« Les hommes font les maisons, mais les femmes font les foyers. » - Kaleb

Il se passa la main au visage. Ils venaient d’annoncer la mort d’Amy à Ayana. Elle ne l’avait pas bien pris, comment aurait-elle pu bien le prendre. Lui-même était pour le moment, dans un état second, il ne ressentait rien, mais il savait que lorsqu’il aurait à retourner dans sa chambre avec toutes les affaires d’Amy la réalité le rattraperait. Ils avaient décidé de l’enterrer ici. Il ne savait même pas si Mackenzie était d’accord, elle n’avait rien dit du tout depuis leur retour. Lui non plus n’avait plus envie d’ouvrir la bouche. Il avait donné le livre qu’Amy avait rapporté pour Ayana, cette dernière l’avait serré contre sa poitrine avant de partir. Elle savait que c’était la dernière chose qu’elle aurait de la part d’Amy. Il avait l’impression d’avoir perdu quelque chose, il sentait comme s’il lui manquait une partie de lui-même. Il savait que Kaleb était là devant lui, mais le savoir et le voir était deux choses à ce moment-ci. Il s’était lavé les mains au moins trois fois depuis qu’ils étaient de retour et il avait encore l’impression d’avoir le sang de sa tigresse sur les mains. S’il avait eu une brosse d’acier, il se serait sans aucun doute lavé les mains jusqu’à atteindre l’os. Il nageait en plein cauchemar et pourtant, il n’arrivait toujours pas à croire que c’était réel. Il l’avait déposé dans un de ses grands tiroirs à la morgue. Il avait envie de descendre, il avait l’impression qu’elle allait avoir froid dans cette prison de métal. Comme si elle allait ressentir quelque chose. C’était lui qui aurait froid la nuit prochaine, quand son corps de serait pas là pour le tenir au chaud.

Mackenzie était avec Willow et Hunter, lui était ici avec son frère et ils venaient d’annoncer à Ayana qu’Amy n’avait pas survécu à leur sortie. Il avait vu le regard de l’enfant se voiler et elle était partie en courant. Raffael et lui n’avaient eu aucun geste pour la retenir, elle avait besoin de temps et d’espace. Ce n’était pas la première perte qu’elle subissait et ce ne serait malheureusement pas la dernière. Il espérait seulement qu’elle soit allée vers Sam. Il poussa un soupir et regarda son frère, il était étrangement calme, mais il savait que ça ne durerait pas. Raffael était en état de choc, tout comme Mackenzie. Il savait que la crise allait être terrible, autant pour lui que pour sa femme. Il ne pouvait que souhaiter que la crise arrive en fait. Raffael avait visiblement le cœur brisé et il ne savait pas quoi faire pour l’aider. C’était quelque chose qu’il n’avait pas eu a vivre lui-même, il espérait presque que Jane soit dans les parages et qu’elle vienne. Elle pourrait comprendre ce que Raff ressentait et elle pourrait aussi faire en sorte de sortie leur frère de son état léthargique. Qu’est-ce qu’il disait là. Jane n’allait pas mieux que Raffael, il avait vu la déchéance de sa sœur et il espérait sincèrement ne pas voir la même déchéance sur son frère. La bonne nouvelle était qu’Alicia avait passé par-dessus sa colère et avait aidé Raffael à entrer. Kaleb avait embrassé sa sœur sur les deux joues et l’avait serré contre lui pour la remercier. Il avait sincèrement apprécié ce qu’elle avait fait pour leur frère. Après l’avoir serré dans ses bras, il lui avait rappelé à quel point il l’aimait. Il se secoua, il fallait faire face à la situation et maintenant, il devait faire quelque chose pour ramener son frère. S’il le laissait sombrer comme Jane, il le perdrait lui aussi, comme il avait perdu Jane. Il ne le supporterait pas.

-Raffael, parle-moi.

Il regarda son frère, l’homme était un gaillard, un vrai de vrai dur de dur à la guerre. Il n’avait pas cillé quand il avait eu à tuer des hommes sur le champ de bataille. C’était la guerre. Là aussi, ils étaient en guerre, mais l’homme avait perdu la femme de sa vie, celle qu’il avait attendue pendant si longtemps et maintenant, elle n’était plus. Il ne pouvait qu’imaginer ce qu’il ressentirait s’il perdait Mackenzie et c’était loin d’être une partie de plaisir, alors de savoir que Raffael avait perdu Amy le rendait fou d’inquiétude. Autant pour son frère, pour Mackenzie et toute leur belle petite famille qui venait de perdre un membre pilier.

« Raffael, parle-moi. »

Son frère venait d’ouvrir la bouche pour lui faire cette simple demande. Raffael se passa à nouveau la main au visage. Il se redressa de sa position assise étira le dos un peu plus que nécessaire pour tenter de dénouer le stress et la fatigue qu’il ressentait. Kaleb lui demandait de lui parler, mais que voulait-il qu’il lui dire? Que Jane lui avait demandé de ne pas se laisser mourir, qu’il avait l’impression de se sentir vide, mort. Parler, il n’avait pas envie de dire quoi que ce soit, il l’avait perdu qu’aurait-il pu dire de plus. Elle était là la minute d’avant, elle était là à ses côtés et celle d’après son sang giclait au visage de Raffael. Il n’oublierait jamais les sons, les odeurs, le visage d’Amy qui perdait des couleurs si rapidement. Il n’oublierait jamais tout ce rouge s’échappant de son corps. Ils avaient perdu Amy. La perte était grande, non seulement pour lui, mais pour tous. Ayana était bouleversée, il l’avait vu dans ses yeux. Elle était partie en serrant le livre qu’Amy lui avait rapporté contre sa poitrine comme si c’était un trésor qu’elle ne voulait pas perdre. Il ressentait toujours le besoin d’aller réchauffer Amy dans cette pièce froide où il l’avait déposé, il avait l’étrange pensée qu’elle pourrait avoir peur seule dans le noir. Mais elle ne pouvait plus rien ressentir. Mackenzie serait en colère contre lui, il ne pouvait être autrement et en fait, il l’espérait presque. Il eut un sourire ironique et plein de tristesse en regardant son frère.

-Je suis à souhaiter que ta femme me massacre pour avoir laissé sa sœur mourir. Je ne me défendrais même pas parce que c’est tout ce que je mérite. Je l’ai laissé mourir Kal.

Ce n’était probablement pas ce que son frère voulait entendre en ce moment, mais tant pis. Il lui avait demandé de parler, il l’avait fait. Il avait émis son souhait, il n’allait pas dire à Kal qu’il avait l’impression de mourir de l’intérieur, il n’allait pas lui dire qu’il reconnaissait les ténèbres dont Jane lui avait parlé. Elles s’étaient abattues sur lui comme un serpent sur sa proie. Il savait qu’il devait les repousser pour avancer, mais aujourd’hui, seulement aujourd’hui, il allait être faible et les laisser entrer. Demain serait un autre jour et il les repousserait autant que possible. Mais la perte récente de sa tigresse lui faisait aussi mal que si on lui avait coupé la moitié du corps sans anesthésie. Dans les derniers mois, Amy avait été greffé à lui corps et âme et on venait de la lui arracher a froid. Il secoua la tête et souffla plus qu’il ne dit la suite.

-On m’a volé la moitié de mon être.

Il n’en voulait à personne en particulier, pas même à ce pitoyable que Mackenzie avait visé avec son arme. Il ne valait même pas la peine qu’on lui donne se pouvoir. La vie était devenue une bataille sans merci, sans pitié. C’était la loi du plus fort. Il chassa cette pensée rapidement car Amy c’était sentie faible au début, elle avait pris de la confiance et elle avait sauvé son frère. Elle ne voudrait pas que ça en soit autrement. Elle avait été forte, elle avait fait ce qu’elle avait à faire et si Hunter était mort parce qu’elle n’avait pas réagit, ce serait elle qui serait dans l’état qu’il se trouvait.