Shower = the place of thoughts and decision making

Durant tout le trajet du retour, Hunter avait été silencieux. Tellement que c’en était flagrant. Même que Kaleb et Mackenzie n’avaient pas ouvert la bouche beaucoup, sinon pour demander les directions afin de regagner la ville par le chemin le plus court. Si Hunter n’était pas homme à parler pour ne rien dire, il savait quand même quand en placer une. Même pendant qu’elle examinait les animaux en sa compagnie, il n’avait pratiquement rien dire. Au point où elle en avait été presque mal à l’aise. Ça ne s’était pas arrangé sur le chemin du retour. En réalité, Willow le trouvait tellement bizarre, mais elle ne s’expliquait pas ce qui avait pu le prendre aussi soudainement. Le silence pesant d’Hunter avait fini par faire en sorte qu’elle n’avait pratiquement pas ouvert la bouche. Arrivés à l’hôpital, Willow s’était empressée d’aider Chris à installer les animaux, à le présenter aux autres et à lui faire visiter les lieux avant de lui attribuer une chambre pas très loin de la sienne. Bref, elle s’était arrangée pour ne pas tomber sur Hunter qui était plus taciturne que jamais. La jeune femme avait même poussé la fuite jusqu’à aller travailler dans son jardin sur le toit. Dans le but de s’occuper l’esprit.

La manœuvre n’était guère réussie! Durant tout le temps qu’elle avait passé à essayer d’arracher les mauvaises herbes qui avaient envahies son potager, Will s’était surprise très souvent à se demander ce qui avait bien pu prendre à Hunter. Elle se rappelait très bien qu’il avait passé un commentaire comme quoi Chris serait bientôt content de les avoir trouvés sur sa route, bien qu’un à un moment ou à un autre, il allait rêver de solitude et qu’après, il était parti comme s’il avait le Diable aux trousses. Willow l’avait retrouvé un peu plus tard quand était venu le temps d’examiner les animaux avant le chargement. Il l’avait aidée, mais ne s’était pas montré très bavard, alors elle aussi, elle avait tenu sa langue et s’était contentée de lui donner quelques instructions pour qu’ils soient plus efficaces et travaillent rapidement. Car au final, plus ils rentreraient rapidement à la maison, mieux ça vaudrait. Will ne tenait pas particulièrement à être encore sur la route quand la nuit commencerait à tomber. Parce qu’en cas de pépins, ils verraient bien moins les rôdeurs rappliquer. Alors elle s’était mise au boulot et avait travaillé vite et bien. Résultat? Les animaux étaient un peu maigres, la chèvre stressée, mais pour l’essentiel, ça irait.

Lorsqu’elle regagna sa chambre dans l’Espoir de se glisser sous la douche, elle constata que la place était déjà prise. Hunter y était. La bonne conscience de Willow lui soufflait de prendre ses affaires et d’aller emprunter la douche de quelqu’un d’autre… mais le petit démon assis sur son épaule lui soufflait d’aller retrouver son homme, qu’ainsi, elle pourrait le pousser à parler et l’empêcher de fuir par la même occasion. Mais ça, c’était sans oublier sa bonne conscience qui lui soufflait que prendre Hunter en traître, ce n’était pas bien. Alors Willow chassa sa bonne conscience du revers de la main, attrapa son peignoir et entra dans la salle de bain sans faire de bruit. Elle verrouilla la porte derrière elle sans bruit – ne manquerait plus que quelqu’un débarque pendant qu’ils étaient sous la douche! – entrepris de se dévêtir et fit doucement glisser le rideau sur la tringle avant d’entrer dans la douche.

Et elle attendit qu’il se retourne.

Ils étaient revenus avec l’ami de Willow, les animaux, Amy était heureuse de le voir et surtout heureuse de lui montrer ce qu’elle avait chassé de ses propres mains. Seigneur, il aurait foutu une raclée à Raff s’il ne s’était pas retenu. Il détestait l’idée que sa sœur soit sortie chasser. Mais elle était là, en bonne santé et ils auraient de la viande dans leur ragoût ce soir. De la vraie viande. Pas de conserve ce soir. Tout le monde serait content. Ils auraient même droit à un surplus dans leur gamelle car ce ragoût ne se conserverait pas vraiment. Amy était si frère d’elle. Il n’avait rien pu dire d’autre que « félicitation ». Il l’avait embrassé sur le front et était sortit rentrer la cargaison qu’ils ramenaient de la ferme de Christopher. Il avait travaillé fort, après une grosse journée de voyage en voiture et compagnie, il était sale et avait bien besoin d’une douche. Il avait aussi besoin de faire sortir le stress qu’il ressentait et besoin de réfléchir seul. Loin des autres. Il était donc retourné dans sa chambre. Il était entré dans la salle de bain, s’était déshabiller et était entré dans la cabine. Il n’était là que depuis cinq petites minutes lorsqu’il entendit du bruit dans la pièce. Il tendit l’oreille, entendit la porte être fermé doucement, il entendit même le léger « clic » de la porte que l’on verrouillait. Il attendit, face contre le mur. Le rideau glissa sur la tringle, il se retourna sachant d’avance qui se trouvait là. Elle était là, dans toute sa splendeur, nue.

-On peut dire que tu es têtue pour une Princesse.

Il n’avait pas envie de se battre ce soir. Il était épuisé, rompu et la sortie de sa sœur était loin de lui plaire. Elle voudrait recommencer la connaissant, il était contre l’idée de la laisser faire ainsi. En même temps, elle était tellement fière, comment il pourrait lui interdire ça?

-Seigneur, vous allez finir par m’achever à me faire crever de trouille pour vous. En avez-vous seulement conscience?

Il la voyait ainsi, la voyait sincèrement comme s’il venait de retrouver la vue, mais seigneur. Comment pouvait-il simplement penser qu’une femme comme elle puis avoir envie d’un homme comme lui. Pourtant, elle le lui avait dit, démontré et il n’arrivait toujours pas à le croire. Mac aussi lui avait dit, même de sa sœur, il se méfiait. Pourtant elle était là non? Nue devant lui, que croyait-il qu’elle faisait? Certainement pas une économie d’eau. Elle s’en fichait. Pas dans le sens qu’elle n’en avait rien à faire… mais plutôt en ce moment oui. Son regard parlait pour elle, elle le regardait lui, personne d’autre. Il allongea le bras, lui caressa la joue doucement. Il avait envie de la toucher, de l’embrasser. Il avait compris ce qu’elle représentait, mais il n’arrivait toujours pas à l’accepter. Elle n’était qu’une enfant à ses yeux, elle n’avait que dix de moins, mais pour lui l’écart était tellement plus grand. Il se sentait comme un vieillard et il la voyait comme une rose fraîche déployant ses pétales toutes neuves au soleil.

-Que peux-tu bien trouver dans le vieux papy que tu as devant toi, tu peux me dire ça?

C’était une expression qu’elle avait déjà utilisé pour lui, c’était une drôle d’image peut-être et elle l’avait traité de papy sexy aussi. Mais bon, ça c’était une autre histoire.

L’avait-il entendue entrer dans la salle de bain? Willow ne saurait le dire, mais il n’avait pas sursauté lorsqu’il s’était tourné vers elle. Pourtant, elle avait fait bien attention de ne pas faire trop de bruit, parce qu’elle savait qu’il tenterait de la chasser. Alors… s’il l’avait entendue, pourquoi n’avait-il rien dit? Décidément, plus le temps passait, moins Will arrivait à comprendre cet homme. Tandis qu’elle s’attendait à ce qu’il lui dise de sortir de là ou qu’il tente de sortir de la douche lui-même, il se contenta de la regarder et de lui dire qu’elle était têtue pour une princesse. Que pouvait-elle répondre à ça? Oui, elle était têtue, mais avec lui, il fallait l’être pour deux parce que sinon, elle n’avancerait bien jamais. Willow ne pouvait pas le laisser mener la danse, parce qu’ils iraient droit dans le mur si elle le laissait faire. Will avait rapidement compris qu’il fallait le laisser assimiler les choses, mais qu’il ne fallait pas lui laisser trop de temps pour tergiverser. Parce qu’après ça, il était bien capable de faire tout capoter.

Elle était sur le point de rétorquer que ça faisait partie de son charme quand il lui dit qu’elles allaient le rendre fou à force de s’inquiéter pour elle. Willow compris par là qu’il l’incluait encore dans le cercle restreint avec ses sœurs. En particulier Amy. Que devrait-elle répondre à ça? C’était son droit de s’inquiéter pour son entourage et rien de ce qu’elle pourrait faire ou dire ne changerait cet état des choses. Et quand bien même Willow le pourrait, ce n’était pas à elle de faire en sorte qu’Hunter arrête de s’inquiéter. C’était à lui d’apprendre à avoir confiance en elles, à savoir qu’elles pourraient se débrouiller toutes seules, qu’il n’avait pas à être constamment sur leurs talons pour s’assurer qu’elles rentrent avec tous leurs morceaux… mais comment le lui dire, hein? Il le prendrait mal et ça tournerait encore au vinaigre. Hors de question.

Alors, elle se tut. Une fois n’était pas coutume, mais Willow commençait à réaliser qu’elle se taisait souvent pour ne pas jouer avec le feu, pour éviter qu’Hunter ne se fâche. Quoique par moment, elle ne faisait strictement rien et il s’enflammait quand même. D’un autre côté, elle devait bien admettre qu’elle était une enquiquineuse de première. Agacer Hunter était devenu un de ses jeux favoris, elle aimait voir combien de temps il mettrait avant d’avoir envie de lui arracher la tête. Jamais très longtemps, selon ses estimations. Comme elle ne répondait pas, il lui demanda carrément – en lui caressant la joue – ce qu’elle pouvait bien trouver au papy qu’il était. Avoir su qu’il se le rentrerait dans la tête aussi profond, Willow se serait abstenue de le taquiner avec ça. Mais bon sang! Elle l’avait dit simplement parce qu’elle en avait assez qu’il la traite de gamine comme il le faisait!

- Qu’est-ce que tu voudrais que je réponde à ça? interrogea doucement Willow en le regardant droit dans les yeux. Au début, c’était juste physique, j’étais attirée par toi, mais après… Après, j’ai appris à te connaitre et c’est là que j’ai su que j’étais amoureuse de toi. J’ai réussi à voir l’homme que tu es réellement. Tu t’efforces de repousser tout le monde, à l’exception de ta famille, en te montrant parfois vache avec eux, mais il n’y a pas un homme plus loyal que toi. Il n’y a rien que tu ne ferais pas pour les autres même quand tu fais tout ce que tu peux pour les garder à distance. Et ça, ce n’est qu’un truc parmi toute une liste.

Et ça, ce n’était que la partie immergée de l’iceberg. Elle ne s’attendait pas à l’entendre lui demander ce qu’elle pouvait lui trouver. Tout ce que Willow savait, c’était qu’elle l’aimait. Comment c’était arrivé? Elle ne le savait pas. Pourquoi? Elle ne saurait le dire précisément, mais c’était arrivé et voilà. Par-contre s’il y avait une chose qu’elle voulait savoir, c’était pourquoi l’écart d’âge entre eux le dérangeait autant. Ce n’était pas comme s’il avait trente ans de plus qu’elle! Dix ans! Dix ans ce n’était rien!

- Mais pourquoi est-ce que mon âge te préoccupe autant? Ce n’est qu’un nombre, ça ne veut rien dire au final. répondit Willow en continuant à le regarder directement dans les yeux. En temps normal, c’est déjà assez difficile de rencontrer quelqu’un avec qui on a envie de faire un bout de chemin dans la vie… alors maintenant. Pourquoi se battre contre ça?

Ce qu’il voulait qu’elle réponde? Il ne le savait pas, il n’en avait aucune idée. Il ne savait même pas pourquoi il avait simplement posé la question. C’était tout lui ça. Elle lui expliqua le chemin que ses sentiments avaient pris pour en arriver là. Il voulait bien la croire, il ne comprenait pas ce qu’elle pouvait bien lui trouver, mais il la croyait. Il eut un petit sourire lorsqu’elle parla des gens qu’il repoussait. Oui, il repoussait ceux qu’il pouvait aimer. Ses parents auraient-dû l’aimer et ils l’avaient battu. Il avait vécu la plus grande blessure qu’un enfant pouvait vivre, être traiter comme un être sans valeur aucune. Elle disait qu’il était loyal, peut-être bien qu’elle avait raison, il pouvait l’être oui. Envers ceux qui étaient cher à son cœur, comme ses sœurs et elle aussi. Il avait beau toujours être contre elle, il ne voulait que son bien.

Elle lui demanda ensuite pourquoi son âge la dérangeait autant. Pourquoi? Elle disait que ce n’était qu’un chiffre et que de toute façon il était assez difficile de rencontrer quelqu’un avec qui on a envie de faire une partie du chemin dans la vie, elle lui demandait pourquoi ils devaient se battre contre ce qu’ils ressentaient. Il eut un soupir. Il vit qu’elle avait la chair de poule, elle devait commencer à avoir froid ainsi, il l’attira vers lui pour qu’elle profite du jet d’eau. La proximité du corps de la jeune femme lui donnait des envies, mais ce n’était pas le moment. Ils étaient en train de parler de la situation, le sexe à ce moment-ci était loin d’être une bonne idée. Ils devaient régler la situation avant de devenir complètement fou l’un et l’autre.

-Si tu savais comme je me sens vieux Willow, tu comprendrais sûrement ce qui me pousse à te voir beaucoup plus jeune que tu ne l’es.

Il avait l’impression de pouvoir être son père, alors qu’elle avait trois ans de plus que Mac et six de plus qu’Amy. Il y avait sa petite sœur aussi, elle sortait avec Raffael qui avait exactement le même écart d’âge que Willow et lui. Mac avait raison, il finirait par perdre Willow s’il ne se décidait pas bientôt.

-Je ne peux rien te promettre Princesse, pas même d’accepter complètement un jour ce que je ressens. Ce ne sera donc pas rose tous les jours tu comprends. La seule chose que je peux promettre, c’est d’essayer. Est-ce que tu peux vivre avec ça?

Il savait qu’il lui en demandait beaucoup. Il ne lui offrait pas une relation stable, il lui donnerait tout ce qu’il pourrait, mais il ne savait pas lui-même ce qu’il pourrait donner. Peut-être que ce serait plus que ce qu’il croyait, mais peut-être que ce serait moins. Comment ferait-elle pour vivre ainsi? Comment pourrait-elle s’en contenter? Il ne le savait pas, mais elle était au courant et maintenant c’était à elle de faire un choix. Elle pouvait accepter ou refuser. Il se doutait de la réponse, après tout, ne lui avait-elle pas offert de simplement s’amuser sexuellement sans rien attendre l’un de l’autre? Il lui offrait tout de même légèrement plus non? Du moins, en avait-il l’impression. Machinalement, il se mit à lui passer les paumes sur la peau, les bras, le dos, il ne voulait pas qu’elle ait froid.

Quand il l’avait attirée vers lui, Willow avait eu, l’espace d’un quart de seconde, la bête espérance qu’il capitulait enfin. Mais non, il ne l’avait fait que pour l’amener sous le jet d’eau chaude. C’était vrai qu’elle commençait à avoir froid, mais ça ne la préoccupait pas particulièrement. Elle se mit sous le jet d’eau et attendit. Attendit d’entendre ce qu’il aurait à dire. Elle venait de lui demander pourquoi l’âge l’embêtait tant. Oh, elle eut sa réponse, mais était-ce vraiment ce qu’elle aurait voulu qu’il dise?

A l’entendre, si elle pouvait imaginer combien il pouvait se sentir vieux, elle comprendrait pourquoi il la voyait plus jeune qu’elle ne l’était en réalité. Willow aurait tout donné pour comprendre, mais elle ne le pouvait pas vraiment. Elle pouvait imaginer, mais pas davantage. Sa vie n’avait jamais rien eu de comparable à ce qu’avait vécu Hunter. C’était là la seule chose qu’elle voyait, pouvait comprendre. Essayer de comprendre serait sûrement plus juste. Elle pouvait imaginer, mais même avec toute sa bonne volonté, elle ne pourrait jamais faire plus. Essayer de se mettre dans les baskets d’Hunter c’était une chose, comprendre tout ce qu’il ressentait, c’était autre chose. N’empêche, elle détestait pour mourir de l’entendre parler de lui comme s’il n’était qu’un vieux qui devrait être casé dans une maison de retraite.

- Hunter, tu n’es pas vieux. Tu devrais te sentir jeune, être heureux d’être encore en vie, que les gens que tu aimes soient toujours à tes côtés. Profiter du temps qu’il peut te rester avec tes sœurs.

Du point de vue de Willow, c’était ce qui comptait le plus. Être heureux d’être encore là pour profiter du temps qu’il avait à passer avec les siens. Avec ses sœurs. Même si Will ne connaissait pas toute l’histoire, elle savait qu’Hunter avait longtemps été séparé de ses sœurs et que ça ne faisait pas très longtemps qu’il était revenu dans leurs vies. Ne serait-ce que pour cette raison, il devait profiter de la chance qu’il avait. Willow aurait très bien pu ajouter qu’il devrait aussi profiter du temps qu’il pourrait avoir avec elle, mais elle avait préféré s’en abstenir. Non, elle ne lui mettrait pas la pression, elle le laisserait venir à elle à son rythme. Même si c’était celui d’une tortue.

Elle était sur le point de sortir et de le laisser enfin tranquille quand il ajouta quelque chose qui lui coupa le souffle. Il ne lui promettait rien, ne pourrait peut-être jamais accepter complètement ce qu’il ressentait, que ça ne serait pas rose tous les jours. La seule chose qu’il lui promettait en revanche, c’était d’essayer. Il attendait sa réponse en la caressant, le dos, les bras, les épaules. En avait-il seulement conscience? Willow voulut se blottir contre lui, mais elle devait quand même lui répondre… même s’il devait bien se douter de sa réponse!

- J’ai déjà dit que j’étais prête à prendre ce que voudrais bien me donner. C’est toujours le cas, aujourd’hui. commença doucement Willow en se rapprochant de lui d’un pas, laissant quand même un espace entre eux. Je ne te demande rien Hunter. Jamais plus que ce que tu es prêt à me donner. Ça me suffit.

Même si elle savait que ça ne lui plairait pas tous les jours, même si elle savait qu’à un moment ou à un autre elle aurait mal à l’idée qu’Hunter ne l’aime peut-être pas autant qu’elle pouvait l’aimer, Willow était prête à faire avec. C’était ça ou ne jamais être avec lui. Ça, Will l’avait compris depuis longtemps. Mais elle était bien prête à prendre le risque.

Il écouta la jeune femme qui lui expliquait qu’il n’avait pas à se sentir vieux et qu’il devrait être heureux d’être en vie, heureux d’avoir encore les gens qu’ils aimaient avec lui. Il eut un petit sourire triste, elle n’avait pas compris ce qu’il avait voulu dire. Il ne l’interrompit pas cependant, la laissa continuer. Elle lui répéta qu’elle était prête à prendre ce qu’il lui donnerait. Il pouvait voir dans les yeux de la jeune femme que cette concession lui faisait mal au cœur. C’était tellement évident. Il se jura de faire attention à elle et de faire en sorte de lui en donner le plus possible. Elle avait fait un pas vers lui, s’était approchée, mais sans le toucher. Lui la touchait, la caressait, mais elle n’avait rien fait envers lui. Il comprenait qu’elle le laissait entreprendre. Elle ne savait pas comment le prendre possiblement. Il était quand même capable de voir les efforts qu’elle faisait pour ne pas le faire fuir. Il l’apprécia sincèrement. Il passa son bras autour de la taille de la jeune femme et l’attira complètement à lui, peau contre peau avec elle.

Il n’était pas mort, c’était un bon pas non? Mais il savait qu’il pouvait encore faire plus pour elle. Il savait ce qu’elle appréciait généralement. C’était qu’il lui donne de lui-même, lui démontre qu’elle l’attirait. Elle ne lui avait jamais demandé de l’aimer ou de lui dire qu’il l’aimait. Elle lui demandait de la chaleur humaine. Il savait qu’il ressentait quelque chose de bien plus fort que simplement physique, mais pour le moment il était incapable de le lui dire. Dire je t’aime à quelqu’un, c’était le risque de se faire repousser et d’être blessé. Il n’était pas prêt à prendre ce risque pour le moment. Déjà qu’il avait dit quelques jours plus tôt à ses sœurs qu’ils les aimaient. Et encore, il l’avait dit en mot à Amy, et ajouté un « toi aussi » pour Mac, car deux fois en si peu de temps, c’était trop lui demander. Elle avait raison, il n’était pas de la tarte à suivre.

Tout ce temps-là, elle devait tellement voir dans ses yeux à quel point il réfléchissait. Il eut un sourire en coin, un sourire d’excuse. Il était lent à la détente. Il se pencha lentement, il pouvait sentir le cœur de la jeune femme cogner contre sa poitrine. Il devait admettre que c’était agréable comme sensation. Elle savait très bien ce qu’il allait faire. Son cœur le savait. Ses lèvres se posèrent sur celle de la jeune femme, sa main remonta doucement derrière la nuque de cette dernière. Il y était allé en douceur, il l’avait habitué à des baiser de feu si passionné et rapidement qu’ils en étaient presque douloureux. Alors il prit tout son temps. Il dû s’arrêter car ils étaient à bout de souffle. Combien de temps avait durée le baiser? Qui pouvait savoir? Pas lui en tout cas. Mais il s’en fichait bien. Il garda la jeune femme contre lui et parla doucement les lèvres contre ses lèvres, son ton était très bas et rauque.

-Je ne me sens pas vieux de corps Princesse. Je suis heureux de vivre ici avec mes sœurs, avec toi. De vous avoir près de moi. Mais je sens vieux d’esprit. Vieux jeu si tu préfères. Des jours, j’ai l’impression d’avoir le cerveau d’un homme de mille ans. Le bonheur ne change rien à la fatigue Willow, fatigué de toujours avoir à se battre contre la vie. Simplement.

Il l’embrassa à nouveau, mordillant sa lèvre du bas.

-Je te donnerai tout ce que je peux. Laisse-moi juste du temps d’accord?

Une vraie étourdie, j'ai pas posté dans le bon sujet! Désolée!!

Vieux. Mentalement. Avec tout ce qu’ils avaient vécu depuis six mois, elle pouvait comprendre ce qu’il voulait dire. Par moment, Willow aussi se sentait fatiguée, épuisée, comme si elle avait vécu dix vies plutôt qu’une seule. Quant à Hunter, si on ajoutait à la balance la vie qu’il avait eue gamin, on pouvait comprendre qu’il se sentait… vieux. Elle n’aimait toujours pas se terme, mais elle pouvait comprendre. Elle espérait seulement que ce sentiment se tasserait pour lui. Tranquillement, mais qu’il finirait par se dissiper complètement. Peut-être qu’avec le temps et à son contact, il pourrait finir par arrêter de ressentir cet effet. Pendant qu’elle en était dans ses pensées, Hunter avait dû se rendre compte qu’elle ne le touchait pas alors que lui n’hésitait pas à la caresser, car il l’attira finalement contre lui. Mais ce n’est que lorsqu’il posa ses lèvres sur les siennes que Willow s’autorisa, enfin, à l’enlacer à son tour. Combien de temps dura leur baiser? Elle ne saurait le dire, mais il avait été… décoiffant. Pas sauvage et passionné comme les autres dont il l’avait gratifiée quand ils avaient fait l’amour, mais c’était le seul adjectif que son cerveau était capable de trouver pour l’instant.

- Tu auras tout le temps que tu veux, ça je peux te le promettre. Je ne t’ai jamais mis la pression. Enfin, sauf en ce qui concernait notre principale cause de désaccord. murmura Willow en fermant les yeux et en se serrant un peu plus contre Hunter, posant la tête sur son torse comme si elle ne voulait plus bouger. Mais… qu’est-ce qu’on dit aux autres? ajouta-t-elle en poussant un petit soupir de contentement, comme si elle venait de trouver la position parfaite.

En effet, Willow ne lui avait jamais imposé de pression sur quoique ce soit. Non, c’était faux. Concernant le fait qu’elle voulait sortir de ce maudit hôpital, elle lui en mettait. Mais fallait dire qu’il était très hermétique ce Hunter! Concernant le fait de dire aux autres ou non à leur sujet, elle préférait avoir son opinion sur la question avant de se lancer. Peut-être voudrait-il cacher leur relation, quel que soit le nom qu’on pourrait lui coller. Si Hunter souhaitait réellement cacher leur histoire aux autres, elle se plierait à sa volonté, mais elle se doutait bien que personne ne serait dupe. Surtout pas ses sœurs. S’il y avait quelqu’un qui découvrirait le pot aux roses, c’était bien Mackenzie et Amy. Ça ne dérangerait pas Willow que les autres sachent, elle le crierait même au monde entier si c’était possible, mais voilà, Hunter était moins… expressif qu’elle. Ça ne l’embêtait pas de mentir aux autres, mais si c’était ce que l’homme souhaitait, bah… elle ferait avec.

C’est à contrecœur qu’elle s’écarta finalement de lui et attrapa une barre de savon. Si Willow était venue sous la douche, c’était pour parler avec lui. Pour éviter qu’il ne prenne la fuite. Mais elle avait bien besoin de se laver à son tour… Après s’être savonnée, elle se lava les cheveux. Prendre le temps de se détendre sous la douche n’était plus un luxe qu’elle pouvait s’offrir désormais. Alors comme ils devaient tous faire un effort pour économiser l’eau chaude, la jeune femme coupa l’eau quand elle fut rincée. Elle sortit de la douche, s’enroula dans un drap de bain avant d’en tendre un autre à Hunter.

- Si t’espère que je te sèche, il faudra peut-être aller verrouiller la porte de la chambre, avant… dit-elle en lui faisant un petit clin d’œil coquin.

Il sentait les bras de la jeune femme autour de lui, sa tête posée contre son torse, ses cheveux étaient doux. Il eut un sourire lorsqu’elle lui demanda ce qu’il disait aux autres. Il entendit ensuite le soupir qu’elle laissa échapper et se rendit compte du relâchement de ses épaules. Elle avait souvent les épaules tendues. Le stress. Là, elle était complètement détendue. Elle ne lui mettrait pas la pression, non il voulait bien le croire. Il réfléchit à la question, qu’allaient-ils dire aux autres? La réponse était évidente, elle ne lui plaisait pas tant, mais en même temps, Mackenzie et Amy seraient contentes. Peut-être même trop.

-La vérité.

Il déposa un baiser sur la tête de la jeune femme. C’était la seule chose qu’ils pouvaient dire. La vérité, ça ne donnait rien de mentir aux autres. De toute façon, entasser les uns sur les autres comme ils l’étaient, ils ne pourraient pas mentir à qui que ce soit. Et à quoi bon d’ailleurs? Il la laissa se séparer de lui et fût surpris de constater qu’il le regrettait presque. Il la regarda se laver, le spectacle était loin d’être désagréable. Elle coupa l’eau lorsqu’elle eut terminé, elle sortie de la douche et après s’être elle-même enroulée dans un drap de bain, elle lui tendit l’autre. Elle lui indiqua que s’il avait envie qu’elle le sèche qu’il devrait aller verrouiller la porte de la chambre. Le clin d’œil qu’elle lui fit était plus qu’éloquent. Il ne laissait aucun doute sur les intentions de la jeune femme. Il secoua la tête avec un sourire aux lèvres.

-Une princesse aussi coquine, c’est presque trop beau pour être vrai.

Il lui tendit le drap de bain, il avait très envie qu’elle le sèche finalement. Il passa devant elle complètement nu, ouvrit la porte de la salle de bain qu’elle avait verrouillée et se rendit dans la chambre. Il verrouilla la porte de la chambre avant de revenir vers la salle de bain. Il attrapa la main de la jeune femme avant de l’attirer à lui. Il fit volontairement tomber le drap de bain dans lequel elle s’était enroulée.

-Je crois que tu n’auras plus besoin de ceci maintenant.

Il eut un sourire en coin avant de la soulever pour l’emporter vers son lit à lui. Il aurait pu choisir celui de la jeune femme, mais tant qu’à humidifié un lit, puisqu’ils étaient tous les deux trempés, il préférait que ce soit le sien. Elle pourrait dormir au sec la nuit prochaine, lui serait en patrouille de toute façon. La tête fonctionnait à plein régime. Il avait pensé à tout ça en l’espace de quelques secondes. Il devait arrêter de réfléchir. Ce fût la dernière chose qu’il se dit en déposant la jeune femme sur son lit…