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| | | Eyes in every direction! They're coming for us. - Jane B. |  |
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 |  (#) Sujet: Re: Eyes in every direction! They're coming for us. - Jane B. Mar 14 Juil - 14:17:10 | |
| Ce musée dont elle m’avait parlé tant de fois était près d’ici. Je n’imaginais même pas de quoi il pourrait avoir l’air maintenant. Probablement que des amateurs d’art avaient profités du début de l’apocalypse pour aller voler des œuvres alors que la sécurité était vacillante. Il y avait également de grande chance pour que le musée soit sous l’emprise des morts, un peu comme toutes les autres bâtisses publiques. Les restaurants, les parcs d’attraction, les épiceries, tout ces endroits étaient pleins à craquer de rôdeurs, impossible d’y faire un pas sans se faire sauter dessus. Les endroits publics étaient les pires places à visiter par les temps qui court. Lorsque l’apocalypse venait de commencer, c’est dans les endroits publics que les premiers rôdeurs firent leur apparition. Je suis bien placé pour parler, c’est dans un restaurant que j’étais pendant la grande folie que fut la découverte des rôdeurs. Ils parlaient d’une maladie étrange qu’on retrouvait de plus en plus, une forme de rage qui rendait les gens fous. Des gens se plaignaient que quelqu’un avait tenté de les mordre, les policiers prenaient les plaintes et faisaient le tour des quartiers problématiques. Personne ne s’était fait de sang d’encre pour ce problème. C’était une maladie comme l’était la grippe porcine ou le H1N1. Les chercheurs allaient créer un vaccin et on serait tous sauvé, magie ! Mais non et maintenant voyez comment on vit. Devoir marcher sous le soleil plombant pendant des heures pour pouvoir se faire soigner et par chance que j’étais tombé sur Jane sinon qui sait comment j’aurais pu sortir de ce stationnement : la peau grise, la gueule pendante et les pieds frottant le sol à chaque pas.
« Je n’imagine pas y mettre les pieds maintenant. Il doit y avoir des rôdeurs amateurs d’art un peu partout. »
Et peut être même des agents de sécurité zombies. C’était pire qu’un film d’horreur. J’avais l’imagination beaucoup trop fertile pour un homme qui venait de perdre une bonne quantité de sang une bonne demi-heure auparavant. C’était peut être le soleil qui me mettait des idées farfelues en tête. La dernière fois que j’avais vécu une telle chaleur, j’étais assis dans l’abatteuse de la compagnie forestière de mon père, les deux pieds dans des bottes beaucoup trop chaude pour la température, un casque jaune sur la tête et un chandail trempé de sueur sur le dos. Quand on travaillait, on se fichait de la température sauf si un feu de forêt se déclenchait près de nous. Le travail passait avant tout. C’était un peu dans cette mentalité que j’essayais de me remettre en ce moment. La chaleur était étouffante mais je me disais que j’étais capable de la subir. Je l’avais déjà fait par le passé, pourquoi pas maintenant ? Peut être parce que j’étais blessé et que mon alimentation était loin de ressembler à autrefois. Si je réussissais à manger une canne de thon dans une journée je considérais que c’était suffisant.
Une fois à l’ombre, je posais mon sac par terre et m’assoyais juste à côté. J’essuyais d’une main la sueur qui me coulait sur le visage et bus un peu d’eau de ma bouteille. J’avais les jambes molles après notre marche et je me demandais presque si j’arriverais à me remettre sur pieds lorsqu’on devrait repartir. Je soulevais le col de mon chandail pour regarder mon bandage et vis un minuscule rond rouge qui transperçait le blanc presque pur. Je n’en faisais pas de cas et tentais de contrôler ma respiration sifflante. On pouvait entendre les insectes chanter des herbes hautes qui s’étaient fait un chemin un peu partout en ville.
« Dire qu’avant je pouvais supporter ce genre de température toute une journée avec le double de vêtement. Il faut dire que j’étais mieux nourrit dans le temps. »
Je tapotais mon ventre qui était déjà vide malgré mon repas de ce matin et me disais que j’aurais tout fait pour un bon cheese burger. |
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| | (#) Sujet: Re: Eyes in every direction! They're coming for us. - Jane B. Mer 15 Juil - 4:37:20 | |
| Jane rangea sa bouteille d’eau dans son sac afin d’éloigner la tentation puis croisa ses bras sur ses genoux, pencha sa tête vers le sol et ferma les yeux quelques instants. Elle se sentait happée vers le monde des rêves, ou plutôt vers celui des cauchemars si l’on se référait à la qualité de ses dernières nuits. Elle cédait une fraction de seconde, s’enfonçant dans la somnolence puis était ramenée à la réalité par une violente décharge d’adrénaline. Ce cycle infernal n’avait de cesse de se répéter. La voix de Will la sortit finalement de sa torpeur. Ce bref moment de repos avait eu le mérite de la ressourcer quelque peu. Son coeur s’était calmé et sa respiration s’était normalisée. Son interlocuteur lui fit remarquer à quel point leur niveau de résistance avait été altéré. Ils étaient physiquement plus fragiles, certes. Leurs réserves de calories facilement accessibles quasiment inexistantes, leur état de déshydratation constante et leur fatigue chronique rendait leur adaptation à leur environnement bien plus ardue.
Toutefois, il y avait autre chose que Jane avait perdu. L’élan vital. Autrefois, la jeune femme investissait tous les jours son énergie dans des actes, des projets, des réalisations qui la dépassaient largement. Elle avançait à l’unisson du monde. Désormais, elle ne se battait plus que pour une seule chose : prolonger sa vie. Sa misérable petite vie faite de sueur, de larmes et de sang et tellement vide de sens qu’elle ne pouvait même plus la qualifier d’existence. Jane n’avait pas été parfaitement honnête avec elle-même au fil de sa réflexion. Il y avait bien quelque chose qui la dépassait : sa famille. Ses frères, sa soeur et ses défunts parents envers qui elle aurait toujours une dette, celle de sa propre naissance. Cependant, et cela lui arrachait le coeur de l’avouer, ce n’était pas suffisant pour contrebalancer le vide abyssal, les ténèbres tumultueuses et la peine incommensurable qui l’obligeaient chaque jour à se lever la nausée au ventre. Les événements de la matinée le lui avaient une nouvelle fois prouvé, il fallait qu’elle se rapproche intimement de la mort pour que son cerveau primitif daigne lui faire ressentir une once d’envie de vivre. Si ce vestige de son animalité la plus basique n’était pas aussi performant, elle ne serait plus de ce monde. Jane releva la tête et soupira. « Avant, on avait un but. Au delà de la simple survie je veux dire. Construire quelque chose, marquer le monde se son empreinte, se battre pour des idéaux, se battre pour quelqu’un… C’est plus facile d’oublier sa souffrance et de se dépasser quand on a un but. »
Elle ignorait s’il comprendrait le fond de sa pensée d’autant plus qu’elle parvenait difficilement à trouver des formulations précises ces derniers temps mais elle avait besoin de l’exprimer. Peut-être n’était-ce pas la meilleure idée du monde de se livrer ainsi à un quasi inconnu mais, de toutes les façons, elle s’était trahie dès la première phrase qu’elle lui avait adressée plus tôt dans le parking. Elle avait besoin d’un avis extérieur. Etait-elle la seule à se demander si la vie valait encore la peine d’être vécue ? Jane referma la fermeture éclair de son sac. « Maintenant, même perpétuer l’espèce ne nous intéresse plus. Qui voudrait élever un gosse dans ce monde malade ? » La situation était particulièrement ironique. La majorité des hommes n’avait plus envie de se reproduire, jugeant la réalité actuelle trop atroce pour l’imposer à une potentielle progéniture mais eux continuaient à se battre avec acharnement pour avoir l'opportunité de parcourir cet enfer un jour de plus. Ne serait-il pas plus simple pour l’humanité de renoncer et de s’endormir doucement, paisiblement ? La jeune femme balança la tête en soupirant. « Notre instinct nous pousse à nous bouger le cul chaque jour et, ouai, parfois j’ai l’impression que ça vaut le coup mais je te jure Will, une partie de moi a juste envie de rester ici et… » Jane sentit soudain la porte de la boutique à laquelle elle était adossée trembler contre son dos dans un bruit sourd, probablement bousculée par un ou deux rôdeurs attirés par leurs voix. C’était comme si l’univers avait entendu son petit discours et trouvé hilarant de la mettre à l’épreuve. La jeune femme lança un regard blasé à Will, un discret sourire sarcastique sur les lèvres. |
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| | (#) Sujet: Re: Eyes in every direction! They're coming for us. - Jane B. Mer 15 Juil - 23:40:33 | |
| Je ne pouvais pas lui dire qu’elle avait tord, car au fond, je savais qu’elle avait raison. Quel était le but des survivants aujourd’hui ? Combattre les rôdeurs ou attendre qu’ils disparaissent de la surface de la planète ? Car on ne se fera pas d’illusions, la menace était internationale, pas seulement localisé aux États-Unis. C’était probablement une crise insurmontable. Les zombies finiraient par mourir lorsqu’ils n’auraient plus rien à se mettre sous la dent, mais quand ? Dans une vingtaine ou même une trentaine d’années ? Nous serons probablement tous mort rendu là. Les denrées commençaient à se faire rares et des humains mourraient tous les jours dans la ville pour rejoindre les rangs des rôdeurs. Avions-nous une solution ? Probablement pas. Depuis le début tout ce que je faisais c’était chercher un endroit suffisamment sécuritaire pour pouvoir y passer quelques heures tranquille pour réussir à dormir et trouver assez de nourriture pour ne pas mourir de faim. Y avait-il eu des moments qui avaient valu la peine d’être vécu depuis ma randonnée de survie à Houston ? Probablement pas. Avais-je déjà pensé à laisser tomber ? Des centaines de fois. Je ne savais pas moi-même pourquoi j’avais continué à me battre, à vouloir repousser la menace.
« Je ne te mentirai pas, je n’ai pas la réponse. J’y ai pensé souvent au début. C’était difficile de voir les rôdeurs par centaine dans la ville. J’ai même vu des gens que je connaissais autrefois. C’est que de la survie et on ne sait même pas si ça en vaut la peine ou si ça va nous mener quelque part. »
Je me relevais lentement, ne voulant pas ressentir la même chose que tout à l’heure. J’eu un instant de malaise mais je réussis tout de même à me tenir sur mes deux pieds. Ce qu’elle me disait, c’était la réflexion ultime que personne ne pouvait ignorer. Tôt ou tard c’était ce que tous se demandait. Est-ce que ça vaut la peine de continuer à se battre jour après jour sans avoir de garanti pour la suite ? J’avais toujours été un peu négatif auparavant, mais bizarrement je n’avais pas envie de lâcher prise. J’étais comme intrigué, je voulais voir et savoir ce qui allait arriver. Si les humains finiraient par reprendre le dessus ou réussir à former une communauté pouvant repousser les rôdeurs. Je n’avais pas complètement perdu espoir, il me restait cette petite flamme qui refusait de s’éteindre.
« Parfois avant de m’endormir, je me dis que je ne me réveillerai pas le lendemain, mais ce n’est encore jamais arrivé. Chaque foutu matin j’ouvre les yeux et je recommence. C’est toujours la même chose. Et même si je me dis que je serais mieux de ne jamais me réveiller, j’ai toujours cette peur qui me tenaille par en dedans, comme s’il me restait quelque chose à vivre. Et je me dis que si j’ai peur, c’est que j’en n’ai pas encore fini avec cette vie de merde. »
Mes pensées en paroles. Je vis alors la porte sur laquelle Jane c’était adossée trembler. Bien entendu, l’ironie était encore de ce monde. Je roulais des yeux et m’avançais furieusement vers elle, la laissant me faire de la place pour que j’atteigne la porte. J’aurais peut être du laisser tranquille ce qui se cachait derrière la porte mais je voyais rouge aujourd’hui. J’avais le sang qui bouillait et l’épaule engourdit par la douleur. Je saisis mon couteau d’une main et ouvris la porte qui céda sous le poids de l’unique rôdeur qui se dirigea lentement vers moi.
« On parlait justement de toi l’affreux. »
Je lui enfonçais mon couteau le plus loin possible dans le crâne et le retira d’un mouvement sec. Le rôdeur s’effondra sur le sol, un nuage de poussière se soulevant sous le corps inanimé.
« Je crois que le seul point positif que je peux trouver à notre situation c’est le plaisir que je ressens à chaque fois que j’en tue un. »
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| | (#) Sujet: Re: Eyes in every direction! They're coming for us. - Jane B. Jeu 16 Juil - 10:11:10 | |
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Jane vit la rage s’emparer de son compagnon de route. Elle eut à peine le temps de s’écarter qu’il s’était déjà jeté sur la porte, empalant dans la foulée le crâne du rôdeur qui se trouvait derrière. Elle l’avait regardé agir, sans bouger, sans rien dire. Elle ne pouvait que comprendre son accès de de colère. Cette simple et insignifiante créature représentait à elle seule toute la vermine de la planète, celle qui avait plongé le monde dans un tel chaos, celle qui avait volé leur vie, celle qui avait tué ceux qu’ils aimaient. Sa furie, elle la comprenait. Plus encore, elle la ressentait dans sa propre chair. Il y a peu, elle avait complètement perdu les pédales face à un rôdeur, prenant des risques inutiles uniquement pour lui faire dignement sa fête. Elle se souvenait du regard d’incompréhension que lui avait lancé Raffael lorsqu’il l’avait surprise, bouteille brisée à la main, s’acharnant comme une damnée sur l’oeil de l’indésirable. Elle se souvenait à quel point elle s’était sentie minable, ainsi soumise au jugement de son frère. Elle voulait que Will puisse lire dans ses yeux qu’elle comprenait, qu’ils étaient dans le même bateau. La réaction qu’il avait eu à ses derniers propos, les doutes qu’il avait accepté de partager l’avaient en quelque sorte soulagée, elle voulait lui rendre la pareille. Parler ainsi à coeur ouvert avec un inconnu avait été salvateur pour elle. Elle avait bien tenté de se confier à sa famille mais elle sentait que ses proches édulcoraient leurs propos pour la pousser vers la lumière alors qu’elle souhaitait simplement se sentir moins isolée dans sa noirceur, reconnaître les ténèbres qui l’habitaient dans les yeux d’un autre et, qui sait, trouver un allié pour surmonter cet enfer.
La jeune femme se leva et jeta un regard au cadavre qui gisait sur le sol de la boutique. Lorsqu’on se plonge dans le vide abyssal des yeux des rôdeurs, il est aisé d’y voir ce que l’on veut. Monstres assoiffés de sang et avides de chair, pitoyables automates dénués de volonté, spectres des humains aimants, brillants, doux, drôles, loyaux, sensibles qu’ils étaient autrefois. Cela dépendait de l’humeur du jour, de l’état d’esprit du moment, du contexte, parfois de simples détails. Le zombie que Will venait de tuer portait le même pull que son meilleur ami d’université, celui qu’elle lui avait offert après la remise des diplômes. La jeune femme fit une petite moue et détourna le regard. « Parfois, ça me fait du bien de les tuer. Parfois, ça me rend juste triste. » Lorsqu’elle tissait un lien avec un rôdeur, la jeune femme ne pouvait l’anéantir sans avoir la sensation de reproduire à moindre échelle le geste atroce et à ses yeux criminel qui avait mené à la mort totale et définitive de celui qui fut l’amour de sa vie. Sa relation avec les indésirables était tout à fait ambivalente. Elle les considérait tantôt comme ses bourreaux, tantôt comme ses victimes. Ils semblaient mériter à la fois son courroux et son repentir.
Jane mit ses mains sur ses hanches et fit un tour d’horizon. Elle n’avait pas envie de rester ici, elle ne s’y sentait pas en sécurité. Elle ne voulait toutefois pas contraindre Will à se remettre en route s’il ne se sentait pas prêt. Elle repensa quelques instants à ce qu’il venait de dire concernant sa peur. Jane avait peur, parfois. De moins en moins, à vrai dire. Comme l’ensemble de ses émotions, elle s’était également émoussée ces derniers temps.. Elle voyait davantage cette sensation comme l’émanation de son cerveau primitif, comme un obstacle à dépasser, comme une entrave à sa libération. La vision des choses de son interlocuteur était néanmoins intéressante. Jane ne savait vraiment plus à quelle voix se fier. Celle de son instinct de survie ? Celle de sa raison ? Celle de son coeur ? Ce casse-tête la rendait folle. Elle secoua la tête et se concentra sur Will. Il venait de mobiliser son membre supérieur blessé de manière assez violente et elle avait peur qu’il ait desserré son bandage. Elle fronça les sourcils et croisa les bras. « Ton épaule… laisse-moi vérifier. »
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| | (#) Sujet: Re: Eyes in every direction! They're coming for us. - Jane B. Jeu 16 Juil - 21:21:11 | |
| J’essayais de ne pas agir avec impulsion. Je savais que ça me tuerais un jour. Mon impatience finirait par me mettre à terre. Dans ce monde de chaos, il fallait être patient, stratégique et sans pitié, sinon on risquait de rencontrer la mort à tout les coins de rue. Ce que je venais de faire était un mauvais exemple de survie. Attaquer un rôdeur alors qu’on est en colère est la pire des choses à faire. On ne pense pas au danger ou à la douleur, on ne pense qu’à se débarrasser de l’indésirable. Et je n’avais vraiment pas réfléchis, je sentais que mon épaule venait de subir un coup et je craignais de regarder comment ma blessure avait encaissée le choc. Pour éviter de devoir faire une inspection détaillée de mon épaule, je me penchais vers le zombie et essuyais machinalement mon couteau ensanglanté sur le pantalon du mort, laissant une trace rouge et poisseuse sur le vêtement. C’était un peu devenu une habitude de nettoyer ma lame après m’en être servit et pas sur mes vêtements de préférence. Avoir du me débarrasser de mon t-shirt tout à l’heure était déjà suffisant sans que j’ai à nettoyer mon couteau contre ma propre jambe. Je devrais bientôt me chercher de nouveaux chandails à me mettre sur le dos pour ne pas avoir à me balader torse nue dans la ville. Pas pour l’esthétique mais bien pour le côté pratique d’être habillé. J’évitais les coups de soleil trop important et j’arrivais à me garder au chaud pendant la nuit grâce à ma chaleur corporelle.
Je rangeais le couteau dans l’étui attaché à ma ceinture et me relevais, regardant Jane qui avait croisé les bras, me demandant pour vérifier mon épaule. Je savais que quelque chose était arrivé à mon épaule et que j’aurais du faire attention avant de me lancer sauvagement sur un rôdeur qui aurait pu être maitrisé facilement. J’aurais pu m’en débarrasser d’une manière plus stratégique et surtout, ne pas ouvrir la porte. Le rôdeur serait resté dans ce magasin et y serait probablement mort de faim après quelques semaines. Je m’approchais d’elle et avant même de soulever le collet de mon chandail, je pu voir que le sang c’était remit à couler. Peut être pas aussi intensément que lorsque j’avais retiré le morceau de vitre, mais juste assez pour m’affaiblir fortement.
« Je suis vraiment stupide. Sois je pars dans un stationnement grouillant de rôdeurs pour un peu d’essence, sois je perds les pédales et m’échauffe les sangs sur une créature qui n’en vaut même pas la peine. »
J’étais furieux contre les morts et j’étais furieux contre moi-même pour avoir agis sans réfléchir. Je n’avais pas pensé à ma blessure ni aux conséquences de mon acte. Je connaissais très bien les conséquences d’une action irréfléchie et encore plus depuis l’arrivée des rôdeurs. Avant on nous bombardait les oreilles de : Ne buvez pas au volant ! Maintenant c’était plus : Ne buvez pas en présence de zombies ! Je soulevais le col de mon chandail et fis une grimace. Le pansement s’était imbibé de mon sang et l’élancement quand j’avais dans l’épaule s’était accentué. J’avais l’habitude de la douleur mais celle-ci était bien différente des autres. J’avais l’impression de sentir le trou que j’avais tout près de l’os, si j’osais bouger un peu mon épaule, la sensation se multipliait par dix et me donnais la nausée. Le verre avait fait une belle déchirure mais la douleur qui venait avec me donnait envie de m’assoir sur le sol de ce magasin et de crier de rage.
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| | (#) Sujet: Re: Eyes in every direction! They're coming for us. - Jane B. Ven 17 Juil - 7:22:50 | |
| Dans les yeux de Will, la rage avait laissée place à la culpabilité. Jane ne connaissait que trop bien ce sentiment qui pouvait aisément mener à une spirale mélancolique potentiellement dangereuse voire fatale. C’était plus que jamais le cas dans la situation actuelle où il fallait qu’il concentre toute son énergie sur sa survie s’il voulait s’en sortir. Il ne pouvait pas se permettre d’en gaspiller en autoflagellation. Jane posa son regard sur l’épaule de son compagnon de route. Son haut s’était imbibé de sang, le bandage compressif n’était plus assez efficace pour contenir l’hémorragie. La jeune femme dissimula une grimace. Les mots de Will vinrent bientôt confirmer ce que son regard exprimait. Jane prit une grande inspiration, se positionna face à lui et attrapa son bras sain pour l’inciter à se ressaisir, le regardant fixement dans les yeux. « Hey, c’est pas grave. T’as déconné, ok, mais ça nous arrive à tous. C’est pas grave. On va arranger ça. » Jane ouvrit son sac et en sortit son foulard fétiche. Elle le noua avec force autour du membre atteint afin d’augmenter la pression sur le vaisseau à l’origine du saignement. C’était loin d’être du grand art et Kaleb allait probablement dire qu’elle avait fait un travail de sagouin mais elle n’avait pas réellement les moyens de faire mieux. La jeune femme remit son sac sur son dos et s’apprêta à ouvrir la marche. Elle esquissa un petit sourire « Allez, on ne peut plus se permettre de traîner maintenant. Tu vas t’en sortir, je te le promets. » Ils reprirent donc leur route, faisant cap vers le sud. Le soleil tapait toujours aussi fort sur l’asphalte et leur destination semblait être à l’autre bout du monde. Jane tentait de prendre un air rassurant mais elle n’en menait pas large. Qu’allait-elle faire si Will s’écroulait au beau milieu de Main Street ? Le trimballer tant bien que mal jusqu’à un abri de fortune et courir à en perdre haleine jusqu’à l’hôpital pour aller chercher de l’aide ? Elle ignorait si elle en était capable, alors elle croisait les doigts. Elle croisait les doigts pour qu’ils tiennent, aussi bien elle que lui.
Et il tinrent. L’entrée de l’hôpital apparut enfin devant leurs yeux tel un oasis en plein désert. On les accueillit avec hospitalité, comme à l’accoutumée. On informa néanmoins Jane que ses frères étaient partis en expédition et qu’ils en auraient probablement encore pour plusieurs heures. Will fut transporté jusqu’à la salle d’examen et ils se débrouillèrent pour lui poser une voie veineuse périphérique et le remplir au sérum physiologique afin de lui éviter le choc hypovolémique en attendant le retour de Kaleb. C’est ainsi que Jane se retrouva assise au chevet d’un homme qui n’était qu’un parfait inconnu quelques heures plus tôt. La jeune femme avait l’impression que cette journée avait duré des siècles. Elle le regardait somnoler, perdue dans ses pensées. Maintenant que Will était quasiment sorti d’affaire, l’esprit de Jane était libre de retomber dans ses vieux travers. Son anxiété croissait à mesure que les minutes passaient. Elle sauta de la chaise, se mit à faire les cent pas, se rassit, se releva. Sa respiration se saccadait, son coeur se serrait. Elle avait l’impression de suffoquer, il fallait qu’elle parte. Elle ferma les yeux quelques instants et prit une grande inspiration, tentant de se calmer. En vain.
La jeune femme s’assit alors sur le bord du lit. Elle murmura, ignorant si Will dormait ou non :« Je suis tellement désolée Will, je peux pas rester… Tu es entre de bonnes mains ici. Les meilleures. » Elle esquissa un discret sourire. Elle se sentait incroyablement mal à l’aise, elle savait qu’elle était en train de prendre la mauvaise décision et qu’elle s’en voudrait longtemps de l’abandonner ainsi mais c’était plus fort qu’elle. Elle tentait de se rassurer en se persuadant qu’il irait bien. Elle avait pris soin de lui assurer des soins gratuits et de bien informer le groupe que cet homme lui avait sauvé la vie. La jeune femme sortit de son sac à dos un vieux livre d’Hemingway aux pages jaunies - The Old Man and the Sea - et le posa sur la table de chevet après avoir griffonné un message laconique sur la deuxième de couverture. « Pour Ayana. Merci pour tout ». Jane se dirigea vers le couloir. Elle s’arrêta un bref instant, lançant un dernier regard derrière elle. « Je suis vraiment désolée. » Quelques secondes plus tard, elle disparut derrière l’embrasure de la porte. |
| | | | | | (#) Sujet: Re: Eyes in every direction! They're coming for us. - Jane B. | |
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