Il n’avait pas vu Mackenzie depuis deux semaines. Amy avait eu comme consigne de ne rien lui dire sur elle et il avait respecté le choix de la jeune femme. Il devait se montrer patient. Elle s’était ouverte à lui sur le coup de la colère, il avait placé leur histoire entre ses mains et maintenant il devait simplement attendre. Il avait compris qu’elle n’avait pas le contrôle de la situation et qu’une partie de sa peur venait de ce fait. Il lui avait exposé clairement ses sentiments et lui avait délégué le contrôle de la situation. Il espérait qu’elle reviendrait vers lui pour lui dire qu’elle était d’accord pour qu’ils redeviennent un couple. Il ne pensait pas qu’elle accepterait le mariage, du moins, pas maintenant et peut-être jamais même, il devrait en faire son deuil. Tant pis, il ne voulait plus compromettre ses chances d’être avec elle seulement pour un désir égoïste. Il avait visité Amy, Raff et les enfants souvent ses deux dernières semaines, il avait même emmené sa voiture au garage pour voir Hunter, prendre des nouvelles. Aucun d’eux ne lui avait parlé de Mackenzie et lui non plus. Il venait de terminer une autopsie, il avait la tête pleine, elle lui manquait. À ce point, qu’il cru même déceler son parfum par-dessus l’odeur de désinfectant que son nouvel assistant venait d’utiliser pour nettoyer la table d’examen. Il leva la tête de son rapport et il vit son petit miracle entrer dans la pièce. Elle était là, en chair et en os. Il était sincèrement content de la voir, il se leva et alla vers elle, son assistant en profita pour s’éclipser pour prendre sa pause.

-Et puis? New York?

Il avait l’impression que son cœur allait sortir de sa poitrine. Il tenta de ne pas le laisser paraître. Il l’embrassa sagement sur les joues. Il ne voulait rien brusquer. Elle était venue jusqu’à lui, en terrain neutre, puisqu’elle avait choisi son lieu de travail comme rencontre. Alors il allait la laisser faire selon ce qu’elle désirait et non pas selon ce que lui avait envie. Sinon, il serait déjà en train de l’embrasser à pleine bouche en la serrant contre lui. C’était plus sage de la laisser parler avant de faire quoi que ce soit.

Deux semaines. Il s'était écoulé deux semaines depuis la débâcle avec Kaleb. Depuis qu'elle n'avait pas été capable de ne pas lui dire qu'elle l'aimait, imbécile qu'elle était. Quant au job à New York... Il y avait belle lurette que Mackenzie y avait renoncé. Pour sa soeur et son frère. Pour elle aussi. Mais par-dessus tout pour et à cause de Kaleb. Oh! l'entêtée qu'elle était avait bien pris sa voiture jusqu'à l'aéroport, mais elle avait été incapable d'enregistrer ses bagages, alors monter dans l'avion, il ne fallait pas y penser. La jeune femme était revenue chez elle, avait passé un coup de fil à sa soeur et lui avait tout confessé. Avec une requête ultime. Elle ne voulait voir personne et elle ne devait rien dire à Kaleb. Si Amy avait accepté d'accéder à la demande de sa soeur, Mac n'en soupçonnait pas moins sa cadette d'être rongée par l'inquiétude. Et elle devait s'être dépêchée d'en parler à Hunter.

Bref, Mackenzie avait passé ces deux longues semaines enfermées entre ses quatre murs avec pour toute compagnie son chat et la visite quotidienne des différents livreurs des restaurants des environs. Et Netflix pour éviter de devenir folle à force de tourner en rond. Elle qui ne regardait jamais de films et de séries par manque de temps, elle s'était rattrapée en beauté. L'insomnie aidait également.

Comme elle devait reprendre le boulot le lendemain, Mac savait qu'elle devait parler à Kaleb, aussi s'était-elle décidée ce matin-là à lui rendre visite. Elle aurait pu attendre qu'il termine de travailler ou qu'il prenne sa pause du midi, mais Mackenzie était une trouillarde, alors elle avait choisit de lui rendre visite à la morgue sur ses heures de travail. Un peu con peut-être, mais c'était tout ce qu'elle avait trouvé. Si jamais ça tournait mal, bah elle pouvait toujours repartir, chose que lui ne pourrait pas faire vu qu'il devait bosser. Élementaire mon cher Watson!

On l'avait laissée entrer à la morgue sans problème. Depuis le temps qu'elle bossait pour la police, elle n'avait plus besoin de s'identifier. Et le fait de connaître personnellement Kaleb valait tous les laisser-passer. Bref, elle était là dans le chambranle de la porte à le regarder penché sur un dossier - sans doute un rapport - pendant que son assistant nettoyait une table d'examen. Elle se retint de rire quand elle les vit relever la tête pratiquement en même temps. Pendant que Kaleb venait vers elle, l'assistant en profita pour s'éclipser rapidement. Tant mieux. Si elle était pour s'humilier, elle préférait ne pas le faire avec un public. Une fois arrivé devant elle, Kal l'embrassa sur les joues et lui demanda des nouvelles pour New York.

La bonne nouvelle, c'était qu'Amy n'avait rien dit. Ou bien Kal était bon comédien et Raffael lui avait tout raconté. Mais ça ne changeait rien au final. Elle était là, elle n'était pas aller à New York, n'avait pas obtenu le job... et elle resterait à Houston.

- Je... je ne suis pas allée à New York.

Elle baissa le nez et fixa le bout de ses chaussures. Elle ne savait pas quoi dire. Ou bien si, elle le savait, mais ne savait pas comment le dire. Bref, autant faire simple.

- Tu.. tu gagnes.

Elle lui indiqua tout d’abord qu’elle n’était pas allée à New York, il fronça les sourcils. Il ne comprenait pas pourquoi elle n’était pas au moins aller visiter la ville, mais ça, ça ne le regardait pas. Si elle avait senti le besoin de rester, c’est probablement qu’elle avait une raison de le faire. Elle baissa ensuite les yeux, comme une petite enfant qui allait être grondée. Elle lui indiqua qu’il avait gagné. Elle avait bégayé en le disant, mal à l’aise. Elle lui indiquait qu’il gagnait, mais elle ne semblait pas heureuse de cette perspective ou alors c’était lui qui se faisait encore des idées, comme lorsqu’il avait pensé qu’elle cachait un homme dans sa chambre alors que tout ce qu’elle voulait, c’était qu’il ne voit pas qu’elle préparait sa valise pour partir. Il s’approcha d’elle et prit son menton dans sa main lui faisait relever les yeux.

-Je ne suis pas sûr de bien comprendre qu’est-ce que je gagne en ce moment, mais si ça te rend malheureuse, je ne gagne pas, je perds.

Il la regarda, il ne pouvait pas exprimer à quel point il aimait cette femme, c’était impossible à mettre en mot. Il l’avait aimé dès le premier échange lorsqu’elle venait de se réveiller après sa chirurgie et encore plus aujourd’hui. Les 4 ans qui venaient de passés, à être séparé d’elle et à jouer au yoyo comme ils l’avaient fait avaient été une réelle torture pour lui. Il savait que ça n’avait pas été plus drôle pour elle. Ce qu’il voulait maintenant, c’était qu’elle soit heureuse, rien d’autre.

-C’est ton bonheur que je veux Mac et si je peux y contribuer, je serais le plus heureux. Mais si ça te rend malheureuse, je préfère encore me retirer.

Il lui caressa doucement la joue de la jeune femme de son pouce, maintenant toujours doucement son menton. Leur dernière conversation lui avait fait réaliser qu’il avait peut-être trop pousser. Mackenzie avait parlé d’un merdier, si c’était à ce point pour elle, c’était qu’il l’avait rendu malheureuse avec son insistance. Ce n’était pas ce qu’il avait voulu, loin de là. Si elle voulait de lui, il en serait plus qu’heureux, mais s’il y avait la moindre chance qu’elle sorte malheureuse de tout ceci, alors il préférait encore laisser tomber et la laisser vivre sa vie sans plus jamais l’embêté avec son amour pour elle.

Elle venait de lui dire qu'elle n'était jamais allée à New York et qu'il avait gagné. Et pourtant ça ne semblait pas l'émouvoir plus que ça. Pire, il venait carrément de lui dire qu'il n'était pas sûr de comprendre ce qu'il gagnait.

- Tu vas pas me faciliter les choses, hein? souffla-t-elle en fixant un point derrière l'épaule de Kaleb. Tout plutôt que de le regarder dans les yeux. On ne fait pas une partie de Monopoly, bon sang! Il me semble que c'est clair!

Mac commençait à sentir son sang bouillir. Ça ne se passait clairement pas comme elle se l'était imaginé. En fait, elle ne s'était rien imaginé, n'avait pas prévu de scénario, mais peut-être aurait-elle dû travailler sur ce qu'elle lui dirait? Elle était bien consciente d'être un cauchemar sur le plan social, mais merde... à ce point?

- Je décide de partir, ça ne fait pas ton affaire. Maintenant, je te dis que je reste et que tu as gagné, ça semble pas faire ton bonheur non plus! Je suis supposée faire quoi là?

Un doute affreux s'insinua dans son esprit en même temps qu'elle sentait que ses mains se mettaient à trembler. Pour le cacher, elle les fourra dans les poches de son jean. Elle s'était déjà assez humiliée comme ça.

- Ou bien... tu n'es plus intéressé? interrogea-t-elle en fronçant les sourcils, prête à foutre le camps si nécessaire.

Si c'était ça, si Kaleb avait eu le malheur de changer d'avis à leur sujet, il pouvait être sûr et certain que Mackenzie allait quitter la ville. Définitivement. Pour aller où? Elle n'en savait rien, mais du moment que ça mettait tout un tas de kilomètres entre eux, ça ferait l'affaire, elle ne serait pas difficile.

La jeune femme était en colère a propos de sa réponse. Elle pensait probablement qu’il voulait rire d’elle. Il n’aurait jamais pensé qu’elle puisse croire un jour qu’il ne soit plus intéressé. S’il y avait bien une chose de sûr s’était qu’il l’aimait plus que tout. Elle fixait un point derrière son épaule en lui disant ce qu’elle pensait, qu’il n’était peut-être plus intéressé. Il pouvait voir ses joues rougir, il la connaissait assez pour savoir qu’elle devait se sentir humiliée en ce moment. Mauvais, il avait tout faux avec elle. Merde. Pourquoi ne s’était-il pas contenté de l’embrasser et de lui dire à quel point il était content qu’elle reste et d’avoir gagné ce point. Il secoua la tête.

-On va régler un point, une bonne fois pour toute d’accord?

Il n’attendit pas sa réponse, il prit son visage entre ses mains et l’embrassa à perdre haleine.

-Je t’aime, tu m’intéresse en tout point. La seule chose que je cherche, c’est que tu sois heureuse et le fait que les 4 dernières années aient été un merdier pour toi, ça me rend fou. Ce n’est pas ce que je voulais. Je ne l’ai pas compris et j’en suis désolé.

Voilà, les dés étaient jetés. Il ne savait pas trop, ce qu’elle penserait, il ne savait pas si elle accepterait ses excuses pour l’avoir fait souffrir autant tout ce temps. On disait que l’amour peut faire mal, ils l’avaient expérimenté tous les deux et il avait été le principal acteur de tout ceci en continuant de s’acharner alors qu’elle avait déjà fui. Il ne ferait plus ça. Il se plierait à ce qu’elle voulait elle maintenant, pas ce que lui voulait. Il cesserait d’être égoïste à ce point.

-Je veux juste qu’on le fasse à ta manière a partir de maintenant, que tu sois heureuse dans tout ça, pas que tu te sentes mal à l’aise … pas que tu sois malheureuse.

C’était ce qu’il avait voulu tout ce temps, mais il ne l’avait pas fait. Pas de cette façon. Il lui passa la main dans les cheveux et lui sourit. Il voulait qu’elle comprenne que ses sentiments pour elle n’avait pas changé, il l’aimerait toujours.