The Run And Go - Riley

J'étais sur le point de descendre de l'étagère sur laquelle j'étais perché lorsqu'un zombie s'introduisit dans la pharmacie. Je m’immobilisa aussitôt, les bras accrochés aux rebords et les pieds suspendus dans le vide.

Plus tôt, j’avais escaladé cette étagère pour m’assurer que la pharmacie ne cachait pas des médicaments qui auraient échappés à la vue d’autres survivants. Malheureusement, ce périple au dessus de la rangée confirma ma crainte, celle de ne rien trouver. Après trois heures trente-huit minutes et quarante secondes de vaine recherche je pouvais affirmer que cette expédition n’était pas une réussite, en ce qui me concernait. À vrai dire, ce n’était pas surprenant, nous étions dans un centre d’achat. N’importe quel abruti aurait eu la brillante idée de dévaliser un centre d’achat. Toutefois, c’était l’espérance d’y trouver à manger ou à boire qui nous avait guidé jusqu’ici. Cette même espérance qui nous faisait tous perdre la raison à un moment ou à un autre de notre nouvelle vie.

Le zombie qui avait pénétré dans le commerce devait peser près de trois cent livres. À la manière dont j’étais placé, je pouvais difficilement le voir mais en tendant l’oreille, je pouvais deviner qu’il se rapprochait d’un pas lourd. Au travers les fentes de l’étagère, je tentais de conserver un visuel clair sur celui-ci en vain, je ne pouvais distinguer qu’une silhouette. Silhouette qui s’avançait toutefois vis-à-vis ma position, de l’autre côté de la rangée. Concentré sur le monstre, j’avais presque oublié la position délicate dans laquelle j’étais, jusqu’à ce que mon corps me rappelle qu’il ne pouvait pas tenir éternellement dans le vide. Mes doigts se mirent à glisser du rebord de l’étagère. La distance qui me séparait du sol n’était pas immense mais l'atterrissage serait bruyant à coup sûr. Quoiqu’il en soit, je n’avais plus d’autre choix, je devais lâcher.

Le bruit que fit mes pieds en gagnant le sol ne fut pas aussi discret que je l’aurais souhaité. Le zombie, de l’autre côté de la rangée, plaqua directement l’étagère qui nous séparait. J'eus à peine le temps de m’en extirper que celle-ci s'effondra par terre, provocant un boucan intense. Je n’avais plus d’autre choix que de quitter la pharmacie. Je détalla sans perdre une minute, sachant pertinemment que n’importe quel être, humain ou non, présent dans le centre d’achat entendit le vacarme.

Je n’étais désormais plus très loin du point de ralliement que nous avions fixé moi et Will. Au détour du couloir, j'aperçus trois zombies. À peine ai-je eu le temps de me dissimuler le long du mur, qu’ils passèrent devant moi pour se diriger vers la pharmacie. J’attendis qu’ils soient à une distance convenable avant de courir vers la sortie.

Will ! dis-je, à bout de souffle.

J’étais certaine de devoir subir un interrogatoire de la part de Will mais à ma plus grande surprise, il n’en fut rien. Il m’attrapa par l’épaule et c’est à ce moment que j’aperçus une dizaine de zombies à quelques mètres derrière lui. Nous n’avions pas le temps de discuter de ce qui venait de se passer, nous en discuterions plus tard. Pour l’heure, il fallait trouver une sortie et s’échapper du centre commercial. Will accéléra sa cadence de course en regardant de tous les côtés afin de trouver une sortie.

C’est alors que je le vis considérer comme option les fenêtres qui donnaient une vue sur le stationnement extérieur. Il me fit part de son plan de les briser à l’aide du pot de palmier. Était-ce une blague? Avait-il constaté l’épaisseur de ces fenêtres une seule minute? Décidément, il était dingue mais cela se confirma lorsqu’il me désigna comme appât à zombies. Là, c’était le sommet.

Je m’exécuta tout de même et partis à l’opposé de sa direction. « Prépare-toi à courir vers la fenêtre quand elle sera brisée ! » me cria-t’il à l’autre bout. Je devais faire vite car les zombies avançaient plutôt rapidement vers lui. Non loin d’où j’étais, je remarqua que la grille d’une boutique de son n’était pas entièrement descendue. Je me mis à plat ventre et je me roula jusqu’à l’intérieur. Désormais, je n’avais pas une minute à perdre. J'allumai ma lampe de poche avant de parcourir les étagères. Les objets volèrent de tous les côtés jusqu’à ce que je trouve ce dont j’avais besoin. J'empoignai le mégaphone et m'empressai d’aller vers la porte. Je l'ouvris et le fis glisser de toutes mes forces à l’extérieur de la boutique, en priant que cela fonctionne. Une vive alarme décolla et se fit entendre à travers tout le centre d’achat. Je m’allongea le long de la porte et attendit. Dès que l’occasion se présenterait, je serais prête à sortir.

Le temps me paru comme une éternité mais je finis par apercevoir plusieurs pieds de zombies se diriger vers le mégaphone. Après avoir attendu qu’ils passent tous devant la boutique je me roula à l’extérieur. Aussitôt, j’entendis une fenêtre se fracasser. Je me mis à courir à toute vitesse vers ce son, qui me semblait étrangement rassurant. Sans m’arrêter, je mis mes bras devant mes yeux et traversa l’épaisse fenêtre brisée sans faire gaffe de m’écorcher.

Will n’avait pas arrêté de courir devant moi et moi non plus, d’ailleurs. Il se dirigea à toute vitesse vers son camion. Il en ouvrit la porte et attrapa le Winchester caché sous le banc. Il me lança une Remington et sans cesser ma course, je me dirigea à l’arrière du camion et embarqua dans le coffre. Je m’installa sur le toit afin d’avoir une bonne stabilité pour tirer tous les zombies qui nous avaient suivi.  

Will fut le premier à tirer.