Hormis mettre ceux qui enfreignaient les règles de l’hôpital aux travaux forcés, Raffael ne savait pas trop comment ils pourraient procéder. Les forcer à les accompagner durant les raids? Quand on songe qu’ils étaient peu à vouloir sortir de l’enceinte de l’hôpital, ça pouvait être une bonne solution. Si leur montrer à quoi ils échapperaient en ne participant pas aux sorties pour le ravitaillement avait un effet dissuasif, ça pouvait valoir la peine de l’utiliser. D’un autre côté, amener avec eux quelqu’un qui n’était pas formé et rompu à leurs méthodes, ça pouvait les compliquer l’existence. Sans oublier les mettre aussi en danger. Finalement, ce n’était peut-être pas une bonne idée. Restait les travaux forcés qui les obligerait à garder quelqu’un pour surveiller les travailleurs.

C’est à ce moment-là que Raffael eu une idée. Lors de sa première visite des lieux, il avait découvert une ancienne partie de l’hôpital qui servait d’aile psychiatrique. Les chambres étaient fermées à clef à l’époque. Ça pouvait être une solution… L’aile, comme tout le reste de l’hôpital, avait été nettoyée de ses rôdeurs, alors rien ne les empêchait d’utiliser ces chambres comme cellules, le temps de faire passer un message.

- Vous vous rappelez de l’aile psychiatrique? On pourrait s’en servir et y enfermer les fauteurs de troubles.

C’était la seule idée qu’il avait pour le moment et si quelqu’un avait mieux à proposer, il achèterait sans difficulté.

J’écoutais attentivement, mon idée pour Lenny semblait faire l’unanimité, du moins, pour ceux qui savait qui il était. Les idées continuaient de fuser mais je n’avais plus envie d’écouter. Je regardais Willow qui venait de sursauter alors que Hunter n’avait fait que poser ses mains sur ses épaules. Si elle, elle avait cette réaction, je n’imaginais même pas comment aurait réagit Andrea dans la même situation. J’avais envie d’aller la voir. Willow avait Hunter et les autres aussi. Andy avait Chris, mais elle le repoussait. Je préférais aller voir comment elle allait de mes propres yeux et peut-être faire en sorte que la jeune femme comprenne que Christopher l’aimait vraiment. Je connaissais les salauds aussi bien qu’elle.

-Et si vous régliez les derniers détails plus tard?

Elle regarda les adultes.

-Willow à besoin de se reposer et j’aimerais aller voir Andy, Kaleb devrait aussi venir la voir maintenant. Elle peut avoir besoin de lui.

C’était peut-être un peu brusque, mais j’avais envie d’aller voir Andy. Je me levai et me dirigeai vers Willow. Je passai mes bras autour du cou de la jeune femme et lui fit une accolade. Je ne dis rien, elle n’avait pas besoin de belles paroles, les belles paroles ne servaient à rien dans pareille situation. Elle avait besoin de sentir qu’on veille sur elle, voilà tout. Je savais qu’elle avait eu peur, je le comprenais. J’avais eu peur moi aussi lorsque l’homme m’avait attaqué. Je me souvenais de la terreur qui m’avait envahit.

Il dû s’écarter pour laisser de la place à Ayana qui venait de faire une accolade à Willow. Il n’aimait pas à penser à ce que cette enfant devait avoir fait pour survivre. Elle comprenait trop bien ce que les agressions pouvaient apporter comme conséquences. Cette petite, mais où étaient ses parents? Comment se faisait-il qu’elle soit seule? Elle ne lui avait jamais raconté son histoire, tout ce qu’il savait était qu’elle vivait dans la rue depuis qu’elle était toute jeune et qu’elle préférait la rue aux familles d’accueils. Comment était-ce possible? Ou alors Mac et Amy avaient eu de très bonnes familles, ou alors elles ne lui avaient pas tout raconté. Il posa sa main sur la tête de la petite.

-Va trouver Andy avec le doc Bout d’choux, on s’occupe de régler tout ça.

Kaleb aurait un compte rendu par Mackenzie, l’important était de sortie la petite de cette discussion. Elle avait la maturité d’une adulte, mais c’était encore et toujours une enfant. Il se répugnait à la mêler à tout ça. Raffael avait eu une bonne idée, il lui signifia d’un hochement de tête. Comme Amy le disait, ce n’était pas parce que certains perdaient la tête qu’ils méritaient la torture. Shawn avait mérité sa mort, mais ils n’étaient pas tous ainsi. Oui, l’aile psychiatrique pourrait servir à punir les imprudents. Il regarda Mac.

-C’est dans des moments comme celui là que je regrette d’avoir cessé de fumer.

Oh oui, même après tout ce temps, il en avait envie dans un moment aussi difficile qu’aujourd’hui. Recommencer maintenant ne donnerait rien. Surtout que de trouver une seule cigarette ou un cigare devait être vraiment difficile. Mais quand même, il ne pouvait s’empêcher de se dire que « boucaner » un peu lui ferait le plus grand bien.

Cette réunion avait assez traîné. Sans compter que Mackenzie n’aimait pas que le sujet soit abordé devant Ayana. Certes, sa fille avait vécu des tas de choses qu’une gamine n’aurait jamais dû vivre, mais elle souhaitait tout de-même la préserver le plus possible… et cette conversation avait tout l’effet contraire. De plus, Willow semblait avoir besoin de se reposer, elle semblait plus choquée qu’elle ne voulait bien l’admettre. Ce qui était tout de-même compréhensible vu ce qui s’était produit. Mac espérait juste que son frère comprendrait que sa princesse aurait besoin de lui. Mais Mackenzie ne s’en faisait pas, Hunter semblait avoir fait des progrès. Il touchait Willow de son plein gré depuis tout à l’heure. S’il pensait que ça lui avait échappé, il se trompait. Mais Mac décida de ne pas le taquiner avec ça, ce n’était pas le moment.

- Ok, on fait ça. Kaleb et Ayana vont voir Andrea. Dans quelques jours, on se fera une autre réunion pour décider des règles collectives. Quitte à impliquer les autres aussi. D’ici là, réfléchissons à nos options et comment on pourra mettre tout ça en place.

Ça ne l’amusait pas de jouer à la police dans ces temps troublés, elle aurait cru que les gens seraient assez malins pour comprendre qu’il ne fallait pas s’en prendre aux autres, qu’ils étaient tous là pour s’entraider, pour survivre plus longtemps. Vivre ensembles ou mourir seul. Ce n’était pas une phrase qu’elle avait déjà entendue dans une série télé qu’elle écoutait quelques années plus tôt? Mais bon! S’il fallait en passer par là pour s’assurer de la sécurité de la communauté, Mackenzie le ferait. Emprisonner des gens pour leur faire comprendre l’étendue de leur bêtise était la seule solution qu’ils avaient pour le moment… et ça ne lui plaisait pas des masses.

Mackenzie se leva de sa chaise et attendit que les autres l’imitent et ils quittèrent la pièce l’un derrière l’autre, se dirigeant chacun de leur côté pour vaquer à leurs occupations respectives.