Apologize [pv Raffael]

Elle s'appuya au cadrage de la porte de ce qui était l'atelier de Raffael. Il était là, il ne semblait pas avancer beaucoup dans ce qu'il faisait. Elle retient le soupire qui menaçait de franchir ses lèvres. Elle ne voulait pas qu'il sache tout de suite qu'elle était là. Elle l'avait évité ses derniers jours, après cette gifle qu'elle lui avait administrée, elle s'était tenue à carreau et avait laissé le temps faire son œuvre. En fait, elle n'était pas sûre que quoi que ce soit n'ait oeuvré, mais bon, elle était là maintenant. Elle lui devait des excuses. Il voulait sauver sa soeur à ce moment-là, il ne pensait à rien d'autre, même pas à sa propre sécurité elle aurait pu le parier. Mais elle avait eu tellement peur, tellement peur de le perdre et ne plus jamais pouvoir lui dire… lui dire quoi au fait? Qu'elle l'aimait? Oui, elle ressentait quelque chose de très fort pour lui, mais elle avait peur. Liam lui avait fait croire tellement de belle chose et au final tout était tombé à l'eau. Elle ne devrait pas les comparer, Raffael était tellement différent de Liam. Jamais il n'aurait agi ainsi, elle le savait. Mais elle avait cru la même chose de Liam. Cependant, lorsqu'elle y repensait il y avait tellement de signes évidents sur les comportements de son ex qu'elle ne comprenait pas comment elle avait fait pour être aussi aveugle. Alors qu'elle était perdue dans ses pensées, Raffael se leva et se tourna l'apercevant. Adieu la discrétion. Elle se redressa lentement et le regarda dans les yeux. Il semblait s'être figé comme une statut en la voyant, elle en eut un petit sourire.

-Je ne suis pas venue te frapper, tu ne crains rien. Je ne suis là que pour m'excuser. Je n'ai pas d'explication rationnelle à te fournir pour mon comportement, même moi je ne sais pas ce qui m'est passé par la tête. Mais je tenais à m'excuser.

Voilà, le premier pas était fait. L'explication rationnelle, non elle n'en avait pas. Elle avait eu peur et s'était comportée comme s'il lui appartenait et qu'elle avait un droit quelconque de lui en vouloir d'avoir agit ainsi. Elle n'avait aucun droit sur lui. Il lui avait dit ce qu'il ressentait pour elle, du moins l'avait-elle comprise ainsi et elle le remerciait en le tenant pour acquis alors qu'ils n'étaient pas en relation amoureuse tous les deux.

Raffael était entrain de travailler sur ses armes. Essayer de travailler aurait été plus juste. Il n’arrivait à rien et ça, ça l’emmerdait parce qu’il avait espéré qu’en se concentrant sur son boulot, il aurait moins pensé à une jolie blonde en pétard contre lui. A vrai dire, Raff ignorait même si elle était encore en colère contre lui parce qu’il ne lui avait pas reparlé depuis la fameuse gifle qu’elle lui avait administrée. Le pourquoi du comment de la colère d’Amy le perturbait tout autant. C’était Jane. Sa sœur. Il avait entendu son cri, il aurait reconnu sa voix entre mille. Il s’était précipité sans réfléchir. Ç’aurait été Ally qu’il se serait aussi précipité comme un fou pour la protéger elle aussi. D’ailleurs, Raff était d’avis qu’Amy aurait fait la même chose si ç’avait été Mackenzie ou Hunter. Elle se serait jetée dans la mêlée sans réfléchir deux secondes. C’est ce qu’ils feraient tous bon sang. Pourquoi s’était-il mérité une claque dans ce cas-là? D’accord, Kal avait dit qu’Amy s’était sans doute inquiétée, mais… une gifle pour ça, ce n’était pas un peu… excessif?

Découragé parce qu’il n’arrivait à rien, Raff se leva de son tabouret et s’étira en se disant qu’il devrait peut-être sortir sur le toit de l’hôpital, histoire de prendre un peu l’air. Voilà qui ne pourrait pas lui faire de tort. Peut-être même que ça pourrait lui éclaircir les idées. Peut-être qu’après, il pourrait aller retrouver Amy et essayer de s’expliquer avec elle. S’excuser si nécessaire… même s’il ne pensait pas avoir fait quelque chose de mal au final. «Qu’est-ce qu’on ne ferait pas pour une femme qui nous intéresse!» songea-t-il en secouant la tête.

Raffael se retourna et se figea en voyant Amy appuyée contre le cadre de la porte de son atelier. Certes, il avait songé à aller lui parler, mais il aurait préféré pouvoir avoir le temps de mettre un peu d’ordre dans ses idées avant! Il était sur le point de la saluer quand elle commença par dire qu’elle n’était pas là pour le frapper, mais pour s’Excuser, qu’elle ne savait pas ce qui lui était passé par la tête, mais qu’Elle tenait à s’excuser. Que pouvait-il répondre à ça? «Ce n’est rien»? Bah voyons!

Ne sachant pas trop quoi faire de ses mains, Raff les enfouies dans les poches de son jean et continua à la regarder, en attendant de voir si elle allait poursuivre sur sa lancée, mais elle ne le fit pas aussi, comprit-il que c’était à son tour de parler. Ouch…

- J’accepte tes excuses et je ne t'en veux pas… mais je ne m’excuserai pas d’avoir été à la rescousse de ma sœur. Tu en aurais fait autant si ç’avait été ta sœur ou ton frère..

Que pouvait-il dire de plus? Il ne lui en voulait pas, mais il ne comprenait pas. Et si c’était à refaire, bah… il le referait sans hésiter.

Les propos qu’il utilisa sonnèrent durement aux oreilles de la jeune femme, mais en même temps ils étaient mérités. Elle n’avait pas le droit de faire ce qu’elle avait fait. Elle avait beau avoir eu peur pour lui, elle n’aurait jamais dû le gifler ainsi. C’était un homme, il avait fait l’armée, il savait se débrouiller et cent fois mieux qu’elle. Elle était honteuse de son comportement envers lui. Elle baissa les yeux vers ses chaussures le temps de reprendre contenance. Elle devait avouer qu’elle était ébranlée. Elle se racla la gorge avant de parler à nouveau, levant les yeux pour le regarder en face.

-Je ne te demande pas d’excuse, je suis simplement venir offrir les miennes. Tu as raison, j’aurais voulu pouvoir agir de la même façon si s’était Hunter ou Mackenzie avaient crié de cette façon. Je suis consciente aussi que j’aurais été stupide de partir comme tu l’as fait car je n’ai pas la formation que Kaleb, Mack ou toi avez. J’aurais sans aucun doute eu besoin qu’on me sauve plutôt que de sauver l’autre.

Elle ne savait pas trop ce qu’elle devait faire, ne savait pas trop quoi dire. Son niveau d’anxiété s’était relevé d’un cran depuis qu’ils avaient commencés à discuter. Elle se sentait tellement stupide, elle aurait dû attendre encore avant de venir, ou simplement laisser tomber. Mais elle lui devait des excuses, elle ne pouvait quand même pas laisser son geste sans conséquences. Elle avait été idiote, il fallait bien qu’elle présente ses excuses non? Elle se déplaça légèrement appuyant son dos au cadrage de la porte, elle préférait ne plus le regarder dans les yeux, elle se sentait intimidée par lui. Elle croisa les bras sur sa poitrine et eut un soupire.

-Parfois je me sens comme une nuisance dans ces sorties et en même temps je refuse qu’on me laisse derrière. C’est plus angoissant d’attendre votre retour que de faire partie du groupe. J’ai appris à me défendre depuis les six derniers mois, mais je sais bien que je ne suis pas aussi utile ou forte que Hunter.

Elle haussa les épaules. Elle devrait arrêter de parler, elle avait l’impression de se rendre de plus en plus ridicule. Elle eut un petit sourire triste.

-Bref, je suis désolée. C’est tout ce que j’avais à dire. Je vais laisser maintenant, tu dois avoir bien mieux à faire.

Elle se redressa pour laisser l’homme tranquille. Elle avait dit ce qu’elle avait à dire, il n’avait pas besoin qu’elle l’embête plus longtemps avec cette histoire.

Ne sachant pas trop quoi dire, Raffael avait préféré se taire… et là, maintenant, il se demandait encore plus ce qu’il devait lui répondre. Ce n’est que lorsqu’il la vit se redresser pour faire mine de partir qu’il lança:

- Tu tout sauf une nuisance, Amy. lança-t-il pour la retenir encore un peu. Il voulait qu’elle reste encore avec lui, car ces quelques jours sans lui parler avaient été… mornes. Ton frère veut te protéger et c’est louable de sa part, mais il en fait parfois trop. Ça, ta sœur l’a compris.

Il attrappa sa bouteille d’eau et en bu une longue gorgée avant de la reposer sur la table. Il devait l’empêcher de croire qu’elle était nuisible et qu’elle devait toujours être protégée. Son frère et sa sœur… c’était normal qu’ils souhaitent que rien ne lui arrive. Raffael lui-même souhaitait la même chose pour Kaleb et ses sœurs. Il aurait même préféré que Jane se joigne à eux plutôt que de rester toute seule dans son coin… il aurait pu la forcer à rester, mais parce qu’il l’aimait, il la laissait aller. En espérant qu’un jour – prochain – elle comprenne que sa place était auprès d’eux. Ou d’Ally et James. Mais pas toute seule.

- Si Mackenzie pensait que tu ne saurais pas te débrouiller, elle serait la première à insister pour que tu restes planquée ici. Elle vous a bien formées, Willow et toi, n’en doutes jamais. J’ai déjà vu une lueur de fierté dans ses yeux après t’avoir vu massacrer un rôdeur toute seule.

Et il devait admettre que lui aussi était fier d’Amy. Il se rappelait ce jour-là avec précision. C’était une des premières fois qu’Amy les accompagnait durant une sortie. Il avait vu un zombie s’approcher d’elle et avait été sur le point de régler son compte à l’atrocité quand la jeune femme s’en était occupée avec brio. D’accord, il gardait toujours un œil sur Amy, histoire d’être sûr qu’il ne lui arrive rien, c’était plus fort que lui… mais contrairement à ce qu’elle semblait croire, elle n’était pas du genre de celle qu’on devait sauver ou qu’on entendait crier à cause de la peur. Elle avait un bon petit lot de rôdeurs à son actif et elle était toujours revenue entière. C’était le plus important. Ce que Hunter semblait oublier, c’était que sa petite sœur devait apprendre à se débrouiller toute seule et rapidement. Parce qu’on ne sait jamais de quoi demain sera fait.

Elle allait partir lorsqu’il parla, il lui fit savoir qu’elle n’était pas une nuisance. Le fait que son frère était surprotecteur était notoire. Il n’avait pas été présent dans leur vie pour la majeure partie, il ne savait pas comment elle était, il ne savait pas ce qu’elle avait appris. Elle adorait son frère et elle pouvait comprendre qu’il veuille la protéger. Mais Raffael avait raison sur ce point, il en faisait parfois trop. Hunter était un amour, il n’y avait pas à dire. Mais il était meilleur pour s’occuper des autres que de lui-même. La preuve, il ne voyait pas ce que Willow pouvait lui apporter, il ne voyait pas qu’une fille comme elle était son genre et qu’il était amoureux d’elle. Il cherchait constamment à la protéger comme il le faisait avec elle. Elle regarda l’homme prendre sa gorgée d’eau, est-ce qu’il étirait le temps pour qu’elle ne parte pas? Après, il lui avait répondu comme elle allait partir, l’empêchant par le fait même de quitter. Elle appuya sa tête sur le cadrage de porte, c’était une drôle de position, son épaule étant aussi appuyé, elle avait l’air de prendre ses aises quoi.

Il continuait avec ses compliments disaient que Mackenzie les avaient bien formés Willow et elle. C’était vrai, sa sœur était un bon professeur, elle ne pouvait le nier. Willow était très bonne et Amy apprenait quand même rapidement. Et puis, ce n’est pas comme si elle n’avait jamais touché une arme non plus. Mack le lui avait appris avant même que toute cette histoire ne débute et elle avait souvent été à la chasse que ce soit à l’arme à feu ou à l’arc. D’ailleurs, elle rêvait d’en utiliser un, mais Hunter disait que c’était trop dangereux. Elle ne savait même pas si sa sœur ou même Raffael savaient qu’elle savait tirer avec un arc. Elle haussa les épaules.

-Mackenzie m’a toujours appris le maniement des armes et pendant ses missions, j’ai pris des cours de tir à l’arc. J’allais même chasser quelques fois. J’ai toujours aimé la traque, pas pour tuer l’animal en tant que tel, mais plus pour le retrouver. Le pister, c’était ça que j’aimais. Aujourd’hui, je me sens comme les animaux que je traquais. Je déteste ça.

C’était différent de se retrouver comme étant la proie, elle préférait de loin être le chasseur. Elle eut un sourire en repensant à un souvenir, sa sœur lui avait demandé qu’elle viande elle avait mis dans sa sauce, qu’elle était délicieuse, très différente de d’habitude. Lorsqu’Amy lui avait dit qu’elle y avait mis du lapin qu’elle avait trappé elle-même, avant de le dépecer et l’apprêter, Mackenzie avait alors arrêté de manger et avait demandé qu’elle lui répète ça. Amy lui avait répété et Mackenzie n’avait pas retouché à son assiette malgré ses protestations. Pourquoi sa sauce n’était-elle plus bonne? Elle trouvait cette image de sa sœur assez drôle. Aujourd’hui, elle était à peu près sûre que sa sœur ne rechignerait pas sur un peu de lapin dans sa sauce. Elle se redressa.

-Merci Raff, je suis venue m’excuser parce que j’avais mal agit et c’est toi qui me remonte le moral. Je me sens pitoyable, mais j’apprécie sincèrement. Je ne sais plus trop où est ma place ces temps-ci et tes propos m’aident beaucoup.

Elle lui sourit.

-Malgré que je ne devrais pas être surprise, tu as le don d’être là pour dire ce qu’il faut quand il faut avec moi.

Elle repensait bien sûr au mariage de Kaleb et Mackenzie. Ce soir-là, il avait sauvé la soirée en l’aidant dans son épreuve. Elle avait voulu lui rendre la pareille avec Jane, mais encore c’est lui qui avait retourné la situation en lui remontant l’estime indiquant qu’elle était une femme fabuleuse. Ses traits devinrent plus sérieux. Elle le regarda dans les yeux.

-J’ai vraiment eu peur de te perdre ce jour-là. Je ne crois pas que je l’aurais supporté.

Elle parlait bien sûr du jour où il était sorti du rang seul pour aller sauver Jane.

Raffael eu un sourire quand Amy lui raconta que Mackenzie l’avait bien préparée au maniement de certaines armes avant qu’elle ne parte en mission. C’était sa belle-sœur tout craché. Longtemps, elles avaient été leur seule famille et Mac avait toujours veillé sur sa petite sœur. Alors qu’elle lui ait appris à se défendre toute seule n’était même pas étonnant. Et après tout, c’était normal qu’Amy n’aie pas toujours à se reposer sur quelqu’un d’autre. Savoir demander de l’aide quand on en avait besoin, c’était bien, mais savoir se démerder sans toujours compter sur quelqu’un pour vous sortir du pétrin, c’était encore mieux.

Il ne s’attendait cependant pas à l’entendre lui dire qu’elle allait à la chasse. S’il lui disait qu’il ne l’imaginait pas entrain de chasser, il risquait de se faire dire qu’il n’était qu’un sale macho, que les femmes pouvaient être aussi douées que les hommes, voire même être meilleures. Là-dessus, Raff n’avait aucun doute. En fait, c’était davantage de l’imaginer, elle entrain de chasser qu’il avait du mal à concevoir. Petite et féminine, Amy ne lui faisait vraiment pas l’impression d’être une passionnée de la chasse. Mais à l’entendre, c’était plus pour le plaisir de pister les animaux que de les abattre qu’elle aimait cette activité. N’en demeurait pas moins qu’il venait de découvrir un nouveau trait de sa personnalité – même après avoir passé 6 mois pratiquement collés l’un sur l’autre. Il faudrait qu’il en parle avec Kaleb, mais il était d’avis que les talents d’Amy pour la chasse et le pistage pourrait leur être utile. S’ils pouvaient chasser plutôt que d’utiliser leurs boîtes de conserve – qu’ils pourraient utilisé quand ils n’auraient vraiment pas le choix – ça leur donnerait une chance de plus. Parce que mourir de faim ne serait pas plus amusant…

- Tu sais, je pense qu’on pourrait en parler avec Mac et Kal, voire même avec Hunter, mais je suis sûr que tes talents pourraient nous être utiles. Ça nous permettrait de garder nos conserves pour les coups durs. Si ton frère voit que tu te débrouilles bien, il changera peut-être d’avis. Qu’en penses-tu?

Lorsqu’elle lui dit qu’il avait le don de lui dire ce qu’il fallait, Raffael se contenta de hausser les épaules – tiens, Hunter avait déteint sur lui! – gêné. Était-ce vraiment un don ou bien c’était parce qu’il s’agissait d’Amy? Raff n’aurait su le dire, aussi se contenta-t-il de se faire. Ce n’est que lorsqu’elle confia avoir vraiment eu peur de le perdre ce jour-là qu’il pris place sur son tabouret et l’invita à se joindre à lui.

Elle avait eu peur et s’était inquiété. Jusque là, il pouvait comprendre. Qu’elle ait pu oublier l’espace d’un instant qu’il était un militaire entrainé, c’était fort possible. Avait-il agit stupidement? Pas qu’il se souvienne. Il avait prévenu Kaleb qu’il partait et avait fait le tour, ne s’était pas avancé tant et aussi longtemps qu’il n’avait pas été sûr et certain qu’il pourrait venir en aide à Jane

- Je te promets d’être prudent… mais toi, il faut que tu aies confiance en moi, d’accord?

Raffael avait été surpris de savoir qu’elle savait chasser. Sa surprise c’était lu sur son visage et avait fait sourire la jeune femme. Elle était très consciente qu’elle ressemblait plus à une fille de ville qu’à une traqueuse d’animaux. L’homme croyait que l’on pourrait se servir de ses talents, elle devait avouer qu’elle n’y avait pas pensé, mais ce serait une bonne idée en effet. Si Hunter pouvait lui prêter le seul arc qu’ils possédaient, elle pourrait leur montrer ce qu’elle était capable de faire. Mais il fallait convaincre son frère pour ça. Hunt avait peur qu’elle se blesse, elle avait eu beau lui dire qu’elle était capable de s’en servir qu’elle avait déjà chassé à l’arc, il ne voulait rien entendre. Raff avait raison, on frère en faisait trop pour la protégeait, il faisait en sorte qu’elle se sente comme une incapable. Lorsqu’elle lui avoua enfin à quel point elle avait eu peur, Raffael fit quelque chose qui la surpris. Il s’installa sur son tabouret et l’invita à venir s’asseoir. Un homme qui ne fuyait pas quand on lui parlait de sentiment? Elle devait être en plein rêve. Elle s’approcha, prit le deuxième tabouret et s’installa face à lui. Il lui fit la promesse d’être prudent, mais en échange elle devait lui faire confiance. Elle eut un petit sourire triste.

-Ce n’est pas une question de confiance Raffael. Je mettrai ma vie entre tes mains les yeux fermés.

Elle fit une petite pause après cette phrase, elle cherchait les meilleurs termes pour lui faire comprendre comment elle avait vu la scène de derrière. Comment elle avait vécu l’approche. Le soulagement qu’elle avait ressenti en les voyant revenir Jane et lui. C’était tout ça, c’était loin d’être un manque de confiance en ses capacités. Elle avait eu peur jusqu’au plus profond de son être, elle avait été incapable de bien réfléchir après son détachement. Elle avait tellement d’image de sa mort ou de sa transformation.

-Un homme seul, qu’il ait une bonne formation militaire ou non, qu’il soit baraqué comme un ours ou qu’il ait l’ossature d’un chat, ne peut faire face à cinq ou six assaillants en même temps. Tu ne savais pas ce qui t’attendait là-bas. Je comprends que tu ais voulu sauvé Jane, je sais que j’aurais fait pareille pour Mackenzie ou Hunter, mais je ne pouvais pas m’empêcher d’imaginer toutes les horreurs qui pouvaient être en train de t’arriver pendant que nous, on progressait à pas de tortue.

Elle avait parlé calmement. Elle se demandait si elle devait ajouter la suite ou non, puis elle se dit qu’au point où elle en était…

-Quand je t’ai vu revenir vers nous, Jane juste derrière toi, j’ai eu l’impression que l’air pouvait à nouveau entrer dans mes poumons, comme si j’avais retenu mon souffle tout ce temps. J’étais sincèrement heureuse de te voir en vie. Ensuite, la colère de voir que tu étais partie seule m’a submergé et je crois que c’est ça qui m’a fait m’avancer vers toi. Je … je n’aurais jamais dû faire ce que j’ai fait, mais je l’ai fait parce que j’ai eu la sensation que tout s’était arrêté de tourner quand tu as quitté le groupe.

Que pouvait-il répondre à ça? Raffael l’ignorait et ça le rendait un peu mal à l’aise. Le type qui était supposé toujours trouver la chose à lui répondre, il venait de se faire prendre en défaut. Il était à même de comprendre le point de vue d’Amy concernant le fait qu’une personne – même baraquée et entraînée comme il l’était – pouvait être en danger face à 6 rôdeurs en même temps. Oh, il comprenait ce qu’elle voulait dire par là et ne pouvait pas lui donner tort, mais il ne pouvait pas acquiescer non plus pour autant. Comme elle l’avait dit, il était fort et il était entraîné. A la guerre, il avait dû faire et voir des choses qui la feraient sans doute frémir. Oui, Raff avait confiance en ses capacités et se savait capable de venir à bout de quelques rôdeurs. Il aurait peut-être un peu de mal à avoir le dessus, mais la rapidité était de son côté sur ce point. Les rôdeurs étaient d’une lenteur… et s’il se croyait vraiment dans la merde, rien ne l’empêchait de courir quelques minutes pour semer les horreurs. Et en supposant que cette fois-là, il n’aurait pas été en mesure de ramener Jane, bah… il se serait battu comme un malade ne serait-ce que pour la sortir de là. S’il avait dû y rester, il l’aurait fait volontiers parce qu’il aurait su que sa sœur serait encore de ce monde et que Kaleb l’aurait retrouvée rapidement. Mais il refusait de dire un truc pareil à Amy. Voire même à ses sœurs et son frère. Kaleb comprendrait sûrement, mais les jumelles… Raff sentait qu’elles auraient bien du mal à accepter qu’il soit prêt à se sacrifier pour les savoir à l’abri.

Et il ferait la même chose pour Amy.

- Honnêtement Amy, je ne sais pas quoi te dire… commença lentement Raff. Je voudrais bien te dire de ne pas t’en faire pour moi, mais j’imagine bien que c’est peine perdue. De toute manière, ce n’est pas quelque chose qu’on peut vraiment contrôler.

De façon générale, Raffael ne faisait jamais de promesses qu’il brûlerait de trahir. Ce n’était pas en lui. Promettre à Amy qu’il ne risquait rien alors que le danger les guettait tous n’était pas une option. Et de toute façon, elle ne le croirait pas. Néanmoins, Raff souhaitait vraiment qu’elle est la foi. Foi dans le fait qu’il allait toujours finir par s’en sortir. Peut-être pas sans égratignures, mais il s’en sortirait inévitablement, c’était ancré en lui.

- Dans ce cas, crois que je peux m’en sortir. Et pendant qu’on en parle, si jamais ça devait se reproduire, reste avec les autres, ne me suis pas. S’il fallait qu’il t’arrive quelque chose à cause de moi…

Raffael ne termina pas sa phrase, mais selon lui, ça voulait tout dire. Il ne se le pardonnerait jamais. Il ne pourrait pas vivre avec le fait de l’avoir perdue pour de bon. Dû-t-il ne jamais être que son ami. Qu’il ne soit jamais en couple avec elle était une chose, mais la voir mourir… juste le fait d’y penser lui donna la nausée.

En effet, il ne pouvait pas lui demander de ne pas s’inquiéter. Il avait le mérite d’être lucide, il savait qu’elle ne pouvait pas contrôler son inquiétude, tout comme il ne pouvait contrôler la sienne pour Jane ou Ally. Elles n’étaient pas là, il ne savait pas où elles se trouvaient, ne savaient pas qui les protégeaient la plupart du temps. Ce devait être une véritable torture autant pour lui que pour Kaleb. Elle ne supporterait pas d’être loin de Mackenzie ou de Hunter dans ses moments difficiles. Elle hocha la tête pour lui signifier qu’il avait raison, c’était peine perdue de lui demander de ne pas s’en faire pour lui.

- Même si je le voulais, je ne pourrais pas. Comme tu l’as dit ça ne se contrôle pas. J’apprécie cependant que tu ne tentes pas de m’en dissuader. Hunter ne comprend pas lui, il croit qu’il y a un bouton que l’on peut mettre en arrêt. Si lui y arrive, moi pas. C’était la même chose quand Mackenzie partait en mission, je n’étais rassurée que lorsqu’elle revenait au pays.

Il voulait qu’elle croie qu’il pouvait s’en sortir. Cette demande eut pour effet de lui mettre un sourire triste au visage. Combien de personne avait périt parce qu’ils avaient cru qu’ils pouvaient s’en sortir? Il lui demandait de ne pas la suivre, il laissa sa phrase en suspend, mais cette phrase en disait long. Il ne supporterait pas qu’elle meurt ou devienne un zombie parce qu’elle aurait eu la bonne idée de le suivre. Elle eut un soupir, elle prit doucement la main de l’homme dans la sienne, elle lui fit tourner la paume vers le haut suivant les bosses et crevasses dans la peau.

- Je crois en toi, en la force de ses mains. Je sais que tu peux t’en sortir. Cependant, je veux que tu penses à une chose toi aussi.

Elle le regarda dans les yeux, continuant à suivre les lignes de la main de l’homme. La ligne de la vie, du moins, c’était ainsi que l’appelait les diseuses de bonne aventure.

- .Je ferai ce que tu me demandes, je resterai derrière. Mais sache que s’il t’arrivait quelque chose parce que je ne t’ai pas suivi, je ressentirai ce que tu ressens à ce moment en pensant à ce qui pourrait m’arriver si je te suis.

Cette vie, c’était un cercle vicieux. Un immense cercle ou on ne pouvait vivre autrement que dans la culpabilité de la mort des autres et la joie d’avoir survécu. Elle détestait cette nouvelle vie. Elle aurait dû partir à cet instant. Elle aurait dû le laisser sur cette belle pensée. Mais elle tenait sa main dans la sienne, cette main si grande, dans la sienne si petite. Elle aurait dû partir, mais elle n’en avait aucun envie. Après une pause qui lui sembla avoir durée une éternité. Elle se décida. Elle déposa un baiser au creux de cette paume avant de rendre sa main à l’homme. Elle caressa la joue qu’elle avait giflée quelques jours plus tôt et se leva. Elle avait furieusement envie de rester, envie de lui laisser la chance de lui démontrer qu’elle méritait d’être aimée et chérit comme il le lui avait dit. Mais elle avait peur, peur de souffrir à nouveau, peur de le voir mourir trop tôt. Elle était une belle idiote. Elle avait peur de faire le premier pas vers lui, pourtant elle l’avait déjà fait non? C’était elle qui l’avait embrassé en premier, il n’avait fait que répondre. Elle devait quitter cette pièce, elle sentait son cœur se serré dans sa poitrine, elle avait l’impression de manquer d’être à l’idée qu’elle pouvait le perdre.

Raffael décida de la laisser parler plutôt que d’ouvrir sa grande gueule. Parce qu’il savait mettre ses grands pieds dans les plats à chaque fois. Il ne savait pas trop comment il avait bien pu faire son compte, mais le sourire triste qu’arborait Amy pendant qu’elle lui tenait la main et traçait une ligne sur la paume de celle-ci du bout du doigt lui fit comprendre qu’à quelque part, il avait encore réussi à dire une connerie. C’était à se demander comment il faisait son compte à chaque fois. Il tentait de la rassurer et au final, il la rendait triste.

Malgré ce qu’Amy semblait croire au sujet d’Hunter, Raffael était d’avis que leur motard était mort de trouille pour ses proches. Il le cachait peut-être mieux que les autres, mais ce n’était pas pour rien qu’il s’efforçait autant à convaincre les autres de laisser Amy et Willow à l’hôpital quand ils partaient pour du ravitaillement. C’était justement pour éviter de s’inquiéter pour elles qu’il en faisant autant. Et à quelque part, Raff était persuadé qu’Hunter ne participait aux raids que parce que Mackenzie en faisait autant. Il voulait la garder à l’œil, la protéger à sa façon. Mais avec sa formation de militaire, c’était difficile d’essayer de la confiner à l’hôpital, voire même impossible. Avoir pu imiter Hunter, Raff l’aurait fait avec ses sœurs. Jane ne parcourrait pas la ville toute seule et Ally serait à leurs côtés. Au moins, pour cette dernière, Raffael était plus ou moins rassuré de la savoir avec James… même s’il aurait grandement préféré l’avoir sous les yeux 24 heures sur 24. Quant à Jane…

Quand Amy fit mine de vouloir sortir de la pièce, Raffael se leva brusquement et fit deux enjambées pour la rejoindre. C’est à ce moment-là qu’il fit quelque chose qu’il n’avait pas planifié : il lui prit le bras, la fit doucement pivoter vers lui et se pencha pour l’embrasser. Il n’avait pu s’en empêcher et il redoutait un peu la gifle qu’elle pourrait être portée à lui donner de nouveau. Ils s’étaient déjà embrassés une fois, c’était elle qui avait pris l’initiative de ce baiser-là, mais depuis… rien. Peut-être interprétait-il les signaux qu’elle envoyait de travers, mais il était prêt à courir le risque de devoir se faire gifler de nouveau. Peut-être que le jour ou Jane était venue, elle ne l’avait embrassé que par pitié pour lui. Après tout, elle venait d'entendre sa conversation avec sa soeur. De quoi attristé n’importe qui quand on entendait le désespoir dans la voix de Jane et ce désespoir pouvait pousser à faire quelques petites choses qu’on ne feraient pas en temps normal. Du moins, était-ce ce que Raffael croyait.

- Si je suis pour me prendre une claque, avertis-moi que je puisse m’y préparer. murmura Raff en s’écartant légèrement d’Amy à regret.

Ce prendre une claque? Pourquoi elle aurait envie de lui servir une claque alors qu’il venait de faire ce qu’elle avait eu envie de faire? Elle n’avait pas eu le courage, elle avait paniqué plutôt. Il la faisait sentir tellement forte et tellement faible tout à la fois. Il s’écartait d’elle, non, elle ne voulait pas. Elle arrêta son geste, le retenant de la main. C’était à elle de répondre maintenant, elle de lui démontrer qu’elle tenait à lui. Ils s’accrochaient l’un à l’autre, elle s’était demandée ces derniers temps si c’était la situation qui faisait que Raffael avait dit toutes ses belles choses lorsqu’ils s’étaient embrassés précédemment. Après tout, en situation critique, avec la mort à vos trousses tous les jours, plusieurs choses pouvaient changer votre vision du monde. Elle le croyait jusqu’à ce qu’elle surprenne une conversation entre Kaleb et Mackenzie. Le couple n’était pas d’accord, ils discutaient de leur « situation », ils parlaient de Raffael et elle. Elle le savait, elle l’avait compris. Elle avait aussi compris entre les branches que Raffael l’aimait depuis longtemps, avant même ce fameux soir du mariage.

Sur le coup, elle ne l’avait pas cru. Pourquoi l’aurait-elle cru? Après avoir vu Liam la tromper, le voir recommencer après qu’elle lui eu pardonné, pourquoi Raffael l’aimerait-il? Elle s’était posé la question milles et une fois dans sa tête. Elle n’était pas parvenue à trouver une réponse satisfaisante, mais la réponse était devant elle à présent. Du moins en avait-elle l’impression à ce moment-ci. Elle tremblait de peur, une trouille épouvantable qu’elle ne pouvait pas contrôler. Mais elle se hissa tout de même sur la pointe des pieds et lui rendit son baiser. Elle dû s’appuyer sur son torse pour ne pas tomber ou perdre l’équilibre. Elle profita de la chaleur de l’homme, la laissa l’envahir et la réchauffer. Ce n’était pas le genre de chaleur qu’il faisait dehors, non, c’était une chaleur tout autre, plus douillette, plus invitante. Une chaleur qui lui rappelait la maison, qui la faisait se sentir en sécurité. Elle remarqua qu’elle avait fermé les yeux lorsqu’elle dû les ouvrir pour voir Raffael. Elle eut un petit sourire.

-J’espère que c’était mieux qu’une claque.

Elle eut de la difficulté à reconnaître sa propre voix. Depuis quand parlait-elle de façon si rauque. Elle ne se souvenait pas que ce soit déjà arrivé d’ailleurs. Elle voulut se remettre sur ses pieds, c’était difficile d’embrasser un homme aussi grand. Elle perdit légèrement l’équilibre et dû s’accrocher à son bras pour ne pas risquer de tomber.

-On dirait bien que vous me faites tourner la tête jeune homme.

Son sourire s’était un peu agrandit. Elle se sentait comme une gamine qui venait de jouer un vilain tour et qui était tellement fière d’avoir réussit. Merde, une vraie adolescente sans cervelle, voilà de quoi elle avait l’air à ce moment-ci avec cet homme si sérieux. Ils avaient dix ans d’écart, c’était ce que Mackenzie avait reproché dans la conversation avec Kaleb. Peut-être avait-elle raison après tout, peut-être qu’Amy n’était qu’une gamine et cet homme avait besoin d’une femme, une vraie. Alors que pouvait-il lui trouver de si intéressant?

-J’ai l’impression d’avoir la maturité d’un enfant de dix ans en ce moment, c’est toi qui me fait ça ou c’est juste moi qui est une vraie gamine qui se prend pour une adulte?

C’était difficile d’imaginer qu’elle pourrait avoir cru être une personne et qu’en réalité ce n’était pas le cas. Elle avait grandit rapidement avec les familles d’accueil, l’émancipation, la vie avec Mack, sans Mack… elle avait dû prendre de la maturité et agir en adulte, mais y était-elle vraiment parvenue? Et pourquoi se posait-elle ses questions maintenant? Pourquoi venait-elle à douter de ce qu’elle ressentait dans ses bras? Était-ce si important? Est-ce que c’était Mack avec son discours qui lui faisait manqué de confiance ou si c’était la maturité de Raffael qui lui faisait prendre conscience de ce qu’elle était réellement? Elle n’aurait su dire à cet instant, mais elle devait avouer qu’elle était ébranlée.

Jusqu’à ce qu’elle lui rende son baiser, Raffael avait craint qu’elle ne lui mette une claque dans la figure. Le caractère volcanique d’Amy faisait partie de son charme, mais il était parfois fort imprévisible. Mais maintenant, il n’avait plus qu’une envie : remettre ça. L’embrasser encore et encore. Cependant, Raff ne voulait pas aller trop vite ni brûler les étapes. Pas plus qu’il ne souhaitait présumer des désirs d’Amy. Peut-être l’avait-elle embrassé juste parce qu’elle en avait envie et que ça ne signifiait rien de plus à ses yeux. Pourtant, Raffael avait du mal à se faire à cette idée. Non, son comportement tout entier tendait à lui faire croire qu’elle ressentait vraiment quelque chose pour lui et non pas que de l’amitié. Ce qu’il détestait se prendre la tête comme ça! Non, c’était décidé, ils tireraient les choses au clair, et rapidement.

- Je confirme. répondit-il doucement, un grand sourire sur les lèvres. C’était mille fois mieux qu’une gifle.

Lorsque Amy sembla perdre pied, Raffael la rattrapa. Il était sur le point de l’embrasser à nouveau quand elle fit un commentaire qui le fit sourire. Il lui faisait tourner la tête? Mais tant mieux! Il ne demandait pas mieux que de l’étourdir un peu! C’est Mackenzie qui ne serait peut-être pas très heureuse, mais il s’en fichait bien. Il savait que sa belle-sœur aurait préféré qu’Amy soit avec Thomas, mais ça ne le dérangeait pas. Si Amy avait montré un quelconque signe d’intérêt envers ce jeune homme de son âge, Raff se serait effacé, mais d’après ce qu’il était à même de constater, ce cher Thomas ne semblait avoir aucune chance. Il était peut-être un peu présomptueux, mais si Amy ne s’intéressait pas à lui, elle ne lui aurait pas rendu son baiser, non? Raffael devait admettre ne pas être trop au courant de la psychologie féminine et s’en tenir loin, mais… son raisonnement n’était si stupide que ça, non?

- Ah mais c’est que justice. Ça fait beaucoup plus longtemps que tu fais tourner la mienne après tout.

Ce n’est que lorsqu’elle se compara à une gamine de dix ans qui se prenait pour une adulte que Raff fronça les sourcils. Pourquoi disait-elle un truc pareil? Bien décidé à ne pas la laisser dire des âneries pareilles, il lui pris la main et l’entraîna avec lui. Il pris place sur le tabouret qu’il venait de quitter et la fit asseoir sur ses genoux avant de l’embrasser à nouveau. Il pouvait comprendre plus ou moins son raisonnement, il était bien plus vieux qu’elle – et c’était une des choses qui lui avaient fait croire qu’il n’aurait peut-être jamais sa chance ave elle – mais de nos jours, ça ne voulait plus rien dire. Si on aimait quelqu’un, l’âge importait peu. La seule chose qui retenait les gens, c’était la peur des jugements que les gens porteraient inévitablement sur leur couple. Et Raff était bien au-dessus de ça. Ils n’avaient que dix ans d’écart, la même chose que Willow et Hunter. Pourquoi est-ce que ça poserait problème en ce qui les concernait, mais qu’avec Will et Hunt, ça n’en posait pas? Il y avait bien le principal intéressé qui voyait dix ans comme un problème insurmontable, mais il était bien le seul.

- Moi, ce que je vois, c’est une femme. Une vraie femme qui me rend fou depuis longtemps. lui souffla-t-il à l’oreille tout en la serrant un peu plus contre lui. Et si par malheur tu étais une gamine de 10 ans, ça ferait de moins un sale pervers. Juste d’y penser j’ai des frissons qui me parcourent l’échine.

Raff ignorait où cette conversation mènerait, mais il était bien déterminé à la poursuivre jusqu’au bout. Peut-être que ça ne prendrait pas la direction qu’il espérait – à savoir qu’elle voudrait bien faire un bout de chemin avec lui – mais il s’efforcerait de profiter de l’occasion pour tirer les choses au clair. En espérant ne pas aller trop vite pour la jolie dame. Et s’il mettait la charrue devant les bœufs et bien… il rongerait son frein et attendrait que la jolie dame en question soit prête à aborder ce sujet délicat.

Elle avait l’impression d’être dans un tourbillon d’émotion. Les questions se bousculaient dans sa tête, elle était bien et en même temps se sentait mal soudainement. Raffael avait apprécié son baiser, il avait dit qu’elle lui faisait tourner la tête depuis longtemps que pouvait-elle demander de mieux? Pourquoi doutait-elle ainsi? Elle était stupide voilà tout, elle avait laissé son ex ruiner sa confiance en elle et voilà ce qui la bloquait maintenant. Elle se fichait bien de l’âge, après tout, Liam avait le même âge que Raffael. Peut-être que, sa sœur  avait justement pensé à ce détails et c’était ce qui faisait qu’elle était réticente à voir Amy avec Raffael? Peut-être bien, mais de toute façon, ce n’était pas sa sœur qui allait décider avec qui elle sortait quand même. Amy avait beau aimer sa sœur de tout son cœur, elle ne pouvait pas tenir compte de ses craintes dans son choix. Elle devait aller selon ce qu’elle ressentait.

Raffael avait froncé les sourcils lorsqu’elle avait mentionné qu’elle se sentait comme un enfant de dix ans. Elle cru sincèrement avoir tout gâché et qu’il venait de comprendre qu’elle n’était qu’une gamine et qu’il n’avait rien à faire avec elle. Non, à la place, il l’entraîna avec lui vers le tabouret qu’il avait quitté, s’y installa avant de faire en sorte qu’elle prenne place sur ses genoux. Elle l’avait laissé faire, elle l’avait aussi laissé l’embrasser à nouveau. Elle y prenait goût, sincèrement. En fait, elle avait une envie folle de rester là à l’embrasser pendant des heures. C’était une pensée déraisonnable bien sur, mais au combien tentante.  Raffael lui donna sa vision d’elle, une femme qui le rendait fou depuis des années.

Elle s’était presque tortillée de plaisir lorsqu’elle avait sentit le souffle chaud de l’homme sur sa peau pendant qu’il lui chuchotait à l’oreille qu’elle était une vraie femme. Il lui fit remarquer que si elle avait été une gamine de dix, il aurait été un sale pervers.  Non, jamais. Il n’était pas un pervers, loin de là. Elle passa ses doigts dans la chevelure de l’homme, faisant descendre sa main jusqu’à la nuque de Raffael. Elle avait envie de lui donner autre chose qu’un frisson de dégoût. Elle ne devait pas jouer avec lui, elle le savait. Raffael n’était pas du genre à étaler ses sentiments, elle l’avait compris. S’il lui disait qu’elle lui faisait tourner la tête depuis longtemps, c’est qu’il le ressentait vraiment. Raffael, comme toute personne, avait des défauts, mais il était honnête. Elle le savait, elle l’avait côtoyé depuis assez d’années pour le connaître. Une petite voix lui disait qu’elle avait pensé la même chose de Liam, mais elle la fit rapidement taire en se disant qu’elle s’était laissée aveugler par l’amour et n’avait rien voulu voir. Elle ne connaissait pas non plus Liam depuis tout ce temps. Là, elle voyait très bien, elle ne se laissait pas aveugler. Comme l’honnêteté faisait partit des qualités qu’elle appréciait chez l’homme, elle décida d’être honnête envers lui.

-Ce que je ressens pour toi, je l’ai compris ce jour-là. Je crois que je le savais depuis un temps déjà, mais j’ai la trouille Raff.

Comment ne pas avoir peur? En même temps, c’était risible, elle avait peur d’abandonner son cœur à cet homme alors qu’ils pouvaient mourir dans l’heure. Elle perdait du temps, ils ne savaient pas combien ils en avaient. Ils allaient tous y passer, la situation ne redeviendrait jamais comme avant, elle le savait. Mais alors, qu’attendait-elle? Il pouvait lui être enlevé n’importe quand, que ce soit dans dix minutes ou dans dix ans. Avait-elle envie de perdre une seule minutes de plus alors que lui l’attendait depuis si longtemps? Elle eut un petit sourire.

-Tu imagines, j’ai une peur bleue de t’offrir mon cœur, c’est ridicule. Je suis moins effrayée quand on fait face à un de ses rôdeurs hideux.

Elle se sentait tellement idiote. Elle était là, assise sur ses genoux et elle avait la trouille de sa vie. Est-ce que Mackenzie c’était sentit ainsi déjà avec Kal? Avec Liam, elle ne s’était jamais sentit ainsi, elle s’était abandonnée avec une telle facilité et on voyait le résultat non? Est-ce que c’était pour cette raison qu’elle avait si peur maintenant? Peut-être bien que oui, ou peut-être que cette relation valait plus aux yeux de la jeune femme que celle qu’elle avait eu avec Liam. Elle n’en savait rien, c’était à en perdre la tête tout ça. Elle fit la seule chose dont elle avait envie à ce moment; elle l’embrassa. Passionnément, le genre de baiser qui donne chaud partout. Le genre de baiser qu’il lui avait offert et dont elle avait rêvé presque chaque nuit par la suite. Ce jour-là, elle avait eu envie de le lui rendre, mais il était partit. Cette fois, il ne pouvait pas fuir, elle l’entravait. De toute façon, elle avait la certitude qu’il n’avait aucune envie de fuir en ce moment.

Elle n’en avait pas envie elle non plus, c’était un bon pas vers l’avant non? Elle l’espérait sincèrement. Elle ne voulait pas se casser les dents, elle prendrait son temps. Elle savait que Raffael le comprendrait. Elle avait envie d’être avec lui, elle ne voulait simplement pas aller trop rapidement, brûler des étapes et se faire mettre en miette encore une fois n’était pas dans ses plans. Lorsque leurs bouches se séparèrent, ils étaient haletants. Le souffle court, elle eut un sourire en le regardant dans les yeux. Elle s’était déplacée pendant qu’ils s’embrassaient, elle lui faisait maintenant face, assise à califourchon sur les genoux de l’homme. Beaucoup plus pratique, mais seigneur, il lui faisait vraiment perdre la tête, c’est à peine si elle se souvenait avoir bougé. Et lui n’avait même pas bronché, il aurait pu vaciller, ou perdre l’équilibre, le tabouret n’était pas ce qu’il y avait de plus stable et il n’y avait pas de dossier pour facilité les choses.  Elle s’était déplacée sans même qu’il ne démontre une faiblesse et sans cesser de répondre à son baiser. Il était solide comme un rock. Elle avait même eu l’impression qu’il avait resserré son étreinte pour qu’elle ne tombe pas. Mais c’était peut-être son imagination qui lui jouait des tours. Elle n’en était pas sûre.

Elle s’était déplacée pendant qu’ils s’embrassaient et maintenant, elle lui faisait face, à califourchon sur ses genoux. Il s’était plus ou moins rendu compte qu’elle se déplaçait et afin de leur éviter de se casser la figure à tous les deux, il avait essayé de la maintenir en la serrant un peu plus contre lui. Comme si c’était pour lui déplaire! Ils étaient tous les deux haletants après le baiser qu’elle lui avait donné pendant qu’elle se déplaçait tout contre lui, mais Raffael puisa la force de répondre à ce qu’elle avait dit un peu plus tôt, concernant la peur qu’elle avait de lui donner littéralement son cœur. Il avait aussi envie de lui dire comment il avait compris qu’il l’aimait. Si elle, elle l’avait compris quelques jours plus tôt, lui, ça datait de plus longtemps encore. S’il se lançait dans cette histoire avec Amy, il voulait être honnête envers elle. Elle en avait trop bavé avec Liam et il pouvait comprendre qu’elle ait peur de se lancer à nouveau.

- Tu vois, moi je ne pourrais pas vraiment dire. Tout ce que je sais, c’est que c’est arrivé pratiquement du jour au lendemain. Un jour, je ne te voyais que comme la petite sœur de Mac et le lendemain… le lendemain, tu débarquais avec Liam et le présentait à tout le monde. Je lui aurais mis mon poing sur la figure ce soir-là quand je l’ai vu entrain de t’embrasser et de te peloter.

C’était l’entière vérité. Il n’avait jamais vraiment su quand ses sentiments pour Amy s’étaient développés. Ça s’était passé comme ça, à son insu. La seule chose qu’il savait, c’était que le jour où elle avait amené Liam avec elle à une réunion de famille et qu’elle le leur avait présenté, Raff avait eu un sacré choc. Certes, il ne s’attendait pas à ce qu’elle leur présente son nouveau copain, mais quand même… Les choses n’en étaient pas restées là. Parce qu’à un moment donné durant la soirée, il avait surpris le couple entrain de s’embrasser et lui de la peloter sans vergogne. Ça lui avait tout pris pour ne pas se précipiter sur eux pour les séparer… et mettre son poing, vigoureusement, dans la figure de ce type qui osait toucher sa Amy. C’était à ce moment-là qu’il avait compris. C’était arrivé comme ça, voilà tout. C’était la première fois qu’il ressentait les affres de la jalousie et ça l’avait chamboulé.

- Tu crois que je ne m’en fais pas, moi? Si je fais une connerie, j’ai Hunter qui va m’attendre au tournant. Et Mackenzie, elle va me faire la peau. Elle est coriace ta sœur, tu sais. J’ai beaucoup, mais vraiment beaucoup d’admiration pour mon frère.

Bien sûr, il blaguait. Enfin, peut-être pas totalement. En effet, s’il faisait le con avec Amy, Hunter voudrait lui passer un sacré savon et il savait que ça ne serait pas un moment agréable. Mais l’épreuve que lui ferait subir sa charmante belle-sœur… ouf, honnêtement, Raff préférait ne même pas y penser. Les missions de l’armée passeraient pour des jeux de fillettes de 6 ans. Oui, Mac était coriace en temps normal, mais quand il était question de sa petite sœur, elle devenait une vraie lionne. Bref, autant dire que peu importe ce qu’Amy était prête à lui accorder, il aurait tout intérêt à se tenir à carreaux. Parce que même Kaleb ne pourrait retenir sa petite furie de femme de faire de sacrés ravages.

- Mais plus sérieusement, moi aussi j’ai peur. J’ai peur d’aller trop vite ou de faire quelque chose qui va… te brusquer? Te faire de la peine. Affronter ta sœur et ton frère, ça ne serait pas une partie de plaisir, mais te faire du mal, ça serait encore pire à mes yeux.

Elle avait de la difficulté à croire qu’ils étaient en train de discuter ainsi. Avec Liam, la conversation aurait déjà tourné et ils se seraient retrouvés au lit en moins de deux. C’était ça pour lui communiquer. Raffael lui prenait le temps de lui expliquer, de la rassurer, c’était un changement qui faisait du bien à la jeune femme. Bon, elle ne voulait pas non plus passer son temps à comparer les deux hommes, mais comment ne pas le faire quand tu as une trouille monstre après ce que le premier à fait? Il faut pouvoir comparer pour se rendre compte que le deuxième est complètement différent et que l’histoire triste ne se répétera pas.

Elle se souvenait du jour où elle avait présenté Liam à la famille. Si Jane et Alicia s’était montrée heureuse pour elle, Mac n’était pas enchanté, Kal gardait ses commentaires pour lui et Raffael, même s’il était resté poli, s’était refermé encore plus. Elle n’avait pas compris ce soir-là ce qui s’était passé. Kal et les jumelles avaient été ceux qui avaient accepté Liam. Mac et Raff s’étaient montré hostile, l’une de façon un peu plus directe, l’autre en ne disant rien et ignorant l’homme qu’elle aimait à cette époque.

-Et dire que c’est toi qui m’aies ramassé morceau par morceau le soir du mariage. Je n’imagine pas à quel point ça dû être difficile pour toi.

Elle était consciente que de voir souffrir une personne que l’on aime est difficile. Mais ce soir-là, il avait eu l’apothéose de sa souffrance. Elle se souvenait encore de combien elle était sonnée après l’avoir frappé de plein fouet alors qu’elle fuyait la salle de bain en courant. Elle se souvenait de tout ce qu’il avait fait pour elle ce soir-là. Elle ne pourrait jamais l’oublier. Raffael enchaîna en blaguant sur les réactions de Hunter et Mackenzie si jamais il lui faisait du mal. Elle ne put s’empêcher de sourire. Il continua plus sérieusement en lui exposant ses craintes. Il avait peur de la blesser, la brusquer. Elle hocha la tête pour indiquer qu’elle comprenait ce qu’il voulait dire.

-Juste question de te mettre un peu plus de pression, elle eut un sourire espiègle, sache que Hunter à avertit Liam la première fois et la deuxième il la frapper. Non pas que je suis fière de m’être laissé avoir deux fois, mais Hunter ne sait pas que je sais ce qu’il a fait. Liam avait un beau coquard tout frais quand je l’ai revu. Il m’a raconté ce qui s’était passé et à été assez honnête pour me dire que Hunter l’avait prévenu de ne pas me refaire du mal.

Elle haussa les épaules, c’était une d’anecdote drôle tout de même. Mais elle savait qu’il avait raison, Hunter et Mac l’écorcheraient vif s’il la blessait. Ils ne voulaient pas revoir Amy souffrir, cette dernière le savait. Elle regarda Raffael dans les yeux un moment sans rien dire, elle lui caressa le visage des deux mains. Il était tellement honnête avec elle, tellement fort et doux à la fois. Il représentait ce qu’elle avait toujours eu envie d’avoir dans sa vie; La stabilité. Son monde avait toujours été rempli d’incertitude. Elle était là, elle se sentait tellement bien.

-Je ne vais pas me briser à la première occasion Raff. La seule chose que je te demande c’est d’être toujours aussi honnête avec moi que tu l’es en ce moment. La seule chose que je veux, c’est que si tu tombes amoureux de quelqu’un d’autre un jour, alors que nous sommes toujours ensemble, c’est que tu m’en parles et ne me laisse pas découvrir qu’en vérité tu as déjà couché avec cette personne. Je ne veux plus de tromperie dans ma vie. C’est la seule limite à ne pas franchir. La vérité peu faire mal, mais le mensonge découvert est bien pire.

Elle savait qu’il n’était pas comme ça, elle savait qu’elle prenait la précaution de le dire alors qu’il ne le ferait pas. Mais elle voulait une relation ouverte, franche. C’était tout ce qu’ils leur restaient dans cette nouvelle vie. Le mensonge n’était plus de mise. Il n’avait pas de temps à perdre avec les mensonges, car ils pouvaient mourir rapidement. Elle passa ses bras sous ceux de l’homme et l’étreignit, posant sa tête contre son épaule. Elle ferma les yeux un instant respirant son odeur.

S’il n’y avait qu’une chose que Raffael n’avait jamais compris, c’était pourquoi ce crétin de Liam avait pu tromper Amy avec une autre. En réalité, Raff n’avait pu comprendre comment on pouvait en arriver à tromper quelqu’un. De son humble avis, si on en venait qu’à envisager sérieusement de coucher avec une autre personne que son conjoint, autant rompre. Parce qu’après ça, on ne faisait que faire du mal à son entourage. Et à soi-même. Raffael pouvait donc se vanter de n’avoir jamais sauté la clôture et d’avoir toujours rompu avec une femme quand leur relation ne lui convenait plus. C’était mieux ainsi pour lui, mais aussi pour la femme en question. Non pas qu’il ait eu des dizaines d’aventures non plus!

Ne pas mentir? Mais Raffael était tout à fait d’accord avec ça. Même qu’il détestait le mensonge, peu importe la forme qu’il prenait. Que ce soit un petit mensonge pour éviter de faire souffrir quelqu’un ou une histoire abracadabrante, il était totalement contre ça. Si vous n’avez rien à dire autre qu’un beau petit mensonge pour vous sortir d’embarras, autant vous taire.

Il devrait arrêter de se perdre dans ses beaux yeux bleus et prêter plus attention à ce qu’elle était entrain de lui dire. Ne venait-elle pas de dire « toujours ensemble »? Avait-il bien compris ou son cerveau faisait des siennes en lui faisant halluciner des choses? S’il n’avait pas halluciné, est-ce que ça voulait dire qu’aux yeux d’Amy ils étaient désormais ensembles? Là maintenant ou dans un avenir plus ou moins rapproché? Il était tout à fait prêt à lui laisser le temps dont elle avait besoin – quoique on ne sait jamais de quoi demain sera fait – mais Raff était incapable de s’empêcher d’espérer. Devait-il se mettre les pieds dans le plat et poser la question directement ou bien il la laissait et verrait comment ça se passe? Mais elle voulait qu’il se montre honnête, alors selon lui, ça devait commencer maintenant. En espérant sincèrement qu’il n’était pas entrain de faire une connerie considérable.

- Juste histoire que je ne m’emballe pas inutilement, tu peux me dire ce que tu entends par « nous sommes toujours ensemble »? Est-ce que je dois comprendre qu’on est ensembles maintenant ou qu’on le sera peut-être dans un futur rapproché? En fait, je veux seulement être sûr de ne pas raconter n’importe quoi à la famille.

Par la famille, il sous-entendait ses sœurs, son frère, Mac, Hunter… voire même Willow si Hunter se décidait un jour à arrêter de se mentir à lui-même. Raff n’avait pas envie d’aller dire à son frère qu’ils étaient ensembles Amy et lui pour qu’ensuite Mac l’apprenne et qu’au final, ce n’était pas exactement ce qu’Amy désirait. Alors pour être sûr, il préférait poser la question, dû-t-il mettre ses grands pieds dans le plat. Allons! Il était pourtant habitué!

- Tu vois, je savais qu’Hunter était du genre à vouloir refaire le portrait à l’homme qui aurait le malheur de faire du mal à ses précieuses petites sœurs. Je devrai me tenir à carreau alors. N’empêche… comme je te le disais, c’est Mac qui me fout le plus la trouille. Enragée, elle pourrait massacrer une horde de rôdeurs à elle toute seule. Et j’ai pas envie de finir dans la ligne de mire de son précieux M16!

Si elle avait été un chat, elle sera en train de ronronner de bien-être, appuyé comme elle était contre cet homme. Elle avait toujours les yeux fermés, elle pouvait se le permettre entre les bras de Raffael, elle savait qu’il veillait sur elle. Puis, il lui demanda quelque chose qui la fit sourire. Oui, elle avait bien dit « alors que nous sommes toujours ensemble », elle avait utilisé ses termes, peut-être inconsciemment ou alors peut-être était-ce simplement son envie qui avait parlé d’elle-même. Oui, elle avait envie qu’ils soient ensemble. Il parlait de ne pas vouloir s’emballer inutilement, cette information lui disait qu’elle lui ferait plaisir en disant qu’elle avait envie d’être avec lui. Elle savait que ce serait peut-être un peu rapidement, mais en même temps, n’avaient-ils pas perdu déjà beaucoup de temps? Tout comme son frangin en perdait avec Willow. Mais ce n’était pas le moment de penser à ça. Elle était ici à présent, là où elle devait être à ce moment précis.

Elle se redressa doucement pour faire face à nouveau à l’homme. C’est à ce moment qu’il lui fit part de sa vision des choses concernant Hunter et Mackenzie. Elle ne put s’empêcher de rire lorsqu’il indiqua que Mackenzie lui faisait plus peur que Hunter. Il n’avait pas envie de finir dans la pire de son M16 disait-il. Son précieux fusil de précision, son préféré. Elle le trainait partout et Amy était presque sur que sa sœur regrettait de ne pouvoir l’utiliser aussi souvent qu’elle le voulait. Elle en dégommerait des zombies, mais elle en attirerait des centaines d’autres en revanche.

-Je suis assez d’accord. Hunter fout la trouille, mais Mac … elle ne dirait rien du tout, elle passerait à l’action.

Elle sourit à Raffael, déplaçant ses mains, elle lui caressa doucement le visage avant de le prendre entre ses mains pour embrasser doucement l’homme. Oui, elle avait envie de le faire, envie d’être avec lui pour le temps qu’ils leur restaient. Elle ne savait pas combien, mais elle ferait en sorte que ce soit le plus de temps possible. Elle ne pouvait plus se permettre de perdre une seule seconde. Qui savait ce qui se passait dehors à cette heure? Ils allaient peut-être subir une attaque fatale sous peu.

-Ensemble oui, tant que tu pourras m’endurer, lui dit-elle un sourire flottant sur ses lèvres.

Mac serait sans aucun doute déçu au début, après tout, elle semblait croire que Raffael était tellement plus vieux. Mais Amy s’en fichait, après tout, Mackenzie comprendrait qu’elle choisisse un Birmingham, elle en avait épousé un non? Il devait bien y avoir une raison. Cette pensée la fit sourire encore plus. Elle tenait son argument face à sa sœur.

L’endurer qu’elle disait? L’idée séduisait Raffael et à vrai dire, elle n’avait rien de bien difficile! A vrai dire, c’était peut-être davantage elle qui devrait le supporter. Il n’était pas du genre très bavard ni très expressif – à quelques occasions près, il pouvait se laisser aller à parler davantage – alors c’était peut-être Amy qui aurait du mal à le supporter. D’un autre côté, depuis le temps qu’ils se connaissaient, elle devait savoir dans quoi elle s’embarquait. Non? Ah et puis merde! Pourquoi se prenait-il la tête comme ça, hein? Il était heureux, Amy voulait bien de lui, que pouvait-il demander de plus? A part peut-être que ses sœurs finissent par se joindre à eux et que Jane arrête de faire n’importe quoi, il n’attendait rien d’autre de la vie. Du moment qu’il rendait Amy heureuse, il ne voulait rien d’autre. Alors à son tour de profiter un peu de la vie!

- C’est donnant donnant parce que tu devras me supporter aussi, mais… Si je peux être un petit bout de temps sans me faire gifler, je crois bien que tu ne seras pas si difficile que ça à endurer, comme tu dis. répondit-il en posant un baiser sur le front de la jeune femme.

Raffael sentait bien qu’il aurait fort à faire pour convaincre Mackenzie qu’il était à la hauteur et qu’il méritait d’avoir sa chance avec Amy. D’un autre côté, la décision finale n’appartenait pas à sa belle-sœur, alors Mac devrait faire avec. A lui cependant de montrer aux aînés d’Amy qu’il ne souhaitait que faire son bonheur et qu’il s’y emploierait toujours du mieux qu’il le pourrait. Certes, il serait sûrement amené à gaffer à un moment ou à un autre, à décevoir Amy de quelque manière que ce soit, mais une chose était sûre, ça ne serait jamais volontaire. Et s’il y avait une seule chose qu’il pouvait promettre, c’était de lui être toujours fidèle. Sur ce plan-là, Raffael savait que sa belle ne risquait rien avec lui.

Il ne put s’empêcher de sourire lorsque sa belle dit que Hunter était un beau parleur alors que Mackenzie était plus du style à passer directement à l’action pour poser les questions après. Il n’y avait aucune surprise là et à vrai dire, c’est également ainsi qu’il aurait décrit la situation. Néanmoins, s’il ne voulait pas se retrouver dans la ligne de mire du précieux M16 de Mac, il devrait faire gaffe à ne pas faire trop de conneries!