Visite impromptue -Willow, Hunter, Mackenzie, Kaleb-

Christopher était dans la maison, ses animaux étaient en sécurité, ils les avaient nourris, soigner. Ils étaient prêts pour affronter une nouvelle journée. Il venait de manger et allait sortir pour solidifier ses clôtures lorsqu’il entendit un bruit provenant de la route. Ce n’était pas un simple rôdeur, non, il entendait clairement un moteur et des roues qui faisait crisser le gravier de la longue route menant à la maison. Qui venait ici et surtout de façon si peu subtile? Il prit son calibre 30-06, son petit joujou lui avait été utile a maintes reprise. Son calibre 12 aussi, mais la 30-06 tirait plus loin. Il n’allait pas laisser les nouveaux venus approcher de trop près. C’était sa ferme, sa maison et personne ne la prendrait sans se prendre de plomb. Il se doutait que les nouveaux arrivants seraient armés eux aussi, à moins d’être complètement stupide ou avoir très faim. Il se posta à l’étage de la maison pour avoir une meilleure vue, un meilleur angle de tir. Il était prêt et attendait juste de voir qui venait.

Willow connaissait son ami et elle savait qu’il les avait entendus arriver. Tout comme elle savait qu’il les attendrait. A supposé qu’il soit encore de ce monde. Mais ça… Will refusait de croire qu’il pouvait être mort depuis longtemps. Son ami, son frère d’adoption… s’il était mort, elle aimait à croire qu’elle l’aurait sentit. Lorsque Kaleb stationna le SUV à quelques mètres de la maison, Willow sortit de la voiture avant qu’Hunter ait pu l’en empêcher. A vrai dire, il avait bien tenté de lui attraper le bras pour qu’elle reste dans le véhicule, mais elle avait réussi à se défaire de son emprise. Une fois les pieds au sol, Willow regarda partout autour d’elle et poussa un petit soupir. La ferme qu’elle aimait tant – celle qui lui avait donné l’envie de devenir vétérinaire – n’avait plus rien à voir avec ce qu’elle avait connu. Mais elle reconnut les pièges de son ami. C’était tout à fait lui et voir ça la rassurait quelque peu. Ça voulait dire qu’il était toujours là. Du moins, essayait-elle de s’en persuader.

La jeune femme s’avança devant la voiture et s’y adossa en croisant les bras. Où qu’il puisse être, Chris la verrait et déciderait de sortir de sa cachette. C’est à ce moment-là qu’elle vit bouger le rideau de la fenêtre de la chambre qui avait toujours été la sienne durant ses séjours à la ferme. Et qu’elle le vit.

- Christopher, si tu me tires dessus, je te jure de venir te hanter durant le reste de tes jours. Alors sors de là!

Pourquoi il fallait qu’elle fasse toujours à sa tête? Si c’était lui qui était là, il serait armé et tirerait à vue. Si Christopher était un peu intelligent, il penserait la même chose. C’était pour cette raison qu’il avait tenté d’arrêter la jeune femme. Il sortit du véhicule à son tour, son arc à la main. Il observa le coin. C’était un bel endroit quand même, il vit ce qui entourait la grange, ou l’étable, il ne savait pas trop comment nommer le bâtiment. L’homme avait fait des pieds et des mains pour protéger cet endroit, donc il devait y avoir encore des animaux à l’intérieur. Tant mieux, il ne serait pas venu pour rien alors. Il perçut un mouvement à l’étage, le rideau avait bougé. Willow indiqua à son ami que s’il la tirait elle viendrait le hanter.

-Tu ne le hanteras pas longtemps, parce que s’il te fait du mal c’est moi qui le descends Princesse.

Il ne laisserait pas le fermier blessé Willow, c’était hors de question. Mackenzie lui avait dit de démontrer plus d’affection à la jeune femme non? Bon, il venait de faire un pas c’était bien non? Il regarda sa sœur comme s’il cherchait l’approbation et ensuite haussa les épaules. Mais que faisait-il bon sens? Chercher l’approbation de Mackenzie sur un commentaire banal? Merde, il devenait complètement fou. Il faillit lever les yeux au ciel, mais ne le fit pas. Les zombies étaient en terrain dégager ici, ils seraient facilement repérables, mais il fallait quand même être sur ses gardes. Il ne voulait pas que Mac ou Willow soient blessés parce qu’il se serait pris la tête avec des sentiments qu’il était supposé avoir. Mac voulait qu’il voit la vérité, mais elle, est-ce qu’elle la voyait la vérité? La vérité étant qu’il avait une trouille monstre de se laisser aller dans cette histoire. Mais ça, il ne le dirait pas.

C’est en levant les yeux au ciel que Mackenzie imita son frère et sa princesse. Elle sortit du véhicule, mais avait son flingue à la main. L’espace était dégagé, les rôdeurs seraient facilement repérables. Non, ce qui inquiétait davantage Mac, c’était que la maison soit occupée par quelqu’un d’autre que ledit Christopher qui était l’ami de Willow. Alors pendant qu’Hunter allait rejoindre sa belle, Mac fit lentement le tour de la propriété des yeux, elle n’aimait pas débarquer dans un endroit qu’elle ne connaissait pas, il lui fallait immédiatement des repères, qu’elle trouve plusieurs voies de sortie en cas de pépins. Elle savait que Kaleb faisait la même chose de son côté, ç’avait ça de bon d’avoir épousé un militaire: elle n’avait pas besoin de lui expliquer ce qu’elle avait en tête, il le savait déjà. Pas de perte de temps inutile.

Mac avait souri en entendant Willow dire à son ami qu’elle viendrait le hanter s’il lui tirait dessus, mais elle secoua la tête quand son frère répondit tout de suite après qu’elle ne pourrait pas le hanter très longtemps parce que s’il touchait à Willow, Chris serait un homme mort. Mais le plus mignon, ce fut de le voir regarder dans sa direction, comme s’il cherchait un signe d’approbation de sa part. Bon, c’était vrai qu’elle lui avait dit d’arrêter de perdre son temps à repousser sa Princesse, mais quand même...

- A+ pour l’effort, mais c’est tout ce que t’as trouvé? Va falloir qu’on travaille ton répertoire, mon vieux! soupira Mackenzie en venant prendre place aux côtés de son frère.

Il avait stationné le VUS et Willow était sortie comme si elle avait le feu au derrière. Belle expression vous direz, mais à la vitesse qu’elle était sortie, même Hunt n’avait pas été assez vite pour la rattraper. Pendant que sa femme sortait par la portière passager, il sortait côté conducteur et étudia les alentours tout comme sa femme le faisait de son côté. Étudier le terrain, il savait faire. Il remarqua tout de suite les pièges meurtriers entourant le bâtiment de ferme, il avait aussi repéré l’éclat à la fenêtre. Si c’était bien l’ami de Willow, il les attendait de pieds fermes et la jeune femme le savait. Will indiqua les couleurs, Hunter passa un commentaire mais le plus surprenant fût d’entendre Mac répondre. Il se retourna, il n’avait pas vu le regard que son beau-frère avait lancé à Mac, il était occupé à observer.

-Je t’aiderai si tu veux Hunter, ta sœur est difficile d’approche comme tu sais, j’ai dû user de tous mes charmes. Je te donnerai les trucs qui faut.

Il fit un clin d’œil à sa chérie après avoir dit cela. Après tout, il pouvait bien donner un coup de pouce dans la fameuse saga Will/Hunt, depuis le temps que ça durait, il était temps qu’il y ait des développements. Il se plaça en position d’attaque en voyant du mouvement derrière le rideau du rez-de-chaussée.

Christopher n’arrivait pas le croire, ce ne pouvait pas être elle. Si? Il écarta le rideau avec son arme, il savait qu’il serait repéré, mais il s’en fichait. Dès qu’il avait la tête de la jeune femme il l’avait reconnu. Puis, elle parla. Il n’eût plus aucun doute, c’était sa petite qui était là avec deux hommes et une femme. Il descendit. Lentement, il s’approcha de la porte, ils étaient bien armés. Elle ne pouvait pas être là pour lui faire du mal. Puis, elle avait bien dit qu’elle le hanterait s’il lui tirait dessus non? Il sortit de la maison.

-Même pas vrai, ta mère et la mienne t’en empêcherait de toute façon.

Il sortit de la maison l’arme pointé vers le sol. Il ne voulait blesser personne et maintenant qu’il voyait Will, il savait qu’il n’était pas là pour lui nuire. Il s’approcha lentement de la jeune femme, la souleva de terre et l’étreignit avec force.

-Ma petite, je te croyais morte ou pire …

Il ne pouvait dire ce qu’il avait imaginé pour elle. Le pire. Il avait perdu tellement de gens, il avait vu mourir plusieurs de ses voisins, avait même dû en tuer certains. Comment n’avait-il pas pu penser à elle. Surtout qu’elle n’était pas venue le rejoindre. Bien sûr, sortir de la ville seule aurait pu être périlleux pour elle. Il préférait au final qu’elle soit venue avec ses gens qui l’accompagnaient. Ils avaient l’air bien organisé.

-Alors, je te manquais à ce point beauté?

Il la reposa doucement au sol, sans la lâcher pour autant.

C’est à peine si elle avait entendu les répliques de Mackenzie et Kaleb. Par-contre, elle avait très bien entendu Hunter lui dire que Chris était littéralement un homme mort s’il lui faisait du mal. C’était bien la première fois qu’il lui sortait un truc du genre! Où était le calendrier? Will devait faire une marque dessus, c’était un jour important à marquer d’une pierre blanche! Durant tout le temps où ils avaient parlé, Willow avait gardé les yeux rivés sur la maison, sur la fenêtre de sa chambre et lorsqu’elle vit la porte s’ouvrir et vit la paillasse de cheveux de Christopher, elle poussa un soupir de soulagement. Tandis que Chris s’avançait vers elle lentement, le canon de sa carabine pointant vers le sol, Willow le regarda attentivement. Il avait perdu du poids – comme tout le monde – mais il semblait plutôt en forme. Quand il s’arrêta devant elle, il la souleva et la serra contre lui tandis que Will fermait les yeux et que les larmes roulaient sur sa joue.

- J’étais tellement inquiète pour toi. souffla-t-elle en le serrant de nouveau dans ses bras lorsqu’il la posa enfin au sol. Et puis oui, tu me manquais. Je l’avoue, moi au moins.

Cet homme était un frère à ses yeux, alors oui, il lui avait manqué. Et oui, elle avait été rongée par l’inquiétude durant tous ces mois. Ne pas pouvoir aller le retrouver, ne pas savoir comment il allait, ç’avait été une torture.

- Laisse-moi te présenter mes amis. Celui qui n’est pas prêt à baisser son arme, c’est Hunter. Et à côté de lui, c’est sa sœur, Mackenzie, accompagnée de son mari, Kaleb. J’ai rejoint leur groupe il y a quelques mois déjà.

Elle avait été tentée de présenter Hunter comme le type qui lui en faisait baver, mais elle s’était abstenue.

Il renifla de dédain quand sa sœur le nota comme un enfant d’école avant de dire qu’il devait faire mieux pour le répertoire. Les femmes étaient des monstres de complications. Merde, que voulait-elle qu’il fasse encore? Son beau-frère s’en mêlant en offrant ses services. Il préféra ignorer le commentaire de ce dernier, vraiment, il détestait ce qu’il venait de faire et ce serait taper dans le front si l’ami de Willow n’était pas apparu sur le pas de la porte. Bon, il ne l’aurait pas vraiment fait, mais quand même, il en avait eu envie. Il regarda l’homme de haut en bas, observant sa démarche. L’autre ne le voyait pas, il n’avait d’yeux que pour Willow. SA princesse. Il vit l’autre soulevé la jeune femme et la serré contre lui, il ressentit quelque chose au creux de l’estomac en voyant Chris faire. Ils étaient familiers. Trop.

Il s’aperçut qu’il avait son arme toujours braqué en main lorsque la jeune femme le désigna comme l’homme qui n’était pas prêt à baisser son arme. Il commençait d’ailleurs à avoir mal aux bras à être tendu ainsi. Il relâcha la pression et retira la flèche de la corde, abaissant son arme. Il hocha la tête en signe de bonjour. Il voyait se mec, il avait appelé Princesse « ma petite », mais quel surnom ridicule. Il avait toujours cette sensation bizarre au creux de l’estomac, était-ce de la jalousie? C’était ça se sentir jaloux de quelqu’un? Et bien, il détestait ce sentiment. Il n’en voulait pas. Mais il regarda l’homme sans dire un seul mot, il n’avait pas envie de faire la discussion, il avait envie qu’ils embarquent les animaux et l’ami et retourne à la maison au plus vite.

Bah si Hunter n’était pas jaloux, Mackenzie se demandait bien pourquoi il était tendu comme il l’était. Voir ce Christopher serrer sa Princesse – ma petite pour lui – dans ses bras n’avait de toute évidence pas du tout fait l’affaire de son frère. Finalement, peut-être était-il entrain de se dégeler? Il était temps de l’avis de la jeune femme. Si voir cet homme être trop près de Willow faisait en sorte qu’Hunter s’ouvre enfin les yeux, bah Mackenzie était prête à aller à l’église et à allumer des lampions. Oui, elle qui n’avait jamais été croyante. Mac jeta un coup d’œil à son mari et lui fit un petit clin d’œil. Lui aussi devait être sur le point d’applaudir. C’était fou ce que son frère en avait mis du temps pour démontrer ne serait-ce qu’un iota de ses sentiments pour Willow. D’accord, c’était au compte-goutte, mais c’était quand même mieux que rien! Il fallait célébrer ça.

- Willow tenait à s’assurer que vous alliez bien avant qu’on ne se lance dans la recherche d’animaux dans les fermes voisines.

Et ramener son ami avec elle si elle le pouvait. Mais ça, ce n’était pas à Mackenzie de s’en mêler. Puis franchement, si avoir Chris dans les parages faisait en sorte qu’Hunter commence à être moins hermétique à l’idée de laisser Willow entrer dans sa vie, bah… ça vaudrait la peine de le ramener avec eux. Ne serait-ce que pour cette raison-là!

Il répondit par un sourire à sa femme qui lui faisait un clin d’œil. Il n’avait rien manqué de la situation, son beau-frère était jaloux c’était aussi évident que le nez au milieu du visage. Chris et Willow offraient des retrouvailles chaleureuses et Hunter n’appréciait visiblement pas. Willow les présenta, il s’avança et tendit la main à l’homme. Il fût le seul d’ailleurs.

-Willow nous a beaucoup parlé de vous pendant le trajet. Elle avait hâte d’arriver pour s’assurer que vous alliez bien. Heureux de vous voir en bien et bien portant vu la situation.

Il se recula en position pour continuer l’observation. Ils avaient beau être en terrain découvert, des champs à perte de vue sans aucun endroit pour se cacher, il préférait être vigilant. Une attaque pouvait leur tomber dessus n’importe quand et il préférait de loin qu’ils restent tous en vie. Il avait retiré les clés du contact de la voiture avant de descendre aussi, car ils n’étaient pas à l’abri des voleurs non plus. Isolé comme Chris l’était, il devait avoir eu plusieurs visiteurs mal intentionnés.

-Belle installation pour le bâtiment, je ne mettrai pas la main là en tout cas. Vous semblez avoir prit les grands moyens pour vous protégez. Vous avez pas mal de visiteurs nuisibles?

Il connaissait la réponse, mais voyant la fumée sortir des oreilles de Hunter, il préférait détournait la conversation.

Il regarda celui que Willow lui présenta comme étant Hunter, ce mec sentait les ennuis à des kilomètres à la ronde. Il consentit tout de même à baisser son arme, comme s’il ne s’était pas rendu compte qu’il l’avait toujours de braquer sur Chris. Christopher s’en fichait un peu, la méfiance était mère de survie en ces temps. Mackenzie elle parla de bétails qu’ils cherchaient. Alors ils n’étaient pas seulement là pour lui, mais pour ses bêtes aussi, ou du moins, pour trouver des bêtes. Will avait parlé d’un groupe, peut-être qu’ils avaient plusieurs bouches à nourrir.

Ce fût Kaleb qui s’avança vers lui, le seul qui lui tendit la main d’ailleurs. Il la serra poliment. Il écouta l’homme parlé de Willow et de son installation, il semblait vouloir détourner l’attention. Ou alors, Christopher était simplement paranoïaque. C’était possible après avoir vécu seul ici si longtemps. Il les regarda à tour de rôle. Ils étaient tendus, sur leur garde. Les attaques de zombies étaient leur lot quotidien, il aurait pu en mettre la main au feu.

-Venez à l’intérieur, nous serons en sécurité. Vous pourrez vous détendre un peu et vous rafraîchir aussi.

Il passa son bras autour des épaules de sa petite et l’entraîna avec lui vers la maison.

-Tu m’as manqué aussi ma petite. Tu vois, je suis capable de le dire moi aussi. J’aurais été triste de ne jamais te revoir.

Il déposa un baiser sur le dessus de la tête de la jeune femme gravissant le perron de sa maison. Cette maison où ils avaient joué, où ils avaient passé du temps, rit, pleuré, où leurs mères s’étaient assises pour discuter alors qu’elles croyaient qu’ils dormaient mais en fait, ils étaient à l’écoute caché sous le rebord de la fenêtre. Tellement de beaux souvenirs.

Willow n’avait pas vu la tête que faisait Hunter, mais quand elle se retourna pour les présenter, elle fut… surprise? Oui, surprise. On aurait dit qu’il était furieux. Voire même jaloux. Mais ça, c’était des idées que Will était tout simplement entrain de se faire. Il lui avait clairement fait comprendre qu’il tenait à elle, mais pas plus. Alors pourquoi il regardait Chris comme… comme s’il avait envie de lui tordre le cou? C’était à ne rien y comprendre. En silence, elle se retourna pour que seul Christopher la voit et lui fit des excuses muettes et une promesse de tout lui raconter plus tard.

Lorsqu’il passa son bras autour de ses épaules et l’entraîna vers la maison après les avoir invités à entrer, Willow glissa son bras autour de sa taille et le suivit en faisant un signe de tête à Hunter, Mac et Kaleb de les suivre. Ça lui fit tout drôle de revenir dans cette maison après tout ce temps et lorsqu’ils arrivèrent au salon, Willow se dirigea automatiquement vers le foyer. Sur le manteau de la cheminée trônaient différentes photos. Les parents de Chris, Chris lui-même à des âges différents, quelques photos d’elle et une de ses parents. La jeune femme pris le cadre dans ses mains et sourit. Cette photo avait été prise le jour du 21e anniversaire de Christopher, Willow s’en souvenait comme si c’était hier.

Le cadre toujours dans les mains, elle alla s’asseoir sur le canapé et regarda partout autour d’elle. Rien n’avait changé. Si ce n’était pas des armes que tout le monde avait entre les mains, Willow aurait presque pu croire que les rôdeurs, ça n’existait même pas.

- Est-ce que tu as eu beaucoup d’ennuis, ici?

La situation était à vomir. Il détestait ce mec déjà, il avait l’air d’un arrogant au dessus de ses affaires. Et il n’arrêtait pas de toucher à sa princesse. Il avait envie de lui foutre son poing dans la tronche à ce Chris. Et Kaleb qui se montrait tout mielleux avec lui. Son beau-frère était un traître, voilà tout. Putain, mais il était en train de se prendre la tête pour un mec qu’il ne connaissait même pas. Il entra le dernier dans la maison, suivant sa sœur, son mari et les deux « amis ». Il ferma la porte derrière lui, espérant que Kal n’avait pas oublié de verrouillée la voiture. Ce n’était pas le temps qu’ils perdent leur moyen de transport. Il avait envie de déguerpir au plus vite.

Willow prit vite ses aises dans la maison, il était évident qu’elle y était venue souvent. Elle prit un cadre sur la cheminée et s’installa sur le canapé le cadre entre les mains. Elle demanda ensuite si Chris avait eu beaucoup d’ennuis. Mais qu’est-ce qu’ils croyaient tous? Qu’il se faisait une partie de plaisir ce mec? Il les attendait armé, sa grange était un grand piège en lui-même, bien sûr qu’il avait eu des ennuis, comme eux tous. Il passa derrière le canapé et regarda par-dessus l’épaule de la jeune femme.

-Belle famille princesse.

Il n’avait aucun doute sur le fait qu’il s’agissait de ses parents et elle. La ressemblance était frappante, surtout avec la femme. Il revient vers l’avant du canapé, s’installa près de la jeune femme. Il était hors de question qu’il laisse l’autre la peloter ouvertement devant lui encore.

Si son frère n’était pas jaloux, Mackenzie se demandait bien ce que c’était. Il jetait des coups d’œil meurtriers vers Christopher et il avait l’air d’un type prêt à grogner après Kaleb parce que ce dernier faisait preuve de politesse envers leur hôte. Le plus comique du point de vue de Mackenzie, ce fut de voir son grand frère suivre sa Princesse de près et d’aller s’assoir juste à côté d’elle sur le canapé. Sans mauvaise blague, s’il avait été un chien, on aurait dit qu’il était carrément entrain de marquer son territoire et de faire comprendre à tous les mâles des environs que la jeune femme était à lui. Ouais, bah pour un homme qui ne savait pas ce qu’il ressentait pour Willow, c’était clair comme de l’eau de roche. Si Hunter ne comprenait pas maintenant qu’il était fou de cette femme, Mackenzie était bien prête à manger son chapeau.

Amusée, Mackenzie jeta un coup d’œil à son mari avant d’aller prendre place sur le bras du fauteuil dans lequel il venait de s’asseoir. Son homme avait tout intérêt à faire attention à ses arrières parce qu’Hunter lui en voulait. Son mari ne prenait le parti de personne, mais c’était drôle de voir comment les hommes pouvaient parfois être idiots. Son frère se montait le bourrichon pour rien et en plus, il en voulait à Kaleb de se montrer courtois avec l’ami de Willow.

- Je te préviens, Bébé, mon frère est sur le sentier de la guerre. Il va te faire regretter de te montrer gentil avec Christopher. murmura la jeune femme pour que seul Kaleb l’entende.

Il s’installa dans un fauteuil après qu’ils soient tous entrés dans la maison. Hum, un peu de confort après ce voyage en voiture, ce n’était pas du luxe. Mackenzie s’installa sur le bras du fauteuil où il avait pris place. Elle regardait son frère marquer le terrain avec Willow. La jeune femme le mis en garde contre Hunter, disant qu’il lui ferait payé sa politesse envers Christopher. Kaleb passa son bras autour de la taille de la jeune femme et l’attira à lui la faisant prendre place sur ses genoux. Il lui murmura à l’oreille.

-S’il peut ouvrir enfin les yeux, je peux bien endurer son mépris envers ma politesse.

Il enfouit son nez dans le cou de la jeune femme et respira. Il pouvait peut-être être déplacé aux yeux des autres, d’être aussi intime devant eux, mais il s’en fichait. Il n’y avait plus vraiment d’intimité depuis que tout ça avait commencé et pour une fois qu’il n’avait pas à regarder par-dessus son épaule pour voir si un zombie approchait, il pouvait bien en profiter un peu non? Il posa ses lèvres à la jonction du cou et de l’épaule de sa femme avant de reporter son attention sur le groupe. C’était difficile de se concentrer alors qu’elle était si près, mais il ferait un effort. Il n’allait quand même pas l’emporter dans une chambre, il était plus gentleman que ça tout de même. Ils étaient en présence d’un inconnu, il aimait être intime, mais pas de là à l’être autant.

Il s’appuya sur le cadre de la porte du salon, regardant la jeune femme prendre ses aises et les autres s’installer. Willow lui avait manqué, il réalisait à quel point en la voyant s’asseoir dans son salon. Il vit son chien de garde regarder par-dessus son épaule, passer un commentaire et prendre place aux côtés de la jeune femme. Pendant ce temps, Kaleb et Mackenzie discutaient à voix basse, se cajolant ouvertement. Ça ne le gênait pas. Ils ne devaient pas avoir grand moment d’intimité s’ils vivaient en groupe.

-Princesse hein? C’est tellement loin de toi ça Will. Je trouve drôle que l’on t’attribue ce sobriquet sans que tu ne réagisses.

Il eut un sourire, il venait de piquer. Ce mec l’énervait avec sa façon hautaine d’appeler son amie « Princesse », comme si Willow était gâtée pourrie. C’était loin d’être le cas. Il le savait lui, il la connaissait assez pour ça. Ce mec lui ne la connaissait que depuis trois mois, il n’avait pas le droit de la juger ainsi. Il eut un soupir lorsque la jeune femme demanda s’il avait eu des ennuis.

-Comme tout le monde. J’ai perdu une bonne partie de mon bétail, mon chien aussi. Bendler était un bon chien, il m’a sauvé la vie avant d’être dévoré. Il y a les pillards aussi. Mais je ne m’en suis pas si mal tiré jusqu’à maintenant.

Il se redressa, quittant le confort du cadre de la porte.

-Et vous? Comment ça se passe en ville? Vous cherchez du bétails pour nourrir les troupes?

- S’il fallait que je prenne le mors aux dents à chaque fois qu’Hunter m’appelle «Princesse» ou que toi tu m’appelles «ma petite», je te laisse deviner ce que je passerais mon temps à faire. se contenta de répondre Willow.

Elle passerait tout son temps à s’engueuler avec eux, oui. Même si elle n’aimait pas particulièrement ses petits surnoms au début, Willow avait fini par s’y faire, les voyant parfois comme une marque d’affection. Enfin. Avec Christopher c’en était une. Avec Hunter, c’était différent. Par moment, il l’appelait Princesse juste pour l’emmerder et parfois, il le disait doucement. C’était dans ces moments-là qu’elle préférait entendre ce petit nom qu’il lui réservait. Parce que non, elle ne l’avait jamais entendu le donner à d’autres. Les seules personnes à avoir droit à des surnoms avec Hunter, c’était Mac, Amy et elle. Les moments où elle détestait son surnom, c’était quand il se disait avec une bonne dose de mépris, d’arrogance. Et c’était généralement dans ces moments-là qu’elle se mettait à l’ignorer.

- Nous, ça peut aller. Il y a beaucoup de rôdeurs en ville, on a dû passer un accord avec un autre groupe, mais on s’en sort. On a trouvé un refuge et on habite un hôpital pas très loin de ma clinique. Kaleb soigne les gens et je l’aide dans la mesure du possible. On le fait en échange de quelques petits trucs ici et là. Principalement de la nourriture en fait, c’est ce qui est le plus gros problème. expliqua Willow tout en attrapant la main de Chris pour le tirer et le forcer à s’asseoir à ses côtés. Mais comme nous sommes en ville, il y a ces monstres partout et chaque sortie est un calvaire. Enfin, pour ce que j’en sais, parce que je n’en ai pas fait beaucoup jusqu’à présent.

Ce qui n’était que la stricte vérité. Elle ne voulait pas qu’Hunter le prenne mal, elle ne l’avait pas dit dans l’intention de le blesser, alors elle lui jeta un petit coup d’œil en espérant qu’il avait compris. Willow espérait qu’il la connaisse suffisamment pour savoir qu’elle n’avait pas dit ça dans le but de tout lui mettre sur le dos, mais simplement parce que c’était vrai qu’elle n’avait pas beaucoup quitté l’hôpital depuis son installation là-bas.

Il regarda sa sœur avec son mari sur le fauteuil, ses deux-là, dès qu’ils avaient un moment pour se peloter, ils le faisaient sans vergogne. Il secoua la tête ravalant son envie de leur dire de se trouver une chambre. Ce mec devait bien en avoir quelques unes dans cette grande maison. Il écouta l’autre dire que son chien était mort en lui sauvant la vie. Il pouvait compatir, il avait eu une belle bête lui aussi.

-Ouais, moi j’ai tué mon chien pour nourrir le groupe. Je n’avais pas envie de le voir devenir un de ses zombies. Je ne sais pas si ça se propage aux animaux et je n’avais aucune envie de le savoir.

Il avait dit à tout le monde qu’il avait chassé un petit cerf. Sa sœur l’avait cru, les autres aussi. Amy n’avait pas été dupe cependant. Elle avait refusé catégoriquement d’avaler sa portion. Ensuite, Willow raconta comment ils vivaient. Indiquant que les sorties qu’ils effectuaient étaient de vrai calvaire, mais qu’elle ne sortait pas beaucoup. Elle lui lança un regard, quoi elle s’excusait? Elle ne voulait pas qu’il prenne le mort aux dents? Il haussa les épaules.

-Bah quoi, dis-le lui. C’est moi qui t’empêche de sortir parce que je préfère te voir en sécurité à l’hôpital qu’à risquer ta vie avec nous. C’est comme ça.

Il regarda Christopher en haussant les épaules.

-Il paraît que je suis un surprotecteur. Ma petite sœur me déteste pour l’avoir laissé derrière dans cette expédition-ci. Elles ne comprennent pas … ou alors c’est moi qui ne comprends pas. Qui sait.

Pourquoi sentait-il le besoin de se justifier devant cet homme? Il commençait à s’agacer lui-même en ce moment. Et pourquoi Princesse avait-elle obligé Chris a s'asseoir près d'elle quand lui-même y était déjà?

Mackenzie ne suivait plus tellement le fil de la conversation et tout ça, c’était la faute de Kaleb. Le sale traître, il savait que dès qu’il posait ses lèvres dans son cou, elle n’était plus capable de réfléchir. Et dire que temps normal, Mac était le type même de personne à détester les effusions en public. Fallait-il que ce monde de dingues soit à l’œuvre pour qu’une telle métamorphose se produise? La jeune femme ne repris pied dans la réalité que lorsqu’elle entendit Hunter dire qu’il avait tué son chien pour nourrir le groupe. Elle eut un haut-le-cœur qu’elle parvint avec peine à dissimuler. Elle ne se souvenait que trop bien de ce jour-là. Ils étaient carrément en cavale, à la recherche d’un abri pour la nuit. Ça faisait des jours qu’ils ne mangeaient pratiquement rien, que la chasse d’Hunter n’était pas mirifique. A l’exception d’Amy, ils s’étaient tous jetés sur la nourriture sans se poser de questions. Bon sang!

Elle allait crier victoire quand son frère admit que c’était lui qui empêchait Willow de quitter l’hôpital pour qu’elle ne risque pas sa vie. Cependant, Mac déchanta bien vite quand elle l’entendit expliquer à Christopher qu’Amy le détestait à cause de l’expédition actuelle, tout ça parce qu’il était surprotecteur. Il commençait sérieusement à l’agacer à revenir là-dessus à chaque fois.

- Non, mais… encore cette histoire?

C’était ça qui tuait Mackenzie. Son frère était un homme intelligent, mais il se bornait à croire qu’Amy le détestait. Elle était en colère, peut-être déçue qu’il s’aveugle à ce point sur ses capacités et tout ça dans le but de la protéger, mais le détester? Jamais. Elle avait beau le clamer haut et fort, Hunter le dire et le répéter, Mac n’y croyait pas une seconde.

- Fais quelque chose parce que je sens que je vais en prendre un pour taper sur l’autre. dit Mackenzie en se retournant légèrement pour voir le visage de Kaleb. Tu ne voudrais pas que j’aie la mort de mon frère et de ma sœur sur la conscience, non?

Il soupira assez fort.

-Mes pugilistes préférés. Vous savez que je vous aime, pas vrai? Mais nous ne sommes pas là pour savoir à qui la faute de quoi et accusez qui que ce soit de quoi que ce soit.

Il embrassa sa femme avant de poursuivre.

-Hunter, c’est tout à ton honneur de vouloir protéger Amy et Willow, ce sont deux femmes extraordinaires qui méritent qu’on s’inquiète pour elles. Cependant, ton inquiétude te mène à ne pas voir leur compétence. Tu veux tellement les protéger que tu ne comprends pas qu’elles veulent être là pour les mêmes raisons que toi. Être là pour les gens qu’elles aiment et leur porter secours s’ils ont besoin. Raff et Amy doivent être en train de se ronger les sangs à savoir si nous allons revenir, si nous sommes blessés ou en détresse alors que nous sommes confortablement assis dans ce salon. Alors cessons de faire toute une histoire et de cherche un coupable d’accord. Ta sœur est venue t’embrasser avant ton départ, tu sais aussi bien que moi que si elle te détestait, elle ne l’aurait pas fait, elle ne t’aurait pas dit de faire attention à toi et n’aurait pas demandé que tu lui reviennes vivant et humain. Alors arrête je t’en supplie Hunt.

Il espérait que son beau-frère comprendrait et que tout ceci mettrait fin à cette conversation avant que ça ne tourne mal. Il se tourna donc vers Christopher.

-J’imagine que se défendre seul ne doit pas être évident tous les jours? Vous semblez vraiment bien installer cependant, je veux dire, vos pièges semblent mieux que bien fait.

Le médecin en lui décida alors à se pointer le nez.

-Et si vous avez besoin, je suis médecin. N’hésitez surtout, pour quoi que ce soit. Déjà que vous nous recevez chez vous, la moindre des choses est de vous rendre service en retour. Le troque est revenu à la mode de nos jours.