Lost ... [Arizona]

On l’avait appelé sur son cellulaire, il était en plein conseil, il avait failli ne pas prendre l’appel. Il était heureux de l’avoir fait. C’était l’hôpital, Rizzo avait été amené d’urgence et elle avait besoin de quelqu’un. C’était son cellulaire qui était à contacter sur le dossier de la jeune femme. On ne lui avait donné aucunes autres informations. Il était parti en grande vitesse, il avait laissé en plan Willow, Leonard et Hunter. Il ne se souvenait même pas s’il avait dit aux autres qu’il partait, ils devaient l’avoir compris bien entendu. Il était inquiet, sincèrement inquiet. Il demanda à la jeune femme de l’accueil où était Arizona Warren. On lui indiqua un numéro de salle, il s’y rendit presque en courant. Il imaginait le pire. Il ne savait pas, il cherchait dans sa tête. Aurait-il pu faire quelque chose pour éviter ça? Aurait-il dû voir quoi que ce soit d’anormal? Il n’était pas sur. Il analysa les derniers jours pendant le trajet. Est-ce qu’il y avait quelque chose qui avait changé chez la jeune femme? Il n’arrivait pas à réfléchir. Non, il en était incapable. Arrivée devant la porte de la salle indiquée. Il respira un bon coup, il devait se calmer. Seulement en venant, il avait eu des tics, ses mains avaient joués à s’envelopper de poils et compagnie. Il ferma les yeux un instant, les ouvris à nouveaux avant de lever la main et de frapper discrètement à la porte. Il poussa prudemment sur cette dernière et passa la tête par l’embrassure de la porte.

-Rizzo?

Il n’obtient pas de réponse. Il s’avança doucement dans la pièce et trouva la jeune femme couchée sur une espèce de table d’examen, ou alors était-ce un lit d’hôpital? Il ne venait jamais ici, il détestait les hôpitaux. Il faisait le moins de bruit possible en continuant à avancer. Il reconnaissait l’odeur du sang, mais il y avait autre chose… une odeur qu’il connaissait mais il ne se souvenait plus où il avait senti cette odeur auparavant. Il posa doucement la main sur l’épaule de la jeune femme, elle semblait si frêle dans ce vêtement d’hôpital. Sa petite Arizona. Il ne supportait pas de la voir ainsi, il aurait aimé souffrir à sa place.

Arizona était au restaurant avec Mr Lewis, son patron, afin de lui montrer ses derniers croquis. Ce soir-là, Damian avait une réunion avec le fameux conseil et quand son patron lui avait offert de le voir ce soir-là pour parler boutique, Rizzo avait accepté. Ils n'avaient pas encore commandé le dessert quand elle avait commencé à se sentir mal. Elle avait tenté de faire bonne figure, histoire que son patron ne se rende compte de rien, mais Rizzo n'avait rien d'une bonne comédienne. Elle avait d'horribles crampes, mais ça ne pouvait pas être ses règles, elle venait de les avoir! Elle était tellement blême que Lewis avait fini par lui demander si elle allait bien. Ce à quoi Rizzo avait faillit lui répliquer que le jour où il aurait ses règles, il comprendrait et ne poserait même pas cette question stupide. Elle avait faillit le lui dire, elle était à deux doigts de le faire quand elle commença à être étourdie et qu'elle ne comprenait pas ce que son patron marmonnait. Tout était flou et soudain, plus rien. Plus de son, plus d'image. Ce n'était qu'en ouvrant les yeux qu'elle avait fini par comprendre. Un jeune interne lui avait expliqué qu'elle avait été conduite à l'hôpital, qu'elle venait de faire une fausse couche, mais que tout irait bien, que Damian avait été appelé et qu'il devrait arriver d'une minute à l'autre.

Une fausse couche? Comment pouvait-elle être enceinte? Enfin, avoir été enceinte? Bien sûr, elle savait comment se faisait un bébé, mais... ils avaient toujours été prudents et elle prenait la pilule. Ce n'était pas une garantie, mais quand même... Et comment avait-elle fait son compte pour ne pas s'en apercevoir? C'était vrai que Rizzo avait eu ses règles 10 jours plus tôt. Ne devait-on pas arrêter d'avoir ses règles quand on était enceinte? Ou était-ce encore un de ces mythes à la con avec lequel on vous cassait sans arrêt les oreilles? Bah si c'était le cas, ce n'était vraiment pas un service à rendre à la population. Comment annoncerait-elle ça à Damian, maintenant? Déjà qu'il n'était pas chaud à l'idée d'emménager ensembles quand elle lui en parlait, si maintenant elle lui annonçait qu'elle venait de faire une fausse couche, ça serait le bouquet.

La jeune femme était dans la salle d'examens quand elle entendit la porte s'ouvrir et la voix de Damian l’appeler doucement. Il avait dû s’inquiéter à cause d'elle. Arizona ouvrit les yeux et tourna la tête pour le regarder avant de lui faire signe de s'approcher.

- Je vais bien, ne t'inquiète pas.

Elle ignorait vraiment comment lui annoncer la nouvelle. Et comment il allait le prendre également.

Elle était pâle, elle avait beau lui dire qu’elle allait bien et de ne pas s’inquiéter, non c’était impossible, impensable même pour lui. Il prit le visage de la jeune femme dans ses mains et l’embrassa doucement avant de la regarder dans les yeux. Il fût assaillit encore par l’odeur du sang et cette senteur, il savait qu’il avait déjà sentit ceci quelque part, mais où? Il aurait aimé lui demandé où elle saignait, ce qu’il lui était arrivé et compagnie, mais il ne voulait pas la brusquer. Il voyait de la peur dans les yeux de la jeune femme, il connaissait bien ce genre de regard, après tout, il était un ours et la chasse faisait partie de ses compétences acquises. Il colla son front contre celui la jeune femme.

-Alors ma belle blondy, qu’est-ce qui s’est passée?

Rizzo, sa petite blondy. Il l’aimait comme il n’avait jamais aimé. Il aurait tellement aimé lui dire oui quand elle lui avait demandé de venir vivre avec elle. Seigneur, il le désirait, mais il avait peur. Peur qu’elle découvre ce qu’il était et ne fuit devant lui et l’horreur de la situation. Non, il ne pourrait supporter de la perdre parce qu’il était né ours. Ce n’était pas son choix, il aimait être ce qu’il était, mais il avait vu Leonard perdre sa femme quand elle avait su. Non, il ne voulait pas emprunter le même chemin. Il posa ses lèvres sur le front de la jeune femme et comme si ce geste avait allumé une lanterne dans sa tête il sut. Cette odeur, c’était celle qu’il avait senti le jour où sa mère avait perdu son ourson. Oui. L’espace d’un instant un éclair de panique traversa son regard, mais il fit bien attention que la jeune femme ne puisse pas le voir. Il respira pour se calmer mais ce fût pire, l’odeur l’assaillit de toute part. Il posa son menton sur la tête de la jeune femme et ferma les yeux pendant un instant. Voilà. Il redevenait maître de lui-même, il le fallait. Elle ne devait pas savoir qu’il avait compris, s’il était humain, il n’aurait pas pu humer ce parfum d’hémoglobine et de cette perte. Non. Un humain n’avait pas le nez aussi développé. Il regarda la jeune femme le visage neutre et ayant retrouvé le calme. Il était fort, il pouvait écouter ce qu’elle avait à dire.

Qu'est-ce qui s'était passé? Rizzo était bien en peine de le lui dire, elle-même était un peu chamboulée et n'était pas certaine de suivre le fil. Il était tout près d'elle, le front collé au sien et Arizona lui passa les bras autour du cou, essayant de se raisonner. Il n'y avait aucune raison que Damian lui en veuille, elle n'avait rien fait de mal, ne lui avait pas caché la grossesse parce qu'elle-même ne le savait pas. Il allait comprendre, il ne pouvait pas faire autrement. N'est-ce pas? Marcus avait beau l'avoir toujours traité d'ours mal léché, Damian avait toujours été... doux avec elle. Il comprendrait. Il serait peut-être triste, mais il ne lui en voudrait pas pour quelque chose dont elle-même n'était pas au courant avant que le drame se produise. Non? D'accord, Rizzo essayait de se rassurer. Son histoire avec Damian était relativement toute nouvelle et la dernière chose qu'elle voulait, c'était de le perdre pour une chose sur laquelle elle n'avait aucun pouvoir.

Rizzo poussa un profond soupir et ferma les yeux. Comment amener une telle nouvelle sans aucune sorte de préparation? Y aller franchement, comme quand on retire un pansement? Sans avertissement? D'un autre côté, Damian n'était pas stupide, s'il avait été appelé à l'urgence, il avait compris qu'à quelque part, c'était sérieux. Finalement, la seule option qu'il lui restait, la seule à envisager, c'était de le lui dire sans tourner autour du pot. Il était exclu qu'elle lui mente et encore moins qu'elle invente une histoire bidon. Quant à savoir pourquoi on l'avait conduite à l'hôpital, il n'en démordrait pas tant qu'il ne saurait pas. Autant faire face à la musique et se lancer.

- Je... j'ai fait une fausse couche. murmura-t-elle en le relâchant, sans le regarder. Je te jure que j'ignorais que j'étais enceinte! J'ai même eu mes règles il y a quelques jours. Le médecin m'a dit que ça arrivait.

Pourquoi se sentait-elle obligée de donner des détails? Avait-elle peur qu'il ne la croit pas? C'était ridicule. Non, Arizona était ridicule. Comme il restait là sans rien dire, la jeune femme leva les yeux et le regarda un moment. Pourquoi n'avait-il pas l'air surpris? Si elle-même avait été surprise d'apprendre qu'elle venait de faire une fausse couche, Damian ne devrait-il pas avoir l'air un peu sous le choc? Ne serait-ce pas normal? Alors pourquoi semblait-il... aussi normal? Se doutait-il qu'elle aie pu être enceinte? Si c'était le cas, pourquoi n'en avait-il jamais glissé un mot? Quant à avoir des enfants, c'était carrément une conversation qu'ils n'avaient jamais eue. Rizzo se trouvait encore trop jeune pour songer à fonder une famille et honnêtement, ce n'était pas tellement quelque chose qui l'attirait pour l'instant. Et Damian, qu'en pensait-il, lui?

- Je ne me doutais de rien, mais... à voir l'air que tu fais, tu ne sembles pas surpris. Je me trompe?

Elle avait passé ses bras autour de son cou quand il avait collé son front sur le sien. C’était une sensation sécurisante. Elle était affaiblie par ce qui s’était passée, mais il lui restait de la force. Il fût déçu de la sentir s’éloigner de lui. Elle lui annonça ce qu’il avait deviné, elle avait fait une fausse couche. Elle lui jura qu’elle ne savait pas, il comprit immédiatement qu’elle croyait qu’il serait en colère qu’elle ne lui ait rien dit pour la grossesse. Il la croyait, il savait qu’elle avait eu ses règles plus tôt. Mais probablement que ce n’était pas ses règles, plutôt des pertes sanguines du au début de grossesse, mais bon, ce n’était pas lui le docteur. Ce qui lui fit froncer les sourcils, ce fût de l’entendre dire qu’il n’était pas surpris. Non, il l’avait été en découvrant d’où provenait l’odeur, mais pas en l’entendant lui dire la cause de sa présence ici. Cependant, elle ne devait pas savoir.

-Surpris. Tu as raison, je ne ressens pas de surprise pour cette nouvelle, je crois que tout ce que je suis capable de ressentir en ce moment c’est le soulagement de savoir que tu es vivante et que tu ne vas pas mourir. Ne va pas croire que je pense que perdre un enfant n’est pas grave, loin de là.

Il déposa un baiser sur la tête de la jeune femme avant de poursuivre.

-Non, c’est seulement que je me suis tellement fait de scénarios d’horreurs pendant mon trajet jusqu’ici que je suis soulagé de voir que tu vas bien et que …

Il s’assit près d’elle sur le lit, prenant soin de ne pas lui faire mal, de ne pas la secouer. Il tenta de se poser le plus délicatement possible. Sa mère lui avait toujours dit qu’il était un ours aussi discret qu’un chat.

-Je suis content de comprendre que je ne vais pas te perdre. Je ne le supporterais pas. Je ne voudrais pas te voir souffrir comme ce fût le cas avec Marcus non plus.

Parce que oui, cette idée lui était venue en tête aussi pendant le trajet. S’il ne disait pas toute la vérité sur l’effet de surprise, il disait la vérité sur son soulagement et toutes ses images qu’il s’était fait. Le pire lui avait passé en tête et sincèrement une fausse couche n’en faisait pas parti. Il n’était pas contre le fait d’avoir des enfants, si elle en voulait il n’y voyait pas d’inconvénient, mais elle ne semblait pas prête pour ça. Du moins, elle ne lui avait jamais parlé enfant, même pas pour une collection de vêtement alors qu’elle était prête à faire quelque chose pour le petit chien laid de sa voisine. C’était peu dire. Il serra la jeune femme doucement contre lui.

-Est-ce que le médecin ta dit quand tu pourrais sortir?

Il avait hâte de la ramener à la maison, qu’elle soit en sécurité dans son lit avec lui pour la servir et prendre soin d’elle. Il détestait cet endroit, c’était froid, impersonnel. On sentait la maladie et l’antiseptique à plein nez. Non, il refusait qu’elle reste dans cet endroit triste et malade. Il était capable de la soigner. Il saurait si elle avait d’autres saignements. Il avait simplement envie de la soulever et de la sortir d’ici en courant pour la mettre à l’abri.

C'est un immense soulagement qui envahit Rizzo lorsque Damian lui confia qu'il était seulement soulagé d'apprendre qu'elle allait bien, car il s'était imaginé des tas de scénarios plus horribles les uns que les autres. Ça se comprenait très bien. Si on l’appelait pour lui dire qu'il avait été conduit à l'hôpital, Arizona serait très loin d'être calme. Et avec son imagination débordante, elle savait très bien qu'elle aurait tôt fait de se monter des histoires sans queue ni tête. Ce qui soulageait la jeune femme, c'était surtout de voir qu'il ne lui reprochait rien. Avant son arrivée, c'était tout ce à quoi elle avait pensé. Pourquoi? Parce qu'elle connaissait une femme qui avait caché sa grossesse à son mari et qu'il ne l'avait appris qu'au moment où elle avait fait un malaise après son avortement. C'était déjà triste de perdre un enfant, ou de devoir subir un avortement quand on ne voulait pas de bébé... Et l'histoire ne s'était par arrêtée là. L'homme avait fini par la quitter et par demander le divorce, arguant qu'il ne pouvait plus lui faire confiance. Alors oui, Rizzo était soulagée. Sur tous les plans. Ce n'était certes pas la même chose, la situation était totalement différente, mais quand même.

Les larmes lui montèrent aux yeux quand Damian mentionna Marcus. Son frère lui manquait cruellement. Tous les jours. Elle n'était pas encore capable de penser à lui sans avoir envie de pleurer. Un jour, elle savait qu'elle pourrait parler de son grand frère en souriant, mais elle avait encore du chemin à faire avant d'y arriver. Il avait tellement souffert à cause de son cancer. Si la mort lui avait apportée une seule chose, c'était bien la délivrance. Damian avait été à ses côtés durant tout le combat de Marc, il était à même de savoir combien il avait pu souffrir. Sans lui, Arizona n'était pas sûre qu'elle aurait traversé tout ça comme elle l'avait fait. Heureusement qu'il avait été là, à ses côtés. Il avait été le roc sur lequel elle pouvait s'appuyer quand ça devenait trop difficile.

- Je dois voir le gynécologue ou un obstétricien, je sais plus, pour voir si je vais avoir besoin d'un curetage ou non. Je préférerais m'en passer. répondit Rizzo en grimaçant quand Damian lui demanda quand elle pourrait sortir.

Elle espérait que ça serait pour bientôt. Elle détestait les hôpitaux et avait vraiment hâte de sortir de là. Le problème, ce n'était pas tant les médecins et les infirmières. C'était l'hôpital en lui-même et tous les souvenirs que ça faisait remonter à la surface. Alors le plus tôt elle partirait, le mieux elle se porterait. Rizzo était persuadée que c'était un sentiment partagé par Damian également.

La jeune femme eue les larmes aux yeux quand il évoqua Marcus, mais c’était vrai. Il avait eu peur qu’elle lui annonce qu’elle était probablement malade, la batterie de tests et compagnie. La jeune femme devait attendre, il aurait tellement préféré pouvoir l’emmener avec lui loin de cet endroit tout de suite. Il retira ses chaussures et après avoir déplacé doucement sa jolie blondy, il se glissa près d’elle dans le lit. Elle avait besoin d’être consolée et rassurée, voilà ce dont elle avait besoin en ce moment. Pas de l’ours bourru qu’il pouvait être, non, elle avait seulement besoin qu’il soit là pour elle et il le serait. Il la serra contre lui et caressa ses cheveux.

-Je vais attendre avec toi.

Il déposa un baiser sur son front et continua à lui caresser les cheveux. Un bébé. Ce qu’elle ne savait pas, c’était que cet enfant aurait pu être un ourson. C’était peut-être pour cette raison qu’elle l’avait perdu. Les oursonnes avaient de la difficulté, plus que d’autres races, à mettre leurs enfants à terme. Était-ce la raison de sa fausse couche? Possible. En même temps, c’était mieux ainsi. Il aurait dû tout lui raconter immédiatement. D’accord, il attendait déjà depuis trop longtemps, mais il avait si peur. Tellement peur de le lui dire. Il déposa un autre baiser à la lisière des cheveux de la jeune femme.

-Dis-moi ce que tu veux lorsque nous sortions d’ici, tout ce que tu veux, tu l’auras.

Films, glace, couverture, oreiller, elle aurait tout ce dont elle aurait besoin. Il y verrait personnellement, quitte à s’installer dans son appartement pour plusieurs jours, voir plusieurs semaines, il s’en fichait. Tant qu’elle récupère et que tout aille pour le mieux pour elle. Il appuya sa tête sur celle de la jeune femme, l’épreuve avait dû être difficile pour elle, être là toute seule, attendant qu’il arrive enfin. Il détestait qu’elle soit restée seule ici tout ce temps. Un de ses amis ne cessait de le bassiner pour qu’il transforme la jeune femme, il ne pouvait faire ça. Il risquait de la perdre s’il le faisait. Elle risquait de mourir dans la transformation. Il préférait qu’elle soit humaine et en santé que de tenter le coup et la perdre. Son ami disait qu’il était un imbécile de penser ainsi, lui croyait que son ami était un imbécile de croire que le risque en valait la chandelle.