Hunter tira sur son col, il détestait s’habiller ainsi. Pourquoi avait-il laissé Amy le convaincre de venir ici? D’accord, la cause était bonne et il n’avait pas rechigné à payer le montant du souper, il ne rechignait pas non plus à prendre de l’alcool, un montant de la vente étant aussi versé à la fondation. Mais s’habiller en pingouin pour parader, ça, il détestait. Son col le démangeait, sa cravate l’étranglait, il aurait préféré être dans une belle grande pleine verte à courir à en perdre haleine. Voilà ce qu’il aurait voulu. À la place, il était là à ce commandé un autre verre de scotch pour faire passer la soirée. Mac et Amy étaient magnifiques dans leur robe. Il avait vu Willow aussi, elle était très belle, elle aussi. Il était appuyé au bar attendant son verre pour se « détendre ». La détente ne dura pas longtemps cependant. Un groupe apparu devant leur yeux. Une seule race pouvait faire ça. Avant même que la première victime ne tombe au sol, il courait vers ses sœurs et cherchait Willow des yeux.

Willow passait une bonne soirée. Elle avait pris un verre, discuté avec quelques clients, rencontrer un couple d'amis qu'elle n'avait pas vu depuis quelques mois, alors oui, elle avait un peu de bon temps. En plus, c'était pour une bonne cause et elle n'était jamais contre l'idée de faire les boutiques pour trouver une robe pour une occasion particulière! Elle ne s'était cependant pas attendue à voir Hunter être de la partie. Il parcourait la salle des yeux constamment, mais revenait toujours le poser sur deux jeunes femmes qui étaient en compagnie des frères Birmingham. C'était ses soeurs, là-dessus, Will n'avait aucun doute. Elle venait de faire quelques pas pour aller le saluer et discuter quelques minutes avec lui quand un hurlement se fit entendre. Ils étaient encerclés par une bande de vampires qui devaient s'être téléportés dans la salle pour les prendre par surprise.

Parce qu'Hunter était dans son champs de vision, la jeune femme le vit courir vers ses soeurs. Elle n'avait donc rien à craindre pour les soeurs Wright. Elles auraient leur frère en guise de protection ainsi que deux des vampires les plus forts de la ville. De son côté, elle s'arrangea pour se placer entre le premier vampire et la première humaine qui était près d'elle, transformants ses ongles en griffes. Prête à frapper au premier pas que le vampire ferait de travers. Elle ne se transformerait qu'en cas d'urgence... et espérait que les bons vampires pourraient effacer la mémoires de tous ces humains... Tout en priant pour qu'ils ne se transforment pas en dommages collatéraux.

Je pris une grande inspiration tout en tirant sur ma robe noire, tentant de convaincre mon reflet dans le miroir que mon masque d’assurance et de charisme était crédible. Je poussai la porte des toilettes et balayai la salle du regard. La raison pour laquelle je m’étais rendue à cette soirée se tenait à l’autre bout de la pièce : William Spencer, oncopédiatre de renom et, accessoirement, l’un des anciens meilleurs amis de mon père. J’avais décidé de reprendre mon enquête sur John à zéro, méthodiquement, comme s’il s’agissait de n’importe quelle affaire. Aussi pénible que cela puisse m’apparaître, interroger les proches de la victime était une étape obligatoire. J’aurais préféré ne pas croiser autant de visages connus à cette soirée mais qu’à cela ne tienne, il fallait que j’en fasse abstraction.

J’étais en train de jouer des coudes pour rejoindre Spencer quand un hurlement fendit l’air. Je me retournai, me hissant sur les pointes des pieds afin de voir au-delà de la foule qui commençait à céder à la panique. Je remarquai un type les dents littéralement plantées dans le cou d’une femme inconsciente qu’il ne tarda pas à jeter violemment au sol ainsi que plusieurs individus qui se distinguaient des convives. Ils ne semblaient pas armés mais j’avais un mauvais pressentiment, plusieurs personnalités publiques se trouvaient dans cette salle. Je sortis mon arme de mon sac à main sans la charger afin d’éviter tout accident puis remontai le courant vers la victime, invitant les convives à évacuer les lieux et cherchant Wright des yeux. La situation risquait de devenir hors de contrôle. Je sortis mon portable afin d’appeler de l’aide. « Détective Lisa Blackwell, police de Houston. Demande des renforts imm… » Je me glaçai soudain, sentant une présence derrière moi. Je tournai immédiatement la tête et vis un homme m’arracher mon téléphone des mains avant de le broyer entre ses doigts.

Elle avait réussi à traîner son frère et sa sœur à la soirée. Bon, elle avait dû jouer sur la corde sensible des deux et elle avait aussi dû indiquer à sa sœur que Kal serait peut-être plus propice à lui donner des informations sur son enquête après un ou deux verres. La jeune femme avait mordu à l’hameçon. Maintenant, ils se retrouvaient tous pris au piège. Dès le premier hurlement, elle regarda vers son frère et fût soulager de leur voir foncer vers eux à la vitesse… seigneur à vraiment très grande vitesse. Elle regarda autour d’elle et aperçu son amie Lisa. Amy attrapa Raffael par la manche.

-Raff, Lisa à besoin d’aide. Maintenant.

Elle regarda son amoureux, il fallait qu’il fasse quelque chose et tout de suite, ce vampire avait déjà détruit le téléphone de la jeune femme, il l’avait réduit en pièces menus … il pouvait en faire autant avec la jeune femme.

Si Raffael était là, c'était uniquement pour faire plaisir à Amy et parce que l'argent devait aller à une cause qui lui tenait à coeur. Ce n'était pas du tout le genre de soirée qui lui plaisait. Devoir s'habiller en pingouin, très peu pour lui! Il s'était dit qu'il passerait une bonne soirée avec sa belle et Kaleb, mais il avait dû se rendre à l'évidence: la Grande Révélation avait créé un froid polaire chez les Wright. Ce qui avait pour cause qu'Hunter restait dans son coin, qu'Amy essayait de toutes ses forces de détendre l'atmosphère tandis que Mackenzie semblait prendre plaisir à ignorer leur frère. Finalement, si jamais la policière apprenait pour Kaleb et lui, ils étaient cuits.

Raff en était là dans ses réflexions lorsqu'il entendit hurler. S'il avait eu le réflexe de rapprocher Amy de lui tout en voyant Hunter se précipiter vers ses soeurs, Amy, elle, avait eu le temps de voir Lisa - la protégée de Kaleb et aussi un peu la sienne par la force des choses - se faire arracher son téléphone des mains. Et de lui dire d'aller l'aider. Bon, autre chose! Il n'avait pas le temps de réfléchir et ça l'agaçait vraiment, alors Raff fit la seule chose à laquelle il pensait: il se téléporta auprès de Lisa, l’attrapa par le bras et la serra un peu contre lui avant de se téléporter de nouveau à son point de départ.

- Désolé, je ne pouvais pas faire autrement, le temps manquait. lança-t-il en libérant Lisa de sa poigne, ne sachant pas trop auprès de qui il s'excusait. Lisa, Kaleb, Mackenzie..?

Là, c'était le cas de le dire, il leur faudrait jouer à effacer la mémoire des gens... sans compter qu'il n'osait plus regarder Mackenzie. Finalement, ils pourraient peut-être aussi lui faire oublier que son frère était un méta. Ça éviterait à leur famille d'éclater à nouveau.

HJ: Téléportation ou manipulation de personnage accepté par demoiselle Lisa!

C'était la panique, quand on frère avait disparu, sous leurs yeux il avait juré entre ses dents. Mais quand il vit pourquoi il avait quitté ainsi, il respira mieux. Il ramenait Lisa, celle-ci devait avoir été en position précaire. Il s'avança vers la jeune femme.

-Ça va? Tu vas bien? Reste avec Mackenzie et Amy, nous allons vous protéger mais si vous partez de votre position sans prévenir, nous ne pourrons rien pour vous. Amy, Mac, Lisa, si vous avez des croix, sortez les, elle vous protégera.

Il avait fait en sorte que Lisa en porte une croyant que c’était un cadeau familial transmit de génération en génération. La pauvre, il était celle avec laquelle il avait dû le plus jouer avec son esprit et il n’en était pas fier. Il prit position près de son frère, Hunter les avaient maintenant rejoint. Mackenzie venait d’apprendre que Raff n’était pas un simple humain, elle se douterait de la même chose pour lui. Il lui avait menti. Il regarda Mackenzie.

-S’il-te-plaît, malgré ce que tu vas voir, reste près de nous. Nous sommes votre meilleure chance à Amy, Lisa et toi de rester en vie. Ce ne sont pas de simple criminel. Et si tu fais ça, je te promets de te dire toute la vérité. Sans aucun détour.

Du marchandage et oui. Il fallait qu’elle reste où elle était.

C'était une très mauvaise idée, Mackenzie l'avait dit dès le départ. Elle n'aurait jamais dû se laisser convaincre par Amy d'assister à cette maudite soirée. Son entrée était payée, elle aurait pu se contenter de rester chez elle, l'argent serait quand même allé à l'association. Mais ça, c'était sans compter sur Amy qui s'était pointée chez elle en fin d'après-midi pour la pousser à se préparer pour cette maudite soirée. Usant de Kaleb au bon moment, au passage. Si Mac n'avait plus envie d'aller là-bas, c'était à cause d'Hunter. Elle ne lui avait pas reparlé depuis la dernière fois et n'avait pas plus le désir de le voir. C'était donc à contre-coeur que la jeune femme avait enfilé la robe longue qu'elle avait achetée pour l'occasion quelques semaines plus tôt. Amy s'était mise en tête de la coiffer et de la maquiller et Mac s'était dit que si elle faisait preuve de beaucoup de mauvaise volonté, sa soeur finirait peut-être par baisser les bras. Pffff! Jamais! Elle pouvait faire plier n'importe qui sans avoir besoin de l'aide de personne.

Et où ça la menait? Dans une soirée où des personnes se faisaient carrément assassiner sous ses yeux. Et où Raffael disparaissait littéralement de son champ de vision pour réapparaître plus loin. Et refaire le même manège en ramenant Lisa avec lui. Et à tout ça s'ajoutait le fait qu'Amy n'avait même pas l'air... surprise par ce qui s'était passé. Comme si ça ne suffisait pas, voilà que le légiste leur disait de sortir des croix, de ne pas bouger de là, que Raff et lui les protégeraient... et Hunter qui déboulait comme un fou au volant d'un bolide de course.

- Qui a encore des secrets de ce genre-là? C'est le temps de tout avouer avant que je fasse ma crise! lança-t-elle à la ronde tout en sortant son arme de service de son minuscule sac à main. Évidemment, on avait sûrement pas assez à faire avec des hommes qui se transforment en gros chats pleins de puces, maintenant, on en a qui se volatilisent! grommela-t-elle en s'avançant pour se placer devant Amy.

Ces trucs-là ne s'approcheraient pas de sa soeur et ne toucheraient pas à un seul de ses cheveux. Nah, parce qu'Amy devrait vider son sac une fois que tout ça serait terminé! Qu'ils fassent la queue, comme tout le monde!

Je ne voulais même pas venir, malgré la bonne cause en jeu. Néanmoins, le vendeur du billet était un ami qui m’en voulait toujours d’avoir raté son enterrement de vie de garçon à Vegas (Vegas, pouvait-il faire plus cliché ?) et qui considérait que je lui en devais une. Résultat ? Cent-cinquante dollars pour un dîner de charité, mais au moins je pouvais porter mon smoking qui n’avait que trop peu d’occasion de sortir de sa housse. La soirée dansante promettait d’être infernale, littéralement : Il faisait chaud comme au septième niveau des enfers dans cette pièce. J’étais en direction des jardins, histoire de retrouver une température interne de 37 degrés et de pratiquer une excuse bidon pour mon ami afin de m’éclipser au plus vite. La porte se trouvait à l’autre bout de la pièce, mais à peine avais-je fait deux pas vers elle qu’une silhouette se matérialisa devant moi. Choqué, je me figeai sur place, ce qui laissa le temps à l’apparition de me repousser violement. Je traversai la salle en voltige et me retrouvai au sol. Par terre, j’entendis un bruit mouillé enterré sous un flot de hurlements. Autour de moi, chacun prenait ses jambes à son cou. Je me protégeai la tête dans mes bras de peur d’être piétiné.

Je me remis sur pieds dès que ce fut possible. Je jetai un regard circulaire aux alentours et découvris que la salle s’était considérablement vidée, les invités restants se regroupant le plus loin possible d’une bande d’intrus. Que venait-il de se produire ? Je vis au centre de la salle un corps que tout le monde évitait. Couchée sur le flanc et baignant dans son propre sang, la femme était assurément morte. Plus loin, des inspectrices de la police que je connaissais, Wright et Blackwell. Elles étaient toutefois trop éloignées de moi pour que je puisse les atteindre sans passer à proximité de l’homme couvert d’hémoglobine, assurément le meurtrier. Plus près de moi, je reconnus un visage familier. Will. Je me dirigeai discrètement vers lui, cherchant à me faire invisible face aux assaillants qui avaient fait irruption dans la pièce. En chemin, l’image de la femme morte s’imposa à moi. J’étais habitué des cadavres, alors ce n’était pas le sang qui me troublait. Non, c’était plutôt d’où il provenait. La gorge. J’espérais vraiment faire des associations hâtives…

Prenez note que vous aurez le charmant point de vue de la belle Nora. Une jolie vampire sadique les vermisseaux!  

Nora s’avança, son visage était neutre. Elle aurait pu avoir une expression plus joyeuse, mais elle se fichait bien d’avoir l’air heureuse. Elle était là pour dîner à l’œil, pas pour exposer sa joie de voir ses humains mourir de peur. Elle enjamba le corps d’une femme, elle sentit le sang monter à ses narines.

-Georgio, tu manges comme un cochon on te l’a déjà dit? Tu as fait un gaspille inacceptable.

Georgio, comme la plupart des vampires qui étaient venus avec elle, était un jeune vampire. Elle s’en débarra d’un simple coup du poignet. Il vola en poussière. Dans la main de la femme, un pieu en bois aussi fin qu’un crayon. Elle s’avança au milieu de la pièce.

-J’ai faim les mecs. Apportez-moi ceux-là.

Elle pointa de sa main gantée, les deux hommes les plus éloignés du groupe. Ils étaient une proie facile. Nora fixa son regard sur les deux frères Birmingham et eut un sourire cette fois.

-Vous ne pouvez pas lutter contre notre nature. Vous êtes stupide de croire que boire du sang dans un verre est plus acceptable. C’est tout simplement dégoûtant. Lorsqu’il sort de la veine, il est chaud, on sent le cœur battre contre ses lèvres. C’est une sensation divine dont je n’ai pas envie de me privée et tous ceux de notre race qui sont venus avec moi pense la même chose.

Elle sortie les crocs alors que les deux molosses approchaient avec son dîner. Deux mignons petits hommes. Miam, elle en avait l’eau à la bouche. Elle avant enfilé sa belle robe noire, elle ne voulait pas qu'on puisse voir les taches si jamais elle en échappait une goutte!

Il avait rejoint ses sœurs, Raffael venait de jouer les vampires en se dématérialisant et en ramenant une amie de ses sœurs près d’eux. Maintenant, cette pimbêche en noire disait qu’elle ne voulait pas boire au verre. N’importe quoi. Les deux colosses qui lui servaient de larbins c’étaient emparé de deux hommes, l’un était un collègue de Mackenzie et l’autre était celui qui était avec Amy lors de l’attaque, celui qui avait subit la colère du loup à sa place. Hunter ne le connaissait pas personnellement, mais tous connaissait un peu le parcours de Will sur une piste.

-Tant pis pour le costume.

Hunter fit un signe aux frères Birmingham, il savait que ceux-ci prendraient soins de ses sœurs le temps qu’il s’occupait des deux hommes. Il transforma ses mains et partit en courant profitant de l’effet de surprise pour sauter sur le premier vampire.

Si Willow ne savait pas laquelle des deux soeurs Wright avait mentionné les hommes qui se transformaient en chats, mais elle était persuadée que c'était Mackenzie, celle qui - Hunter en était persuadé - allait mal prendre son secret. Enfin, cette histoire ne la regardait pas, mais maintenant Will comprenait pourquoi le tigre faisait la tête et restait dans son coin. Tout avait maintenant un sens.

La femme vampire qui pris la parole était une étrangère pour Willow, mais selon ce qu'elle disait elle semblait bien connaitre les Birmingham. D'un autre côté, qui ne les connaissait pas dans le monde vampirique? Restait à savoir s'ils savaient que cette suceuse de sang allaient leur causer problème éventuellement. Si c'était le cas, les Birmingham auraient dû les prévenir Len, Damn et elle. C'était un problème qu'elle devrait soulever plus tard. Willow aurait préféré rester entre Hunter, ses soeurs et les vampires, mais elle ne pouvait pas laisser deux humains sans protection. Mais ça, c'était sans compter sur Hunter qui décida de quitter ses soeurs pour aller rendre une petite visite de courtoisies aux larbins de la femelle vampire. Pour le moment, il y avait un peu trop de vampires sanguinaires pour le nombre d'humains encore sur place. C'est donc à regret que Willow quitta sa place et courut en direction des deux humains que le vampire approchait d'un peu trop près et se plaça stratégiquement entre les deux humains et cette... dame.

- Recule la sangsue et dis à tes marionnettes de relâcher ces messieurs. ordonna-t-elle lentement en se disant qu'elle perdait certainement son temps et que la femme vampire n'obéirait pas. Tu as mal lu le carton d'invitation, il n'y a pas de buffet à volonté ce soir. ajouta-t-elle avec un petit sourire en coin, prête à griffer la sangsue au besoin. Ou à mordre.

Je regardai furtivement autour de moi tandis que mon coeur s’emballait. Je m’étais subitement retrouvée à l’autre bout de la salle, je ne comprenais pas comment j’étais arrivée ici. Raffael lâcha mon poignet, je passai alors ma main sur mon cuir chevelu. Peut-être avais-je pris un coup, c’était encore l’hypothèse la plus probable. Les discours des personnes autour de moi ne faisaient aucun sens. On parlait de croix, de gros chats, de puces, c’était totalement ubuesque. Je cherchai un instant Spencer des yeux, aucun signe de lui. J’espérais qu’il avait pu s’enfuir. Je fronçai les sourcils, quelque peu exaspérée. Une femme en plein délire mystique faisait son show au beau milieu de la salle. Elle ordonna à ses sbires de lui livrer deux convives. Si elle avait intentionnellement voulu jouer avec mes nerfs, elle n’aurait pas pu mieux les choisir. 


Je balançai la tête, c’en était trop. Je lançai un regard appuyé à Mackenzie afin qu’elle devine mes intentions puis m’éloignai en silence du groupe, remontant discrètement vers le centre de la pièce. Je m’apprêtais à intervenir lorsque je vis un homme qui ressemblait au frère des soeurs Wright et qui semblait porter des gants vraiment très particuliers surgir du fond de la pièce et fondre sur l’un des agresseurs, rapidement suivi par une femme qui alla se confronter directement à celle qui semblait être le cerveau de l’opération. Cette scène était véritablement hallucinante, depuis quand les civils se comportaient de manière aussi audacieuse ? Qui avait mis de la drogue dans les petits fours ? Ils risquaient de provoquer un pugilat. Passablement excédée, je fis un pas en avant et braquai mon arme devant moi tout en la chargeant, visant tour à tour les différents trouble-fêtes et m’imposant d’une voix autoritaire. « Police de Houston. Tout le monde se calme. Lâchez ces hommes, reculez et mettez tous les mains bien en évidence. » Je fixai pendant une longue seconde la brune à la robe noire. Son discours et la façon dont la première victime de la soirée avait été tuée m’interpellaient, bien évidemment. J’avais hâte de me retrouver en salle d’interrogatoire avec elle.

Elle remercia d’un signe de tête Raffael, qui n’avait pas hésité à se dématérialiser pour se téléporter jusqu’à Lisa et la ramener. Kal donna ses instructions aux filles. Amy savait ce qu’elle avait à faire, observer et prévenir. Elle n’était pas de taille contre ce qui attaquait. Elle regarda autour d’elle. Puis, elle vit sa sœur dégainer son arme et elle eut peur. Elle alla rapidement vers elle.

-Mac! Mac, écoute-moi. Si tu as fait ce que Hunter t’a dit pour les balles, tu risques de le tuer lui, ainsi que la jeune femme qui vient de s’interposer entre Will et Lincoln. Tu comprends? Assure-toi de ne pas les viser.

Elle secoua la tête tristement.

-Les balles ne feront rien à nos agresseurs Mac.

Elle regarda encore autour d’elle et une idée lui traversa l’esprit. Les chaises étaient en bois.

-Mais si on n’arrive à briser les chaises de façon à ce qu’elle ait un bout pointu, on pourra se défendre. Attention de ne pas atteindre Kal et Raff s’il-te-plaît. Ils viennent peut-être descendre dans ton estime, mais plus tard tu pourrais regretter de les avoir perdus. Surtout Kaleb …

Elle s’avança vers la première chaise, c’était géniale. Elle allait tenter de briser une chaise, en robe longue et talon aiguille. Elle avait l’impression de retour le jour de son agression avec Will, elle avait un tailleur-jupe et ses plus hauts talons. D’accord, si elle sortait d’ici elle ne porterait plus que des souliers plats. Ce n’était pas son seul souci, elle venait d’admettre qu’elle savait pour Kal et Raff. Sa sœur serait plus que fâchée de savoir ça. Mais on n’avait pas le temps de chipoté avec les détails. Il fallait passer à l’action. Mac aurait tout le temps d’être fâchée ensuite.

Kaleb était parti de son côté, Hunter avait quitté ses soeurs. Ne restait plus que lui... sans oublier les flingues de Lisa et Mackenzie. Lisa était partie sans se préoccuper de ce qu'avait dit Kal et Raff ne se faisait pas d'idées, Mac avait la même idée en tête. C'était mal parti. Raff avait bien envie d'aller casser du méchant vampire lui aussi, mais il ne pouvait pas laisser Amy toute seule. Même si des trois dames, c'était celle qui savait à quoi elle serait confrontée. Raffael était partagé. Devait-il rejoindre son frère et l'aider ou rester aux côtés d'Amy pour la protéger? Mieux, ne devrait-il pas carrément la téléporter à l'abri et faire la même chose avec Mackenzie et Lisa? Sa jolie petite blonde cherchait les baffes en conseillant à sa soeur de ne pas tirer sur Hunter ou Willow. Voire même les humains qui étaient retenus par deux des vampires. Ensuite, Raff compris qu'il devrait renoncer à l'idée de protéger Amy, car cette dernière avait décidé de prendre les choses en mains en voulant fabriquer des pieux à l'aide des chaises. Efficace, mais peu probable. Avec un soupir, Raffael attrapa la première chose qu'il vit, la cassa sans difficultés et fourra un pieu de fortune dans la main de Mackenzie.

- Plante ça dans le coeur d'un de ces vampires si tu as une chance de le faire. Économise tes minutions, elles ne serviront à rien. lui dit-il en la regardant droit dans les yeux, se doutant que la prochaine fois, ça serait lui qu'elle voudrait buter.

Il tendit ensuite un autre pieu à Amy et la serra contre lui quelques secondes, posa un baiser sur ses cheveux et murmura:

- Ça me tue... sois prudente, mon coeur.

Il la quitta et couru pour se planter aux côtés de son frère. Plus ils élimineraient de ces vampires rapidement, moins ils risquaient de s'en prendre à leurs êtres chers... Durant ce court laps de temps, Lisa avait fini par prendre position, sortir son flingue et s'identifier comme étant de la police. Eh merde!

Mackenzie était restée près de sa sœur pendant que lui-même combattait les vampires renégats. Kal ne pouvait s’empêcher de regarder vers les humaines qu’il connaissait, voulant s’assurer qu’elles allaient bien. Hunter et Willow s’occupaient des humains qui devaient servir de dîner à Nora. Cette dernière avait toujours été récalcitrante, mais jamais elle n’avait tenté un tel coup. Quelque chose c’était produit et l’avait décidé à passer à l’action. Elle n’était pas du genre à partir en guerre seule, elle devait avoir quelqu’un derrière elle pour lui souffler ce qu’elle avait à faire. Kal évita l’un de ses attaquants, avant de l’envoyer valser dans le mur. L’autre causa une marque dans le mur avec son corps. Merde. Ce ne serait pas très discret. Il leur faudrait détruire le mur pour effacer la trace. Il devait mieux se concentrer. Il vit du coin de l’œil son frère donner des … pieux à Mac et Amy avant de venir le rejoindre. Ce n’était pas prudent, il n’était pas d’accord. Qui les protégeraient maintenant? Mac et Amy étaient capables, Lisa aussi mais tout de même, elles étaient seules.

-Garde un œil sur elles, je te couvre au besoin.

Ses propos s’adressaient à Raffael bien entendu. Il regarda la femme vampire, juste au moment où l’un des humains interpellait Lisa. Kaleb regarda Nora dans les yeux, il n’entendait pas à rire. Il ne la laisserait pas touché à aucuns cheveux des humains encore debout dans cette pièce. Hors de question que cette soirée ne devienne un massacre. Il ne la laisserait pas faire.

-Si tu crois que tu peux faire du mal à ces gens sans que nous ne faisions rien tu te trompes Nora. Pour chaque humain à qui tu fais du mal, tu en subiras le double. Le décompte est commencé. Tu es prévenue.

Raffael sera d’accord avec cette décision, Savannah aussi sans aucun doute. Les métamorphes devaient aussi comprendre qu’ils ne laisseraient pas passés cet acte de barbarie. C’était inacceptable. Il se dématérialisa derrière le vampire qui maintenait le deuxième homme, Hunter ayant libéré le premier, et lui arracha la tête. Kaleb avait des années de pratique, bien plus que ses bébés vampires. Ce fût simple et facile, il l’avait fait sans même avoir quitté Nora des yeux. L’imbécile qu’il venait de réduire en poussière n’avait rien vu venir. Non, l’expérience lui manquait. Il ne connaissait pas le conseil, il ne savait pas qu’ils avaient droit de mort sur ceux qui ne suivaient pas les règles. Il ne avait payé le prix.

Tout ça sentait très mauvais, mais au moins, il y avait quelqu'un qui était du même avis qu'elle: Lisa. Il fallait qu'elles interviennent et ça devenait urgent. Mais sa soeur lui parlait comme si elle allait viser quelqu'un d'autre que les maniaques qui voulaient absolument faire un carton ce soir. Quand la confiance règne! Mackenzie n'allait certainement pas tirer sur des civils innocents. Encore moins sur son propre frère. Quant aux Birmingham... Mac ne savait plus quoi penser.

- Bon Dieu, Amy! Je suis sniper! Je sais encore viser! lança Mackenzie, agacée. Arrange-toi pour être toujours dans mon champs de vision. ajouta-t-elle avant de partir précipitamment de son côté pour prendre les... fous par surprise. Parce que les encercler à deux, ce n'était pas possible.

Elle perdait la boule. Ses géniteurs, son frère, sa soeur et maintenant c'était elle. Sinon, comment expliquer qu'elle avait vu Raffael disparaître sous ses yeux pour se matérialiser plusieurs mètres plus loin avant de refaire la même chose en sens inverse? Et maintenant, comment expliquer autrement le fait que Kaleb avait littéralement arraché la tête de quelqu'un... et qu'il avait fini en poussières? Hein? Raffael aussi devait avoir perdu la tête. Il venait de lui donner un bout de bois en lui disant de le planter dans le coeur des vampires si elle en avait la chance. Tout ça pour ensuite lui dire d'économiser ses munitions. Il en avait de bonnes! Mac espérait tout de-même que ses explications quant à ce qui se passait cette nuit-là seraient à la hauteur.

Mais c'était quoi ce bordel? Que devait-elle faire? Tenter de mettre Kaleb en état d'arrestation? Il venait tout de-même de tuer quelqu'un sous ses yeux! Mais d'un autre côté, sans corps, c'était difficile à prouver. Même s'il y avait de nombreux témoins. En jurant, elle coinça le bout de bois dans la ceinture de sa robe et pointa son flingue sur le premier intrus qu'elle avait devant-elle, cherchant ensuite Lisa du regard pour essayer de savoir comment elles géreraient la situation. Il n'y avait rien de pire dans une situation pareille que de ne pas être sur la même longueur d'ondes.

J’avais cru que mon sentiment d’insécurité faiblirait aux côtés de Will, mais ce ne fut pas le cas. Je me disais que deux types comme nous avec une certaine expérience de la bagarre auraient plus de chance réunis, surtout compte tenu du fait qu’aucun de nos adversaires ne semblait armé. Ça, c’était avant que je vois une femme transformer son collègue en poussière. C’était à n’y rien comprendre, comme si elle avait simplement soufflé sur une sculpture de sable. À vrai dire, plusieurs choses ne trouvaient aucune explication. Comment ces intrus avaient-ils pu apparaître comme par magie au centre de la pièce ? Et pourquoi un meurtre aussi gratuit à la soirée la plus achalandée de tout Houston ? S’agissait-il d’un message ? Mais dans ce cas, à qui était-il destiné ? Avant que je puisse faire la part des choses, des sbires de la femme s’approchèrent de Will et moi pour que nous lui servions de « repas ».

La serre du larbin m’agrippa le bras avec force. Je tentai de mon mieux de m’en défaire, mais sa prise ne bougea pas. J’enfonçai mes doigts dans son bras, je tirai de toutes mes forces, je plantai mes talons au sol… mais rien à faire, l’homme me poussait inexorablement vers sa patronne. Autour de moi, les répliques fusaient, les altercations devenaient physiques, mais je ne suivais aucunement le déroulement de l’action. J’avais les yeux fixés le cadavre au sol, présage du sort qui m’attendait. La panique s’empara de moi, mon souffle m’abandonnait et je n’avais plus la force de me débattre. Puis, sans avertissement, je me retrouvai libre. Je reculai en titubant et traversai un nuage de particules, jusqu’à ce que mon dos heurte quelqu’un. « Ne me touchez pas ! », hurlai-je par réflexe en me retournant.

Il ne s’agissait pas de mon agresseur, mais je n’étais pas rassuré pour autant. Je connaissais le médecin légiste de réputation, mais je ne pouvais pas lui faire entièrement confiance. Une seule certitude s’imposait à mon esprit : le docteur avait mis K.O. celui qui me retenait plus fermement qu’un étau. Je me considérais en relative forme physique et je n’avais pas réussi à faire reculer l’homme d’un millimètre. Comment le légiste avait-il pu lui faire connaître le même sort qu’au dénommé Georgio alors ? Cherchant mon souffle, je reculai jusqu’à la table la plus près et je m’y appuyai. Mon regard alternait entre toutes les personnes présentes dans la pièce, mon cerveau prenant soudain conscience de tous les détails qui clochaient (des pieux ? des griffes ? du sang ?). Toujours dans le déni, je n’osai pas prononcer à voix haute le premier mot qui me vint en tête…

[Désolé c’est long comme réponse, mais il s’est passé beaucoup de choses depuis mon dernier tour !]