Dead or Alive? [Mackenzie]

Il était dans la salle des frigos, il remplissait les derniers papiers pour son nouvel arrivant. La nuit avait été rude et il sentait que le reste de cette nuit ne serait pas de tout repos non plus. Il savait qu’il devait parler du problème avec les autres. C’était impensable qu’il laisse les choses se faire sans rien dire. Ils auraient sans aucun doute à parlementer avec le conseil des métamorphes. Si un vampire tentait de les incriminer, ils devaient le savoir. Ils avaient le droit de savoir. Il fallait aussi que Kaleb et Raffael leur fassent comprendre qu’ils ne toléreraient pas cette situation et qu’ils allaient tout faire pour trouver le coupable. Leurs races étaient en danger, autant pour les métamorphes que pour les vampires. Si quelqu’un venait à savoir … la chasse serait ouverte et plus rien ne serait pareil. Dans tout ce chaos, un visage lui vient en mémoire. La policière, Mackenzie. Elle devenait un peu trop intéressante ces derniers temps. Il posa son stylo un instant et se passa la main au visage. Déjà que son frère avait complètement perdu la tête en se mettant en relation avec une humaine, s’il fallait qu’il craque et fasse la même chose, ce serait une erreur monumentale. Non? Bien sur que si. Raffael lui avait dit que la raison ne pouvait gagner sur le cœur parfois, il espérait que son frère avait tord sinon il serait dans de beaux draps lui aussi. Il se leva de son tabouret inconfortable et se rendit vers la porte du frigo contentant l’homme trouvé dans la benne. Il ouvrit le tiroir et regarda encore la marque qu’il avait repérée plus tôt. Il n’y avait aucun doute. C’était bien une morsure de vampire. Il soupira, autant à cause de son constat que parce qu’il avait entendu des pas qui venait vers la morgue. Le pas léger comme un chat. C’était elle, il n’avait aucun doute là non plus. Il ne ferait pas semblant de ne pas avoir ouvert ce tiroir, c’était inutile. Elle savait qu’il cachait quelque chose, il le regardait de façon suspicieuse tout le temps où il avait parlé. Elle sembla hésitée sur le pas de la porte, il vit une partie de son profil dans son champ de vision avant qu’elle ne se recule pour qu’il ne la voit pas, du moins ce fût l’impression qu’il eut. Il parla assez fort pour qu’elle l’entende, d’un ton calme et neutre :

-Auriez-vous oubliez quelque chose, Lieutenant?

Il releva la tête du cadavre pour la voir entrer dans la pièce.

Il l'avait vue. Et pourtant, elle aurait juré qu'il l'avait entendue plus qu'il n'avait pu la voir. C'était à peine si elle était dans son champs de vision. Alors s'il l'avait bel et bien entendue arriver, il avait une audition à rendre jaloux la gent canine. Parce que Mac avait choisit de faire exprès d'être discrète. Non pas pour le surprendre, mais pour l'observer un moment avant de décider de se montrer. Elle voulait le voir agir, peut-être qu'ainsi elle aurait pu avoir un éclair de génie? Aucune des pistes qu'elle suivait n'avait un quelconque sens. Individuellement, ses pistes ne voulaient déjà pas dire grand chose, mais réunies... c'était pire. Plus elle se creusait la tête, plus les réponses la fuyaient. C'était pourquoi elle avait décidé de venir payer une petite visite au légiste.

- Il y a quelque chose que vous ne me dites pas à propos de nos macchabées, Doc. commença lentement Mackenzie tout en s'avançant vers le légiste. Et plus je retourne la question, moins j'ai de réponses concrètes. Pire, ça n'amène que plus de questions encore. Alors si vous savez quelque chose, c'est le moment de me le dire. ajouta-t-elle en s'arrêtant à quelques pas de lui, pas trop tentée de revoir le corps allongé dans le frigo à viandes froides.

Saurait-il saisir cette perche qu'elle lui tendait? Rien n'était moins sûr. En son for intérieur, la jeune femme avait cette impression que le légiste lui cachait un truc important et elle n'arrivait pas à s'en défaire. Mackenzie espérait qu'elle ne donnait pas l'impression de l'accuser de quoique ce soit, parce que ce n'était pas du tout le but recherché. Elle ne voulait pas le braquer, mais elle voulait assurément des réponses aux nombreuses questions qu'elle se posait sans arrêt. Surtout que ce dernier cadavre avait clairement été laissé à son intention. Il était tout frais quand elle l'avait découvert, ça ne pouvait pas être une coïncidence quand même! Et où passait tout le sang, hein? Si elle avait cru à un trafic d'organes au début, elle avait dû revoir sa copie quand l'autopsie avait révélé que les corps avaient tous leurs organes.

- J'ai rien contre vous, mais si vous savez quelque chose qui puisse m'aider, il faut me le dire. Ça ne m'amuse pas que quelqu'un sème des cadavres vidés de leur sang sur ma route. J'irais même jusqu'à dire que ca fout un peu la trouille.

Pour ne rien avoir contre le légiste, c'était le cas. Il était mignon, un peu trop pour le bien de Mackenzie, mais ce n'était pas important. Il lui plaisait peut-être, mais ça n'irait jamais plus loin. Ils étaient des collègues de travail et ça ne changerait pas. Ce n'était pas parce qu'Amy était nouvellement en couple avec le frère du médecin qu'ils devaient entretenir quelques relations que ce soit!

Il ne pouvait pas dire qu’elle passait par quatre chemins. Non, elle allait directe au but sans détour. Plus elle retournait la question, moins elle avait de réponses. De son côté c’était le contraire, plus il avait de questions, plus le corps lui apportait de réponse. S’il savait quelque chose c’était le moment de le lui dire. Seigneur, comment pouvait-il lui dire qu’un vampire tentait d’incriminer un métamorphe pour un meurtre que le vampire aurait commis? La jeune femme semblait incommoder par les morceaux de cadavres, mais elle n’aurait pas le choix. Il lui fit signe d’approcher. Il enfila une paire de gants chirurgicaux et lui montra le point d’entrer qu’il avait repéré plus tôt.

-C’est ceci qui m’embête en fait. J’étais justement à l’examiner à nouveau. On dirait qu’il a été mit en pièce pour cacher cette marque. Je n’en suis pas sur, ce n’est qu’une hypothèse, mais en considérant la circonférence, un cathéter aurait pu causer cette marque. Cela impliquerait que le tueur aurait préalablement vidé sa victime de son sang avant de la découper.

Il avait honte de devoir lui mentir. Mais que pouvait-il lui dire? Un vampire à bu tout le sang de la victime avant de le déchirer en morceau et de le poser dans la benne à ordure derrière le poste de police pour narguer les officiers? Il ne pourrait jamais lui dire totalement la vérité, Raffael lui était probablement en train de tenter de mettre Amy à l’abri. Son frère était surprotecteur avec la jeune femme. Après tout, elle était humaine. Si leur ennemi savait qu’elle fréquentait Raffael, ils n’hésiteraient pas à s’en prendre à elle. Il retira ses gants et les jeta dans la poubelle d’un geste rageur avant de se pincer l’arrêt du nez. Tout ça le foutait en rogne. Son frère était un imbécile, ils avaient failli tuer Savannah et maintenant il mettait Amy en danger pour une stupide histoire d’amour. Il secoua la tête, pris le drap et le rabattit sur le corps de ce pauvre mec avant de le ranger. Il la regarda dans les yeux.

-C’est bien que ça vous donnes la trouille. Ça vous permettra d’être plus prudente. Je n’aimerais pas que ce malade s’en prenne à vous ou à un de vos proches. Celui qui fait ça ne peut être que mentalement déranger et sadique.

Il retourna à la petite table de travail, en fait, il avait peur pour elle. Mais c’était plus facile de mettre ses proches dans le bateau. Question qu’elle ne pense pas qu’il avait peur pour sa sécurité à elle personnellement. Il s’exaspérait lui-même. Depuis qu’il savait que le Lieutenant Wright était la sœur d’Amy, il s’était dit que ces deux jeune femmes devaient être des sorcières pour les avoir ainsi ensorcelé son frère et lui. Heureusement, il savait que les sorcières n’existaient pas pour de vraie elle au moins. C’était déjà ça de prit, mais ça ne réglait pas son problème.

Bon, d'accord. Elle n'y allait pas par quatre chemins. Et puis après? Avaient-ils du temps à perdre à ménager la susceptibilité de tout le monde? Non. Parce que pendant ce temps, Dieu seul savait ce que faisait ce maniaque. Pour ce qu'ils en savaient, il était peut-être entrain de charcuter quelqu'un d'autre. Alors non, Mackenzie ne s'excuserait pas de ne pas prendre de gants blancs. Elle avait un cinglé en liberté sur qui mettre la main, c'était ça sa priorité pour le moment. Empêcher que les cadavres s'empilent c'était quand même vachement plus important que ménager la chèvre et le chou. Non?

Mackenzie réprima un mouvement de dégoût quand le légiste lui fit signe de s'approcher du cadavre et qu'il lui montra un trou sur le cou de celui-ci. Elle adorait son job, mais la partie qui contenait de la chair... un peu moi, Mac l'avouait volontiers. Elle fit donc abstraction de la dépouille et se concentra sur ce que lui montrait Kaleb tout en écoutant ce qu'il lui racontait. Son malade avait probablement mis le corps en pièces afin de cacher ce fameux trou. C'était bien ce que Mac avait cru dès qu'elle avait fait la macabre découverte, mais c'était bien de voir un professionnel confirmer son idée. Un cathéter. C'était nouveau ça. C'était une supposition, mais c'était quand même une piste à creuser.

- Et pourquoi le vider de son sang? interrogea Mackenzie en fronçant les sourcils. Je veux bien croire que tout peut être trafiqué, mais encore faudrait-il que la demande soit là. Qui pourrait vouloir du sang en pareille quantité et pourquoi? On ne peut même pas dire qu'il cible des personnes d'un groupe sanguin particulier, parce qu'on en a eu des trois. Il les choisit donc au hasard. Mais pourquoi?

Finalement, plus elle avait de réponses, plus elle avait des questions qui suivaient ces fameuses réponses. Elle n'était pas sortie du bois, loin de là!

- D'après vous, c'est quelqu'un qui a des connaissances en médecines? En soins infirmiers? demanda-t-elle tout en s'écartant afin de laisser le légiste refermer avant de le suivre jusqu'à son bureau. S'il est malin, il se les procure en ligne avec un compte bancaire bidon. Ça va être comme chercher une aiguille dans une botte de foin. marmonna-t-elle plus pour elle-même qu'à l'intention du médecin.

Il lui faudrait commencer par vérifier auprès des hôpitaux de la ville s'il n'y avait pas eu de vols de matériel. Après quoi, il lui faudrait chercher auprès de leurs fournisseurs. D'une manière ou d'une autre, ce n'était pas bête de penser que ça pouvait être un employé qui piochait dans le matériel. Ça lui ferait tout un tas de monde sur qui enquêter, mais Mackenzie n'avait guère d'autre choix, il lui fallait réduire sa liste de suspects potentiels. Après, pour ce qui était de la piste de l'achat en ligne, c'était assurément cuit. Ça ne voulait pas dire que la personne se les serait procurés aux États-Unis, ça pouvait tout aussi bien venir de la Chine. Et comme elle n'avait pas de preuves matérielles, exemple ces fameux cathéters, bah le laboratoire ne pouvait rien faire pour elle à ce stade-ci.

Ce qui la fit tiquer, ce fut d'entendre le légiste dire que c'était bien qu'elle aie la trouille, qu'ainsi elle ferait preuve de plus de prudence, qu'il n'aimerait pas qu'elle et ses proches soient les victimes de ce malade. Elle était plus que consciente que si elle était une cible potentielle de son maniaque, il y avait fort à parier qu'il était au courant pour Amy et Hunter. Si ce malade qui s'amusait à déposer des cadavres là où elle les trouverait, ce qui l'inquiétait le plus, c'était qu'il ait le culot de s'en prendre à son frère et sa soeur. Bien sûr, elle s'inquiétait pour tous ceux qui pouvaient être une victime potentielle, mais quand il s'agissait de sa famille, Mac n'était pas... rationnelle.

- Je préfère encore qu'il s'en prenne à moi qu'à mon frère et ma soeur. Et de toute manière, ce n'est qu'une théorie parmi tant d'autres. Le cadavre de la benne n'a peut-être pas été laissé là à mon intention. Pour ce qu'on en sait, le tueur peut très bien avoir simplement voulut faire preuve d'arrogance.

Mackenzie n'y croyait pas réellement, mais quand même... c'était possible. Et puis, pourquoi le meurtrier voudrait la cibler, elle? Elle n'était en poste que depuis peu. Certes, elle avait eu de bons résultats depuis, mais ce n'était pas assez pour qu'on la cible pour autant.

Pourquoi fallait-il qu’il soit tombé sur une femme intelligente qui était passionnée par son métier et qui tenait à ce que sa famille soit en sécurité? Pourquoi n’avait-il pas pu garder ce vieil inspecteur négligent qui faisait en sorte que Kaleb pouvait manœuvre sans inquiétude lorsqu’il voyait que c’était un des leur qui était en question ou un métamorphe? Il aurait pu modifier un peu la mémoire de la jeune femme, mais il détestait utiliser ce pouvoir sur les humains et Amy pourrait savoir ce qui arrivait à sa sœur. Elle comprendrait et tout deviendrait compliqué. Il se pinça l’arrête du nez, les vampires ne pouvaient pas avoir de migraine, mais c’était devenu un réflexe, un mécanisme de défense presque pour lui. Un geste familier de sa vie d’humain. Il n’avait jamais perdu cette habitude en plus de quatre cent ans.

-Pourquoi, j’ai bien peur de ne pas avoir la réponse. Ce peut être un revendeur, il fournirait une clinique clandestine ou quelque chose dans le genre. Sinon, il peut y avoir les adeptes du satanisme qui peuvent avoir besoin de sang humains pour certains rituels et il y a bien entendu ceux qui pensent être des vampires. Absurdes, mais que ferait l’humanité sans être absurde?

Elle l’avait suivi et continuait à lui parlé. En fait, il avait presque l’impression qu’elle s’interrogeait à haute voix plutôt que de lui poser réellement la question. Mais il se devait de lui donner toutes les options. D’accord, il élargissait son champ de recherche en faisait exprès, mais de toute façon, elle aurait fini par trouver cette conclusion par elle-même. Il n’en doutait pas.

-Et bien, en plus des médecins et infirmiers, je dirais que les taxidermistes, les vétérinaires et même certains bouchers consciencieux savent se servir d’un cathéter. Il y aussi les aidants naturels et les préposés aux bénéficiaires qui peuvent connaître la technique sans avoir appris à l’école comment l’utiliser. Je suis désolé, je ne vous aide pas en énumérant toutes ses possibilités, mais reste que je sais que dans votre métier vous devez être en mesure d’explorer toutes les options valides.

Il avait mentionné la famille de la jeune femme, il n’aurait peut-être pas dû. Elle se faisait du souci pour eux et il venait d’en ajouter une couche avec son commentaire. Il ne pensait pas que le vampire qui avait fait ça, avait voulu intimider la jeune femme en particulier. Il était arrogant, c’était si évident. Il hocha la tête en signe d’approbation lorsqu’elle mentionna par elle-même se fait.

-Je suis désolé, je vois beaucoup de cadavre ces temps-ci, mon commentaire ne voulait pas dire que ce tueur vous visait personnellement, ce que j’essayais de dire, c’est que la peur nous pousses à être plus prudent. Et je ne sais pas pour votre frère, mais maintenant Raffael est là aussi pour veiller sur votre sœur, vous n’êtes plus seule pour cette tâche.

Il eut un petit sourire en coin.

-Mon frère est du genre surprotecteur, il l’a toujours été. Il veillera à sa sécurité.

Il redevient sérieux.

-Et faites attention à vous, votre sentiments pour votre frère et votre sœur est sans aucun doute partager par eux, mais pour vous. Vous n’avez pas envie de les perdre, eux ne veulent pas vous perdre.

Il parlait en connaissance de cause, il avait cru son frère mort lorsqu’il avait disparu tous ses mois, il avait eu mal. Son frère n’avait pas pu accepter de le voir mourir et l’avait transformé en vampire pour ne pas avoir à le perdre. Alors oui, il pouvait comprendre mieux que quiconque.

- Désolée, mauvaise habitude. Je parle souvent toute seule, ça m'aide à réfléchir. s'excusa Mackenzie lorsqu'elle se rendit compte de ce qu'elle faisait subir au médecin légiste.

C'était une mauvaise habitude qu'elle avait prise quand elle avait été mise en famille d’accueil, c'était une façon à elle de se protéger, de se sentir moins seule. Avant ça, Mac avait toujours eu Hunter à ses côtés, c'était toujours dans son lit qu'elle se glissait la nuit quand elle avait fait un cauchemar et qu'elle avait peur. Amy n'était qu'un bébé à l'époque, alors la petite Mackenzie avait pris l'habitude de parler toute seule, comme si entendre le son de sa voix pouvait la rassurer. Et c'était resté.

Finalement, elle n'était pas sortie du bois... Mackenzie venait de poser une question et voilà que Kaleb lui rajoutait des gens susceptibles d'user de cathéters, que ce soit par le travail ou dans leurs vies privées. Cette piste-là n'allait donc la mener nulle part. Autant chercher la fameuse aiguille dans la botte de foin, elle aurait sans doute de meilleurs résultats. De toute évidence, la chance n'était toujours pas de son côté. Si elle l'avait jamais été, évidemment. La seule chose positive c'était que les vampires étaient purement folklorique. Quoique avec sa chance légendaire, Mac pourrait bien finir par tomber sur un hurluberlu qui se prenait pour un suceur de sang. Ça serait rigolo à raconter au central, ça c'était certain!

- Des vampires, hein? Heureusement pour moi, ils ne courent pas les rues.

Mac grimaça quand Kaleb émit un avis concernant ce que ressentiraient Amy et Hunter si c'était elle qui était en danger. Un bon point pour le légiste. La réciproque était toute aussi vraie, Mackenzie le savait pertinemment, mais ça ne l'empêcherait jamais de se placer dans la ligne de tir pour leur éviter les projectiles. C'était son job. Mais d'abord et avant tout, Amy et Hunter était sa seule famille. Quant à cette promesse disant que Raffael était surprotecteur, ça ne la rassurait pas vraiment. L'intention était là, mais... Non. Juste non.

- J'imagine bien que Raffael va veiller sur elle, mais ça ne me rassurera jamais pour autant et ce n'est pas contre lui que je dis ça. Je n'ai confiance en personne pour protéger ma soeur mieux que moi. Pas même mon propre frère et pourtant, s'il y en a un qui est prêt à tous les sacrifices pour ses soeurs, c'est bien lui. répondit-elle peut-être un peu trop brusquement. Désolée. Mais vous ne pouvez pas comprendre sans savoir par où on est passé.

Raffael lui avait l'air d'être un type bien et ça c'était la vérité. Néanmoins, jamais Mackenzie ne serait rassurée de savoir sa petite soeur avec lui pour veiller sur elle. Non. C'était instinctif, c'était comme ça. Mac avait toujours protéger sa petite soeur depuis le jour où elles avaient été séparées d'Hunter et c'était une habitude trop bien ancrée en elle pour qu'elle arrête de le faire 23 ans plus tard. Et ce n'était pas parce qu'elle ne pensait pas sa soeur incapable de veiller sur elle-même, non vraiment pas. C'était juste que c'était plus fort qu'elle, elle avait pris son rôle de protectrice de sa petite soeur très à coeur. Et le prendrait toujours terriblement à coeur. Même si Amy avait une armée de gardes du corps pour la protéger, Mackenzie ne serait jamais pleinement rassurée que si c'était elle qui veillait sur sa soeur. Elle avait finalement pris la relève d'Hunter. Le plus difficile, c'était encore de faire la même chose avec Hunter. Si Amy la laissait faire à sa tête parce qu'elle savait que rien n'arrêterait Mac, Hunter était moins... réceptif. Il ruait davantage dans les brancards quand Mackenzie se décidait à vouloir le protéger, arguant que c'était son job à lui de veiller sur ses petites soeurs. Il aurait beau faire, il aurait beau dire, si jamais il était en danger, Mackenzie remuerait ciel et terre pour qu'il ne lui arrive rien.

Sa famille, c'était toute sa vie. C'était ce qu'elle avait de plus important. De plus sacré.

Les vampires ne couraient pas les rues selon elle. Il faillit soupirer, si elle savait à quel point elle se trompait. Si, ils couraient les rues, ils marchaient, vivaient parmi eux, travaillaient à leur côté, mais ils n’en savaient rien. Elle ne savait même pas qu’elle parlait à un d’entre eux. Une étrange sensation lui fit comprendre qu’il avait envie qu’elle sache. Il repoussa cette envie. C’était stupide. Si elle savait, elle serait la première à les pourchasser sans doute. Après tout, cet homme dans le tiroir avait été vidé de son sang et dépecé comme un simple morceau de viande par un des semblables de Kaleb. Pourquoi devrait-elle songer à le croire innocent en sachant qu’il pouvait faire ça? Elle ne pourrait jamais le voir comme un être gentil et ayant une conscience en sachant de quoi il était capable. Ou alors c’est lui qui tentait de s’en convaincre pour être sur de se taire sur sa propre condition.

Il revient sur terre lorsqu’elle répondit à son commentaire. Elle n’avait pas confiance en Raffael pour protéger sa sœur, pas même en son frère. Elle avait changé de ton, il sentait qu’elle était en colère. Contre qui? Son frère? Il connaissait un peu Hunter à cause du conseil des métamorphes, mais sans plus. L’homme était plutôt taciturne et peu expressif. Il pouvait se démontrer passionné pour défendre un point, mais s’il n’avait rien à dire on pouvait facile oublier qu’il était là. Il inclina la tête vers la jeune femme, un signe de respect qu’il utilisait depuis trop longtemps.

-Désolé, je n’avais pas l’intention de vous vexer. En effet, je ne peux pas comprendre ne sachant pas ce que vous avez vécu. Ce que j’entends, c’est que vous êtes celle qui s’est occupée de la protection d’Amy seule et que vous avez peur de la perdre si c’est quelqu’un d’autre qui la protège.

Il regarda la jeune femme, son ton était calme et se voulait apaisant. Il était loin de vouloir psychanalyser la jeune femme. Il tentait d’en savoir un peu plus peut-être d’une certaine façon. Il haussa doucement les épaules, non pas pour dire qu’il s’en fichait, mais bien pour indiquer qu’il pouvait se tromper comme n’importe qui.

-Peut-être que je me trompe là aussi. Mais ne prenez pas mal mes propos, je voulais simplement vous indiquer que Raffael aime sincèrement votre sœur et qu’il pourrait donner sa vie pour sauver la sienne sans aucune hésitation. Mais je comprends votre besoin de la protéger par contre. Je le comprends parfaitement.

Il connaissait se sentiment. Il avait voulu protéger sa famille même lorsqu’il était mort pour eux. Il avait aussi voulu protéger Savannah, malheureusement, sa protection avait fini par la mener à la mort. D’accord, il l’avait transformé, mais tout de même. Elle avait dû tout abandonner de sa vie d’avant à cause de lui. Il regarda la jeune femme. Il savait reconnaître la détermination, elle en avait cette femme. C’était une policière, une policière déterminée. C’était dangereux pour eux, danger pour elle surtout. Elle se mettrait en danger à force de trop chercher. Il devrait trouver une solution et le plus vite serait le mieux.

-Je connais certains taxidermistes, si vous voulez je peux voir avec eux, poser quelques questions. Ils seront moins suspicieux envers un légiste qu’avec un flic.

Il haussa les épaules comme si ce n’était rien. Après tout, il en connaissait vraiment, il pouvait bien poser quelques questions.

- Je me doute bien qu'il tient vraiment à elle, mais c'est plus fort que moi, je ne peux pas m'en empêcher. Amy et moi, on a longtemps été que toutes les deux, à ne pouvoir compter que sur nous. marmonna la jeune femme en baissant les yeux sur le bout de ses bottes.

Mackenzie n'aimait pas avoir à en parler et de toute manière, le médecin n'aurait pas pu comprendre sans qu'elle entre dans les détails. Chose qu'elle n'avait d'ailleurs pas du tout envie de faire. Et c'était aussi en supposant qu'un inconnu puisse comprendre quelque chose à leur histoire familiale tordue. Longtemps, les deux soeurs avaient été seules, ne pouvant compter que l'une sur l'autre. Ce n'était donc pas contre Raffael ce qu'elle avait dit. C'était juste que protéger sa soeur, c'était ancré en elle. Même si Amy était maintenant adulte et à même de prendre soin d'elle-même, Mac ne pouvait pas s'empêcher de veiller sur sa petite soeur. C'était ce qu'elle avait fait pendant plus de 20 ans, pourquoi arrêter maintenant? Quant à Hunter, c'était la même chose. Ce n'était pas parce qu'elle n'avait pas confiance en son frère qu'elle agissait de la sorte. Au contraire, c'était juste que dans sa tête, personne ne pouvait mieux veiller sur sa petite soeur qu'elle-même. C'était le cas en famille d’accueil, c'était pareil maintenant qu'elles en étaient toutes deux sorties. Voilà tout. Et si Mackenzie savait qu'elle en faisant trop, c'était plus fort qu'elle... et Amy ne semblait pas lui en vouloir. Alors si la principale intéressée ne lui disait pas qu'elle exagérait, pourquoi Mac arrêterait, hein?

Quant aux raisons qui la poussaient à agir de la sorte, elle n'avait pas envie d'y penser. Elle savait très bien ce qui la rendait aussi méfiante envers les autres, ce qui faisait qu'elle n'accordait sa confiance à personne hormis son frère et sa soeur. Son enfance l'avait marquée et peu importe ce qu'elle faisait, elle ne parvenait pas à oublier. Et puis comment oublier que son frère, son héro quand elle était une gamine, n'avait pas tenu une promesse qu'il lui avait faite? Maintenant, elle comprenait pourquoi, mais pour une enfant de 4 ans, c'était marquant. Elle se rappellerait sa vie durant ce jour où on les avait séparés. Mac se souvenait aussi très bien à quel point elle avait eu peur quand l'assistante sociale les avait emmenées, Amy et elle. Elle avait pleuré silencieusement tout le long du trajet qui les amènerait jusqu'à leur nouveau foyer. Combien de nuits Mackenzie s'était-elle endormie en pleurant et en voulant son frère auprès d'elle? Elle avait peur et la seule personne qui savait la rassurer, c'était lui. Et il n'était plus là. Était-ce un traumatisme qu'elle avait vécu? Mac n'en savait rien et ne voulait pas le savoir. Tout ce qu'elle savait, c'était que ça l'avait marquée à vie et que jamais elle n'oublierait.

Mac secoua la tête, n'aimant vraiment pas repenser à tout ça. Ça lui fouttait le cafard et lui donnait toujours envie de pleurer, comme si elle avait de nouveau 4 ans et qu'on l'abandonnait. C'était trop frais dans sa mémoire. Aussi quand Kaleb lui suggéra de voir lui-même certains taxidermistes de sa connaissance, Mackenzie s'empressa-t-elle de secouer la tête. Pour des tas de raisons, elle n'aimait pas cette idée. Entre autre chose parce qu'elle avait l'étrange impression que le légiste semblait vouloir se débarrasser d'elle parce qu'elle fouinait trop et risquait de mettre le doigt sur quelque chose qu'il ne voulait pas qu'elle découvre. Enfin... plutôt que de lui faire part de ses soupçons, la jeune femme choisit d'y aller avec l'optique légale. C'était encore ce qu'elle avait de mieux à faire.

- A supposer qu'ils vous donnent des détails pour me permettre de résoudre mon affaire, je ne pourrai pas m'en servir parce que ça n'aura pas été dit à moi. Au tribunal, je me ferais rétamer en 30 secondes chrono par la partie adverse. opposa-t-elle à l'idée de Kaleb. Si j'étais avec vous pour les rencontrer par-contre, si vous êtes prêt à servir d'intermédiaire, là je ne dis pas non.

Allait-il trouver une autre pirouette pour se débarrasser d'elle?

Il hocha la tête aux commentaires de la jeune femme avant de se rendre compte qu’elle avait baissé les yeux sur ses souliers. Il s’approcha doucement d’elle et lui fit relever la tête.

-N’aie jamais honte de croire que tu es la seule à pouvoir la protéger. La journée où tu le feras et que tu baisseras la garde, il est possible qu’il se passe quelque chose et là, tu t’en voudras.

Il avait cessé de la vouvoyer. En effet, depuis le début, il tentait de la tutoyer comme elle le lui avait demandé souvent et c’était là à ce moment qu’il réussissait vraiment à le faire. Mais c’était important. Elle devait suivre son instinct. Si elle faisait quelque chose contre ses croyances, elle ne pourrait jamais se regarder en face s’il arrivait quelque chose à sa sœur. Il connaissait se sentit aussi, il avait voulu protéger Savannah, mais il avait attiré le malheur sur elle sans le vouloir. C’était une des raisons pour laquelle il tremblait pour Amy. Elle savait qu’elle se mettait en danger, Raffael le lui avait dit. Elle avait accepté, Kaleb ne pouvait concevoir, mais elle avait accepté le danger. Kaleb avait eu beau rappelé l’histoire de Savannah à Raffael, il faisait la sourde oreille. Kaleb ne pouvait rien faire à se niveau. Mais bon, Amy avait la protection de Raffael, Mackenzie devait maintenant elle aussi être protéger. Protéger d’elle-même surtout. Il avait été trop personnel avec elle cependant, il n’aurait pas dû faire se commentaire, pas du la toucher, ni la regarder dans les yeux. Seigneur, ses yeux. Il ne pouvait pas blâmer Raffael d’être tombé amoureux d’Amy, ces jeunes femmes étaient exceptionnelles, mais une relation avec elles équivalaient à leur mettre une cible dans le dos. Raffael l’avait fait avec Amy, il n’avait aucune envie de le faire avec Mackenzie. Il relâcha doucement le menton de la jeune femme, laissa retomber sa main le long de son corps, il valait mieux revenir dans une conversation professionnelle, c’était moins dangereux. Il se racla la gorge avant de répondre à son offre de servir d’intermédiaire.

-J’avoue que je n’ai pas réfléchi. C’est vrai, au tribunal ils balaieraient les preuves du revers de la main. Mes amis seront plus ouverts à te parler si je suis là. Je te servirai donc d’intermédiaire avec eux. Sans problème. La plupart son noctambule, ils préféreront nous voir arriver en soirée plutôt qu’en journée. De plus, beaucoup travail de jour et ne sont taxidermiste que par hobby.

La moitié était vampire ou métamorphe aussi … d’ailleurs, il aurait un coup de fil à donner à Leonard et ses associés pour leur faire part de la situation et des visites qu’ils auraient à faire probablement la nuit prochaine chez ceux qui pratiquait la taxidermie. Heureusement, la pleine lune n’était pas pour tout de suite.

Depuis leur première rencontre que Mackenzie lui avait dit de la tutoyer et voilà qu'il le faisait. Ce n'était pas tant ce qu'il lui avait dit qui la troublait que le geste en lui-même. Il s'était approchée d'elle, lui avait pris le menton pour plonger ses yeux dans ceux de la jeune femme... qui était restée là sans rien faire, comme la belle cruche qu'elle était. Elle ne semblait cependant pas être la seule à être troublée par ce qui s'était passé, car dès que Kaleb compris ce qu'il était entrain de faire, il laissa tomber sa main et s'écarta d'elle. Le charme était rompu et même si Mac ne pouvait s'empêcher de le regretter, elle sut que c'était la chose à faire. Une histoire avec un homme n'était pas dans ses projets - ça ne l'était jamais de toute manière - et encore moins si c'était avec quelqu'un avec qui elle était amenée à travailler. Même si le Dr Birmingham avait tout pour lui plaire, elle avait conscience de jouer avec le feu et elle risquait de se brûler. Il fallait tuer cette maudite attirance dans l'oeuf avant qu'elle ne finisse par faire n'importe quoi. Comme d'habitude, quoi.

Si ses histoires avec les hommes ne marchaient jamais, c'était en grande partie de sa faute, Mac le savait et en était pleinement consciente. Elle ne baissait jamais suffisamment la garde, elle était toujours trop méfiante, toujours à chercher la petite bête, celle qui la convaincrait que le type était nocif pour elle. Et si elle avait besoin d'une raison de plus pour rester loin du beau légiste, elle n'avait qu'à penser à Amy qui fréquentait le frère de Kaleb. Ça ne ferait que créer des problèmes là où ce n'était pas nécessaire. Autant rester sage et garder ses distances. Rester professionnelle jusqu'au bout. C'était encore ce qu'elle avait de mieux à faire en pareilles circonstances. Kaleb lui disait clairement de suivre son instinct lorsqu'il s'agissait de sa famille. Inutile de le lui dire, elle était trop méfiante de nature pour baisser la garde comme ça. C'était pire encore quand il s'agissait d'Amy. Sinon, son instinct lui soufflait de prendre ses jambes à son cou, que c'était trop beau pour être vrai. Qu'il était trop beau pour être vrai. Cette impression de danger quand il était près d'elle se faisait toujours sentir, mais ce qu'elle ignorait, c'était quelle sorte de danger.

Ce n'est que lorsqu'il lui parla de ses amis taxidermistes par hobby et qu'ils préféraient les voir débarquer en soirée qu'elle fronça les sourcils et croisa les bras sur sa poitrine en le fixant du regard. Elle ne savait pas ce qu'il ne lui disait pas ou ce qu'il lui cachait consciemment, mais plus ça allait, plus c'était bizarre. L'excuse du fait qu'ils travaillaient en journée était plausible, mais... mais ce qui la chicotait le plus dans toute cette histoire, c'était comment Kaleb lui avait amener la chose, comme s'il voulait vraiment trouver une raison de ne pas aller interroger les gens qu'il connaissait. Comme s'il ne voulait pas qu'elle soit là, tout simplement. Et là, elle était vraiment suspicieuse, il devait bien s'en rendre compte.

- Ok, on va arrêter de tourner autour du pot. Et si tu me disais vraiment pourquoi tu as l'air de tant vouloir tenir à ce que je ne sois pas là quand tu vas aller rencontrer tes... connaissances? C'est quoi l'histoire? Ils ont un troisième oeil dans le front? Ils font la traite des blanches? Ils sont tellement drogués qu'ils se prennent pour des vampires ou des loups-garous? Ils procèdent à des sacrifices rituels?

Ça ne pouvait pas être plus clair. Ou plus direct.

Il haussa un sourcil en entendant la réplique de la jeune femme. Il avait l’impression de rêver, elle venait de l’accuser de ne pas vouloir qu’elle soit là, alors qu’il venait de lui proposer de jouer les intermédiaires pour qu’elle puisse les interroger elle-même. C’était à ne plus rien y comprendre. Raffael lui avait parlé que sa belle-sœur était du genre suspicieuse, elle venait de le prouver. Il croisa les bras sur sa poitrine et sourit à la jeune femme de façon narquoise.

-Attends, je te propose de jouer les intermédiaires en te donnant raison pour le tribunal et tu m’accuses de ne pas vouloir que tu sois là? C’est moi qui ne comprends rien ou c’est toi qui est suspicieuse au point de voir du complot partout?

Il retrouva son sérieux, il ne l’avait pas quitté des yeux. Pour une femme de son genre, si on détournait le regard on était menteur. Il aurait pu mettre sa main au feu sur ce point. Il secoua la tête à nouveau avant de croiser le regard de Mackenzie.

-Je ne tente pas de t’empêcher de les voir. Je t’explique que plusieurs d’entre eux travaillent de jour, donc le meilleur moment pour les rencontrer est le soir. Pour les autres, ils sont noctambules, ce qui signifie qu’ils se couchent tard. La taxidermie est un art complexe et œuvrer quand tout est calme est mieux. C’est tout ce que j’ai voulu dire. Ce n’était aucunement une façon de t’exclure des rencontres.

Il secoua à nouveau la tête, retira sa blouse blanche de travail avant d’aller la suspendre sur la patère derrière la jeune femme. Il lui faisait dos, il prit une inspiration profonde. Il respirait son odeur. Cette odeur qui le faisait frémir chaque fois qu’elle entrait dans cette pièce. Malheureusement pour elle, c’était de plus en plus souvent ces derniers temps. Heureusement pour lui. Il ouvrit brusquement les yeux. Non, pas heureusement. C’était dangereux, trop dangereux. Il ne pouvait pas faire ça. Il ne pouvait lui démontrer aucun attachement, sinon elle deviendrait une vraie cible. Il ne savait pas qui était ce vampire, il ne savait pas ce qu’il ferait s’il savait. Mais il ne saurait rien, puisqu’il ne se passerait rien entre eux. Il ne pouvait pas. Déjà qu’Amy était potentiellement en danger à cause de Raffael. Il ne ferait pas la même chose pour Mackenzie. Mais il veillerait à ce qu’elle aille sur des chemins moins houleux pour son enquête et ferait en sorte qu’elle s’éloigne du vampire. Il s’occuperait de lui. Il avait la force et les outils pour le faire, pas elle. Elle, elle n’était qu’une humaine, elle n’aurait ni la force, ni la vitesse pour se défendre contre un vampire. Il contourna à nouveau la jeune femme pour lui faire face.

-Rendez-vous ici, demain à 21 heures. Je t’emmènerai faire la tournée de ceux que je connais. Tu pourras juger par toi-même s’ils ont un troisième œil, s’ils se prennent pour des vampires ou des loups-garous. Je t’avertis tout de suite, tu pourrais être déçu.

Il donnait bien le change en disant qu'elle était méfiante au point de voir le complot partout. Ce n'était pas faux, Mackenzie était une méfiante indécrottable. C'était plus fort qu'elle. Et il coulerait beaucoup d'eau sous les ponts avant qu'elle n'accorde sa confiance au beau médecin légiste. Toute sa confiance. Pour le moment, son instinct lui soufflait que tout était trop beau pour être vrai. N'avait-il pas dit qu'elle devait se fier à son instinct? C'était bien ce qu'elle faisait. Peut-être voulait-il dire qu'elle n'avait pas à se méfier de lui? Peut-être avait-il raison, mais il ne serait vraiment pas raisonnable de sa part de ne pas prêter attention à ce petit quelque chose qui lui soufflait d'être prudente. Ou méfiante. Ou suspicieuse comme il le disait si bien. Après quoi, il lui donna rendez-vous à la morgue le lendemain soir à 21 heures. Pourquoi si tard? Ne dérangeraient-ils pas ces personnes qui travaillaient de jour? Ils devaient bien se coucher s'ils voulaient pouvoir aller travailler le lendemain. Encore un truc qui n'avait pas trop de sens à son humble avis.

- Quand c'est trop beau pour être vrai, c'est signe que quelque chose cloche. La vie m'a appris à être méfiante et à toujours me fier à ma première impression, que c'était la bonne. commença-t-elle lentement après avoir pris une profonde inspiration par le nez. Les actes sont plus importants que les paroles. Et ce n'est pas parce que tu as de beaux yeux que je vais être plus confiante. Je n'ai pas envie de tomber dans le panneau.

Eh merde. Qu'est-ce qui lui avait pris de parler de ses yeux? C'était la vérité, Kaleb avait de beaux yeux, mais était-ce vraiment nécessaire de le mentionner? Il devait le savoir depuis le temps! Elle se traita tout bas de conne en remerciant le ciel qu'il soit occupé à accrocher sa blouse à la patère qui se trouvait derrière elle. Mackenzie sentait sa main la démanger de se sacrer un bon coup de poing dans le front. Comment pouvait-elle être aussi stupide? Franchement, c'était son plus grand moment de solitude à vie. Ou sa plus belle bourde. Cette nuit-là serait à marquer d'une pierre blanche, histoire de se souvenir dans le futur qu'il fallait bien tourner sa langue sept fois dans sa bouche avant de parler. Et de dire de belles conneries.

- S'ils ont pas de troisième oeil, ouais je risque d'être déçue. Sinon j'aime bien la normalité. La banalité. Mais pourquoi pas plus tôt? Commencer vers 18 heures, ça serait bien. Comme ça, on pourrait commencer par ceux qui travaillent de jour et ne pas les embêter une fois qu'ils seront couchés. Non?

Après une enfance comme la sienne, Mac se sentait rassurée par la banalité, la normalité. Elle était casanière depuis qu'elle avait quitté l'armée et si elle avait cru qu'elle s’ennuierait pendant un moment, elle s'était vite rendue compte que finalement ça lui convenait très bien. C'était rassurant de savoir que tout était à sa place, comme ça devait l'être, qu'elle n'avait pas à être toujours prête à partir pour Dieu seul savait où. Après avoir été trimbalée de familles d’accueil en familles d’accueil avec Amy, et ensuite avec l'armée Américaine, la jeune femme aspirait à une vie tranquille. Normale. Chose qu'elle n'avait jamais eu avant de devenir une adulte. Son premier appartement - celui où Amy était venue la rejoindre après son émancipation - avait été un véritable havre de paix. Elle pouvait enfin fermer les yeux sans craindre ce qui pouvait se cacher derrière la porte.

Méfiance, tomber dans le panneau, la jeune femme avait des termes très « positif » de voir les relations avec les autres. Au moins, elle n’était pas naïve et ne croyait pas tout ce que l’on disait. C’était bien pour elle, moins bien pour lui. Il aurait à la protéger contre sa propre recherche de la vérité. Pour elle, les actes étaient plus importants que les propos. Il n’avait pas de difficulté à passer à l’acte, parler c’était mentir pour lui, presque tout le temps. Il détestait ça. Mais avait-il le choix? S’il voulait protéger sa famille non. Mais avec elle, tout comme avec Lisa, il avait des remords de mentir. D’accord, il ne voyait pas les deux jeunes femmes de la même façon, Lisa était un peu comme sa fille. Enfin, il avait pris la place de John pour veiller sur elle et s’assurer qu’elle était en sécurité. Mackenzie, c’était différent. Il avait un tout autre intérêt pour elle. Un intérêt qu’il tentait de repousser. Il ne voulait pas qu’il y ait de conséquences néfastes pour elle. Avec Savannah, il avait tenté de la protéger et elle en était morte. Il ne pouvait supporter l’idée qu’il en soit ainsi pour le lieutenant. Le pire dans tout ça, c’était qu’il y avait une légère possibilité qu’elle ressente la même chose que lui. Ou alors, il se faisait des idées. Mais quand elle échappait ce genre de petites phrases comme « Et ce n'est pas parce que tu as de beaux yeux que je vais être plus confiante. Je n'ai pas envie de tomber dans le panneau. », il ne pouvait s’empêcher de croire ou peut-être d’espérer que la réciproque était vraie. Il eut un regard triste lorsqu’il lui demanda.

-Et ça t’ai arrivé souvent de tomber dans le panneau?

Pourquoi avait-il posé cette question? C’était tellement stupide qu’il se serait frappé dans le front avec le plat de la main si elle n’était pas là à le regarder. Merde, il devenait un tel con quand elle était dans les parages. Il secoua la tête et un petit sourire tout aussi triste que son regard s’afficha sur ses lèvres.

-Ne réponds-pas. C’était une question stupide et qui ne me regarde vraiment pas.

Il alla prendre ses clés dans le bureau, il avait une voiture sur le parking, mais ce soir, elle resterait là. Il demanderait à quelqu’un de la récupérer pour lui. Après une nuit occupée, il pouvait feindre une trop grande fatigue pour conduire et dire qu’il rentrait en taxi. Ses amis n’avaient pas de difficulté à croire ce mensonge. Ils savaient même où trouvez ses clés pour venir prendre la voiture. Ils la ramenaient chez lui et laissait les clés dans un endroit qu’eux seuls connaissaient. Il revient sur terre quand la jeune femme annonça qu’elle aimait la normalité, la banalité. Puis elle enchaîna sur l’heure. Elle voulait commencer à dix-huit heures. Il ne pouvait pas. Il serait toujours « mort » à cette heure là. Cette fois, il eu un sourire franc pour lui répondre.

-La banalité? Normalité? Tu es snipper de profession, tu travaille de nuit à la criminelle, tu t’es élevée pratiquement seule selon ce que j’ai compris, tu as pris charge de votre sœur, fait la guerre, tu es revenue en un seul morceau et tu veux me faire croire que tu aimes la normalité?

Il secoua la tête.

-Fais-moi rire.

Il planta son regard dans celui de la jeune femme.

-21h. Je serai ici.

Il passa ensuite devant la jeune femme, ouvrit la porte et l’invita d’une geste à sortir. Son quart était terminé et il avait une réunion importante à gérer avec Raffael et Savannah. Thomas serait là aussi. Il avait besoin de savoir pour ajuster la sécurité autour de la jeune femme. Il y avait beaucoup a dire et il restait peu de temps.