Il avait écouté Hunter, il avait ramené Andrea à leur chambre. Elle avait besoin de changer d’endroit, de se retrouver dans un lieu ou elle pourrait se sentir en sécurité. Il savait qu’elle était toujours sous le choc, autant de l’agression qu’elle avait subit que de l’exécution de Shawn. Ce n’avait pas été facile, Hunter l’avait fait, ils n’avaient pas d’autre choix. Ce mec était un malade, voilà tout. Il l’avait laissé prendre tout son temps dans la douche, était resté près de la porte pour être à l’écoute de ses moindres besoins. Mais elle n’avait pas eu besoin de lui. Elle n’avait pas ouvert la bouche, lui non plus d’ailleurs. Que pourrait-il dire de plus? Il lui avait dit qu’il l’aimait, il ne savait pas si elle resterait. Hunt et Willow étaient partis parler à Mackenzie et Kaleb. Que feraient-ils? Il ne le savait et à vrai dire, il s’en fichait un peu. Il n’était pas sur qu’il serait encore là pour voir ce qu’ils feraient. Non, il avait bien réfléchit et si elle partait, il partait avec elle. Sur sa ferme, il avait dû se défendre pour survivre, il n’avait pas eu à se défendre contre quelqu’un qui était supposé être son allié. C’était d’autant plus difficile à comprendre. Kal et compagnies faisaient tout en leur pouvoir pour aider ses gens et comment les remerciaient-ils? En profitant les uns des autres. C’était dégoutant et ça ne lui plaisait pas du tout.

Bien entendu, ils n’étaient pas tous ainsi. La petite Ayana donnait un coup de main, Willow ne connaissait pas les autres à son arrivée, mais elle avait su se rendre utile. Andy, c’était la même chose. Il y en avait d’autre aussi bien sur, mais il ne les connaissait pas tous par leur nom et il se fichait un peu des autres. Sa terre lui manquait aujourd’hui. Sa maison. Il eut un soupire. Il était las de se battre contre tout. Il se battait pour vivre, se battait pour qu’Andy reste et l’accepte lui, il s’était battu parce qu’on agressait la femme qu’il aime et là? Là, allait-il devoir se battre pour qu’elle accepte qu’il aille avec elle? Sans doute. Mais il allait le faire. Parce qu’elle était importante et que de toute façon, ils allaient mourir un jour où l’autre, alors autant que ce soit avec elle. Il aimait Willow comme une petite sœur, mais ce n’était pas pareil et comme elle était avec Hunter, elle pouvait comprendre la différence. Andy sortie finalement de la douche, il avait déposé des vêtements propres sur l’évier de la salle de bain, elle les avait enfilés. Il était assis à même le sol appuyé contre le cadrage de la porte de la salle de bain, il se leva lentement. Si elle avait meilleur mine en apparence, il se doutait qu’elle n’allait pas bien. C’était normal après tout ce qui s’était produit.

-Je ne change pas d’idée. Si tu pars, je pars avec toi. Si tu restes, je ferai en sorte de te protéger. Ce qui s’est produit aujourd’hui ne se reproduira pas. Je ne laisserai personne d’autre te faire ce qu’il a fait.

La blessure qu’elle avait eue n’était pas très profonde, mais il fallait quand même la couvrir. Les microbes et compagnie pouvaient aussi bien vous tuer qu’un de ses rôdeurs. Il lui montra ce qu’il avait préparé pour s’occuper de la plaie. Il la fit coucher sur le ventre sur son lit avant de soulever doucement son haut pour atteindre la blessure. La coupure était net, fine. Heureusement, ce monstre n’avait pas entaillé la peau profondément. Il appliqua une gaze stérile et un adhésif pour la faire tenir. C’était des fournitures qu’il avait apporté de chez lui. Il avait pris tout ce qui lui restait dans sa pharmacie. Willow lui avait dit de le garder pour lui, que ce pourrait lui servir de monnaie d’échange en cas de besoin. Ils en étaient rendus là, à faire du « troque » comme leurs ancêtres bien avant eux. L’argent n’était plus utile ici … et elle ne le serait plus jamais maintenant.

Depuis combien de temps était-elle sous la douche? Encore une fois, elle ne saurait le dire. Tout ce qu’elle savait, c’était que Chris avait fait couler l’eau, lui avait apporté des vêtements et une serviette. Depuis, elle restait assise sur le sol de la douche, laissant l’eau chaude lui couler dessus pendant qu’elle pleurait à chaudes larmes. Comment sa vie avait-elle pu devenir un tel cauchemar? Partir ou rester. Voilà la question qu’Andrea se répétait inlassablement depuis que Christopher l’avait ramenée à leur chambre. Plus elle y réfléchissait, moins elle savait ce qu’il convenait de faire. Partir voulait dire que Chris l’accompagnerait. Ça voudrait dire qu’il laisserait derrière lui sa meilleure amie, sa seule famille et ça Andy ne pouvait pas le permettre. Elle ne savait que trop bien qu’il refuserait de la laisser partir toute seule, Andrea ne se faisait même pas d’idées à ce sujet et c’était ce qui finissait toujours par revenir à la fameuse question.

Elle n’avait même pas besoin de lui demander où il était, elle était persuadée qu’il montait la garde près de la porte. Comme s’il pensait que ça l’empêcherait de s’enfuir. Ce fut là qu’elle le trouva lorsqu’elle ouvrit la porte. Il était assis par-terre près de la porte, comme elle l’avait imaginé. C’est avec un sourire triste qu’elle l’entendit confirmer ce qu’elle pensait avant qu’il ne lui montre tout ce qu’il avait prévu pour la soigner. Andy aurait peut-être préféré que ce soit Willow qui s’occupe d’elle, mais elle comprenait que la jeune femme avait d’autres chats à fouetter désormais. Elle venait d’apprendre que l’homme qu’elle aimait avait eu affaire à une pute, qu’il l’avait payée. Elle devait être dans une colère noire… Andrea n’avait pas perçu sa colère, mais si Willow était furieuse, Andy ne lui en voulait pas. Au contraire. Elle espérait seulement que son… job n’allait pas transformer en dégoût le regard que les autres poseraient sur elle. Willow serait la première à en avoir le droit après tout.

Partir ou rester? Encore une fois, la question lui revint en tête, telle une litanie qu’elle ne pouvait pas oublier. Elle devait réfléchir et prendre une décision pendant que Chris la soignait alors qu’elle était allongée sur son lit. Partir, c’était voir Chris la suivre et abandonner tout derrière lui. Rester, c’était s’exposer au danger. S’exposer à ce que tout le monde sache – Andy ne se faisait pas d’idées, bientôt son secret n’en serait plus un – et que certains aient envie de tenter leur chance avec la pute du coin. Rester voulait aussi dire que les autres allaient savoir. Si tout le monde ne connaissait pas son secret, Hunter devrait en faire part à sa famille. Et quelle famille! Ils étaient nombreux. Était-elle prête à affronter leurs regards à tous?

- Je ne peux pas, Chris. Je ne peux pas t’obliger à quitter ta seule famille juste pour me suivre. Ça… ça serait égoïste de ma part. souffla-t-elle en sentant les larmes lui monter aux yeux à nouveau. Était-ce la brûlure due à désinfection ou bien était-ce simplement le contrecoup de tout ce qu’elle avait vécu? Si je reste, c’est aussi accepter que tout le monde saura. Hunter n’aura pas le choix de tout raconter à sa famille, je le sais bien. murmura-t-elle la voix brisée.

Il écouta ce que la jeune femme disait, il ne répondit pas tout de suite. Il attendit d’avoir terminé ses soins et l’aida à l’asseoir sur le lit avant de la regarder dans les yeux. Il eut un soupire, il ne pouvait pas dire que tout irait bien, ce serait mentir car il ne le savait pas. Il devait peser chaque mots qu’il allait dire. Il devait faire attention car la mauvaise expression, le mauvais terme employé pouvait la faire fuir. Elle était déjà tendue au maximum et il savait que rester impliquerait beaucoup pour elle. Elle ne voulait pas qu’il laisse la seule famille qu’il avait derrière lui. Willow lui manquerait grandement, il ne pouvait pas le nier. Mais il était près à le faire. Elle avait vécu plusieurs mois sans lui et elle avait très bien survécu. Elle avait Hunter et la famille de celui-ci, elle n’avait pas besoin de lui pour survivre. Il s’agenouilla devant elle, la regardant dans les yeux.

-Andrea, je ne veux pas que tu prennes ta décision en fonction de ce que Willow à dit. Nous pouvons très bien prendre une voiture, et repartir à la ferme. Tu aimais bien l’endroit non? Will s’aura m’y retrouver en cas de besoin.

Il se relava lentement et déposa un baiser sur sa tête avant de s’asseoir à ses côtés. Ce n’était pas évident pour lui, il n’avait jamais ressentit ce que la jeune femme ressentait. Il ne pouvait pas dire non plus que les autres ne le jugeraient pas, c’était une possibilité. Hunter ne l’avait pas jugé, si Willow avait été surprise d’entendre son homme dire qu’il avait fait appel à Andy pour une nuit, elle ne semblait pas dégoûtée par la jeune femme pour autant. Son amie ne la jugerait pas et Hunter non plus. C’était déjà deux de gagner dans leur camp non? Et puis, ils connaissaient Andy avant de savoir ce qu’elle avait fait comme travail.

-Ils savent que tu es une bosseuse, tu t’occupes de tout dans la cuisine, ils savent reconnaître le travail acharné que tu fais. Je ne pense pas que de savoir ce que tu faisais avant ne les empêche de voir ce que tu réalises ici chaque jour.

Tellement d’adultes réfugiés ici se laissaient vivre par les autres et n’apportaient aucune aide. Elle, elle s’était offerte pour faire la cuisine et s’occupait de tout. Les gens étaient unanimes, depuis son arrivée, la nourriture était meilleure malgré le peu de ressources. Une autre chose lui vient à l’esprit.

-Hunter ne te juge pas, c’est lui « l’homme de Cro-Magnon », Willow me l’a répété assez souvent, alors si lui ne te juge pas, je ne crois pas que les autres ne posent de jugement non plus. Je peux me tromper bien sur, mais je serai à tes côtés pour affronter leurs réactions au besoin.

Hunter avait offert un discours hors du commun à la jeune femme. Will lui avait dit que son homme n’était pas un bavard et là, il avait parlé pour les six dernières années s’il se fiait à ce que la jeune femme lui avait dit. Il eut un sourire pour Andy, un petit sourire en coin.

-Je crois que Willow sera plus jalouse du discours qu’il t’a offert que de la nuit qu’il a passé en ta présence.

Cette pensée le faisait rire, mais il reprit son air neutre et sérieux avant de continuer.

-C’était avant leur histoire et en plus, si on en croit ses propos il a payé pour ta présence, pas pour ton corps. J’ai tendance à le croire alors que je ne le connais presque pas, je suis sur que Willow sait qu’il ne ment pas sur le sujet.

Hunter ne semblait pas être un homme menteur. Il ne connaissait pas grand-chose sur son passé, ne savait presque rien de l’homme, mais il semblait honnête. Bien entendu, s’il avait connu l’histoire de Hunter, il aurait peut-être compris que l’homme pouvait s’avérer bon menteur en tant voulu et il saurait aussi pourquoi cet homme avait décidé de ne plus jamais mentir aussi. Les mensonges ne payaient pas, pas plus que la vérité bien souvent cependant, mais les mensonges offrait un piège à éviter alors que la vérité blessait mais pouvait être pardonné.

Willow voudrait sans doute sa peau après ce qu’elle venait d’apprendre. Bien sûr, Andrea n’avait jamais couché avec Hunter, mais sa petite amie pourrait être en droit de vouloir la voir décamper. Quoique puisse en dire Christopher, sa meilleure amie avait tous les droits de lui en vouloir. Même si ça s’était passé avant qu’elle et Hunter forment un couple. Andy avait eu son lot d’histoires avec des femmes qui n’acceptaient pas que leurs maris prennent du bon temps avec elle. Heureusement que Shane avait toujours été à ses côtés. Il lui avait évité de sérieux ennuis avec des femmes jalouses. D’accord, elle n’avait pas un job très gratifiant, mais était-ce sa faute si ses maris infidèles voulaient se payer du bon temps avec une pute? Ce n’était tout de-même pas elle qui allait les chercher à leurs voitures pour les entraîner dans une chambre de motel minable! Écarter les cuisses pour gagner sa vie, ça n’avait rien de gratifiant et oui, elle en avait honte, mais s’il y avait une chose sur laquelle elle n’aurait jamais aucun remord, c’était bien le fait de n’avoir jamais sollicité ses clients.

Pourquoi est-ce que Chris s’entêtait-il comme il le faisait? A chaque fois qu’elle soulevait un argument pour contrer son souhait de vouloir la suivre ou de la faire rester à l’hôpital, il trouvait une parade pour retourner la situation. D’après lui, s’ils allaient à sa ferme, Willow pourrait facilement le retrouver en cas de besoin. Ce n’était pas faux. Après tout, c’était bel et bien là que la vétérinaire était allée le chercher. Quant aux autres membres du clan – la tête dirigeante de l’hôpital – ils ne la jugeraient pas. Selon Christopher, ils avaient tous vu qu’elle était une travailleuse et qu’ils savaient reconnaitre son travail à sa juste valeur, que la nourriture était bien meilleure depuis qu’elle avait pris la charge de la cuisine. Un bien maigre talent selon Andy. Ce n’était pas bien sorcier de faire une salade ou une grosse omelette pour tout le monde. Faire du pain était un peu plus compliqué, mais c’était à la portée de tout le monde. A ses yeux, ç’avait été le seul moyen de contribuer au toit qu’ils lui offraient si généreusement.

Comment Chris pouvait-il croire Hunter sur parole? Il avait bien dit la vérité, mais pourquoi Chris irait le croire sur parole? Parce qu’il avait l’air sincère? La belle affaire! Des tas d’hommes qui s’étaient faits surprendre avaient juré à leurs petites épouses furibondes, sur leur honneur, qu’ils ne l’avaient pas sautée en échange de quelques billets. Si certaines avaient gobé leurs bobards, nombreuses étaient celles qui n’y avaient pas cru. C’était une fable que de croire qu’une femme ne se rendait pas compte que son homme la trompait. Elle s’en rendait compte, elle voyait tous les petits signes qui ne mentaient pas. C’était juste qu’elle ne voulait pas l’admettre.

Quant à croire qu’Hunter ne la jugeait pas… il pouvait le dire, mais le pensait-il réellement? N’avait-il pas dit tout ça parce que sa petite amie ne voulait pas voir partir son meilleur ami? Ç’aurait été normal après tout qu’il abonde dans le sens de Willow. De là à croire que Will serait davantage jalouse du fait qu’Hunter avait fait un discours à Andy et non à elle… Andrea n’était tout de-même pas complètement sotte!

- Parce que d’après toi, un homme ça ne sait pas mentir? Tu ne crois pas qu’il aurait pu dire tout ça parce que Willow était dans la pièce? Tu l’as entendu comme moi, il a dit qu’il l’aimait. Il a tué un homme pour la protéger. Tu penses vraiment qu’il ne lui raconterait pas un beau petit mensonge pour qu’elle ne le plaque pas? laissa-t-elle tomber platement. Tu ne penses pas qu’il dirait comme elle juste pour me convaincre de rester parce que Willow ne veut pas te perdre?

C’était bien la première fois qu’Andy voyait Chris être aussi naïf. Certes, Hunter n’avait pas mentit pour l’histoire qui disait qu’il l’avait payée pour parler et pas pour la baiser… mais pour le reste… qui pouvait dire qu’il était sincère? Parce que les hommes sincères, ils se comptaient sur les doigts d’une seule main!

-Non. Je ne suis pas naïf au point de croire qu’il ne sait pas mentir. On sait tous mentir Andy.

C’était une triste réalité en effet. L’être humain était un menteur et un manipulateur. Mais il avait la conviction que Hunter n’en n’était pas un. Pourquoi? Il ne le connaissait pratiquement pas. Pourquoi, derrière cette façade bourru, se visage fermé, il y avait toujours une sincérité autant dans ses propos que dans ses actes. Il savait par Willow que Hunter pouvait dire des choses crues et assez blessantes, mais qu’il disait la vérité qu’elle soit difficile à dire ou non.

-Je suis désolé de te dire ça, mais crois-tu vraiment qu’il risquerait sa relation avec Willow alors qu’il réalise seulement à quel point il l’aime simplement pour que tu restes? Pour que je reste?

Ses propos étaient durs, il le savait. Mais il fallait que la jeune femme réalise qu’elle pouvait leur faire confiance, que les hommes n’étaient pas tous des menteurs dans la vie. Il voulait qu’elle comprenne que Hunter c’était mis à table afin de la convaincre, mais il ne mentirait pas devant eux pour ce simple plaisir.

-Je ne te dénigre pas en disant cela Andy, cependant, il aurait pu se taire tant qu’à dire des mensonges pour nous voir rester. Il a tué pour Willow, il ne prendrait pas le risque de mentir et de la perdre. Le mensonge ne paie pas avec Will.

Il le savait, Willow avait même frappé un de ses ex après l’avoir pris en flagrant délit de mensonge. En effet, il disait être dans une autre ville pour une réunion d’affaire, il ne pouvait pas passer la voir. Ce qu’il ne savait pas, c’est que Will avait profité de la présence de Christopher en ville pour aller faire un petit tour dans une boîte très branchée du coin. Son copain du moment s’y trouvait avec une fille, blondasse pulpeuse qui n’avait rien à voir avec la brunette qu’était sa copine. Willow avait fait en sorte de le faire sortir pour prendre son appel, elle lui avait parlé de façon banale au téléphone. Ensuite, alors qu’il s’empêtrait dans ses mensonges, elle était sortie de l’ombre devant lui. Le mec avait pataugé, tentant d’expliquer ses mensonges. Plus il parlait, plus il s’enfonçait. Elle lui avait placé une bonne droite sur le nez. Will n’était pas une violente, mais là, c’était trop. Il s’était fait prendre et il n’avait même pas le courage de lui dire la vérité, il continuait à mentir. Il se leva et arpenta la pièce.

-Je sais que les hommes que tu as connu dans ton travail étaient des menteurs professionnels, je ne dis pas que je suis parfait, j’ai déjà menti moi aussi. Ça nous arrive tous de le faire.

Il arrêta de faire les cents et regarda la jeune femme bien en face.

-Mais sauras-tu me faire confiance un jour? Sauras-tu leur faire confiance à eux aussi?

Il secoua la tête comme s’il ne croyait pas aux mots qui venaient de franchir sa bouche. Mais il devait savoir, il devait comprendre ce qui allait arriver. Andrea était d’une méfiance presque maladive, après ce qui s’était passé c’était normal aussi, mais lui, est-ce qu’elle aurait confiance en lui un jour?

-Parce que je ne peux pas vivre dans le doute. Je dois savoir si j’ai une chance de te voir me suivre les yeux fermés un jour, ou si je dois m’attendre à ce que tu te méfies de moi chaque jour.

Il commençait à se dire que de partir, retourner à la ferme serait la meilleure idée. Ainsi, ils ne seraient que tous les deux. Elle serait moins méfiante surement.

- Parce qu’il y a une chose qui est certaine, si tu ne peux pas me faire confiance, je ne peux pas te protéger. Tu auras toujours peur. Dans ce cas, partir à la ferme juste toi et moi serait la meilleure idée.

C’était la seule solution qui serait, à long terme, bénéfique pour la jeune femme. Elle pourrait se sentir moins menacé qu’ici.

-Te méfier d’une personne ce n’est pas si mal, tu peux te protéger toi-même contre moi, mais te méfier de tout un hôpital, c’est invivable. Et tu ne me feras pas confiance pour assurer ta protection, ni à moi, ni aux autres.

C’était l’évidence même. C’était ici et maintenant que le choix se faisait. Soit ils restaient là et apprenaient à connaître les autres et à leur faire confiance, soit ils partaient seuls de leur côté et vivaient comme deux étrangers s’entraidant mais sans se faire confiance. Ce mode de vie ne serait pas facile pour lui, mais tant pis. Il préférait ça à la voir partir seule ou la voir rester ici et avoir peur de tous.