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| | | Forgiveness isn't all it's cracked up to be - Will, Jane, Lincoln. |  |
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 |  (#) Sujet: Re: Forgiveness isn't all it's cracked up to be - Will, Jane, Lincoln. Lun 26 Oct - 16:11:33 | |
| Jane étouffa un rire qui s’acheva en soupir tout en haussant les sourcils d’un air résigné. Les Bahamas. A quoi pouvaient bien ressembler les Bahamas désormais ? Elle s’imaginait une nuée de rôdeurs maladroits à la mâchoire pendante errant sur une plage de sable blanc maculée de sang dont les premières lignes, déstabilisées par la force des vagues, tomberaient tour à tour dans quelques décilitres d’eau souillée avant de se relever pour mieux choir à nouveau quelques instant plus tard, perpétuant ainsi un sinistre cycle éternel. Sur ces îles pauvres en richesses naturelles, notamment sur les plus touristiques, la situation avait probablement rapidement dégénérée. La jeune femme n’osait imaginer ce qu’elle aurait pu ressentir en voyant l’étau se resserrer autour d’elle, coincée sur une parcelle de quelques kilomètres carrés au beau milieu de l’immensité, sans réel espoir de fuite, obligée de se battre contre des milliers de voyageurs en tongs et chemise à fleurs pour avoir sa part des réserves alimentaires des hôtels. Les paysages urbains étaient certes moins agréables à l’oeil que les mers turquoises bordées de cocotiers mais elle préférait largement son enfer de bitume.
La jeune femme fronça les sourcils lorsque Will sortit son tube de crème de son sac à dos en lui laissant entendre que ses muscles n’étaient pas dans un meilleur état que les siens avant de le ranger tout aussi rapidement dans sa poche de pantalon et de s’apprêter à prendre la route. La perplexité de Jane crût lorsqu’il le sortit à nouveau pour lui tendre en lui lançant un regard qu’elle avait quelques difficultés à interpréter. Elle avait du mal à comprendre où il voulait en venir. Son cerveau était vraisemblablement encore quelque peu embrumé et les signes à déchiffrer lui passaient complètement au dessus de la tête, à moins qu’il n’y en ait aucun. La jeune femme esquissa un rictus et saisit le tube. « Si tu veux un massage, ça te coûtera une tablette de chocolat. » Comme à l’accoutumée, elle avait spontanément tenté un trait d’humour pour désamorcer un malaise naissant, sans réellement réfléchir aux mots qui allaient franchir le seuil de ses lèvres. Elle décida de fuir sans tarder afin d’éviter de s’embourber à nouveau dans une position inconfortable. Elle avait encore en mémoire le moment où elle avait complètement perdu les pédales à l’hôpital et elle préférait ne pas revivre une situation comparable. Elle tourna les talons et se dirigea vers le palier où elle récupéra le sabre qu’elle y avait laissé quelques minutes plus tôt. Elle rejoint ensuite le pick-up, déposa l’arme sur la banquette arrière et son sac sous le siège passager puis s’installa et referma la portière.
Le regard perdu dans le vide à travers le pare-brise, Jane faisait tourner le tube de crème entre ses doigts. Elle avait subitement senti une vague de mélancolie s’emparer d’elle et avait mis plusieurs secondes à comprendre que c’était l’ombre de sa soeur qui tourmentait son esprit. Tous les prétextes étaient bons pour que ses blessures se ravivent. L’évocation de l’ancienne profession de sa jumelle avait probablement été le déclencheur cette fois-ci. A vrai dire, cela n’avait aucune forme d’importance. La jeune femme ressentait au plus profond d’elle-même la déliquescence qui portait atteinte à la pureté du lien l’unissant à sa jumelle. La rancoeur, la culpabilité, les non-dits avaient infecté, sali, corrompu leur relation. Alicia lui manquait toujours autant, certes, mais à cette carence s’ajoutait un certain écoeurement, comme si elle contemplait, désoeuvrée, les ruines de sa maison d’enfance qu’elle aurait participé à détruire. Peut-être parviendraient-elles à rebâtir un nouvel édifice mais elle se doutait bien que jamais l’odeur exacte de son ancien foyer n’en emplirait les pièces. Jamais elles ne redeviendraient les jumelles Birmingham qu’elles avaient été avant l’arrivée des rôdeurs. Or, Jane n’était pas prête à l’accepter, du moins pas sans opposer une certaine résistance. Elle laissa l’arrière de son crâne tomber contre l’appuie-tête tandis qu’une certaine colère enflammait ses yeux. Elle avait hâte de partir, de laisser son regard glisser sur les paysages défilant à travers la vitre, de se laisser bercer par le mouvement. D’oublier. - Spoiler:
Désolée, j'ai été grave longue avec mon déménagement !
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| | (#) Sujet: Re: Forgiveness isn't all it's cracked up to be - Will, Jane, Lincoln. Dim 1 Nov - 13:34:20 | |
| Je restais debout sur place, médusé par la situation. Je repliais lentement mon bras et haussais les épaules, incapable de comprendre ce qui venait tout juste d’arriver. J’aurais pu dire que je commençais à m’habituer aux situations malaisantes en présence de Jane mais non, je n’y étais pas habitué. Je me grattais l’arrière de la tête et murmurais un okay… que je fus le seul à entendre et retournais au matériel qui trainait toujours par terre. Il ne restait que quelques planches de bois à transporter et je m’attelais à la tache, prenant plus de temps que nécessaire pour laisser au malaise le temps de se dissiper. C’est vrai que j’aurais du lui demander si elle aurait voulu utiliser la crème pour elle-même, évitant ainsi de causer une situation gênante. Mais d’un autre côté, j’avais envie de rire du malaise que nous avions créés tout les deux. La première fois que c’était arrivé à l’hôpital j’avais été mal à l’aise mais en ce moment, j’avais plus envie d’hausser les épaules et de rire un bon coup. Nous avions tués des rôdeurs ensemble, détesté Lincoln d’une haine commune mais lorsque venait le temps de blaguer un peu, le degré de malaise s’élevait à un tel niveau que c’était à se demander si nous vivions encore dans un monde contrôlé par les morts.
« Buster ! » Le chien était allé s’aventurer à l’extérieur par la porte ouverte du garage. Il revint à la mention de son nom et s’assit près de la porte conducteur du pick up, prêt à partir à l’aventure. C’était drôle de voir comment le chien c’était habitué à ma routine de vie, à quel point il l’avait intégré à la sienne. Je n’avais plus besoin de lui montrer ou de le trainer dans mes bras lorsqu’il ne comprenait pas ce que j’attendais de lui, il le savait. Autant avait il été un danger les toutes premières fois qu’il venait avec moi et Lincoln lors de nos sorties à la recherche de vivres, autant maintenant il obéissait à mes moindres faits et gestes sans hésiter une seconde. C’était finit le temps où il risquait de faire tuer qui que ce soit. J’allais refermer la porte arrière du camion en prenant soin d’y aller doucement pour ne pas m’attirer une horde de rôdeur puis retournais chercher mon sac à dos que j’avais laissé par terre. Je le trainais jusqu’au camion duquel j’ouvris la porte et attrapais le chien par-dessous pour le faire grimper à l’intérieur. J’y entrais à mon tour et trouvais une place à mon sac à l’arrière du camion, laissant Buster explorer à son aise un environnement connu. Je jetais un coup d’œil rapide à Jane qui semblait perdue dans l’admiration du paysage pittoresque devant nous (ou tout simplement perdue dans ses pensées.) Je pris la clé du pick up entre mes doigts et avant de faire démarrer le moteur, poussais un soupir et déclara : « Malheureusement, je n’ai plus une seule barre de chocolat. » Puis je tournais la clé dans le contact, omettant de regarder Jane, me concentrant sur le bruit du camion, déplaçant le levier de vitesse et appuyant le pied sur la pédale de gaz pour faire avancer le véhicule hors du garage.
Il ne restait qu’à aller verrouiller la porte de la maison et fermer la porte du garage. Je sortais du pick up, laissant le moteur tourner et m’occupais de verrouiller la porte d’entrée de la maison, m’efforçant de réfléchir à ce que j’ai apporté pour être sûr de ne rien oublier. Car lorsque nous serons sur le chemin du retour vers la ville, ce ne sera plus le temps de faire demi-tour. Je prends le temps d’y penser en chemin vers le garage mais rien ne me vient à l’esprit. J’ai bien emporté suffisamment de nourriture et d’eau pour survivre quelques jours, des médicaments, des pansements, des vêtements. Non je ne crois pas avoir rien laissé derrière d’utile à ma survie en contrée hostile. Je m’occupe de refermer la porte du garage pour éviter d’y retrouver des indésirables lors d’une prochaine visite (si prochaine visite il y a), puis retourne au camion sans attendre plus longtemps. Je prends de nouveau place dans le siège conducteur, une main sur le levier de vitesse. « Si tout se passe bien, on devrait arriver plus rapidement qu’hier. En espérant ne pas tomber sur de vieilles connaissances. » Ajoutais-je en souriant.
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| | (#) Sujet: Re: Forgiveness isn't all it's cracked up to be - Will, Jane, Lincoln. Ven 6 Nov - 10:28:43 | |
| Jane entendit la porte du pick-up s’ouvrir. Ce bruit la fit brutalement redescendre sur terre mais elle cilla à peine, encore obnubilée par la sensation pesante qui l’enveloppait. Will s’installa sur le siège conducteur et fit démarrer le véhicule. La jeune femme tourna sa tête vers lui, un sourire en coin en réponse à sa remarque sur la barre de chocolat. Elle n’ouvrit néanmoins pas la bouche, sa répartie ayant vraisemblablement été soufflée par ses états d’âme. Il fallait qu’elle respire, qu’elle retrouve une certaine stabilité apparente, au moins jusqu’à ce qu’elle puisse retrouver la ville et la solitude. Elle serait alors libre de se laisser aller à ses frasques et comportements irrationnels loin du regard d’autrui. Jane ignorait si cette préoccupation résiduelle concernant l’opinion que ses congénères pourraient avoir d’elle était une bonne ou une mauvaise chose. Dans un sens, cela signifiait qu’elle n’avait pas complètement rejeté la dimension sociale de sa personne.
La jeune femme laissa à nouveau son regard se perdre dans le vide tandis que Will s’occupait de sortir le véhicule de sa propriété, s’assurant de refermer convenablement les grilles derrière lui. Elle le fixa quelques instants à travers la vitre en fronçant les sourcils, s’interrogeant brièvement sur les origines de la gêne qui semblait avoir une fâcheuse tendance à s’immiscer entre eux. Peut-être qu’il s’agissait de Warren. Encore Warren, toujours Warren. Peut-être que le simple fait de blaguer avec un autre homme lui donnait l’impression de le tromper, de le trahir ou, du moins, réveillait en elle le souvenir de moments passés avec lui. Jane soupira tandis que Will s’installait à nouveau au poste de conduite. Elle était lasse de jouer au jeu de l’auto-analyse. Elle s’enfonça dans son siège tandis que son interlocuteur déclarait qu’ils devraient rapidement rejoindre la ville. Elle esquissa alors un sourire. « J’espère que Lincoln ne nous attendra pas à l’entrée de Houston une tronçonneuse à la main pour se venger. » La veille, ils avaient tout de même disparu dans la nature en le laissant se battre avec un tronc de plusieurs dizaines de kilogrammes. Il l’avait bien cherché, certes.
Ils se mirent enfin en route et le chemin de terre laissa bientôt place au béton s’étendant à perte de vue. Elle aurait pu passer des heures à rouler ainsi, si seulement les ressources en carburant avaient été illimitées. Ce n’était probablement qu’une illusion mais elle se sentait suspendue au dessus de la réalité, presque en sécurité. Les quelques rôdeurs qui fendaient de part et d’autre le paysage, errant sans but à travers les champs ou les bois lui rappelaient ces pantins articulés aux traits grossiers presque risibles qui animaient les maisons hantés des fêtes foraines. Elle savait néanmoins que cette parenthèse allait se refermer et que la peur reprendrait bientôt sa place d’honneur dans son esprit.
Jane poussa un long soupir. « Il faut que je me trouve une voiture. J’ai envie d’aller voir la mer. » Malgré les péripéties des dernières heures, franchir les murs de la ville lui avait fait le plus grand bien. Elle avait toujours été faite pour voyager, ce besoin était ancré au plus profond d’elle. S’enfermer dans Houston, se cantonner chaque jour aux mêmes paysages, aux mêmes sensations, aux mêmes stimuli, à la même routine comme elle avait pu le faire ces derniers mois n’était qu’une énième forme de négation de sa véritable personnalité. La simple idée de s’éloigner géographiquement de sa famille la pétrifiait mais peut-être que c’était un pas qu’elle se devait de franchir, un pas vers la vie. Si elle voulait continuer d’évoluer en solitaire, il fallait qu’elle s’affranchisse de ses attaches et qu’elle suive sa véritable nature. La plage la plus proche n’était qu’à quelques dizaines de kilomètres, un aller-retour en une journée était envisageable. C’était un compromis acceptable. Dans quelques jours, peut-être. |
| | | | | | (#) Sujet: Re: Forgiveness isn't all it's cracked up to be - Will, Jane, Lincoln. | |
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