J’étais à la cuisine. Et oui, nettoyer la cafétéria après le passage des autres faisaient parti de ma punition qui n’était toujours pas terminé. Je ne m’étais pas opposé quand ils avaient décidés de me laisser derrière avec Christopher et Lenny pour aller explorer le bateau. Je voulais rester près de Sammy qui n’était pas encore rétabli. Il était sortit d’affaire maintenant et il avait même commencé à déplacer ses effets dans une chambre qui n’avait pas encore de colocataire. J’espérais pouvoir récupérer cette place. Je voulais que Kal et Mac puissent avoir un peu d’intimité et je voulais pouvoir partager un endroit avec Samuel comme on le faisait souvent dans la rue. Maman était revenue blessée du leur expédition et papa semblait troublé. Il m’avait offert un ourson en me disant qu’il avait appartenu à une petite fille qui n’avait pas eu de chance. J’avais promis de prendre soin de l’ours pour elle. Kaleb avait souris, il s’était attendu à ma réaction je crois, mais je ne m’étais pas attendu à la tristesse qu’il y aurait dans ses yeux. Que s’était-il passé sur ce fichu bateau? Ils restaient tous muets sur les incidents, la seule chose que l’on savait était qu’ils avaient trouvé des vivres et de l’équipement très utile. Le tout avait été déplacé dans un entrepôt, du moins, c’était ce que je savais. Pour le reste, on ne voulait rien me dire.

J’en étais là dans mes réflexions, je passais le balai sur le plancher en tentant de me convaincre que ma nouvelle maman me laisserait l’espace nécessaire pour que je puisse cohabiter avec Samuel. Elle était une vraie petite maman poule, mais elle avait besoin d’intimité avec son mari et moi j’avais besoin de retrouver sa confiance pour prendre soin de moi. Sammy me protégerait de toute façon, il l’avait toujours fait et le ferait sans aucun doute toujours. Je tenais à rester près de lui, je voulais pouvoir veiller sur lui moi aussi. Il avait regretté de ne pas m’avoir trouvé, mais c’était la même chose pour moi. J’étais même allée jusqu’au centre, mais vu le temps que j’avais pris pour le faire, il n’y était plus depuis longtemps. Lui, était allé voir où j’étais avant. Nous nous étions chercher dans des endroits que nous venions de quitter chacun de notre côté pour retrouver l’autre là où nous avions cru le plus facile de le trouver. Je me sentais un peu imbécile de ne pas être resté sur place pour l’attendre. Mais en même temps, rester là aurait pu me coûter la vie. J’avais dû bouger pour survivre. J’en étais là dans mes pensées quand j’entendis un bruit sur le pas de la porte. Je me retourner pour voir l’arrivant, le balai bien en main. Oui, j’étais un peu plus stressé depuis mon agression. Mais dès que j’aperçus Sammy qui franchissait la porte, je me détendis et un sourire étira mes lèvres.

-Dis-donc, on ne ta jamais appris à frapper avant d’entrer?

Mon cœur se calmait, je ne m’étais même pas aperçu qu’il avait augmenté la cadence jusqu’à ce que je comprenne qu’il se calmait. Oui, mon agression m’avait beaucoup plus affecté que je ne le pensais. Je repris ma tâche afin de ne rien laisser paraître de mon malaise.

Samuel avait dû demander à quelques personnes qu’il avait croisées si elles savaient où était Ayana. Une seule personne avait su le lui dire et c’était la cuisinière dont Sam ne se rappelait toujours pas du nom. A sa défense, il avait toujours eu du mal à retenir le nom des gens, ça lui prenait du temps pour assimiler tout ça et ici, les survivants étaient nombreux. Au moins, s’il ne savait pas mettre un nom sur un visage, il savait qu’il avait déjà croisé tout le monde au moins une fois. Il savait également reconnaitre la famille qui était à la tête de ce groupe de survivants. Parmi eux se trouvait le couple qui avait adopté Ayana. Si Sam avait été méfiant au vu du passé de son amie, il avait rapidement compris que ce couple était formé de gens bien intentionnés. Et quelle n’avait pas été sa surprise quand il avait appris qu’Ayana était punie pour avoir désobéis à un ordre direct de sa mère! La voir effectuer les corvées dont elle avait hérité sans chercher à s’en sauver valait le détour. Finalement, son amie avait enfin trouvé une véritable famille. Des gens qui tenaient suffisamment à elle pour la gronder quand elle faisait une connerie. Il aurait bien aimé avoir cette chance, mais à son âge, il était un peu tard. Ayana avait encore de belles années devant elle, de belles années à passer avec une famille qui l’aimait vraiment et qui ne s’occupait pas d’elle uniquement parce qu’elle pouvait leur rapporter quelque chose.

- Parce que je dois frapper pour entrer dans l’antre de notre cuisinière? Pardon, je l’ignorais. Je ne connais pas encore toutes les règles en usage dans le coin. Faudra que tu me fasses une liste.

Il avait dit ça avec un petit sourire en coin. Si Ayana ne lui avait pas raconté ce qui s’était passé, il n’avait pas eu besoin de dessin pour comprendre qu’elle était plutôt nerveuse. Sam ne voulait pas la forcer à parler, mais il aurait bien aimé qu’elle se confie à lui. Loin de lui l’envie de lui flanquer la frousse. Il prit donc mentalement note de faire du bruit pour l’avertir de son arrivée la prochaine fois, histoire de ne pas lui faire peur de nouveau.

- Ta mère compte te garder combien de temps aux travaux forcés?

De son côté, Samuel avait une bonne nouvelle à annoncer à Ayana. Son amie avait insisté pour qu’il reste à l’hôpital et s’il n’avait pas été très chaud à l’idée au départ, il avait fini par comprendre que ce groupe était à des lieux à la ronde de celui qui occupait l’hôtel. Eux étaient prêts à aider leur prochain, ce qui n’était pas le cas à l’hôtel. C’était ce qui avait fait en sorte que Sam avait préféré faire cavalier seul. Le seul problème, c’était qu’il ne voulait pas rester là et être une bouche de plus à nourrir sans se rendre utile. Après avoir terminé de ranger ses affaires dans sa chambre – ce qui n’avait franchement pas pris trop de son temps – Sam avait erré dans l’hôpital à la recherche du bureau de Lenny pour lui proposer ses services. Il était maintenant son bras droit et l’aiderait à maintenir l’ordre dans l’hôpital. C’était bien mieux que de se tourner les pouces. Avec en bonus d’avoir Ayana à ses côtés. Que demander de plus?

Sammy, j’eus un sourire en disant qu’il ne connaissait pas toutes les règles et que je devrais lui apprendre. Il savait trop bien que j’avais eu peur. À quoi bon essayer de lui cacher quoi que ce soit? Il me connaissait mieux que quiconque ici. Il enchaînait déjà sur un autre sujet question de me faire oublier que j’avais eue peur. Il avait employé le mot « mère » pour désigner Mackenzie. Il me comprenait si bien. Oui, je considérais Mackenzie comme ma mère maintenant, mais j’avais encore de la difficulté avec ce concept et mon ami m’aidait en faisait ainsi. Il demandait quand elle me libérerait de mes tâches. J’eus un sourire et haussai les épaules.

-Je ne sais pas, elle a eu vraiment peur je crois. De toute façon, c’était pour la plupart du temps, des tâches que je faisais pour aider.

Mackenzie se plaisait à croire qu’elle me punissait, mais j’étais contente de me rendre utile et si ça pouvait la soulager. Je m’étais aussi inquiété quand elle était revenue amochée de ce fichu bateau. Je posais mon balai, elle n’allait pas me gronder si je laissais ma tâche quelques minutes pour prendre du temps avec mon ami. Elle aimait bien Sam et elle était contente qu’il soit là. J’étais heureuse qu’il soit en vie et étrangement, du moins pour moi c’était étrange, mais le fait que je sois heureuse la rendait heureuse. C’était un autre concept avec lequel j’avais eu un peu de difficulté, mais en même temps je connaissais quand même un peu cette réalité grâce à Sam. Il me suffisait de le voir sourire quand je lui rapportais une petite babiole spéciale à manger dans le temps pour que je sois heureuse aussi.

-Allez viens t’asseoir et raconte moi ce qui te rend si joyeux.

Je savais qu’il avait quelque chose à me dire, quelque chose qui le rendait joyeux. J’espérais qu’il avait décidé de rester avec nous. J’espérais aussi pouvoir emménager dans la chambre qu’on lui accorderait s’il restait, j’en avais déjà parlé avec Kaleb qui devait en discuter avec Mac. Je ne craignais rien avec Sammy, il m’avait toujours protégé et il le ferait toujours, je le savais. C’était une certitude qui ne m’avait jamais quitté du temps de notre vie dans la rue et le fait qu’il s’excuse de m’avoir laissé mourir pendant son délire de fièvre me faisait dire encore et toujours la même chose. Je m’installer à une table et l’invitait de la main à prendre place à mes côtés.