Mais à quoi avait-elle pensé? En plus de se laisser séparer de sa sœur et son frère, elle avait accepté d’entrer dans cette fichue maison aux miroirs. Elle aurait presque préféré aller dans la maison hantée, au moins elle aurait eu raison d’avoir peur. Là, elle sursautait seulement en voyant son propre reflet ou celui de Raffael. C’était tellement stupide, elle se sentait stupide. Raffael devait bien se marrer à la voir sursauter à presque chaque pas, mais pas elle. Elle détestait cet endroit. Avant elle n’aurait pas été aussi stressée, il semblait que les récents évènements avaient laissé des traces sur la jeune femme. Elle avait la mauvaise impression que quelque chose allait encore mal tournée. C’était monnaie courante dans les dernières semaines. Elle se tourna vers Raffael.

-Je ne sais pas pourquoi je me laissée entraîner ici. Je me sens idiote, je sursaute à mon reflet.


Elle eut un soupire de découragement.

-Je me demande quand est-ce que je vais commencer à avoir peur de mon ombre.

Elle mi-sérieuse, mi-blagueuse. Elle sentait vraiment que quelque chose avait changé. Elle n’avait jamais été aussi pleutre avant. Du moins, sa sœur disait toujours à quel point elle était courageuse avant, maintenant, en plus de ne plus le sentir, sa sœur ne lui faisait plus se genre de remarque. Peut-être que c’était là le vrai problème. La relation brisée avec sa sœur. Depuis la soirée de charité, tout avait changé entre elles.

Malgré la présence des force de l'ordre, les deux Conseils avaient pris la décision de mettre en place des hommes et des femmes en confiance durant tout le séjour de la fête foraine. Avec Silas et Nora en liberté, après le meurtre de Will et la trahison d'un méta, ils avaient décidé de jouer la sécurité. Une fête foraine bourrée d'humains, c'était un terrain de jeux idéal et c'était ce qui les avait poussés à prendre cette décision-là. Si ça n'avait été que de Raffael, Amy serait restée chez elle, enfermée à double tour pendant que lui passerait la nuit dehors, mais ça ne s'était pas tout à fait déroulé comme il l'aurait voulu. Et maintenant, bah... il se retrouvait dans une baraque remplie de miroirs qui les déformaient. Amy était nerveuse, elle sursautait à chaque fois qu'elle voyait leur reflet. En plus d'être séparée de sa famille, il y avait cette histoire avec Silas qui la rongeait. Avec raison, ils avaient fait un sacré carnage la dernière fois et n'importe qui aurait été nerveux à cause de ça. Une sacrée épée de Damoclès qu'ils avaient au-dessus de leurs têtes et ça, ça l'embêtait vraiment.

Et sur un plan plus personnel, c'était les problèmes que Mackenzie et Amy avaient qui l'embêtaient le plus. Voir que leur relation n'était plus la même, voir Amy être aussi triste, ça le tuait. Parce que c'était sa faute. A lui et son maudit secret. Kaleb y était aussi pour quelque chose, mais au final, c'était Raff qui avait pris la décision. Et maintenant, il le regrettait quand il voyait sa belle aussi déboussolée. Il voulait vraiment arranger les choses, mais il savait que ça ne concernait que les deux soeurs et qu'il valait mieux pour lui de s'abstenir d'intervenir. Même Hunter semblait avoir compris qu'il valait mieux ne pas s'en mêler... et s'il y avait quelqu'un de doué pour mettre les pieds dans le plat quand il s'agissait des demoiselles Wright, c'était bien lui.

- Après ce qui s'est passé, c'est normal que tu sois nerveuse. Ensuite, je ne veux plus t'entendre te traiter d'idiote, parce que c'est faux. commença Raffael en regardant autour d'eux afin de tenter trouver le bon trajet. Et si tu préfères aller rejoindre ton frère et ta soeur, tu n'as qu'un mot à dire.

C'était bien le moins qu'il puisse faire.

On commence fort, déjà trop de lignes!

J’étais retourné chez le psy, incapable de surmonter le choc de cette attaque d’extrémistes à moi seul. Depuis ma dernière visite chez Hamilton, je servais en quelque sorte de cobaye. Lui et moi tentions de trouver le parfait dosage de médication pour que je sois suffisamment calme pour fonctionner en société et travailler de façon productive, mais pas trop abruti pour éviter que les médicaments aient l’effet inverse de celui désiré. L’entreprise était ardue et j’étais présentement en surdosage. Déambulant comme un zombie dans cette fête foraine, j’avais perdu le couple d’amis avec qui j’étais venu faire un tour. Pour tout dire, je ne pourrais même pas raconter comment je m’étais retrouvé dans la maison aux miroirs, mais j’y étais dorénavant piégé. Les reflets déformés me captivaient avec tant de passion que j’en venais à oublier par quelle direction j’étais venu.

Je savais que les effets se dissiperaient bientôt (mon dernier cachet avait été pris il y avait quelques heures déjà), mais en attendant, tout ce que je pouvais faire de mieux était de continuer jusqu’à peut-être trouver la sortie… ou encore retourner à l’entrée. Réussissant à m’arracher les yeux d’un miroir, je tombai nez à nez avec deux inconnus. Il me fallut quelques secondes pour réaliser que je les connaissais en réalité. Eux et moi avions été pris en otage dans la Maison des Roses, quelques temps auparavant. Les médocs sont vachement efficaces si je peux croiser ces personnes et n’avoir aucun sentiment d’angoisse, aucun flash perturbant, rien, nada. Réalisant que je les fixais peut-être avec trop d’attention, je décidai d’entamer la conversation : « Bonjour… euh bonsoir ! Je crois que je me suis trompé de chemin… Encore… »

En tant que vampire, il en avait vu des fêtes de ce type, ça lui rappelait de beau souvenir quand même. Il aimait l’ambiance de ce genre d’endroit, sauf peut-être ce soir. Il était là en tant que soutien moral, mais surtout, en tant que garde du corps. La place était bondée et comble de malheur, Savannah avait vu Raffael et Amy entrer dans la maison aux miroirs et avait eu envie d’y faire un tour elle aussi. Il détestait ce genre d’attraction. Un métamorphe qu’il connaissait bien les suivait de près avec son fils de huit ans. Le gamin avait l’air enchanté, mais pas le père. Tom suivait sa belle et surveillait les alentours. Il restait sur ses gardes. Depuis qu’ils étaient entrés ici, il avait l’impression d’avoir des yeux braqués sur son dos. Cette sensation lui était désagréable. Il resserra la distance entre Savannah et lui.

-Reste tout près beauté.

Il lui fit un sourire rassurant, mais savait qu’elle aurait compris qu’il y avait quelque chose qui clochait. Arrivé vers ce qui semblait le milieu de la maison, ils tombèrent sur Amy, Raffael et un petit homme. Thomas ne le connaissait pas. Mais les balbutiements de l’homme ne furent pas ce qui attira son attention. Non, un bruit sourd derrière lui le fit se retourner. Il souffla entre ses dents.

-Méta à terre.

Martin, le métamorphe qui les suivait était au sol, un trou dans le crâne. Son fils tentait de le faire se relever. Thomas n’hésita pas, il alla chercher le jeune et revient vers les autres.

-On avance, vite.

Il chuchota pour Savannah et Raffael.

-Ils sont armés de silencieux et de balles d’argent. Martin est mort.

Il confia le fils de Martin à Savannah et sortit discrètement son arme. Ils n’avaient peut-être pas à faire à des vampires, alors cette arme pourrait servir.

Dire qu'elle avait voulu démissionner parce que sa place n'était pas de figurer au Conseil. Savannah n'avait pas pu le faire parce qu'elle n'en avait pas eu l'opportunité, occupés qu'ils l'étaient tous avec la chasse à l'homme pour enfin mettre la main sur Silas et Nora. Sans oublier le fait que dès que Savannah disait que Thomas devrait être celui qui siège au Conseil, il trouvait le moyen de dire qu'elle avait perdu la tête. Il prenait très mal cette décision qu'elle avait prise, mais ce soir-là, les choses lui donnaient raison. Elle n'était pas armée pour faire face à des maniaques de la gâchette. Ces mêmes maniaques qui ont déjà réussi à faire un carton sur un père de famille. Un métamorphe. Lui laissant sur les bras un enfant apeuré qui ne comprenait pas pourquoi son papa ne se relevait pas. Pauvre petit, Sav avait énormément de peine pour lui, mais elle devait en faire abstraction et garder cet enfant en sécurité. Elle le pris dans ses bras et le serra contre elle, veillant à faire un rempart de son corps pour le protéger des projectiles qui pourraient l'atteindre. Si elle se prenait une balle, elle guérirait durant le jour, le garçon, non. Elle ne pouvait même pas se téléporter avec le petit s'il le fallait, si sa sécurité en dépendait. Savannah n'était pas encore une pro dans tout ça, mais elle si elle n'avait pas le choix, elle se prendrait une balle pour le gamin. Elle n'hésiterait pas une seconde.

Il avait amené Arizona ici pour qu’elle se détende. Leur dernière sortie de couple n’avait pas été un succès et il avait eu envie de le lui faire oublier avec une balade à la fête foraine, avec bouffe et manèges garantis. Mais bien sur, rien de ce qu’il faisait ne pouvait donner quelque chose de bon semblait-il. Les briques continuaient de lui tomber sur la tête. Il le comprit lorsqu’il entendit un des vampires qu’il connaissait un qu’un méta était à terre. Ils étaient plus en avant, mais il avait très bien entendu la phrase, aussi clair que s’il avait été à côté. Il n’était pas très loin en arrière, ils étaient plus près qu’il ne l’avait cru au départ car il aperçu le corps de Martin. La panique envahi la maison aux miroirs. Les gens criaient, couraient pour tenter de trouver la sortie. Ils n’avaient pas entendu le coup de feu, mais ils voyaient tous le cadavre au sol. Il attrapa Rizzo par la main. Le seul moyen de sortir était d’avancer. Il suivit le groupe devant, reconnaissant Raffael, Thomas et Savannah, il savait que la fille était la copine de Raffael, mais il ne connaissait pas l’autre homme. Tant pis, ils étaient tous ensembles dans le même bateau maintenant. Il arriva à la hauteur du groupe.

-Balle en argent, on connaît leur cible.

Il se retourna vers Arizona.

-Ma chérie, tu vas aller près de cette gentille dame avec l’enfant, tu restes près d’elle pendant que je couvre nos arrières d’accord?

Il l’embrassa doucement avant de sortir son arme discrètement. Il avait dit à Rizzo que depuis l’attaque, il préférait ne pas sortir armer. Il avait son port d’arme, elle le savait et il avait aussi une arme enregistré et légal qu’il pouvait porter avec lui en tout temps. Vive le Texas.

Pourquoi est-ce qu'à chaque fois qu'ils décidaient de passer une bonne soirée, ça finissait en carnage? Des terroristes à un gala de charité et maintenant, des tireurs fous. Mais qu'est-ce qu'ils avaient fait pour mériter de toujours être mêlés aux ennuis? Après ce qui s'était passé la dernière fois, les forces de l'ordre ne devraient-elles pas être prêtes à affronter ce genre de situation? Si on pouvait être prêts à le faire un jour. Mais personne n'avait pensé qu'un endroit public comme une fête foraine méritait un peu plus de sécurité? Surtout quand on pense au nombre de personnes qui étaient là? Aux enfants présents. Un homme venait de mourir et son petit garçon ne comprenait pas ce qui se passait. Et ne pourrait jamais plus passer du temps avec son papa. C'était à vous briser le coeur.

Ce n'est que lorsque Damian la poussa à rejoindre une jeune femme qu'elle ne connaissait pas que Rizzo pris conscience de ce qu'il venait de faire. Il venait de sortir une arme de sous sa veste. Mais depuis quand se baladait-il armé celui-là? C'était une nouvelle mode? Elle le savait entraîné à s'en servir, mais le voir avec ce truc à la main, ce n'était pas pour la rassurer... même si elle savait qu'il valait mieux avoir quelqu'un armé dans leur camp. Quant à eux - Rizzo, l'homme qu'elle ne connaissait pas et la jeune femme blonde qui serrait le petit orphelin de père contre elle - ne devraient-elles pas tenter de chercher une sortie? Il devait bien y avoir une sortie de secours quelque part, c'était obligé! Ne serait-ce que pour respecter les normes de sécurité. D'un autre côté, l'idée de quitter Damian ne l'enthousiasmait pas tant que ça, car Arizona se sentait plus en sécurité avec lui près d'elle, mais ils ne pouvaient quand même pas rester là à se tordre les mains.

- Il faut essayer de trouver une sortie de secours. Il y en a forcément une quelque part.

Raffael tentait de la rassurer lorsqu’ils tombèrent sur Lincoln, l’homme qui travaillait avec sa sœur et qui avait été avec eux dans cette soirée cauchemardesque qu’avait été la soirée de Charité. Amy lui offrit un sourire sincèrement lorsqu’il bégaya son bonsoir et indiqua qu’il s’était encore trompé de chemin.

-Ne vous en faites pas Lincoln, moi je sursaute à mon propre reflet, donc je crois que nous faisons une bonne paire tous les deux.

Elle lui toucha le bras en signa d’encouragement lorsqu’elle entendit tout un remue-ménage derrière elle. Raffael c’était retourné en entendant quelque chose que ses oreilles à elle n’avaient pas capté. Elle avait ensuite vu Thomas donné un enfant à Savannah, puis un autre homme s’était avancé avec une femme qui semblait avoir reçu l’ordre de rejoindre Savannah. Elle tendit l’oreille, mais tout ce qu’elle comprit, était que la jeune femme indiquait qu’il fallait trouver une sortie de secours. Amy n’avait pas vu le métamorphe mort, n’avait rien saisi de ce qui se passait… les vampires parlaient pour qu’eux seuls puissent comprendre. Elle leva les yeux vers son homme, elle savait qu’il ne pourrait pas tout lui dire, Lincoln était près d’eux, mais il saurait quand même faire passer son message.

-Qu’est-ce qui se passe Raff?

Elle avait besoin de savoir, elle accrocha Lincoln par le bras pour qu’il reste près d’elle. La dernière fois à la fête, il avait fui et avait manqué se faire tuer plus d’une fois. Elle ne le laisserait pas se mettre en danger de nouveau. Elle le regarda.

-Peu importe ce qui se passe Lincoln, reste avec moi d’accord. Fais-moi confiance, c’est là que tu seras le plus en sécurité.

Elle espérait que tout irait bien et qu’elle avait raison de croire qu’ils seraient en sécurité près de Raffael et des autres. Elle priait pour avoir raison.

A la mention des balles d'argent, Raffael sentit un frisson lui parcourir l'échine tout comme il attira Amy derrière lui, lui faisant un rampart de son corps. Aucune balle ne la toucherait tant qu'il vivrait. C'était ça ou bien Mackenzie Wright se ferait un plaisir de lui faire la peau parce qu'il avait faillit à sa tâche de garder Amy en sécurité. Et Mac prendrait sûrement beaucoup de plaisir à le torturer à petit feu.

Ils étaient face à des chasseurs qui voulaient la peau des métamorphes. Est-ce que ça voulait dire que leurs proches aussi étaient en danger? Est-ce qu'il n'y avait qu'un tireur ou bien y en avait-il plusieurs répartis un peu partout sur le terrain qu'occupait la fête foraine? Est-ce que Kaleb et les Wright allaient bien? Est-ce que Savannah et Thomas avaient des ennuis? Tout plein de questions qui lui traversèrent l'esprit comme Amy lui demandait ce qui se passait. Occupé à observer les environs, Raff n'avait pas vu qu'Amy était près de Lincoln, un des hommes à qui ils avaient dû effacer la mémoire quelques semaines plus tôt. Pas de chance pour lui, ils auraient peut-être à le refaire éventuellement. Raffael se demandait s'il ne devrait pas le manipuler pour qu'il consente à rester auprès d'Amy et lui. Il n'aimait pas trop cette idée, mais si c'était ce qu'il fallait faire pour que Lincoln reste à leurs côtés sans risquer de se faire tuer comme la dernière fois, le vampire était d'avis que c'était peut-être un mal pour un bien.

Maintenant, que pouvait-il répondre à Amy? Devait-il taire la présence de chasseurs potentiels ou devait-il, au contraire, se montrer franc? Si ça n'avait été que d'Amy, il lui aurait tout dit en veillant à la mettre à l'abri, mais avec Lincoln à ses côtés, il hésitait. Il choisit donc l'option de parler à mots couverts. Pour le moment, c'était tout ce qu'il voyait.

- Le père du petit était un... ami de ton frère.

Il avait hésité sur le mot à employer. Ami était simple et Amy devrait être en mesure de comprendre qu'il parlait de la condition de métamorphe d'Hunter. Du moins, il l'espérait.

La réponse d’Amy me fit sourire, dès que je pus l’entendre à travers mon brouillard mental. Derrière le couple, d’autres gens apparurent dans l’étroit couloir. Leurs mouvements se reflétaient dans les miroirs et j’étais fasciné par ce vortex infini créé par les glaces qui se faisaient face. Mes médicaments faisaient toujours effets, mais cela semblait plutôt venir par vague, et j’étais présentement dans l’une d’entre elles. Tout se déroulait autour de moi trop vite pour que mon esprit puisse l’assimiler au même rythme, j’avais donc l’impression d’assister à chaque scène avec un léger délai. Du bruit provenant de l’entrée, voix, des mouvements. Je vis une femme s’avancer en portant un enfant dans ses bras et, dans mon état de concentration extrême, je pouvais voir chaque gouttelette de sang qui maculait le chandail du garçon avec précision. Les hommes derrière elle étaient armés et me bloquaient la vue sur ce qu’il y avait vers l’entrée. Il y avait toutefois du rouge dans les reflets altérés, bien que je ne puisse pas distinguer de forme concrète.

Il vient de se produire quelque chose, réalisai-je. Les médicaments émoussaient mes sens et j’avais sous-estimé leur puissant effet. Je me sentais léthargique, malgré la connaissance qu’un événement terrible avait lieu. Mon pouls avait à peine accéléré et je ne ressentais aucun sentiment de circonstance, comme la frayeur. Je sentis à retardement la main d’Amy qui se posait sur mon bras. Je me tournais vers elle tandis qu’elle me parlait encore une fois, paroles qui mirent un moment avant de venir jusqu’à moi. Comme un écho inversé, ses mots devinrent de plus en plus forts jusqu’à ce que je puisse les entendre clairement. Rester près d’elle. En sécurité. Je regardai au fond de ses yeux pour y voir une certaine appréhension. Je hochai de la tête une fois, réalisant que je n’avais pas encore fait savoir que j’avais entendu ses paroles. Il vient de se produire quelque chose, me répétai-je.

Au fond de moi, une voix assourdie s’époumonait sans que je puisse en distinguer les mots, mais j’avais l’impression que je ne devais pas céder à cette panique. Il me fallait me secouer bien sûr, je ne pouvais pas rester ainsi à me balancer sur mes deux jambes, mes pupilles dilatées se fixant n’importe où. Néanmoins, il n’y avait aucun mal à laisser cette voix s’érafler les cordes vocales sans résultat. Je ne savais pas quand l’effet de mon médicament finirait par s’étioler. En y réfléchissant bien, le plus tôt serait le mieux, mais pour l’instant je préférais largement le sentiment de calme qu’il m’apportait. En sécurité. En sécurité. « Qu’est-ce qui vient de se passer avec ce gamin ? », articulai-je. Je savais que les autres en avaient discuté autour de moi, mais me concentrer sur leurs propos rapides demandait un effort que j’avais de la difficulté à soutenir.

Thomas s’était rapproché avec le petit groupe de Raffael et Amy. Raffael informait Amy de ce qui s’était passé, un homme qu’elle venait d’attrapé par le bras demanda ce qui se passait avec le gamin que Savannah serrait dans ses bras. Thomas avait vu beaucoup de gens intoxiqué, cet homme n’avait pas l’air dans son état normal. Il ne sentait pas d’alcool, peut-être avait-il pris un médicament ou une drogue inodore. Il regarda la copine de Raffael.

-Il est atteint grave ton ami, tu sais ce qu’il a pris? Il pourrait nous ralentir.

Il se tourna vers l’homme en question.

-Son père est mort. Il vient d’être assassiné et on doit sortir d’ici. Vous allez devoir suivre. Vous m’entendez?

Il secoua doucement l’homme.

-Allez, secouez-vous.

Il se tourna vers Savannah qui serait le gamin avec l’air de dire « je ne te lâcherai pas ». Il savait que ce serait le cas, elle sauverait ce petit coûte que coûte. Il regarda ensuite la copine de Damian et se dernier qui fermait la marche.

-La petite demoiselle à raison, il faut trouver une sortie de secours. On doit sortir d’ici au plus vite.

Il avait peur que quelqu’un de leur petit groupe y reste. Il connaissait le métamorphe décédé, il n’avait pas envie qu’une autre de ses connaissances subissent le même sort. Il avait aussi très peur pour Savannah, il ne voulait pas la perdre.

Le petit garçon venait de comprendre que son père était mort. Il était peut-être très jeune, mais il comprenait déjà le concept de la mort. A entendre les adultes en parler autour de lui, sans faire attention à sa présence, il avait fini par comprendre que son père ne e relèverait pas. Il pleurait silencieusement et Savannah ne savait pas quoi lui dire. A part de lui dire que ça irait ou qu'un jour, il serait heureux de penser à son père et aux bons moments qu'ils avaient passés ensembles, ça ne servait à rien. De toute manière, il n'était pas prêt à entendre ce genre de choses, pas plus qu'il n'était en âge de comprendre tout ce qu'elle pouvait lui dire. Alors la jeune vampire se contenta de le serrer contre elle, tout en veillant à ce qu'il ne puisse pas poser les yeux sur le cadavre de son père.

Savannah avait conscience de ce qui se passait autour d'elle, de l'homme qui semblait drogué, de la petite amie de Damian qui voulait trouver une sortie de secours... Pour l'instant, c'était la seule chose logique à faire. S'ils restaient là, ils devenaient des cibles faciles. Trop faciles. Le problème, c'était que les sorties de secours n'étaient pas visibles, comme si quelqu'un s'était arrangé pour que les panneaux lumineux soient hors service. Ils devraient avancer à l'aveugle et le tout, en se méfiant des miroirs qui altéraient la réalité. C'était le but du jeu, mais pour le moment, ça leur compliquait singulièrement la vie.

La jeune femme sentait le regard de Tom posé sur elle. Elle savait exactement ce qui lui traversait l'esprit. Son job était principalement de la protéger. Et ce, même avant qu'ils ne forment un couple. Maintenant, il avait une raison plus personnelle de veiller sur elle. Se mêlait à ça le fait qu'il devait aussi aider les autres. C'est dans des moments comme celui-là que son job de flic lui manquait. Prendre les choses en mains, ne pas rester là à attendre que quelqu'un d'autre gère la situation à sa place. Être responsable de sa propre sécurité. Protéger les autres.

HJ: Désolée, c'est long et mauvais, mais je ne savais pas quoi écrire.

-Thomas merde.

Damian roula des yeux vers l’enfant. Le pauvre gamin était un métamorphe comme son père, il entendait exactement ce que disait Thomas. Il était jeune, mais pas assez pour ne pas comprendre. C’était triste de perdre son père de cette façon, si en plus les gens autour ne portaient pas attention, ça devenait un véritable enfer.

-Ils ont bien prévu leur coup, je ne vois aucune enseigne de sortie d’urgence. Ils nous ont rendu aveugles ces cinglés.

Il regarda autour de lui.

-Je suis d’avis que nous devrions foutre tout ça par terre et sortir d’ici au plus vite. Je me propose de faire le bulldozer si vous voulez. La démolition ça me connaît.

Il fallait faire rapidement, pas dans la finesse. Damian regarda l’homme au côté de la copine de Raffael, Thomas avait raison, il était complètement déchiré et ce ne serait pas facile de le faire suivre rapidement.

-Raffael, je crois que tu vas devoir le traîner.

Il était presque sur que le vampire comprendrait très bien de qui il voulait parler.

DÉ DE LA ROULETTE RUSSE, LANCER #1 AVEC "AGONY"

Citation :

1. Lincoln est tellement "gelé" par ses médicaments qu'il ne se rend pas compte qu'il va directement dans un miroir... il fonce dedans et tombe au sol, assommé. Lorsqu'il revient à lui, il est confus et n'arrive pas à faire une phrase cohérente.

2. Un miroir explose sous l'impact d'une balle et quelqu'un se retrouve avec un bout de miroir planté juste sous l'œil. Référez-vous au lancer #2 afin de déterminer qui sera la personne blessée.

3. Un des chasseurs a décidé de prendre un otage, histoire de garder le contrôle sur la situation. La personne choisie? Notre chère Amy. Elle a beau être protégée par Raffael, il n'a malheureusement pas des yeux tout le tour de la tête! Il a intérêt à la sortir de là et vite s'il ne veut pas que Mackenzie lui fasse la peau!

4. Un des chasseurs a décidé de prendre un otage, histoire de garder le contrôle sur la situation. La personne choisie? Arizona, la jolie petite blonde toute frêle. Toute humaine. Qui ne sait rien de rien, ne comprend pas ce qui se passe. Comment son ours chéri va-t-il réagir?

5. Comme Arizona l'a suggéré un peu plus tôt, les humains se sont mis en quête d'une sortie de secours qu'ils ont fini par trouver. Le hic? Un des chasseurs a pensé à la bloquer de l'extérieur avant d'entrer participer au carnage. Thomas, bien décidé à faire sortir tout le monde, entreprend de défoncer la porte.

6. Damian entre dans une colère noire et se transforme en ours, sans pouvoir se contrôler et devenant une cible facile. Le tout devant sa charmante petite copine qui le regarde bouche bée, sans rien comprendre. Aura-t-elle peur de son homme? Damian saura-t-il la protéger tout en s'évitant les balles? Et en évitant qu'Arizona le fuie?

DÉ DE LA ROULETTE RUSSE, LANCER #2 AVEC "COLLATERAL DAMAGE" (si l'option #2 est choisie au premier lancer du dé "AGONY")

Citation :

1. Lincoln

2. Thomas

3. Arizona

4. Savannah

5. Amy

6. Raffael

Le membre 'Kill 'Em All' a effectué l'action suivante : Russian Roulette

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#1 'Agony' :

#1 Résultat :


--------------------------------

#2 'Collateral Damage' :

#2 Résultat :

Pendant qu'elle s'activait à essayer de trouver une sortie d'urgence, en vain, Damian proposait de tout détruire afin qu'ils puissent sortir de là. Comment Rizzo ne voulait pas rester là, les bras croisés, elle se mis en tête de continuer à chercher une porte de sortie, mais à peine s'était-elle écartée de Damian qu'une douleur cuisante se fit sentir dans son épaule droite. Elle porta sa main à son épaule pour la voir devenir rouge et poisseuse. Non! On lui avait carrément tiré dessus! Hormis que ça faisait terriblement mal, c'était quand même supportable. Ç'aurait sûrement été pire si on lui avait tiré dans la jambe. Comme ça, au moins elle pourrait sortir de là sur ses pieds.

Ce n'est qu'à ce moment-là que la jeune femme leva la tête pour regarder son homme qui était fou de rage... et que ce qu'elle vit lui coupa le souffle. Le corps de Damian prenait peu à peu une autre forme, du poils - oui du poils, mais plus que celui qu'elle voyait tous les jours là! - commençait à recouvrir son corps. Sous ses yeux, son petit ami s'était transformé en ours. Un ours immense. Lorsqu'il fit mine de s'avancer vers elle, Rizzo eut instinctivement le réflexe de reculer jusqu'à ce qu'elle heurte quelqu'un qui tenta de la rattraper avant qu'elle ne finisse par-terre. C'était Thomas qu'elle venait de percuter.

Mais ça, c'était de bien peu d'importance. Rizzo venait enfin de comprendre quelque chose d'important: pour quelle raison il ne voulait pas vivre avec elle. De toute évidence, il ne voulait pas lui dire son secret, il ne lui faisait tout simplement pas confiance. Ce constat devait faire plus mal qu'une blessure par balle.

Elle venait d’apprendre qu’un métamorphe était mort, laissant un orphelin derrière lui, Thomas venait de lui faire comprendre que Lincoln n’était pas dans un état normal, elle s’en rendit compte à ce moment-là, Damian venait d’indiquer à Raffael qu’il allait sans doute devoir porter le pauvre bougre lorsque soudainement elle se retrouva devant un ours immense et surtout, très en colère. Elle comprit en voyant la jeune femme blonde qu’elle ne connaissait pas. Cette dernière avait du sang sur l’épaule. Ce devrait être la conjointe de Damian et il n’était pas content qu’elle soit blessée. Elle avait vu son frère transformé à moitié, elle avait vu un loup aussi, mais Damian … Wow, c’était impressionnant. Il était gigantesque. Elle regarda la copine qui avait reculé. Elle n’était visiblement pas au courant. Thomas n’avait pas semblé surpris de la voir reculé, il l’avait simplement arrêté.

-Il faut sortir d’ici, ils vont le tuer.

À la grosseur qu’il avait, il était loin de passer inaperçu.  Ceux qui tentaient de les abattent avaient la plus belle cible possible. Elle se souvenue que Raffael avait dit qu’ils gardaient conscience de ce qui se passait autour, les métamorphes. Elle regarda Damian.

-Damian, c’est le moment de tout défoncé comme tu le disais… Il faut que tu sortes d’ici. Tu es devenu la cible principale, il n’y a aucun doute. Fonce.

Elle n’avait pas de doute, il allait leur créer une belle porte de sortie celui-là. Elle regarda Raffael avant de regarder Lincoln.

-Je crois que tu vas vraiment devoir le porter.

Elle se dirigea vers la jeune femme blonde pour l'aider avec son épaule blessée.

Les choses dégénérèrent rapidement. Trop rapidement au goût de Raffael. Entre les tireurs, Amy qu'il ne voulait pas lâcher d'une semelle, les balles d'argent clairement destinées aux métamorphes, un orphelin et un type complètement gelé, voilà maintenant que Damian s'était transformé. Sous les yeux de Rizzo, sa petite amie. Aux dernières nouvelles, la jeune femme ne connaissait pas le secret de son homme et si Raff en jugeait par sa réaction, elle n'était vraiment pas au courant. Ç'avait de quoi surprendre, le vampire n'en doutait pas. Ce n'était pas la première fois qu'il assistait à la métamorphose d'un humain à sa forme animale, mais il devait reconnaitre que c'était impressionnant. Sans oublier que Damian était un ours immense. N'importe qui aurait eu le réflexe de reculer en le voyant devant lui. Cependant, comme le disait Amy, il était maintenant une cible trop facile pour les tireurs. Il faudrait vraiment qu'ils soient de piètres de chasseurs pour ne pas parvenir à toucher une cible aussi facile. La question qui se posait désormais, c'était comment le convaincre de fouttre le camps alors qu'Arizona était toujours là. Il ne voudrait pas la laisser, c'était donc à eux de lui promettre de la protéger pendant que lui ouvrirait la voie. Raff en avait déjà plein les bras avec Lincoln et il détestait devoir prendre soin de quelqu'un d'autre qu'Amy... parce que même si les autres étaient importants, Amy l'était davantage à ses yeux. Cependant, si quelqu'un savait quel danger ils couraient présentement, c'était bien elle. Donc de tous les humains présents, elle était la moins vulnérable.

Raffael pris donc les choses en mains comme le bulldozer qu'il savait parfois être: il attrapa Lincoln et le hissa sur son épaule, comme une grosse poche de pommes de terre. La manoeuvre n'avait vraiment rien de difficile. Une fois que ce fut fait, il se rapprocha d'Amy et d'Arizona avant de se placer derrière elles et de leur faire signe d'avancer. Nul besoin de dire à sa belle de veiller à rester près de lui, elle savait très bien qu'il deviendrait fou s'il la perdait de vue.

- Suivez Damian de près. On a rien à craindre de lui, au contraire. Savannah et Tom vont fermer la marche et assurer nos arrières.

Si Raff n'aimait pas trop l'idée de laisser Sav derrière lui, il la savait en sécurité avec Thomas. Et elle était bien moins vulnérable que les autres, même en étant un bébé vampire.

Quelqu’un s’approcha d’Amy et répondit à ma question. Un instant, je fus près de ne pas comprendre la réponse, trop occupé à me demander si l’homme était réellement un inconnu ou s’il s’agissait encore d’un effet secondaire de mes médicaments. Un assassinat. Il nous faut sortir. L’homme me secoua légèrement, histoire de me réveiller, mais la poussée m’envoya quand même cogner contre un miroir. Tout le monde peut voir que je suis dans les vapes. Je portai ma main à mon front. « Je ne vous ralentirai pas… Une fois en mouvement, ça ira. » Je ne voulais pas que les autres s’inquiète plus que nécessaire. L’action me permettrait de me concentrer sur mes gestes, sur la direction à suivre et m’empêcherait de me perdre dans ma propre tête. Du moins je le crois.

Malgré la situation qui semblait grave, je ne me sentais pas paniqué. (Merci les pilules !) Je n’eus même pas besoin de demander qui nous menaçait et pourquoi, seule la fuite comptait. Un sifflement se fit entendre, que je ne distinguai pas tout de suite comme une balle tirée. Il me fallut apercevoir le sang coulant de l’épaule d’une jeune femme blonde pour comprendre. Tandis que je luttais pour focaliser mon esprit sur la situation, je subi une autre vague de mes médicaments, puisque l’un des hommes qui nous accompagnait se transforma en ours. Jusqu’alors, je n’avais jamais eu d’hallucinations causées par mes pilules, mais celle-ci me semblait réelle, tangible. Seule ma logique me criait que ce que je voyais ne pouvait pas être vrai. Pas de panique. Ce n’est qu’une chimère.

Je fus alors soulevé de terre sans ménagement tandis que Raffael me portait sur son épaule comme un cadavre. Mais pour qui il se prend ? Le changement de position brusque couplé aux effets de mes cachets firent en sorte de me donner la nausée. Partout où je posais les yeux, je voyais des reflets déformés par les différents miroirs, ce qui était loin de jouer en ma faveur. « Merde, je suis juste… assommé. Pas paralysé… » J’avais la tête qui pendait vers le sol et l’affut de sang à mon cerveau n’aidait en rien à calmer mon estomac éprouvé. « Lâchez-moi… » La fin de ma phrase se termina sur un hoquet disgracieux. « Lâchez-moi… ou je vais vomir… » Second hoquet, accompagné d’un spasme. Il ne lui restait que peu de temps pour me remettre sur pied avant que les vannes ne s’ouvrent.