout de même un poids s’élever de sur mes épaules maintenant que ma présence semblait plus appréciable que celle d’un rôdeur aux yeux de la survivante. Le fusil continuait de monter la garde entre nous deux, mais je ne m’attendais plus à le voir me détonner en plein visage à tout moment. Je m’étirai vers l’avant afin de serrer la main de la femme devant moi. Jane. Mon interlocutrice avait enfin un nom, ce qui sembla également la rendre plus humaine à mes yeux. Je pourrai peut-être ressortir d’ici en vie ce soir…

Nous avions échappé à la discorde de peu. Mon discours épineux lui avait elle aussi fait sortir les crocs lorsque j’avais touché au sujet sensible de ses qualités d’hôtesses. Heureusement, Jane avait préféré continuer sur une avenue plus douce et je pris la résolution de laisser mon sarcasme au tiroir pour le reste de la soirée, histoire de ne pas ternir l’ambiance qui se rapprochait autant qu’il l’était possible d’une rencontre amicale entre deux étrangers. Une fois les deux mains secouées, je retrouvai ma position d’origine et répondis à la jeune femme. « Enchanté Jane. Il faut avouer qu’avec Jennifer je n’étais pas tombé trop loin de la cible. Et quant à votre accueil, je dois dire qu’il s’est considérablement amélioré dès que la bouteille a changé de main. Une chance pour nous que les rôdeurs préfèrent un autre cépage de rouge. »

Il restait tout de même un certain problème qui m’empêchait de me sentir parfaitement à l’aise dans la discussion. Jane continuait d’affirmer ne pas être de bonne compagnie ce soir et cela faisait en sorte que je me sentais toujours comme un intrus. Oh, je savais très bien que j’avais volontairement choisi de m’intégrer à cette petite fête improvisée auquel seule Jane avait été invitée. J’avais toutefois espérer que la discussion puisse avancer de façon égale à partir d’ici, chacun apprenant un peu de l’autre. Mes pensées migrèrent alors vers Jane et je me questionnai sur ce qui pouvait bien la rendre aussi taciturne. J’avais bien remarqué son air renfermé alors que je l’observais tapi dans le noir et que je pesais le pour et le contre. Je n’avais pas cherché à comprendre ce qui aurait pu rendre la jeune femme si absorbée par ses pensées. Après tout, il n’y avait plus grand monde en ville qui pouvait se vanter de vivre une vie tranquille, de s’endormir chaque soir le ventre plein et de faire des rêves paisibles. Chacun avait ses soucis quotidiens maintenant, ce qui assombrissait facilement l’ambiance des feux de camps. Nos échanges précédents m’avaient néanmoins donné quelques indices sur ce qui pouvait troubler Jane. Sa mère. Il était vrai que l’épidémie avait rendu bon nombre de gens orphelins, veufs, asseulés. Et si ce deuil était récent? Je pouvais aussi très bien m’imaginer tout cela, mais ma curiosité refusait d’envisager sérieusement cette option.

J’hésitais sur l’approche à employer. Devais-je jouer franc jeu et risquer de me faire rabrouer par Jane ou alors tourner autour du pot en espérant obtenir une réponse? Je n’avais jamais été doué pour ces petits jeux d’esprits, étant plutôt du genre à dire ouvertement ce que je pensais. La situation actuelle me freinait dans mes vieilles habitudes et je lançai une perche subtile. « Alors? Est-ce trop indiscret de vous demander ce qui a pu vous amener ici ce soir? » Ma tentative me sembla encore teinté d’une légère maladresse. « Vous venez souvent ici? » version post-apocalyptique. J’espérais toutefois voir ma curiosité étanchée, bien que je fusse plutôt effrayé à l’idée de revoir Jane se refermer comme une huître.
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Message(#) Sujet: Re: LIBRE - I want the fire back LIBRE - I want the fire back EmptyJeu 16 Juil - 5:41:43

Jane étouffa un discret rire lorsque son interlocuteur lui demanda ce qui l’amenait ici ce soir. Il avait parlé de manière ouverte et légère comme s’il venait de l’aborder dans un bar quelconque, à l’époque où l’on croisait en ces lieux autre chose que des zombies au foie cirrhosé. Les codes avaient changé. Bon nombre de phrases basiques qui faisaient autrefois partie du manuel de conversation pour les nuls semblaient désormais teintées d’une profonde absurdité. On ne se disait plus « bonne journée » mais « bon courage ». Quant aux au revoir, ils avaient pris un amer goût d’adieux. La question de Lincoln n’appelait pas un milliard de réponses différentes. Les solitaires qu’ils étaient menaient tous des vies relativement semblables, entre expéditions en quête de vivres, matériel et armes, fuite, combat et brefs temps de récupération. Il n’y avait guère d’échappatoire à cette routine et il devait bien se douter qu’elle n’était pas venue en ces lieux par goût des camions imposants ou pour jouer avec quelques lances à incendie. La jeune femme esquissa un sourire en coin. « J’ai toujours eu un faible pour les hommes en uniforme. Malheureusement, ceux que j’ai pu croiser ici étaient un peu trop … morts à mon goût. »

L’image mentale de Warren en tenue de pilote s’imposa pendant une fraction de seconde à son esprit. Elle se rappela à quel point elle le trouvait beau vêtu ainsi. Elle réalisa soudain qu’elle venait d’avoir un souvenir agréable de son défunt amour. Cela lui arrivait tellement rarement qu’elle aurait peut-être dû prendre le temps de savourer ce moment mais elle s’efforça de chasser cette pensée au plus vite de sa tête de peur qu’elle ne soit rattrapée par la douleur cuisante du manque. Elle fronça les sourcils et reporta son attention sur la conversation. Elle hésitait à tenir Lincoln informé de la raison précise de sa présence en ces lieux. Sa quête de matériel médical avait été relativement fructueuse et elle n’avait pas envie d’attiser la convoitise de son visiteur. Elle préféra rester évasive. « J’ai atterri ici au hasard d’une expédition et je me suis dit que ce n’était pas le pire endroit où passer la nuit. » La jeune femme découpa un nouveau petit morceau de barre chocolatée qu’elle plaça quelques secondes au dessus des flammes pour le faire fondre. Elle avait toujours aimé faire des expériences avec la nourriture, le palais des membres de sa famille en avait souvent fait les frais pendant son long apprentissage de l’art culinaire. Aujourd’hui, elle pouvait se targuer d’être un bon cordon bleu mais ce n’était pas comme si elle avait souvent l’occasion de mettre en pratique ses talents ces derniers temps. Elle aurait mieux fait de se consacrer aux arts martiaux, à l’escalade ou à la course à pied. Après avoir avalé son chocolat fondu, elle décida de renvoyer la balle dans le camp de son interlocuteur.

« Et vous ? Ca vous arrive souvent de passer vos soirées à aborder les membres du club des survivantes solitaires de Houston ? » Jane n’en démordait pas. Il fallait qu’elle obtienne davantage d’informations sur les réelles intentions de son visiteur. Autrefois, lorsqu’un homme venait troubler ses moments de solitude pour faire connaissance avec elle, elle savait qu’il chercherait à obtenir ses faveurs. Dans la très grande majorité des cas du moins. Les choses étaient bien plus compliquées désormais et sa belle petite frimousse était loin d’être son attribut le plus convoité. Elle avait bien été confrontée à quelques rares reprises à des mâles en proie à leurs besoins sexuels primaires mais la plupart du temps, on cherchait à la piller ou à la chasser de son abri. Les mieux informés tentaient parfois de l’utiliser pour profiter de son influence auprès des différents groupes organisés de la ville. A vrai dire, l’une de ses plus grandes peurs était de se faire prendre en otage et d’être amenée de force aux portes de l’hôpital un flingue sur la tempe afin de servir de monnaie d’échange contre des vivres, du matériel, des hommes, voire l’établissement tout entier. Elle savait que ses frères seraient prêts à tout pour éviter que sa cervelle ne soit réduite en purée et que les conséquences pourraient être très lourdes. Jane était très douée pour envisager toutes sortes de scénarios et cela ne l’aidait pas à se montrer plus confiante. Lincoln n’avait pas l’air d’un violeur, ni d’un pilleur, ni d’un kidnappeur mais la jeune femme avait appris à se méfier apparences. Demeurait effectivement l’éventualité d’une initiative totalement gratuite de la part d’un individu souhaitant simplement rencontrer son prochain, comme son invité semblait le clamer. Jane ne l’écartait pas mais cela restait un diagnostic d’élimination. Elle avait besoin d’autres éléments pour se forger une opinion.
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Message(#) Sujet: Re: LIBRE - I want the fire back LIBRE - I want the fire back EmptyJeu 16 Juil - 23:56:27

Je ne savais toujours pas ce qui préoccupait les pensées de ma compagne, mais j’avais découvert un point non négligeable : Jane avait le sens de l’humour, elle-même qui disait ne pas être la plus gaie des camarades ce soir. Sa remarque sur les hommes en uniforme me fit pouffer d’un rire idiot qui me fit néanmoins un bien fou. La soirée avait été riche en tension et il était agréable de l’évacuer dans un vrai éclat de joie, pas l’un de ces réflexes nerveux. Il s’agissait de l’un des avantages de se retrouver en une compagnie autre que la nôtre. Le rire avait des propriétés qu’on ne retrouvait pas dans les conserves et était bien la seule chose contagieuse que nous cherchions tous à attraper. Mon interlocutrice répondit ensuite plus franchement à ma question et le ton désinvolte quel employa pour expliquer sa présence dans la caserne m’indiqua qu’elle n’était pas sous le choc d’un drame récent. Ma déduction pouvait bien être fausse, ne connaissant pas les compétences au mensonge de Jane, mais une réponse vague indiquait généralement une journée passée dans l’atteinte d’un certain but, but qu’on n’atteignait que trop rarement maintenant que les provisions se faisaient rares et que le danger rôdait à chaque coin sombre.

Je connaissais moi-même ce genre de sentiment, bien que ce fût uniquement depuis peu. J’étais parti de mon refuge idyllique avec en poche armes, munitions, provisions, eau… Aux premiers jours de ma liberté, mes raids dans le centre-ville avaient pour principal objectif de trouver un nouvel abri, d’entrer en contact avec les autres survivants, d’en apprendre plus sur l’état du monde. Je ne cherchais pas avec autant d’ardeur qu’aujourd’hui de quoi me nourrir ou me défendre, pouvant alors me contenter de me dire que ma Jeep avait encore des conserves dans son coffre ou qu’il y avait toujours un autre chargeur prêt à l’emploi dans la malle à gant. Ma retraite dans le manoir m’avais aussi habitué à un train de vie que le monde extérieur ne me permettait pas de suivre. J’avais déjà utilisé tellement de munitions pour le simple plaisir de transpercer les zombies tels des canettes d’aluminium alignées sur une clôture… En ce moment, bien que possédant toujours assez de vivres et de fournitures pour m’endormir le ventre plein et au chaud, je savais que le joker que la vie m’avait offert ne durerait pas éternellement et je me fixais des objectifs moins fantaisistes à accomplir chaque jour. Des recherches comme celle de cet avant-midi au travers des véhicules immobilisés pouvaient se révéler frustrantes quand on ne trouvait pas la petite chose sur laquelle on fixait, par nécessité ou par mesure de prévention. Trouver un iPod ne m’aurait sûrement pas rendu aussi heureux si j’avais écouté ce vieux tube radio avec le ventre qui grondait.

Néanmoins, je n’avais peut-être pas eu tort à cent pourcent au sujet de sa mère. Après tout, la grande majorité des survivants avait dû se retrouver complètement esseulée compte-tenu du grand taux de propagation de l’épidémie. Même moi, je n’avais encore aucune nouvelle de mes parents, de mon ancienne copine… Ma curiosité au sujet de la jeune femme restait intacte, mais si je connaissais une seule chose aux relations humaines, c’est qu’il faut donner un peu pour espérer recevoir ensuite. Ainsi, quand Jane me demanda s’il m’arrivait fréquemment de chercher à entrer en contact avec les derniers habitants de Houston, je décidai d’y aller de mes anecdotes personnelles, histoire de l’inciter à en faire de même par la suite. « Disons que j’ai passé ces trente dernières années sans avoir de vie sociale très active. Il m’arrive donc d’agir un peu sans réfléchir dès que je vois la possibilité de rencontrer un autre survivant. La dernière fois, cela m’a valu de me retrouver ligoté à une chaise et menacé d’un fusil à pompe. » Je relevai un seul sourcil et lui décochai un sourire en coin. Elle n’était pas la première à employer ce genre d’attitude avec moi. « Et puis, on a plus de chance de survivre quand l’un surveille les arrières de l’autre, non? » Après tout, une seule raison expliquait la victoire des zombies sur la race humaine. Ils n’étaient pas intelligent, mais pas du tout. Ils n’avaient pas la ruse, la vitesse, la force… Ils n’avaient que leur nombre. Ces derniers se comportaient comme une hydre : une tête de tranchée et en voilà dix nouveaux qui sortaient de derrière vous. Si les derniers survivants de Houston désiraient rester en vie, ils n’auraient bientôt plus le choix de s’unir face aux rôdeurs. Cliché, mais oh combien vrai.
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Message(#) Sujet: Re: LIBRE - I want the fire back LIBRE - I want the fire back EmptyVen 17 Juil - 10:53:05

Jane haussa les sourcils en entendant la réponse de Lincoln. Peut-être avait-il effectivement toujours vécu dans une cave. Quoi qu’il en soit, il semblait faire partie de ceux qui considéraient les récents événements comme une opportunité, une chance de repartir à zéro, un nouveau départ. Son ancienne vie devait avoir été sacrément lugubre pour que ce monde atroce s’apparentant à l’enfer sur terre parvienne à lui redonner l’envie d’aller vers les autres alors que la majorité des êtres humains se repliaient sur eux-mêmes, plus à raison qu’à tort par ailleurs. Son comportement était pour le moins suicidaire, la jeune femme n’était absolument pas étonnée qu’il se soit retrouvé ligoté, sous la menace d’un fusil à pompe. Ce soir-là encore, il avait eu de la chance de tomber sur elle. Bon nombre d’individus n’auraient pas hésité à lui tirer dessus sans sommation. La société s’organisait autour de nouvelles règles, que cela plaise ou non. Jane considérait que les transgresser revenait à prendre des risques inutiles. Un jour, peut-être, l’humanité évoluerait vers davantage d’ouverture et moins de méfiance. Pour le moment, le contexte ne s’y prêtait pas. A vrai dire, la jeune femme commençait à se demander de quelle manière son interlocuteur avait vécu les derniers mois. S’était-il, comme elle, fait piller, agresser, chasser à de moult reprises ? Combien de fois avait-il eu à regretter d’avoir trop rapidement fait confiance à l’un de ses semblables ? Jane n’était pas devenue aussi méfiante et farouche par caprice, elle avait appris de ses erreurs. La jeune femme fronça les sourcils tout en passant son index a travers les flammes. « Je ne sais pas si ça fait longtemps que vous traînez dehors mais d’après ce que j’ai pu voir, les humains sont bien plus redoutables que les plus voraces des rôdeurs. »

Son interlocuteur lui avait servi la fameuse soupe du « ensemble, nous sommes plus forts », digne des rassemblements pseudo-hippies auxquels participait sa tante Rose à l’époque de sa folle jeunesse. Un sourire triste s’afficha sur le visage de la jeune femme. Elle avait spontanément réagi avec sarcasme mais il s’agissait d’un mécanisme de défense. Au fond d’elle-même, elle savait pertinemment qu’il n’avait pas tort. Elle savait pertinemment qu’il serait dans son intérêt de mettre un terme à son nomadisme solitaire. Elle savait pertinemment que son choix de vie n’en était pas un, qu’elle subissait les ténébreuses facéties de sa psyché. Elle ne contrôlait rien, elle subissait. Le visage de Jane s’était durci, de même que sa voix. Elle afficha un sourire en coin. « Je préfère ne pas trop m’attacher à mes semblables. Tôt ou tard, ils finissent tous par mourir, partir, ou vous trahir. On est jamais mieux servi que par soi-même. »

La jeune femme semblait parfaitement convaincue par ses propres propos. Il s’agissait certes d’une façade mais elle était bien travaillée, conçue pour résister aux tentatives d’effraction des personnes qui étaient les plus proches d’elle. Elle était devenue une experte de la résistance, des rapports de force. Il y avait néanmoins un réel fond de vérité dans son discours. Elle ne faisait pas confiance aux autres car elle était persuadée qu’ils finiraient toujours pas l’abandonner, d’une façon ou d’une autre. Jane n’avait pas envie de s’appesantir sur ses états d’âme, elle préféra transmettre le tour de parole à son interlocuteur. « Pourquoi est-ce que vous ne rejoignez pas un groupe ? Vivre entassé à vingt sept jours sur sept, vingt-quatre heures sur vingt-quatre…. je vous assure qu’il y a de quoi compenser rapidement trente années de vie sociale inexistante. » La jeune femme parlait en connaissance de cause. Juste après le début des événements, alors qu’elle avait marché vers Houston en compagnie de sa famille élargie, elle avait connu la vie en communauté et la promiscuité. Alors totalement sous le choc de la mort de Warren, enfermée dans ses secrets et n’aspirant qu’à quelques heures de tranquillité et de silence, elle avait très mal vécu cette situation. Toutefois, Lincoln semblait réellement chercher la présence de ses congénères et elle ne pouvait pas croire qu’il n’avait jamais envisagé l’éventualité de rejoindre un clan. Les sourcils haussés, le regard tourné vers son visiteur, Jane continuait à faire passer ses doigts à travers les flammes.
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Lincoln C. Foster
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Message(#) Sujet: Re: LIBRE - I want the fire back LIBRE - I want the fire back EmptyVen 17 Juil - 22:05:28

Jane semblait avoir mis le doigt sur ce qui rendait mon comportement si insolite, si obsolète. Il était bien vrai que mes agissements avaient un côté enfantin et naïf, voire carrément suicidaire. Néanmoins, vivant auparavant dans le cocon protecteur que je m’étais trouvé, je n’avais pas eu l’occasion d’expérimenter ce qui était désormais la « vraie vie ». Allais-je la surprendre en lui apprenant que j’avais passé ses dernières années terré sous un rocher ou ne ferais-je que confirmer ce qui devait être aussi évident que le nez au milieu de la figure? Quant à sa réflexion sur le danger que représentaient les autres êtres humains, disons que son opinion commençait à déteindre sur moi. Le comportement barbare des rôdeurs avait eu raison des civilités et repoussé l’être humain vers ses instincts les plus primitifs. Je pouvais comprendre le besoin de marquer son territoire et de protéger ses possessions. Jane avait adopté cette attitude au tout départ et je ne pouvais pas l’en blâmer vu l’intrusion d’un homme inconnu dans son repaire, prétendant (avec raison) ne vouloir qu’un peu de compagnie. J’espérais uniquement que cette régression dans l’évolution se limitait à uriner à l’entrée de sa tanière, car les dires de ma compagne commençaient à me faire imaginer le pire. Quelles seraient mes chances de survivre face à une meute de carnassiers ne craignant plus la mort d’un côté et une armée de psychopathes en puissance de l’autre?

Je repoussai cette idée comme on chasse la fumée de se yeux. Toute ma vie, j’avais craint les fins de mois, les piles de factures, les échéances de mes dettes. J’avais anesthésié mes sentiments quand j’avais perdu ma copine et mon meilleur ami du même coup. J’étais devenus un être monochrome, délavé et râpeux depuis j’avais abandonné mes rêves de carrière. Je ne pouvais pas me permettre la même erreur maintenant que j’avais retrouvé un semblant de liberté. La dure réalité de la survie mettait ma résolution à rude épreuve, mais je réussissais à conserver un optimisme que je n’avais jamais connu d’antan. Je continuerais de considérer cette nouvelle vie comme une suite d’opportunités, dont celles de rencontrer des survivants. Peut-être mes techniques d’approche seraient-elles différentes, mais ma recherche de partenaires de survie se poursuivrait. Un binôme signifiait deux bouches à nourrir, mais également deux fois plus de territoire couvert lors des expéditions, deux armes face à une troupe de zombies, deux êtres autour d’un feu quand la mélancolie vous prend et que l’envie de parler se fait sentir.

Ce besoin de discuter semblait avoir pris possession de Jane, puisqu’elle s’épancha sur ses sentiments face à la race humaine. Parlait-elle par expérience? Avait-elle été tour à tour été négligée, trompée, abandonnée? Mais bien sûr, qu’est-ce que tu crois! La vie n’a pas été que Margarita et jacuzzi pour les autres! Je ressentis une immense vague de sympathie pour la survivante face à moi, mais je n’osais pas aborder plus en profondeur le sujet pour l’instant. Personne ne voulait passer pour faible devant un étranger. Plusieurs survivants gardaient leurs sentiments sous cellophane et occultaient leurs blessures en se concentrant sur leurs besoins les plus élémentaires, affichant une façade de roc comme armure contre les intrus.

Jane posa une légitime question sur mon apparente solitude, difficilement compatible avec mon affabilité. Pourquoi je n’avais toujours pas rejoint de groupe? Parce qu’avant toute chose je tentais de trouver mes repères dans la ville qui m’avais vu naître mais que je ne reconnaissais plus. J’avais besoin d’apprivoiser ses rues, les gens qui la peuplait, les groupes qu’ils composaient. Je pourrais par la suite prendre une décision plus éclairée. Je ne tenais pas spécialement à me soumettre à un règlement et une hiérarchie alors que j’avais encore tant d’expériences à tenter. Jane semblait attendre mes explications, ses doigts pianotant au-dessus des flammes. « Pour être franc, vous faîtes partie des tout premiers survivants que je rencontre. J’ai passé beaucoup de temps à me la jouer vacances dans un cinq étoiles dans le refuge d’un vieil excentrique survivaliste. Je ne sais donc plus rien de cette ville. J’aurais peur de me lier au mauvais groupe, le genre de secte qui mange des zombies pour s’immuniser ou encore un clan d’esclavagistes qui forceraient ce joli minois devant vous à se prostituer. »

Puis, analysant la formulation de mon interlocutrice, je me demandai si je n’avais pas trouvé une avenue pour en apprendre plus sur les rapports passés de Jane avec ses semblables. Il ne coûtait rien d’essayer. « Par contre, vous semblez en savoir beaucoup sur la vie de groupe. Vous avez déjà dormi avec vingt autres survivants dans le même lit? »
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Message(#) Sujet: Re: LIBRE - I want the fire back LIBRE - I want the fire back EmptySam 18 Juil - 7:09:52

Jane ne put dissimuler sa surprise lorsque son interlocuteur évoqua la vie de jet-setter qu’il avait vraisemblablement pu se permettre de mener pendant les premiers temps de la crise. Sa révélation expliquait néanmoins en partie son comportement. Elle aurait pu envier sa chance mais c’était tout le contraire. Il se trouvait désormais au début d’un chemin sinueux qu’elle ne parcourrait à nouveau pour rien au monde. La période d’adaptation qu’elle avait dû subir pendant les premiers mois avait été la plus atroce à vivre, aussi bien physiquement que psychologiquement. Désormais, son métabolisme s’était adapté, ses seuils de tolérance s’étaient modifiés, ses émotions s’étaient émoussées. Elle ne frémissait plus à l’idée de dormir dehors à même le sol, elle supportait la chaleur et le froid et ses questionnements existentiels lui semblaient moins envahissants. Jane redoutait qu’un jour le destin mette sur son chemin un havre de paix trop confortable. Elle n’avait pas envie de s’adoucir à nouveau car elle savait que dès que la vie lui retirerait ce privilège, et elle était persuadée que ce moment arriverait inévitablement, tout serait à refaire.

Lincoln évoqua ses craintes à l’idée de rejoindre un clan. Sa foi en l’humanité n’était vraisemblablement pas aussi inébranlable qu’elle en avait l’air. Certains groupes affichaient certes des moeurs fort discutables mais d’autres tentaient tout de même de faire régner un semblant de justice et d’équité. La micro-société que sa famille était parvenue à mettre en place à l’hôpital était un exemple en la matière. Jane haussa les sourcils. « Vous savez, les jolis minois savent se défendre désormais. Quant aux hommes, je ne crois pas qu’ils soient intrinsèquement plus monstrueux qu’avant, ils n’ont simplement guère plus que leur propre morale pour les empêcher de céder à leurs pulsions. Il existe forcément un groupe dont les valeurs s’accordent aux vôtres. »

Son interlocuteur la questionna également sur son expérience de la vie en groupe. La jeune femme hésita quelques secondes puis se lança. A quoi bon mentir, elle s’était déjà trahie. « Je n’ai pas toujours été seule, en effet. Et je peux vous dire que ça aurait été bien plus vivable s’il y avait eu ne serait-ce qu’un lit dans l’histoire. Vous aviez une piscine dans votre cinq étoiles ? » Jane s’était précipitée de faire suivre sa réponse d’une autre question. Elle n’avait pas totalement cerné le personnage qui se trouvait en face d’elle mais elle ne pensait pas se tromper en affirmant qu’il était curieux. Il y avait toutes les raisons du monde pour qu’il soit intrigué par les motifs de son changement de situation. Or, il s’agissait de la dernière chose dont la jeune femme avait envie de parler à l’heure actuelle. Partager des considérations générales sur ce que le monde et les hommes étaient devenus, soit mais s’épancher sur sa vie personnelle était hors de question.

En outre, dans l’hypothèse fantaisiste où elle aurait eu envie de se confier, elle n’aurait pas su exprimer clairement les raisons de son choix. Ces dernières étaient tellement obscures et entremêlées qu’il lui était impossible d’en avoir une vision claire. Il y avait bien évidemment l’angoisse qui la prenait aux tripes quand elle voyait ses frères partir mais elle l’avait gérée toute sa vie, elle aurait pu continuer à le faire. Il y avait la nausée qui lui soulevait à l’époque l’estomac à chaque fois qu’elle voyait un couple. Il y avait sa quête de tranquillité, d’isolement, de silence. Il y avait son besoin de retourner à la vie la plus sauvage possible pour étouffer les cris stridents de son coeur meurtri à grand renfort d’action et d’adrénaline. Il y avait sa volonté de se prouver, de prouver à tous qu’elle pouvait survivre seule. Il y avait mille autres raisons qu’elle ne parvenait pas à distinguer. Non, elle n’avait pas envie que son visiteur l’emmène sur cet hasardeux chemin. Elle préférait largement parler piscines.
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Lincoln C. Foster
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Message(#) Sujet: Re: LIBRE - I want the fire back LIBRE - I want the fire back EmptySam 18 Juil - 16:31:01

J’espérais que Jane avait raison et que je trouverais effectivement la compagnie que je recherchais.  Vivre en communauté m’apparaissait comme une option moins attrayante, surtout depuis que Jane avait évoqué le manque de lit. Traitez-moi de douillet, mais je ne peux toujours pas dormir sans matelas, aussi bosselé et défoncé soit-il. Néanmoins, cette semaine de fouille en solitaire me faisait regretter la compagnie des quelques survivants que j’avais croisé. Sans téléphones cellulaires et en changeant constamment d’adresse pour éviter les rôdeurs, il était difficile de garder le contact entre résistants. Comment ai-je bien pu vivre tout ce temps seul dans le manoir? Réponse facile : Parce que je n’avais pas d’autre obligation que de m’amuser. La prochaine question de Jane portait justement sur cette époque bénie de ma vie. En y repensant, tous les instants passés à l’intérieur des limites délimitées par la grille de fer me semblaient avoir eu lieu hors du temps, dans une autre dimension. Après une semaine, je n’arrivais plus à dire quel jour nous étions. Pas étonnant que je ne puisse dire avec certitude depuis combien de temps cette épidémie durait, ayant passé toutes ces journées dans un délicieux brouillard doré. Le contraste flagrant avec la dure réalité de la survie rendait ces souvenirs irréels à mes propres yeux. Avais-je réellement renversé la voiturette de golf cette journée d’orage où je m’amusais à déraper sur l’herbe détrempée? Avais-je réellement uriné du toit, complètement ivre et chancelant, ayant échappé de peu à un plongeon mortel sur le béton entourant la piscine? Ces fragments de mon passé, bien que flous et instables, je les chérissais au plus profond de moi. J’avais même tenté de les recréer au tout début de mes vagabondages dans la ville. Cette partie de tir sur le toit d’un immeuble s’apparentait à mes entraînements au fusil sur les zombies déambulant en dehors du domaine, tout comme ma course à vélo dans les ruelles ressemblait à mes virées en quadriporteur dans la somptueuse résidence. Bien vite, la faim et la sécurité avaient eu la priorité dans mon esprit et, tandis que je changeais d’échelle dans la pyramide de Maslow, mon besoin de compagnie avait pris le dessus sur mon désir d’indépendance.

Je me couchai sur le dos, la nuque appuyée contre mes doigts croisés, et lâchai un profond soupir. Replonger dans mes souvenirs m’avait fendu le visage en un immense sourire idiot. « Il y avait la plus grande piscine que je n’ai jamais vue. Elle était alimentée par une fausse cascade et derrière elle se trouvait une grotte artificielle et un bain tourbillon. Il y avait un terrain de golf et un immense balcon et une cuisine gigantesque et… » Je me tus soudainement, réalisant que j’étais sur le point d’annoncer que j’en étais sorti les bras chargés de provisions et de munitions. Ma compagne avait trouvé le bon sujet pour ouvrir mes vannes et me laisser déverser mes pensées. Bien que j’eu une certaine confiance que Jane ne me tuerait pas à la fin de la soirée, je n’étais pas prêt à jouer ma vie sur le peu que m’avais dit d’elle-même cette étrangère. Que disait-elle déjà? Les hommes n’ont simplement guère plus que leur propre morale pour les empêcher de céder à leurs pulsions. Je n’avais aucune idée de ce qui avait le dessus sur Jane en ce moment, sa morale ou ses pulsions de survie?

Je sentais une certaine frustration d’avoir relâché ma tension ce soir et d’en avoir autant dévoilé sur moi en peu de temps. Je me redressai sur mon séant et analysai les paroles qu’elle avait prononcées, occultées par sa question sur mon ancien refuge. Vous savez, les jolis minois savent se défendre désormais. Avait-elle cru que je parlais d’elle, alors que je tentais d’exprimer ma crainte de finir asservi avec humour? Pas que Jane ne soit pas restée une jolie femme malgré les épreuves de ces dernières années. Par contre, je ne l’avais pas abordée ce soir avec l’intention de la courtiser. J’avais peut-être la mauvaise façon d’entrer en contact avec les survivants, mais il me restait tout de même une certaine once de jugeote pour réaliser que nous n’étions pas dans un bar d’avant l’apocalypse. Les rencontres hommes-femmes étaient désormais teintées d’une crainte de la part de ces dernières, ne sachant jamais jusqu’à quel point ces premiers étaient prêts à se rendre pour avoir ce qu’ils désiraient… J’espérais ne pas avoir donné à Jane de fausses idées sur mes intentions. Mais il y avait plus étrange encore. Il me semblait que la discussion avait tourné rapidement vers la piscine de mon manoir. Combien y avait-il de gens dans le groupe de Jane? Qui étaient-ils? Où vivaient-ils? Pourquoi était-elle seule aujourd’hui? Depuis combien de temps vagabondait-elle en solitaire dans les ruines de Houston?

Le sujet était visiblement sensible pour elle. Ma curiosité batailla avec ma civilité et l’emporta finalement. Après tout, rien n’interdisait à Jane de me dire qu’elle préférait ne pas en discuter avec moi. « Et qu’est-ce qui a pu vous faire préférer la survie en solo? »
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Message(#) Sujet: Re: LIBRE - I want the fire back LIBRE - I want the fire back EmptyLun 20 Juil - 2:08:49

Jane ne put s’empêcher de laisser échapper un petit rire et d’écarquiller les yeux lorsque Lincoln lui fit la description de la grandiose piscine dont il avait pu profiter pendant sa parenthèse dans le merveilleux monde de l’opulence. Elle commençait à se demander si son interlocuteur n’était pas un mythomane fabulateur, tentant de l’intéresser par tous les moyens en inventant des histoires gargantuesques. Un menteur digne de ce nom aurait cependant nuancé ses propos pour les rendre crédibles. Or, la grotte artificielle semblait être le détail de trop. Après tout, Houston comptait son lot de milliardaires fortunées aux exubérantes facéties. Jane avait eu l’occasion d’en rencontrer un certain nombre pendant sa carrière d’hôtesse de l’air, durant son bref passage en première classe et elle connaissait l’étendue de leur imagination en matière d’exigences farfelues. Alors que la majorité de ses collègues se serait damnée pour lui voler son poste, la jeune femme avait rapidement demandé à être rétrogradée en classe économique, parvenant difficilement à réprimer ses sarcasmes face au comportement parfois totalement décalé de ces soi-disant éminents personnages qui semblaient ne plus avoir aucun lien avec la réalité. Vivre par procuration dans un pseudo rêve fait de strass, de marbre et de caviar ne l’attirait pas. Elle préférait largement servir du jus d’orange à une gamine de dix ans prenant l’avion pour la première fois pour aller voir sa grand-mère sur la côte ouest.

La jeune femme n’avait pas eu tort en assumant que son interlocuteur était curieux. Il semblait réellement intéressé par les raisons qui l’avaient poussée à opter pour un mode de vie solitaire. Ce n’était pas la première fois que sa situation attisait l’intérêt de ses congénères. Les femmes nomades et seules semblaient ne jamais laisser indifférent, c’était d’ailleurs le cas bien avant l’arrivée des rôdeurs. Les personnes qu’elle rencontrait étaient tour à tour interpellées, choquées, parfois impressionnées. Elles exprimaient souvent leur préoccupation concernant sa sécurité, parfois avec ardeur, alors qu’ils ne la connaissaient même pas. Jane en avait déduit que leur prétendue sollicitude n’avait rien à voir avec elle, son mode de vie les renvoyait tout simplement à leurs propres angoisses. Quoi qu’il en soit, Jane avait déjà eu à répondre à cette question à tellement de reprises qu’elle avait fini par mettre au point un plan en trois parties, avec introduction, développement et conclusion qu’elle récitait scolairement telle une lycéenne appliquée. Cela lui évitait de remuer trop profondément les réelles raisons de son isolement. Néanmoins, ce soir-là, elle se sentait trop lasse pour réciter sa leçon. Elle haussa les sourcils et répondit d’une voix bien plus sèche qu’elle ne l’aurait voulu. « Comme je vous l’ai dit, on n’est jamais mieux servi que par soi-même. C’est plus facile de n’avoir à compter sur personne. Pas de surprise, pas d’attaches, pas d’embrouille. »

Jane reprit une gorgée de vin. Elle avait certes l’air convaincante dans son costume de guerrière glaciale et solitaire mais elle ne croyait pas un mot de ce qu’elle venait de dire. S’entendre tenir ce discours froid et aigri la rendait incroyablement triste, elle qui ne jurait auparavant que par sa foi en l’humanité. Elle détestait cette carapace qui semblait s’épaissir chaque jour, fusionnant peu à peu avec sa propre peau. Elle savait néanmoins que c’était grâce à elle qu’elle était toujours en vie aujourd’hui. Si elle ne s’était pas endurcie, elle n’aurait pas résisté au raz-de-marée de tristesse et de colère qui menaçait de l’engloutir toute entière. Paralysée par la douleur, elle se serait enfermée dans un profond mutisme et se serait laissée dévorer par le premier rôdeur qui aurait réussi à approcher sa mâchoire de son cou, sans crier ni sans bouger. Cette Jane qu’elle haïssait lui avait sauvé la vie. La relation paradoxale qu’elle entretenait avec cette partie d’elle-même la perturbait au possible. Jane laissa son regard se perdre à travers les flammes.
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Message(#) Sujet: Re: LIBRE - I want the fire back LIBRE - I want the fire back EmptyLun 20 Juil - 19:15:27

Le sujet était visiblement tabou pour Jane et ma curiosité en prit plein la gueule. Tandis qu’elle reprenait une gorgée du merlot, j’en vins presque à me demander si je devais m’excuser d’avoir relancé le sujet, avant de décider de ne pas me mettre en position de soumission face à elle. J’avais bien le droit de me questionner non? N’étais-ce pas la base d’une conversation de s’intéresser à l’autre? Tout de même, je ressentais un certain malaise maintenant que Jane s’était repliée dans ses pensées en fixant les flammes. Mon cerveau fonctionnait à toute vitesse et cherchait une perche pour relancer le dialogue au plus vite, mais la pluie et le beau temps ne semblait plus être d’actualité. (On réagissait différemment aux éléments depuis l’épidémie. La pluie faisait sortir les survivants, espérant récolter ne serait-ce qu’un centilitre d’eau potable, tandis qu’ils se terraient tous dès que le soleil texan dardait ses puissants rayons sur les fenêtres des buildings.) Ne pouvant trouver une nouvelle amorce à notre discussion,  j’imitai ma compagne et fixai les flammèches du réchaud.

On n’est jamais mieux servi que par soi-même. J’aurais approuvé Jane avant que ce film d’horreur de série B devienne notre réalité quotidienne. Je détestais engager des assistants lors des réceptions plus imposantes ou lorsque qu’une mariée capricieuse voulait avoir des photos sous tous ses angles inimaginables. Ils ne suivaient jamais les ordres, prenaient des photos floues et mal cadrées, ils étaient toujours dans mes jambes… Pire, aucun d’entre eux n’avait la même vision artistique que moi (si l’on pouvait qualifier d’Art le recueil de clichés que je composais pour tous ces fils et filles à papa). Néanmoins, lors de mes altercations avec les rôdeurs, je m’étais rendu compte que je préférais travailler en équipe. Moins de gaspillage de balles, moins de chance de se faire avoir par un rôdeur sortant de derrière vous, moins de chance de se faire agglutiner dans un coin et dévorer… Mais bien sûr, il n’y avait pas que la chasse aux zombies quand on composait une alliance. Il y avait les caractères qui se confrontaient, les besoins qui divergeaient, les groupes composés de plus de chefs que d’individus…

J’en venais à croire que c’était ce qui s’était produit avec Jane. Ce n’était pas que mon interlocutrice ait particulièrement mauvais caractère, mais en quelques minutes de conversation, je m’étais aperçu qu’elle restait souvent sur la défensive, son ton se durcissant facilement si la conversation ne prenait pas la direction désirée. S’était-elle disputée avec le groupe avant de s’en aller?  Pire, l’avait-on mise à la porte? Je n’avais pas connu celle d’avant l’épidémie, ainsi je ne pouvais affirmer avec certitude que ma conclusion était véridique. Peut-être aussi était-elle devenue autant méfiante envers ses semblables depuis qu’elle faisait cavalier seul dans les rues de Houston... De toute façon, ce n’est pas ce soir que je risque de l’apprendre. Jane avait été très claire à ce propos.

Je réprimai un bâillement, ne voulant pas donner à ma camarade une raison de clore notre rencontre en me disant d’aller me coucher. Était-ce toutefois la meilleure décision à prendre? J’avais déjà fait intrusion à sa petite soirée improvisée, j’avais mis la jeune femme en situation de stress, je la questionnais sur son passé qu’elle préférait garder pour elle… Peut-être ferais-je mieux de m’en aller si je désirais garder le semblant d’amitié que nous avions développé intact. Je jetai un regard à celle devant moi, essayant de déchiffrer si son visage exprimait de la rancune, de la lassitude ou encore si elle était en pleine réflexion. Et pourquoi pas un peu des trois? La lueur vacillante m’empêchait de bien lire les traits de son visage. Au final, je pris l’initiative de relancer Jane, sachant que le pire qui pouvait m’arriver était qu’elle me réponde sur le même ton que tout à l’heure. Habituellement, je n’aurais pas hésité à répliquer avec ma langue affûtée, mais ma dernière rencontre avec un survivant m’avait appris qu’on ne sait jamais qui peut nous tirer d’un mauvais pas dans le futur. Autant conserver de bonnes relations avec le peu de rescapés restants. « Jane, à quoi ressemblait votre vie avant cette épidémie, cette malédiction ou quoi que ça puisse être? » Si je voulais en apprendre plus sur elle, je devais bien commencer par le début.
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Message(#) Sujet: Re: LIBRE - I want the fire back LIBRE - I want the fire back EmptyDim 26 Juil - 2:59:18

Sa vie d’avant. Le sujet était aussi vaste que la forêt amazonienne. Lorsqu’elle repensait à sa vie d’avant, Jane ne pouvait s’empêcher de voir défiler devant elle la silhouette de cette jeune femme rayonnante et accomplie qui pensait avoir compris comment être heureuse, avoir cerné ses aspirations, ses force et ses faiblesses, être entourée des bonnes personnes, avoir trouvé un sens à sa vie. Un sourire se dessina sur ses lèvres. Elle aimait cette femme, elle l’aimait de tout son coeur. Elle l’admirait, elle l’enviait. Elle ignorait si elle parviendrait un jour à la retrouver ou si son essence avait été définitivement, intrinsèquement, profondément maculée, souillée par le venin corrosif de ce monde malsain. Sa vie d’avant était désormais entourée d’un halo onirique. Pendant les premières semaines ayant suivi le début de l’épidémie, Jane avait le sentiment de vivre enfermée dans un horrible cauchemar. Or, plus le temps passait, plus elle avait l’impression que son existence passée était la réelle illusion, qu’elle s’était endormie au coin d’un arbre dans une clairière et avait rêvé l’intégralité de ces vingt-huit années pendant lesquelles les zombies n’existaient pas.

« J’étais hôtesse de l’air et je faisais de l’humanitaire entre mes contrats. Je restais rarement plus de quelques semaines dans le même pays. Maintenant ça fait plus de six mois que je n’ai pas quitté le comté. Je suis obligée d’aller dormir dans des casernes désaffectées pour avoir ma dose de dépaysement. » Jane réalisa soudain qu’elle ne volerait probablement plus jamais. Peut-être même ne franchirait-elle plus jamais non plus les frontières de son pays natal. Le fait de se trouver au milieu d’un continent de plus de quarante-deux millions de kilomètres carrés ne l’empêchait pas de se sentir soudain complètement claustrophobe. Elle eut une pensée pour ses collègues, ses connaissances, ses amis du bout du monde qu’elle ne reverrait plus, dont elle n’aurait plus aucune nouvelle. Une sensation de vide intense l’envahit en quelques secondes, comme si elle venait subitement de perdre ces personnes, ce qui dans un sens était, en puissance du moins, le cas. Elle reporta son attention sur son interlocuteur. Elle se demandait également à quoi pouvait bien ressembler son existence avant les événements, considérant le fait que l’arrivée des zombies représentait vraisemblablement une chance, un nouveau départ pour lui. Avait-il vraiment vécu dans une cave ? Jane préférait ne pas se lancer dans l’évocation d’hypothèses farfelues, supposant que le terrain était probablement miné. Elle ne se gêna néanmoins pas pour lui retourner sa question. Après tout, il avait lancé le sujet de conversation et devait s’attendre à ce qu’on lui renvoie la balle. Jane haussa les sourcils. « Et vous ?  »

La jeune femme espérait voir la discussion continuer à tourner autour de leurs occupations professionnelles. Elle pouvait s’épancher des heures sur sa carrière et sur ses projets sans que cela ne la perturbe outre mesure. Elle éprouvait certes une certaine nostalgie lorsqu’elle repensait à l’époque où elle apportait effectivement sa pierre à l’édifice de la société mais, contrairement au désastre qu’avaient provoqués les récents changements dans sa vie personnelle, la perte de son activité professionnelle n’avait pas laissé de plaie béante en elle. Elle en avait fait le deuil. Elle regrettait néanmoins souvent de ne plus être guère utile qu’à la survie de sa propre personne, de ne plus avoir de large but allant au delà de son individualité et de la mortelle finitude mais il s’agissait, lui semblait-il, d’une des seules de ses réactions qu’elle pouvait qualifier de saine et qui était partagée par grand nombre de ses congénères.

Jane regarda son interlocuteur quelques instants, tentant d’anticiper sa réponse. La tâche n’était pas évidente. Les personnes qui souhaitent se façonner une nouvelle identité tentent souvent de faire disparaître toutes les traces de leur ancienne vie, sur leur apparence physique, dans leurs paroles, dans leurs gestes. Lincoln aurait aussi bien pu être un archiviste frustré enfermé toute la journée dans l’obscurité du sous-sol d’une entreprise fabriquant des cartouches d’encre qu’un écrivain maudit atteint du syndrome de la page blanche et enchaînant joints et verres d’absinthe pour tenter de trouver l’inspiration. La jeune femme n’avait cependant pas envie d’essayer trop fort. La réponse viendrait probablement d’elle-même, il semblait bien plus d’humeur à s’épancher qu’elle.
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Lincoln C. Foster
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Message(#) Sujet: Re: LIBRE - I want the fire back LIBRE - I want the fire back EmptyDim 26 Juil - 14:48:37

Je cachai ma surprise lorsque mon approche bancale et désespérée eu un effet insoupçonné sur ma compagne. Le sourire qui s’accrocha au visage de Jane me signifia que j’avais enfin trouvé un sujet sur lequel elle n’aurait aucune réticence à s’épancher, ne serait-ce que pour un court instant. Hôtesse de l’air et bénévole. « Je ne suis aucunement surpris de vous savoir altruiste dans votre ancienne vie. Après tout, vous avez bien partagé l’une des dernières bouteilles de rouge encore intacte avec un inconnu un peu louche. » Je tentai de m’imaginer Jane auparavant, de visualiser son sourire tandis qu’elle accueillait les voyageurs à bord, d’entendre son rire après avoir échangé une plaisanterie avec les membres d’équipage. Je recréais une Jane accroupie dans le sable en train de construire un puits, je l’entrevoyais avec des enfants orphelins sur les genoux, leur offrant de nouveaux jouets ou des vêtements en bon état. Tout ceci était un ramassis de clichés mielleux à vomir, mais cela me permettait de m’inventer une Jane que la vie n’avait pas encore meurtrie, qui avait tellement d’amour pour son prochain qu’elle était prête à délaisser le confort à portée de main des États-Unis pour en apporter un fragment aux plus malchanceux autour du globe. Que c’était-il passé pour que cette femme en vienne à fuir ses semblables? Les zombies étaient à blâmer, mais y avait-il plus?

Jane semblait avoir eu une vie mouvementée, excitante et pleine de rencontres.  Au contraire d’elle, je n’avais jamais franchi les limites des États-Unis. J’étais allé en vacances dans le Maine avec mes parents lorsque j’étais tout jeune, ainsi qu’à New-York avec toute ma classe de terminale. Mon dernier voyage avait été pour me rendre en Floride lorsque j’avais obtenu mon diplôme de photographie. Si j’avais su que j’aurais besoin de cet argent plus tard, je ne l’aurais pas gaspillé pour attraper des coups de soleil et boire avec une copine qui finirait par me tromper. Bien que les zombies m’aient offerts toutes sortes de possibilités pour rattraper le temps que j’avais perdu, les voyages n’étaient plus une option envisageable. Plus d’avions, plus de trains… Plus d’essence. Ma Jeep n’avait pas le réservoir assez plein pour que je puisse parcourir la côte Ouest en road trip. Il n’y aurait assurément plus de station-service d’ouverte et je ne savais toujours pas comment siphonner du gaz. L’idée même d’avoir du carburant dans la bouche me donnait la nausée et le simple goût du tuyau en caoutchouc me rebutait. Je repoussais sans cesse le moment où j’aurais à affronter ces haut-le-cœur…

Mon tour était venu. Jane et moi étions complètement opposés sur ce point. Tandis qu’elle exécrait discuter de ce qui avait eu lieu depuis l’éclosion de l’épidémie mais n’avait aucune difficulté à aborder le sujet de sa vie d’avant, je préférais oublier tout ce dont les zombies m’avaient libéré. Comment expliquer à quelqu’un le sentiment d’emprisonnement, d’étouffement et d’échec qui m’étreignait chaque jour sans avoir à y replonger corps et âme? Mon passé n’était pas le plus tragique. J’étais un homme en santé, je n’étais pas orphelin, je n’avais pas d’ennemis, j’avais un toit sur la tête… Mais je n’étais pas heureux. Que dirait cette Jane qui en avait vu des pires alors que je lui raconterais que ma vie d’homme blanc hétérosexuel de la classe moyenne m’était insupportable? Des « artistes » ratés comme moi, il y en avait dans chaque station de métro.

Je m’éclairci la gorge et pris un air non affecté, bien que je ressentais le poids de toutes ces années sur mon cœur. « J’ai tenté d’être un photographe professionnel. Je n’ai jamais pu dépasser le stade des faits divers et des mariages. Et disons que je ne compte pas devenir photoreporter de l’apocalypse depuis que ma caméra a servi à défoncer le crâne d’une mariée zombifiée… Longue histoire. » Dont je ne tiens pas nécessairement parler, comme de tout autre mariage d’ailleurs. Jane avait son jardin secret, j’aurais mon arbuste privé. Combien de personnes m’avaient sifflé les premières notes de My Heart Will Go Ondès que je leur avouais mon dégoût pour cette chanson surjouée aux réceptions? Je ne comptais pas subir la même torture ce soir.

J’employai la même tactique que Jane avait utilisée contre moi afin de détourner la conversation. « Et si vous pouviez le quitter ce compté, où iriez-vous? Vous croyez qu’il y a un oasis pour nous ailleurs, du moins un endroit sans rôdeurs pour nous inciter à regarder par-dessus notre épaule à chaque instant? » À mon avis, Houston n’était pas différente de toute autre ville. Néanmoins, isolé comme je l’avais été, je n’en savais pas des masses sur l’état actuel de notre nation. Peut-être que Jane en savait plus que moi sur ce sujet.
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